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Rechercher : Maradiaga

  • Le pape n'a pas d'autre choix que de faire le ménage

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    De Robert Royal sur le site "The Catholic Thing" (notre traduction) :

    Des futilités alors que l'Amérique - et Rome - sont en feu

    Le célèbre philosophe politique Leo Strauss aurait dit que les théoriciens politiques modernes sont pires que l'ancien empereur romain Néron. Parce que contrairement au vieil adage, ils ne savent ni qu'ils jouent de la harpe ni que Rome brûle.

    Les évêques américains ont tenu leur réunion annuelle de juin à Fort Lauderdale il y a quelques semaines et, à sur la foi des rapports, ils ont passé leur temps ensemble à discuter des politiques actuelles et des changements à apporter à la ligne électorale pour les élections de mi-mandat.

    À Rome, la semaine dernière, le p. Antonio Spadaro SJ, rédacteur en chef de la publication semi-officielle du Vatican, La Civiltà Cattolica, avec Marcelo Figueroa, un presbytérien choisi par le pape François comme rédacteur en chef de l'édition argentine de L'Osservatore Romano, ont publié un autre long article sur un phénomène religieux américain : "L'évangile de la prospérité: dangereux et différent."

    Contrairement à leurs efforts antérieurs, qui soutenaient que la collaboration entre les conservateurs évangéliques et les catholiques était un «œcuménisme de la haine», cet article attira peu l'attention. Ce qui n'est pas une surprise.

    Bien que les colporteurs de l'évangile de la prospérité aient des liens avec le président Trump - qui semble être la véritable cible de l'essai - peu de gens connaissant la religion aux États-Unis considéreraient cette fraction de groupes confessionnels comme particulièrement importante. En fait, parmi la plupart des personnes religieuses, à la fois de gauche et de droite, elle est considérée comme une sorte de secte chrétienne excentrique.

    Pendant ce temps, une menace internationale pour l'Église apparaît, simultanément dans plusieurs pays : une crise de confiance dans la direction catholique et dans l'Église elle-même qui pourrait rendre futiles ces autres préoccupations, qui sont plutôt périphériques pour la vie et la mission de l'Église.

    En Amérique, de nombreuses personnes ont été choquées par les révélations selon lesquelles le Cardinal Theodore McCarrick, l'un des plus importants prélats catholiques américains au cours des deux dernières décennies et figure emblématique de l'Église après la crise des abus sacerdotaux en 2002, était lui-même un abuseur.

    Au début, des rumeurs ont émergé au sujet de ses relations avec des hommes adultes, dont deux ont reçu des dédommagements financiers des diocèses de Metuchen et de Newark, où McCarrick avait servi en tant qu'évêque et archevêque. Ces histoires ont confirmé ce qui avait été largement répandu depuis de nombreuses années, à savoir que «l'oncle Ted» avait pris l'habitude de faire pression sur les séminaristes et sur d'autres dans des circonstances sexuelles.

    Mais à présent, un homme s'est présenté rapportant des histoires d'abus par McCarrick qui ont commencé quand il avait onze ans. Et sans doute il y a beaucoup d'autres faits explosifs à venir, à en juger par ce que nous savons déjà.

    Cela a conduit à d'autres révélations par d'autres qui ont été abusés par des prêtres et des évêques, certains de manière choquante, et le fait écœurant est que pratiquement personne en position d'autorité n'a pris des mesures, en particulier lorsque des évêques étaient impliqués. Si l'on peut digérer les détails, qui sont parfois carrément blasphématoires et littéralement diaboliques, on peut avoir une idée de la nature du problème ici, ici, ici et particulièrement ici.
    *
    Il n'est pas surprenant qu'une vague d'indignation se développe en Amérique à l'heure actuelle, même parmi les fidèles catholiques. A en juger selon beaucoup de personnes avec qui je suis en contact de façon régulière et qui connaissent très bien ces choses, nous pourrions bien être juste au début d'une autre vague d'introspection dans l'Église, cette fois-ci pas tellement au sujet des plaintes au sujet des prêtres, mais au sujet des évêques qui auraient dû faire quelque chose au sujet d'autres évêques et de personnes en position d'autorité.

    Nous avons vu comment une mauvaise gestion de charges similaires par le passé au Chili a entaché le voyage du pape dans ce pays plus récemment cette année. Deux cardinaux chiliens, dont l'un fait partie du C9 du pape, triés sur le volet, sont impliqués dans les dissimulations et peut-être dans la désinformation dont François a fait l'objet. Pas plus tard qu'hier, les autorités chiliennes ont annoncé qu'elles enquêtaient sur 158 membres de l'Église soupçonnés d'être des agresseurs ou d'avoir dissimulé des abus.

    Un autre conseiller supérieur du pape, le cardinal Oscar Rodriquez Maradiaga du Honduras, a été accusé de corruption financière. Mais ce qui est peut-être encore plus grave, c'est que son subalterne, Mgr Juan José Pineda Fasquelle, qui dirige l'archidiocèse pendant les longues absences de Maradiaga, a dû démissionner après des révélations de multiples cas d'abus sexuels de séminaristes, similaires à ceux de McCarrick.

    Mais l'affaire McCarrick est inhabituelle dans la mesure où nous avons un cardinal en exercice qui est maintenant jugé par les autorités compétentes pour avoir commis des infractions pendant de nombreuses années et qui reste cardinal. Le pape François doit faire quelque chose à ce sujet - et à propos de ceux qui ont couvert McCarrick.

    Parce que malgré les dénégations, de nombreux évêques américains ont reçu des plaintes à propos de McCarrick et n'ont rien fait à leur sujet. Rome elle-même avait dû être informée des versements pour des abus antérieurs (nous savons qu'une délégation laïque s'est rendue à Rome pour essayer d'arrêter la nomination de McCarrick à Washington précisément à cause de ses penchants sexuels connus).

    Même le Washington Post, auparavant indifférent aux rumeurs sur McCarrick, a observé: «Beaucoup d'observateurs de l'Eglise pensent que c'est un moment de rupture pour François en raison de la stature de McCarrick et du fait que les crises d'abus sexuels cléricales catholiques explosent au Chili et au Honduras. "

    Notre ami Phil Lawler a écrit un essai essentiel, qui a paru hier sur le site Internet First Things. Selon lui, il est important de savoir comment McCarrick a pu abuser des enfants et des adultes pendant longtemps, mais c'est une question importante pour protéger les futures victimes, mais:

    "C'est moins critique que la question de savoir comment son ascension dans les rangs ecclésiastiques s'est poursuivie, même si des rumeurs sur ses activités homosexuelles ont circulé autour de lui. Pourquoi McCarrick a-t-il été nommé archevêque de Washington et a reçu un chapeau rouge de cardinal? Pourquoi a-t-il été autorisé à promouvoir ses protégés, à remplir des missions diplomatiques spéciales pour le Vatican, à influencer la sélection des évêques et même d'un pontife romain, après que ses ébats de plage soient devenus une affaire de notoriété publique?"

    Découvrir comment cela a été possible va nécessiter un douloureux auto-examen, ici et à Rome même. Mais l'alternative est de continuer les affaires comme d'habitude. Et cette entreprise est maintenant en danger de faillite.

    A lire également : Un cardinal chilien accusé d'avoir dissimulé un scandale de pédophilie

  • De nouvelles spéculations sur l'avenir du pontificat

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    De VOANEWS.com :

    Le pape François alimente de nouvelles spéculations sur l'avenir du pontificat

    5 juin 2022

    Le pape François a ajouté de l'eau au moulin des rumeurs sur l'avenir de son pontificat en annonçant qu'il se rendrait en août dans la ville de L'Aquila, dans le centre de l'Italie, pour une fête initiée par le pape Célestin V, l'un des rares pontifes à avoir démissionné avant que Benoît XVI ne quitte le pouvoir en 2013.

    Les médias italiens et catholiques ont été parcourus de spéculations non sourcées selon lesquelles François, 85 ans, pourrait avoir l'intention de suivre les traces de Benoît XVI, étant donné ses problèmes de mobilité accrus qui l'ont obligé à utiliser un fauteuil roulant depuis le mois dernier.

    Ces rumeurs ont pris de l'ampleur la semaine dernière lorsque François a annoncé un consistoire pour créer 21 nouveaux cardinaux, prévu pour le 27 août. Seize de ces cardinaux sont âgés de moins de 80 ans et peuvent voter lors du conclave qui élira le successeur de François.

    Une fois qu'ils seront ajoutés aux rangs des princes de l'église, François aura alimenté le Collège des cardinaux avec 83 des 132 cardinaux en âge de voter. Bien qu'il n'y ait aucune garantie quant à la manière dont les cardinaux voteront, les chances qu'ils choisissent un successeur qui partage les priorités pastorales de François deviennent de plus en plus grandes.

    En annonçant le consistoire du 27 août, François a également annoncé qu'il organiserait deux jours de discussions la semaine suivante pour informer les cardinaux de sa récente constitution apostolique réformant la bureaucratie du Vatican. Ce document, qui entre en vigueur dimanche, permet aux femmes de diriger les bureaux du Vatican, impose des limites de mandat aux employés sacerdotaux du Vatican et positionne le Saint-Siège comme une institution au service des églises locales, plutôt que l'inverse.

    François a été élu pape en 2013 sur un mandat de réforme de la Curie romaine. Maintenant que ce projet de neuf ans a été déployé et au moins partiellement mis en œuvre, la principale tâche de François en tant que pape a en quelque sorte été accomplie.

    Tout cela a fait que l'annonce de la visite pastorale à L'Aquila, samedi dernier, a eu plus de poids qu'elle n'en aurait eu autrement. Le moment choisi est remarquable : le Vatican et le reste de l'Italie sont généralement en vacances d'août à mi-septembre, et toutes les affaires, sauf celles qui sont essentielles, sont fermées. La convocation d'un consistoire majeur à la fin du mois d'août pour créer de nouveaux cardinaux, le rassemblement d'hommes d'Église pour deux jours de discussions sur la mise en œuvre de sa réforme et une visite pastorale symboliquement significative suggèrent que François pourrait avoir des affaires hors du commun en tête.

    "Avec la nouvelle d'aujourd'hui selon laquelle François se rendra à L'Aquila au beau milieu du consistoire d'août, tout est devenu encore plus intrigant", a tweeté le commentateur du Vatican Robert Mickens, renvoyant à un essai qu'il avait publié dans La Croix International sur les rumeurs qui tournent autour de l'avenir du pontificat.

    La basilique de L'Aquila abrite la tombe de Célestin V, un pape ermite qui a démissionné après cinq mois en 1294, accablé par sa tâche. En 2009, Benoît XVI s'est rendu à L'Aquila, qui avait été dévastée par un récent tremblement de terre, et a prié sur la tombe de Célestin, y laissant son étole de pallium. À l'époque, personne n'a mesuré la portée de ce geste. Mais quatre ans plus tard, Benoît XVI, âgé de 85 ans, suivait les traces de Célestin et démissionnait, déclarant qu'il n'avait plus la force du corps et de l'esprit pour assumer les rigueurs de la papauté.

    Le Vatican a annoncé samedi que François se rendrait à L'Aquila pour célébrer la messe le 28 août et ouvrir la "porte sainte" de la basilique abritant la tombe de Célestin. Cette date coïncide avec la célébration par l'église de L'Aquila de la fête du pardon, créée par Célestin dans une bulle papale. Aucun pape ne s'est rendu à L'Aquila depuis pour clôturer la fête annuelle, qui célèbre le sacrement du pardon si cher à François, a noté l'actuel archevêque de L'Aquila, le cardinal Giuseppe Petrocchi. "Nous espérons que toutes les personnes, en particulier celles qui sont blessées par des conflits et des divisions internes, pourront [venir] et trouver le chemin de la solidarité et de la paix", a-t-il déclaré dans un communiqué annonçant la visite.

    François a fait l'éloge de la décision de Benoît XVI de se retirer, estimant qu'elle "ouvrait la porte" à de futurs papes, et il avait initialement prédit que son pontificat serait court, de deux à cinq ans. Neuf ans plus tard, François n'a montré aucun signe de volonté de se retirer, et il a encore de grands projets à l'horizon. Outre les voyages prévus cette année au Congo, au Soudan du Sud, au Canada et au Kazakhstan, il a prévu d'organiser en 2023 une grande réunion des évêques du monde entier pour débattre de la décentralisation croissante de l'Église catholique, ainsi que de la poursuite de la mise en œuvre de ses réformes.

    Mais François a été gêné par les ligaments tendus de son genou droit qui ont rendu la marche douloureuse et difficile. Il a dit à ses amis qu'il ne voulait pas subir d'opération, apparemment en raison de sa réaction à l'anesthésie en juillet dernier, lorsqu'on lui a retiré 33 centimètres de son gros intestin.

    Cette semaine, l'un de ses plus proches conseillers et amis, le cardinal hondurien Oscar Rodriguez Maradiaga, a déclaré que les rumeurs de démission du pape ou de fin du pontificat de François étaient infondées. "Je pense que ce sont des illusions d'optique, des illusions cérébrales", a déclaré Mgr Maradiaga à Religion Digital, un site catholique de langue espagnole.

    Christopher Bellitto, historien de l'Église à l'université Kean de Union, dans le New Jersey, a noté que la plupart des observateurs du Vatican s'attendent à ce que François finisse par démissionner, mais pas avant la mort de Benoît XVI. Le pape retraité de 95 ans est physiquement fragile mais toujours alerte et reçoit des visiteurs occasionnels dans sa maison dans les jardins du Vatican.

    "Il ne va pas y avoir deux anciens papes en liberté", a déclaré M. Bellitto dans un courriel. En ce qui concerne la visite prévue de François à L'Aquila, il a suggéré de ne pas trop en tenir compte, notant que le geste de Benoît XVI en 2009 a été manqué par presque tout le monde. "Je ne me souviens pas de beaucoup d'articles à l'époque disant que la visite de Benoît XVI en 2009 nous avait fait penser qu'il allait démissionner", a-t-il dit, suggérant que la visite pastorale de François à l'Aquila pourrait n'être que cela : une visite pastorale.

  • Selon Frédéric Martel, le pape aurait voulu changer le discours de l'Eglise sur les homosexuels lors des synodes sur la

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    Frédéric Martel : le pape François a voulu changer le discours de l'Eglise sur les homosexuels aux synodes sur la famille

    Le pape François a-t-il vraiment œuvré pour introduire une forme de reconnaissance des unions homosexuelles par le biais des deux synodes sur la famille ? C’est ce que croit savoir Frédéric Martel, qui livre à ce sujet ce qu’il présente comme des confidences de proches de François dans son livre-brûlot Sodoma sur les réseaux homosexuels dans l’Eglise.

    Si les propos rapportés sont exacts, ils constituent une véritable bombe, puisqu’ils conduisent Martel à décrire par le menu les manipulations (pour une bonne part manquées) qui ont accompagné ces synodes, puis la rédaction de l’exhortation apostolique Amoris laetitia – telles qu’elles étaient perçues, au demeurant, par les tenants de la tradition dans l’Eglise qui ne sont pas allés, pour autant, jusqu’à en rendre le pape directement et explicitement responsable.

    Commençons donc par une mise en garde : Sodoma est un livre de combat qui voit des homosexuels partout, mais qui ne désigne, dénonce et dénigre comme tels que ceux – actifs ou refoulés selon lui – qui se manifestent par leur « homophobie ». C’est même l’affirmation « rigide » de la doctrine de l’Eglise sur l’homosexualité et le péché de sodomie qui serait selon Martel le signe qui ne trompe pas d’une homosexualité dissimulée de la part de ceux qui se livrent à cette affirmation.

    Outre ce raisonnement qui tourne en rond, tout en insinuations et sous-entendus, il y a les erreurs factuelles qui émaillent le livre, et – s’il faut en croire Antoine-Marie Izoard, rédacteur en chef de Famille chrétienne – surtout, la déformation de propos recueillis, des interviewés « piégés » ou ayant fait l’objet de tentatives de « drague » au cours de l’enquête.

    Izoard, face à la question de l’homosexualité, prône la réponse de Benoît XVI : « Il est alors plus que temps d’appliquer les mesures de Benoît XVI qui recommandait qu’aucun jeune ayant des tendances homosexuelles ne puisse intégrer le séminaire. » C’est à peu près l’inverse de la conclusion suggérée par le livre de Frédéric Martel : que les prêtres « gays » puissent enfin vivre leurs amours au grand jour et qu’on en finisse avec le célibat sacerdotal, au motif que la continence serait « contre nature ».

    D’ailleurs Martel présente Benoît XVI lui-même comme un homosexuel probablement chaste qui sublime sa tendance dans l’amour des arts et des beaux vêtements, et donc « rigide » sur le plan doctrinal.

    Le pape François, lui, gay-friendly et donc selon toute probabilité pas « gay » lui-même, serait entouré de proches de la même eau tels les cardinaux Blase Cupich, Walter Kasper, Kevin Farrell, Reinhard Marx, Christoph Schönborn, Oscar Maradiaga, Lorenzo Baldisseri, qui se distinguent tous par leur approche plus libérale de la question « LGBT » (acronyme de combat qui revendique des droits pour ce que la morale traditionnelle juge gravement peccamineux).

    C’est avec prudence qu’il faut donc aborder l’ensemble de ce qui est avancé, mais sur le plan de la doctrine certaines allégations sont si graves qu’elles doivent être connues, et – plût à Dieu – démenties, sous peine de laisser la confusion s’installer encore davantage dans l’Eglise.

    Selon Frédéric Martel, le cardinal Baldisseri, chargé de l’organisation des deux synodes sur la famille, lui a assuré qu’avant le premier, en 2014, l’idée était d’« ouvrir les portes et les fenêtres », à la demande de François. « On n’avait aucun tabou, aucune retenue. Toutes les questions étaient ouvertes. Brûlantes ! Tout était sur la table : le célibat des prêtres, l’homosexualité, la communion des couples divorcés, l’ordination des femmes… On a ouvert tous les débats à la fois. »

    Il forme une « petite équipe sensible, gaie et souriante » en s’entourant de Bruno Forte, Peter Erdö et Fabio Fabene, « tous promus depuis par le pape » : « une véritable machine de guerre au service de François ».

    Avec Schönborn et Maradiaga, ils sont sur la « ligne Kasper », qui a fait savoir dès avant l’ouverture du synode que les « unions homosexuelles, si elles sont vécues de manière stable et responsable, sont respectables ». Mais ils mettent en branle une forme de dynamique de groupe en interrogeant « la base » dans les diocèses du monde. Les réponses qui affluent sont « traitées » à Rome pendant que des plumes acquises se mettent au premier jet d’Amoris laetitia (« dont au moins un homosexuel que j’ai rencontré », assure Martel).

    « François venait ici chaque semaine, me raconte Baldisseri. Il présidait personnellement les sessions où nous débattions des propositions », avance alors l’auteur.

    Le texte est ainsi construit qu’on imagine que le pape a tout voulu et approuvé : il a « choisi de bouger sur les questions de famille et de morale sexuelle », affirme Frédéric Martel. Et de lui attribuer un « plan secret » qui annonce «  la bataille inimaginable qui va bientôt se jouer entre deux factions homosexualisées de l’Eglise » – les méchants qui s’en tiennent à la morale traditionnelle, les gay-friendly qui ne sont pas « corrompus », hypocrites, adeptes de la double vie comme les premiers mais cherchent à ouvrir la porte aux pécheurs. Périphéries et hôpital de campagne, c’est en effet le programme de François.

    C’est alors que Martel donne la liste des cardinaux dont l’opposition bruyante « abasourdit » le pape et conduit celui-ci à dénoncer les « maladies curiales » pour désigner ceux qui composent selon Martel « l’invraisemblable paroisse » (dans Sodoma, « la paroisse », ce sont les homosexuels : « Raymond Burke, Carlo Caffarra, Joachim Meisner, Gerhard Ludwig Müller, Walter Brandmüller, Mauro Piacenza, Velasio De Paolis, Tarcisio Bertone, George Pell, Angelo Bagnasco, Antonio Cañizares, Kurt Koch, Paul Josef Cordes, Willem Eijk, Joseph Levada, Marc Ouellet, Antonio Rouco Varela, Juan Luis Cipriani, Juan Sandoval Iñiguez, Norberto Rivera, Javier Errazuriz, Angelo Scola, Camillo Ruini, Robert Sarah et tant d’autres ».

    Et voilà que Martel attribue à François la volonté d’« abattre un mur » – encore un. « Sur la question homosexuelle, il entreprend un long travail pédagogique. Il s’agit, ici, de distinguer de manière nouvelle et fondamentale pour l’Eglise, d’une part les crimes que sont la pédophilie, les abus sexuels sur mineurs de moins de quinze ans, ainsi que les actes sans consentement dans le cadre d’une situation d’autorité (catéchisme, confession, séminaires, etc. ; et d’autre part les pratiques homosexuelles légales entre adultes consentants. Il tourne également la page du débat sur le préservatif en mettant l’accent sur “l’obligation de soigner”. »

    Explosée, la morale traditionnelle, et par le successeur de Pierre lui-même ? Certains éléments, certaines attitudes du pape François semblent aller en ce sens, il faut bien le dire, mais il n’a jamais dit pareille chose explicitement. Ce qui est sûr, c’est que le monde de la presse mainstream, le monde « mondain » ne saurait que croire ce qu’il approuve déjà si volontiers.

    La sortie du livre Demeurer dans la vérité du Christ, sur le mariage chrétien, présenté par Sodoma comme un « pamphlet » signé Burke, Müller, Caffarra, Brandmüller et De Paolis, met un frein aux manœuvres même s’il se fait « saisir » à la demande de Baldisseri (assure Martel) avant de pouvoir être distribué aux pères synodaux.

    Martel qualifie de « subtile » la formule d’un prêtre homosexuel à propos de ce synode qui a tourné à la « farce » : « C’est la revanche du placard ! C’est la vengeance du placard ! »

    Il décrit également la colère du pape qui est révulsé par les « manœuvres en coulisse », le « complot » des opposants : François réagit en « têtu entêté », raconte Martel, citant la formule d’un de ses interlocuteurs. Cela passera par la sanction des cardinaux qui l’ont « humilié » (Müller en tête) et par une stratégie à long terme : « Modifier la composition du collège des cardinaux en créant des évêques favorables à ses réformes et, compte tenu de la limite d’âge, évincer naturellement peu à peu son opposition – c’est l’arme suprême, dont seul le souverain pontife peut user. »

    Qui ? Mgr Victor Manuel “Tucho” Fernandez de La Plata, qui aurait été « mobilisé » par le pape après le premier synode pour expliquer que François « vise des réformes irréversibles ». Le cardinal bergoglien Daniel Sturla de Montevideo, qui revendique devant Martel – s’il faut l’en croire – des « positions pro-gays ». Le cardinal Maradiaga, lui, voyagera à travers le monde où il « distille la pensée de François ».

    Du côté des intellectuels, c’est le père jésuite Antonio Spadaro, rédacteur en chef de La Civiltà Cattolica, revue jésuite « semi-officielle » du Vatican, qui joue le rôle de « poisson pilote » pour un « grand plan de communication secret » à l’initiative de « la bande à Baldesseri ». C’est lui qui est crédité d’avoir mobilisé Maurizio Gronchi et Paolo Gomberini en Italie, le P.  Jean-Michel Garrigues, « un proche ami du cardinal Schönborn) et Antoine Guggenheim en France. Ce dernier écrit en tout cas dans La Croix : « La reconnaissance d’un amour fidèle et durable entre deux personnes homosexuelles, quel que soit leur degré de chasteté, me semble une hypothèse à étudier. Elle pourrait prendre la forme que l’Eglise donne habituellement à sa prière : une bénédiction. »

    C’est de là aussi que date la mise en route de l’opération Adriano Oliva, selon Martel : ce frère dominicain italien, basé à Paris, qu’il présente comme l’un des plus grands spécialistes vivants de saint Thomas d’Aquin. Et selon Martel, c’est sur ordre du pape François lui-même qu’il a agi.

    Oliva sort en 2015 – pour fêter les huit cents ans de l’Ordre dominicain ! – au Cerf le livre Amours où il prétend démontrer que l’Aquinate reconnaissait le caractère « naturel » de l’homosexualité, puisque « l’homme dans ses irrégularités et singularités fait partie du dessein divin ». « Contre nature », l’inclination homosexuelle ? Pas du tout ! « L’homosexualité ne comporte en soi aucune illicéité, et quant à son principe, connaturel à l’individu et enraciné en ce qui l’anime comme être humain, et quant à sa fin, aimer une autre personne, qui est une fin bonne », écrit en effet Oliva.

    « Après la lecture d’Amours, des cardinaux, des évêques et de nombreux prêtres m’ont dit que leur vision de saint Thomas d’Aquin avait changé et que l’interdit de l’homosexualité avait été définitivement levé », assure Martel.

    Si selon ce dernier Oliva a refusé de commenter « la genèse de son livre », « son éditeur, [le théologien orthodoxe] Jean-François Colosimo, patron des éditions du Cerf, a été plus disert, tout comme l’équipe du cardinal Baldisseri qui confirme avoir passé “commande d’analyses à des experts” dont le frère Oliva ». Martel poursuit : « Enfin, j’ai eu la confirmation qu’Adriano Oliva a bien été reçu au Vatican par Baldisseri, Bruno Forte et Fabio Fabene – soit les principaux artisans du synode. »

    Plus loin, il surenchérit : « Le cardinal Walter Kasper le confirme l’intervention personnelle de François : “Adriano Oliva est venu me voir ici. Nous avons parlé. Il m’avait envoyé une lettre que j’ai montrée au pape : François a été très impressionné. Et il a demandé à Baldisseri de lui commander un texte pour diffuser aux évêques. Je crois que c’est ce texte qui est devenu Amours. (…) Adriano Oliva a rendu service à l’Eglise, sans être militant. »

    Vrai ? Faux ? Si lettre il y avait, quel était son contenu ? Il y a ici beaucoup d’insinuations et peu d’affirmations nettes, mais Martel n’hésite pas à ajouter : « Amours sera diffusé pendant le synode sur la suggestion du pape. Le livre n’est pas un pamphlet de plus ou un essai isolé et quelque peu suicidaire, comme on l’a dit : c’est une arme dans un plan d’ensemble voulu par le souverain pontife lui-même. »

    Il serait intéressant de savoir si les pères synodaux, tous ou une partie d’entre eux, ont effectivement reçu le petit livre.

    Au bout du compte, toutes ces manœuvres n’ont pas abouti, du moins en ce qui concerne l’homosexualité qui ne sera évoquée, selon Martel, qu’en deux ou trois phrases sibyllines d’Amoris laetitia. Mais Kasper est selon lui confiant pour l’avenir parce que les lignes on un peu bougé : « Nous gagnerons », aurait-il dit.

    En fait, Martel confirme (à moins qu’il ne fasse que répercuter, histoire de semer encore davantage le trouble), toutes les inquiétudes, toutes les accusations de manipulations du synode qui ont été exprimées par les fidèles à la doctrine traditionnelle de l’Eglise.

    L’exercice a ses limites, j’ai essayé de vous le montrer en soulignant combien Martel met peut-être de lui-même dans son compte-rendu qui cherche manifestement à impliquer étroitement le pape dans le processus d’« ouverture » aux homosexuels – mais il faut bien reconnaître que sur ce chapitre, il y a aussi des faits visibles à tous.

    Un démenti de la salle de Presse serait le bienvenu. Ou de Baldisseri, Kasper, Spadaro, Oliva et les autres. On peut toujours rêver. Ou mieux – prier.

     
  • Le recul impressionnant du catholicisme en Amérique Latine

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    Avec l’habileté qu’on lui reconnaît dans le monde entier, le Pew Research Center de Washington a rendu concrète, grâce à une enquête réalisée à grande échelle, une information qui était déjà connue d’une manière générale, à savoir l'impressionnante chute de l’effectif des catholiques sur le sous-continent latino-américain :

    Dans cette zone géographique que, de nos jours, on a pris l’habitude de désigner comme le nouveau centre de gravité mondial de l’Église catholique, la quasi-totalité de la population, 94 %, était catholique au milieu du siècle dernier. Et en 1970 encore, les catholiques constituaient une écrasante majorité, avec 92 % de la population.

    Mais la chute s’est produite ensuite. Aujourd’hui la proportion de catholiques a diminué de 23 points, c’est-à-dire qu’ils ne représentent plus que 69 % de la population. Le record de la plus forte baisse appartient au Honduras, pays dans lequel les catholiques sont tombés en-dessous de la moitié, passant de 94 % à 46 % ; pour se rendre compte de la rapidité de cette chute, il suffit de savoir que celle-ci tient tout entière dans la durée du ministère épiscopal du cardinal Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa et coordinateur du groupe de huit cardinaux auxquels le pape François a demandé de l’aider dans le gouvernement de l’Église universelle.

    Partout, une très vigoureuse progression des effectifs des chrétiens "evangelical" et pentecôtistes, se rattachant à la souche protestante, a correspondu à cette diminution du nombre de catholiques. Cela, on le savait aussi, mais le Pew Research Center a mis en évidence le fait que, habituellement, ceux qui passent d'une appartenance à l’autre ne sont pas ceux dont la foi est la plus tiède, mais bien les plus fervents.

    Les convertis qui rejoignent les communautés "evangelical" se montrent en effet beaucoup plus dynamiques dans la propagation de la foi chrétienne. Et il y a également une différence en ce qui concerne l’aide apportée aux pauvres. Alors que les catholiques se bornent à les secourir, non seulement les "evangelical" sont plus actifs en matière d’œuvres de charité mais ils ne perdent pas une occasion de prêcher la foi chrétienne aux pauvres.

    Il y a également un écart important pour ce qui est de la pratique religieuse. En Argentine, par exemple, les personnes qui accordent une grande importance à la religion dans leur vie, prient chaque jour et se rendent à l’église chaque semaine représentent 41 % des "evangelical", alors qu’elles ne sont que 9 % chez les catholiques, qui occupent ainsi le bas du classement, à côté du Chili et de l’Uruguay laïcisé.

    L'enquête du Pew Research Center montre également que les catholiques qui se convertissent et rejoignent les communautés "evangelical" ne sont pas attirés par un laxisme plus grand en matière d’avortement ou d’homosexualité.

    La réalité est à l’opposé. Les adversaires les plus résolus de l'avortement et des mariages entre personnes sexe se trouvent parmi les néo-protestants, pas parmi les catholiques

    En Argentine, par exemple, plus de la moitié des catholiques, 53 %, disent qu’ils sont favorables aux "mariages" homosexuels, qui sont déjà autorisés par la loi dans ce pays. Tandis que, chez les néo-protestants, il n’y en a que 32 % qui y soient favorables.

    L'enquête du Pew Research Center mérite d’être lue dans son intégralité, parce qu’elle contient un grand nombre d’informations à propos de ce phénomène qui fera date.

  • François s'associe à la Campagne contre la faim dans le monde lancée par la Caritas Internationalis

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    De Radio Vatican :

    Message du pape François pour la «Campagne contre la faim dans le monde» lancée par Caritas Internationalis

    Ce mardi 10 décembre, la confédération Caritas lance une « vague de prière » mondiale visant à mettre un terme à la faim dans le monde. Cette initiative marquera le début de la campagne contre la faim, Une seule famille humaine, de la nourriture pour tous, une campagne mondiale, la première du genre, impliquant les 164 organisations nationales qui forment la confédération Caritas Internationalis.

    Améliorer la sécurité alimentaire

    Caritas l'affirme : le fait que des gouvernements garantissent le droit à la nourriture dans leurs lois nationales est une étape essentielle pour garantir la nourriture pour tous. Le droit à la nourriture protège le droit de tout être humain à vivre sa vie dans la dignité, libéré de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.

    En plus du plaidoyer international auprès des gouvernements et des Nations unies, la campagne Une seule famille humaine, de la nourriture pour tous, verra les organisations Caritas adopter des objectifs nationaux visant à l’amélioration de la sécurité alimentaire. L’accent sera aussi mis sur le changement personnel au niveau du gaspillage de nourriture et de l’attitude envers comment nous mangeons et ce que nous mangeons.

    Message vidéo du Pape François

    « Il y a assez de nourriture pour nourrir la planète. Nous croyons qu’avec votre aide, nous pouvons mettre un terme à la faim d’ici 2025 », a déclaré, dans un message vidéo, le cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, président de Caritas Internationalis.

    Le Pape François a lui aussi offert sa bénédiction et son soutien à la campagne dans un message vidéo de cinq minutes, dont voici le texte intégral : 

    « Chers frères, chères sœurs,

    Je suis heureux de vous annoncer aujourd’hui le lancement de la « Campagne contre la faim dans le monde » lancée par notre Caritas Internationalis et de vous communiquer que j’entends y donner mon plein soutien.

     

    Cette confédération, avec l’ensemble de ses 164 organisations membres, est active dans 200 Pays et territoires du monde et leur travail est au cœur de la mission de l’Église et de son attention envers tous ceux qui souffrent à cause du scandale de la faim, et avec lesquels le Seigneur s’est identifié lorsqu’il disait : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ». Quand les apôtres dirent à Jésus que les personnes qui étaient venues écouter ses paroles avaient en outre faim, Il les incita à aller chercher de la nourriture. Vu qu’ils étaient eux-mêmes pauvres, ils ne trouvèrent que cinq pains et deux poissons, mais par la grâce de Dieu ils parvinrent à rassasier une multitude de personnes, recueillant même les restes et réussissant ainsi à éviter tout gaspillage.

    Nous nous trouvons face au scandale mondial d’environ un milliard, un milliard de personnes qui au jour d’aujourd’hui souffrent encore de la faim. Nous ne pouvons pas tourner le dos et faire semblant que ce problème n’existe pas. La nourriture disponible dans le monde suffirait à nourrir tout un chacun.

    La parabole de la multiplication des pains et des poissons nous enseigne justement cela : si la volonté est là, ce que nous avons ne s’épuise pas, mais plutôt il en reste et rien n’est perdu.

    Ainsi, chers frères, chères sœurs, je vous invite à ouvrir votre cœur à cette urgence, en respectant le un droit donné par Dieu à tous : le droit d’avoir accès à une alimentation adéquate. Partageons ce que nous avons dans la charité chrétienne avec ceux qui sont contraints d’affronter de nombreux obstacles pour satisfaire un besoin aussi primaire et en même temps, rendons-nous promoteurs d’une authentique coopération avec les pauvres, pour qu’au travers de leur et de notre travail ils puissent vivre une vie digne.

    J’invite toutes les institutions du monde, toute l’Église et chacun de nous, comme une seule famille humaine, à nous faire l’écho des personnes qui silencieusement souffrent de la faim, afin que cet écho devienne un rugissement capable de secouer le monde.

    Cette campagne se veut aussi une invitation pour nous tous à devenir plus conscients de nos choix alimentaires, qui souvent comprennent le gaspillage d’aliments et une mauvaise utilisation des ressources que nous avons à disposition. C’est aussi une exhortation à arrêter de penser que nos actions quotidiennes n’ont pas d’impact sur les vies de ceux pour qui – voisins ou lointains qu’ils soient –la faim est une expérience directe. Je vous demande, de tout mon cœur, de soutenir notre Caritas dans cette noble campagne, pour agir comme une seule famille qui s’implique pour assurer l’alimentation à tout un chacun.

    Prions pour que Dieu nous donne la grâce de voir un monde dans lequel personne ne doive plus jamais mourir de faim. Et tout en demandant cette grâce, je vous donne ma bénédiction».

  • Grenouillages romains en vue du prochain synode sur l'Amazonie

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    Synode pan-amazonien : réunion discrète de cardinaux et évêques pour promouvoir leurs idées progressistes

    Je vous propose ici une traduction rapide de l'article publié aujourd'hui par Maike Hickson sur LifeSiteNews à propos des manœuvres en cours dans certains cercles romains pour faire accepter leurs projets progressistes. Entre autres : la fin du célibat sacerdotal, un régime indigéniste pour les prêtres d'Amazonie, l'ordination des femmes… Ci-contre, une photo de Mgr Erwin Kräutler, cité en fin d'article. – J.S.

    Un groupe de cardinaux et d'évêques qui participent à la préparation du synode sur l'Amazonie et qui sont favorables à la suppression du célibat sacerdotal, et qui affichent d'autres positions progressistes contraires à l'enseignement catholique pérenne, se réunissent en toute tranquillité près de Rome en vue de préparer le prochain synode, a révélé aujourd'hui à LifeSiteNews une source bien informée.

    Les principaux participants à cette rencontre sont les cardinaux Lorenzo Baldisseri, Claudio Hummes, Walter Kasper, Christoph Schönborn, ainsi que les évêques Franz-Josef Overbeck et Erwin Kräutler. Le professeur Wolf (Münster) et Josef Sayer, ami et conseiller du cardinal Oscar Maradiaga, sont également présents. Mme Doris Wagner-Reisinger - cette ancienne religieuse dont les accusations à l'encontre d'un fonctionnaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi ont récemment été rejetées par un tribunal du Vatican – est également présente.

    Le vaticaniste Marco Tosatti vient de publier son propre article sur cette rencontre secrète, confirmant ainsi notre propre source indépendante. Edward Pentin, correspondant à Rome pour le National Catholic Register a également confirmé les informations concernant cette rencontre.

    « Une réunion secrète pour discuter de la stratégie en vue du prochain synode amazonien et impliquant principalement des prélats et des intellectuels de langue allemande a eu lieu aujourd'hui dans un monastère à Rome. Cardinaux Hummes, Baldisseri, Kasper, Schoenborn, Schoenborn y ont participé, +Krautler, +Overbeck de Essen. D'autres infos bientôt », a-t-il tweeté aujourd'hui.

    Les participants à la rencontre préparatoire sont en favorables à un plan progressiste au sein de l'Église.

    • Le cardinal Baldisseri a joué un rôle clef dans la préparation des deux synodes sur la famille qui ont abouti à l'exhortation apostolique Amoris laetitia du Pape François qui a soulevé l'idée de donner accès aux sacrements à certains couples « remariés ». Baldisseri avait parlé au Dr Frédéric Martel des méthodes du synode : « Notre ligne était essentiellement celle de Kasper. »

    • Le cardinal Claudio Hummes est en faveur des prêtres mariés pour la région amazonienne, et souhaite qu'ils soient indigènes. Il a déclaré en 2016 : « Il ne devrait y avoir que du clergé, des prêtres et des évêques indigènes, y compris certains sans formation académique. »

    • Le cardinal Walter Kasper est l'homme qui avait promu l'idée de donner la Sainte Communion à certains divorcés « remariés » sans qu'ils aient à changer leur mode de vie.

    • Le cardinal Schönborn a dit un jour qu'il pouvait imaginer des prêtres et des évêques de sexe féminin, et il y a quelques jours seulement, il a affirmé que la cause de la crise des abus sexuels n'était pas la révolution culturelle des années 1960 (comme le pape Benoît XVI l'a récemment affirmé), mais « la fixation excessive de l'Eglise sur le sixième commandement » ainsi que les « systèmes clos ».

    • Le professeur Hubert Wolf a récemment affirmé que « le célibat sacerdotal est un facteur de risque en ce qui concerne les abus[sexuels] ». Face à la crise des abus, ce théologien appelle à des « changements fondamentaux », y compris en ce qui concerne « l'accès au sacerdoce »

    • Mgr Franz-Josef Overbeck a récemment déclaré qu'après le Synode sur l'Amazonie, « rien ne sera plus pareil » dans l'Eglise. Il espère une remise en question de l'enseignement de l'Église sur la sexualité et l'accès au sacerdoce. Overbeck est l'expert des évêques allemands pour l'Amérique latine et responsable des dons destinés à cette région, via l'organisation caritative des évêques allemands Adveniat.

    • Mgr Erwin Kräutler est favorable aux prêtres mariés et à l'ordination des femmes. Il va même jusqu'à prétendre que le pape François serait ouvert à la possibilité d'ordonner des femmes.

    LifeSiteNews a contacté les cardinaux Kasper et Schönborn pour obtenir leurs commentaires. Nous mettrons à jour cet article au fur et à mesure que nous recevrons plus d'informations.

    Maike Hickson

  • Le pape en son conseil

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    Du V.I.S. (Vatican Information Service) :

    CREATION D'UN CONSEIL DE CARDINAUX

    Cité du Vatican, 30 septembre 2013 (VIS). Nous publions ci-dessous le chirographe (en date du 28 septembre) par lequel le Saint-Père institue un Conseil de Cardinaux pour l'aider dans le gouvernement de l'Eglise universelle et étudier un projet de révision de la Constitution apostolique Pastor Bonus sur la Curie romaine:

    "Parmi les suggestions émises au cours des Congrégations Générales cardinalices ayant précédé le Conclave, figurait l'intérêt de constituer un groupe restreint de membres de l’épiscopat, provenant des différentes parties du monde, que le Saint-Père puisse consulter, individuellement ou collectivement, sur des questions particulières. Une fois élu au siège romain, j'ai eu l'occasion de réfléchir plusieurs fois à ce sujet, retenant qu'une telle initiative serait d'une aide considérable pour exercer le ministère pastoral de Successeur de Pierre que les frères Cardinaux ont voulu me confier. Pour cette raison, le 13 avril dernier, j'ai annoncé la constitution d'un tel groupe, en indiquant les noms de ceux qui étaient appelés à en faire partie. Après une mure réflexion, je considère opportun qu'un tel groupe soit institué par le présent Chirographe en Conseil de Cardinaux, ayant pour devoir de m'aider dans le gouvernement de l’Eglise universelle et d'étudier un projet de révision de la Constitution apostolique Pastor Bonus sur la Curie Romaine. Celui-ci sera composé des personnes précédemment indiquées, lesquelles pourront être sollicitées, soit en Conseil, soit individuellement, sur les questions que je retiendrai dignes d'attention. Le dit Conseil, dont je me réserve le droit de modifier le nombre des composants de la façon qui me semblera la plus adéquate, sera une expression supplémentaire de la communion épiscopale et de l'aide au munus petrinum que l'épiscopat dispersé de par le monde peut offrir".

    DEBUT DE LA REUNION DU CONSEIL DES CARDINAUX

    Cité du Vatican, 30 septembre 2013 (VIS). Ce matin s'est tenue la première des trois réunions du Pape avec les huit Cardinaux formant le Conseil créé par le Chirographe du 28 septembre. Ce nouvel organisme est composé du Cardinal Giuseppe Bertello, Président du Governorat de l'Etat de la Cité du Vatican, du Cardinal Francisco Javier Errázuriz Ossa, Archevêque émérite de Santiago de Chile (Chili), du Cardinal Oswald Gracias, Archevêque de Bombay (Inde), du Cardinal Reinhard Marx, Archevêque de Munich (Allemagne), du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa (RD du Congo), du Cardinal Sean Patrick O'Malley, OFM.Cap., Archevêque de Boston (USA), du Cardinal George Pell, Archevêque de Sydney (Australie), du Cardinal Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga, SDB, Archevêque de Tegucigalpa (Honduras), faisant fonction de Coordinateur. Auxquels s'ajoute Mgr.Marcello Semeraro, Evêque d'Albano (Italie), faisant fonction de Secrétaire. Les réunions se déroulent matin et après-midi dans l'Appartement pontifical en présence du Saint-Père, sauf mercredi matin où il sera retenu par l'audience générale.

    Le Directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège a précisé que les sessions sont privées et qu'aucun communiqué final n'est prévu. Mais aussi que le Pape est libre de modifier la composition, y compris numérique, d'un organe dont sept des membres sont les pasteurs de grands diocèses, dotés d'une solide expérience. La création du Conseil offre au Pape un appui supplémentaire dans le gouvernement de l'Eglise, d'autant qu'il a déjà montré son recours constant à des consultations et compte s'appuyer sur les réunions de chefs de dicastères et renouveler le mode de travail du Synode des évêques. Le nouvel organisme, qui n'est pas rattaché aux autres institutions de la Curie, constitue un organe consultatif pour le Pape. Depuis l'annonce en avril de la création du groupe des huit, de nombreuses propositions et suggestions sont parvenu au Secrétaire, qui servent maintenant à la réunion. La Secrétairerie d'Etat et les différents dicastères de la Curie ont également sollicités, avec au bout du compte un total de quatre-vingt documents. Sur leur base, Mgr. Semeraro a préparé un texte de synthèse, après que ces mois derniers les membres du Conseil aient échangé leurs informations entre eux comme avec le Saint-Père.

  • Rester sur le marché en mettant au centre la dignité de la personne

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    (ZENIT.org) Le pape François s’est adressé aux participants du Troisième festival de la Doctrine sociale de l’Eglise (Vérone, 21-24 novembre), dans un message vidéo diffusé hier, jeudi 21 novembre, en soirée, en présence du cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa (Honduras) et président du Conseil des huit cardinaux : c’est dire l’importance que le pape attache à la mise en œuvre de l’enseignement social de l’Eglise.

    Une égalité, sans homogénéité

    Pour le pape, le thème du congrès - « Moins d’inégalités, plus de différences » - met en relief « la richesse variée des personnes, expression des talents personnels » loins de « l’homogénéité qui mortifie et rend inégaux ».

    Le pape a filé l’image de la sphère et du polygone : « La sphère peut représenter l’homogénéité, comme une sorte de globalisation : elle est lisse, sans facettes, égale à elle-même sur toutes les parties. Le polygone a une forme semblable à la sphère, mais est composé de multiples faces ».

    « Il me plaît d’imaginer l’humanité comme un polygone, dont les formes multiples (…) constituent les éléments qui composent, dans la pluralité, l’unique famille humaine. Cela est une vraie mondialisation. L’autre globalisation – celle de la sphère – est une homogénéité », a fait observer le pape.

    Au contraire, le pape a fait observer que le monde des « coopératives » est « la route pour une égalité, mais non homogénéité, une égalité dans les différences »..

    Il confie qu'à 18 ans, en 1954, il a en entendu une conférence de son père « le la notion chrétienne de coopérative » : « cela m’a enthousiasmé », avoue-t-il, encore marqué par cette réflexion sur le travail solidaire.

    C’est en effet « une bonne nouvelle » d’apprendre que, « pour répondre à la crise, on a réduit le profit, mais qu’on a sauvegardé le niveau de l’emploi » : « Le travail est trop important. Travail et dignité de la personne marchent de pair » et il vaut donc mieux « avancer lentement, mais sûrement », a recommandé le pape.

    L'enseignement social catholique, une mystique

    L’enseignement social de l’Eglise « est un grand point de référence, très utile pour ne pas se perdre », a poursuivi le pape : « Qui travaille dans l’économie et dans la finance est attiré par le profit et s’il n’est pas attentif, il se met à servir le profit même, et il devient l’esclave de l’argent ».

    Cet enseignement « contient un patrimoine de réflexion et d’espérance en mesure d’orienter les personnes en préservant leur liberté », a-t-il insisté, en faisant observer qu’il faut « du courage » et « la foi », pour « rester sur le marché, en mettant au centre la dignité de la personne, non pas l’idole de l’argent ».

    Et quand il est mis en pratique, il engendre « l’espérance », il est « une force pour promouvoir, par le travail, une nouvelle justice sociale ».

    Pour le pape, « la mise en oeuvre de l’enseignement social de l’Eglise est en soi une mystique » : « Je redis le mot : une mystique. On dirait qu’elle enlève quelque chose, qu’elle met hors du jeu, mais cette mystique apporte au contraire à un grand bienfait, car grâce à sa vision globale, elle peut créer du développement en s’occupant du chômage, des fragilités, des injustices sociales, sans se soumettre aux distorsions d’une vision purement économique ».

    Parmi les mots-clés de l’enseignement social, « la solidarité », aujourd’hui en passe d’être « supprimée du dictionnaire »,  « un mot inopportun, presque un “gros mot” pour l’économie et le marché », a déploré le pape.

    Ne pas hypothéquer l’avenir

    Il a évoqué le sort des jeunes et des anciens : aujourd’hui, « jeunes et vieux sont écartés car ils ne répondent pas aux logiques de production dans une vision fonctionnelle de la société, ils ne répondent à aucun critère utile d’investissement. On dit qu’ils sont “passifs”, ils ne produisent pas, dans l’économie de marché ils ne sont pas des sujets de production ».

    Or, le pape a recommandé de « ne pas oublier qu’ils portent chacun une grande richesse : ils sont tous deux l’avenir d’un peuple » : « Les jeunes sont la force pour avancer; les personnes âgées sont la mémoire du peuple, la sagesse ».

    « Il ne peut pas y avoir de développement authentique, ni de croissance harmonieuse d’une société si la force des jeunes et la mémoire des personnes âgées sont niées. Un peuple qui ne prend pas soin des jeunes, des vieux, n’a pas d’avenir ».

    Il s’agit donc de « faire tout ce qui est possible pour éviter que la société ne les élimine socialement » et de « s’engager pour garder vivante la mémoire, avec le regard dirigé vers l’avenir ».

    Dans le cas contraire, « on hypothèque l’avenir », a mis en garde le pape : « Si cela n’est pas rapidement résolu, c’est l’assurance d’un avenir trop faible ou d’un non-avenir ».

  • Le pape François subjugué par le Cardinal Danneels ?

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    Le chroniqueur « religieux » de La Libre, Christian Laporte,  a, en tout cas,  trouvé son Hercule  pour le nettoyage de la Curie romaine et s'en réjouit dans l'éditorial du  quotidien autrefois catholique de Bruxelles

    "Cette fois, il n’y a plus de doute possible. Exactement un mois après son élection comme nouvel évêque de Rome, le pape François est sorti du bois. Il entend vraiment réformer l’Eglise, trop secouée, à ses yeux, depuis plusieurs années par des rivalités intestines et pichrocolines ainsi que par des scandales à répétition qui ont fini par miner la santé de son prédécesseur et ont sans doute précipité sa décision de se retirer !

    Par un bref mais très éclairant communiqué, le nouveau "patron" de l’Eglise catholique a fait savoir qu’il était bien décidé à mettre de l’ordre dans la Curie romaine qui, quoi qu’en disent certains prélats, ne succombait que trop aux tentations du pouvoir, elles-mêmes aux antipodes du message de l’Evangile.

    Pour ce faire, il s’appuiera sur un "conseil de la Couronne", à savoir un groupe de neuf prélats représentant tous les continents. Une idée qui vient tout droit des congrégations générales d’avant-conclave. Sans dévoiler le secret des débats, elle est même belge. C’est en effet un cheval de bataille récurrent du cardinal Danneels, qui plaide depuis longtemps pour pareille structure réunissant des conseillers éclairés autour du Pape.

    A en juger par la composition du groupe, la réforme de la Curie n’est plus du tout un vœu pieux. A l’évidence, en nommant à sa tête le cardinal hondurien, Oscar Maradiaga, par ailleurs "numero uno" de Caritas, et en optant pour des décideurs de la périphérie et non du centre romano-romain, François veut faire concorder le fonctionnement de l’Eglise avec ses propres intentions, à savoir une Eglise plus proche des pauvres et dont le maître-mot est la miséricorde.

    Voir ici  Edito: nettoyer la Curie

    Ainsi donc la bonne idée viendrait du cardinal Danneels : entourer le pape d’un « conseil de la couronne » pour réformer la « constitution » de l’Eglise.

    Soit dit en passant, en Belgique le « conseil de la couronne » (composé du gouvernement et des ministres d’Etat) est une institution tombée en désuétude : sauf erreur, elle s’est réunie pour la dernière fois  en 1960 aux fins d’entériner la décision d’octroyer l’indépendance au Congo, dans les conditions déplorables que l’on sait.

    Les Belges sont aussi les champions de la  révision constitutionnelle, avec une loi fondamentale en mutation tous les dix ans depuis plus de trente ans.  Les articles bis, ter, ou quater n’ont plus de secret pour leurs experts juridiques (et seulement pour eux).

    On a peine à croire que c’est là ce qui aurait pu convaincre les cardinaux d’accorder leurs voix à un Jorge Mario Bergoglio rallié à une proposition aussi "géniale" de l’archevêque émérite de Malines-Bruxelles.

    Les vrais problèmes de l’Eglise ne sont pas de structures mais de foi,  particulièrement en Europe, comme l’a déjà exposé clairement et à maintes reprises un autre émérite, pape celui-là : vous vous souvenez ? Il s’appelait Benoît XVI.

    Cessons de fantasmer sur la Curie romaine. Le gouvernement pontifical a sans doute besoin d’un chef affirmé et d’une meilleure coordination. Mais sûrement pas d’une révolution institutionnelle et encore moins sous le couvert abusif de la collégialité épiscopale ou de la souveraineté du peuple de Dieu(x)…

    JPS

  • Comment le pape François prépare le prochain conclave

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur Diakonos.be :

    Comment François prépare le prochain conclave, avec ses favoris en cardinaux

    Ce n’est plus une hypothèse mais une certitude.  Nous savons à présent que le Pape François est obnubilé par l’idée de « ce qu’il y aura après moi », c’est-à-dire au futur conclave, qu’il soit proche ou lointain.  C’est lui-même qui l’a dit il y a quelques jours dans une interview à l’agence ADN Kronos.  Dans cette interview, il a notamment appliqué à lui-même la célèbre citation « Nous sommes en mission pour le Seigneur » des Blues Brothers, en disant textuellement :

    « Je ne crains rien, j’agis au nom et pour le compte de notre Seigneur.  Suis-je un inconscient ?  Est-ce que je pèche par manque de prudence ?  Je ne saurais le dire, mais je me laisse guider par mon instinct et par l’Esprit-Saint ».

    Et de fait, ses dernières promotions – et destitutions – anciennes et nouvelles de cardinaux semblent avoir précisément pour objectif de préparer un conclave dans un sens qui lui plaise.

    *

    Pour commencer, le Pape François a brutalement mis hors-jeu – en le dégradant sur-le-champ le 24 septembre – le cardinal Giovanni Angelo Becciu, qui, dans un conclave, s’il n’était pas candidat à sa succession, aurait certainement été un grand électeur capable de mener sa barque, fort de ses huit années à la Secrétairerie d’État en tant que « substitut », au contact quotidien avec le Pape et aux manettes du gouvernement de l’Église mondiale.

    Dépouillé de ses « droits » de cardinal, Mgr Becciu ne pourra en effet même plus entrer en conclave, bien que l’historien de l’Église Alberto Melloni prétende le contraire.

    La raison de sa disgrâce serait le mauvais usage qu’il aurait fait de l’argent de la Secrétairerie d’État et du Denier de Saint-Pierre.  Mais Mgr Becciu sait également que ni le Pape ni son propre supérieur direct, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, ne sont tout blancs dans cette affaire. En effet, un document de la magistrature du Vatican accessible à tous montre que Mgr Becciu aurait informé le Pape de ses placements, même les plus risqués, et que ce dernier les avait approuvés. Tout comme un email de travail entre le cardinal Parolin et la soi-disant experte des services secrets Cecilia Marogna, recrutée des années auparavant par Mgr Becciu parmi les « officiels publics » de la Secrétairerie d’État et aujourd’hui accusée de détournement de fonds et d’abus de biens sociaux avec l’argent du Vatican qui lui avait imprudemment été confié.

    Le fait que le Pape François l’ait nommé comme son « délégué personnel » auprès de l’ordre des Chevaliers de Malte témoigne du lien de confiance étroit qui unissait jusqu’il y a peu le Pape et Mgr Becciu.  Et qui le Pape a-t-il à présent nommé à la place de Mgr Becciu ?  Un autre de ses favoris, le nouveau cardinal Silvano Tomasi, ancien représentant du Vatican aux Nations-Unies, qui a surtout été impliqué dans le conflit fratricide au sein de l’Ordre qui a poussé l’innocent Grand-Maître Fra’ Matthew Festing à la démission forcée qui lui a été imposée par le Pape en personne.

    Très proche du cardinal Parolin, Mgr Tomasi est justement l’un des treize nouveaux cardinaux que François revêtira de la pourpre cardinalice le 28 novembre prochain.

    Une liste dans laquelle il est instructif de voir non seulement qui y figure mais également qui ne s’y trouve pas.

    *

    N’y figurent pas, par exemple, deux archevêques de premier ordre : celui de Los Angeles José Horacio Gómez, qui est également le président de la Conférence épiscopale des États-Unis, et l’archevêque de Paris, Michel Aupetit.

    L’un et l’autre sont dotés de qualités hors du commun et jouissent d’une large estiment mais ils ont le désavantage – aux yeux du Pape François – d’apparaître trop éloignés des lignes directrices de l’actuel pontificat.  Mgr Aupetit a également une expérience comme médecin et bioéthicien, tout comme l’archevêque et cardinal hollandais Willem Jacobus Eijk.  Et ce n’est un mystère pour personne qu’aussi bien Mgr Gómez que Mgr Aupetit, s’ils sont créés cardinaux – ce qui ne sera pas le cas – figureraient, en cas de conclave, dans la liste restreinte des candidats au profil solide susceptible d’apparaître comme des alternatives à François, une liste dont font déjà partie le cardinal Eijk ainsi que le cardinal hongrois Péter Erdô, bien connu pour avoir mené, au cours du synode sur le famille dont il était le rapporteur général, avec sagesse et fermeté la résistance aux partisans du divorce et de la nouvelle morale homosexuelle.

    *

    Parmi les cardinaux fraîchement nommés, et qui doivent tous leurs carrières respectives à Jorge Mario Bergoglio, figurent trois autres noms qui sortent du lot.

    Aux États-Unis, la promotion au cardinalat de Wilton Gregory, l’archevêque de Washington, premier cardinal afro-américain de l’histoire mais également adversaire acharné de Donald Trump, a fait beaucoup de bruit.

    C’est de l’île de Malte que provient un autre nouveau cardinal, Mario Grech, défenseur acharné de la synodalité comme forme de gouvernement de l’Église et récemment promu par François secrétaire général du synode des évêques. À peine nommé, Mgr Grech s’est tout de suite illustré dans une interview à « La Civiltà Cattolica » dans laquelle il a taxé d’« analphabétisme spirituel » et de « cléricalisme » ces chrétiens qui souffrent du manque de célébrations eucharistiques pendant le confinement et qui ne comprennent pas qu’on peut fort bien se passer de sacrements parce qu’il existe « d’autres moyens pour se connecter au mystère ».

    Mais la promotion de Marcello Semeraro, le nouveau cardinal qu’il a nommé à la place laissée vacante par Mgr Becciu fraîchement défenestré, celle de de Préfet de la Congrégation pour la cause des saints, est quant à elle bien plus stratégique.

    Mgr Semararo est un personnage-clé de la cour du Pape Bergoglio, depuis son élection au pontificat.  Il a été, jusqu’à il y a quelques semaines encore, le secrétaire de l’équipe des 8, puis 9, puis 6 et à présent 7 cardinaux qui assistent François dans la réforme de la Curie et dans le gouvernement de l’Église universelle.

    Originaire des Pouilles et âgé de 73 ans, Mgr Semeraro a été professeur d’ecclésiologie à l’Université pontificale du Latran et ensuite évêque, d’abord d’Oria et ensuite d’Albano.  Mais le tournant décisif a été pour lui sa participation au synode de 2001 comme secrétaire.  C’est là qu’il s’est lié d’amitié avec celui qui était encore le cardinal Bergoglio, chargé en dernière minute de prononcer le discours d’ouverture de ces assises à la place du cardinal Edward M. Egan de New-York, bloqué au pays à cause de l’attentat contre les tours jumelles.

    Le lien entre les deux hommes s’est rapidement renforcé et, chaque fois que le cardinal Bergoglio venait à Rome, il ne manquait jamais l’occasion de faire un petit détour par Albano.  Jusqu’au conclave de 2013 où les deux hommes – comme aime à le rappeler Mgr Semeraro – se sont rencontrés pendant deux heures la veille de l’élection, et où le cardinal Bergoglio était « étrangement silencieux ».  Le premier évêque que le nouveau pape a reçu en audience après son élection a justement été Mgr Semeraro, qui a ensuite rapidement été nommé secrétaire de la toute nouvelle équipe de cardinaux conseillers.  Quand, en décembre 2017, Mgr Semeraro a atteint l’âge de 70 ans, le Pape François lui a fait la surprise d’apparaître à Albano à l’heure du déjeuner et de faire la fête avec lui (voir photo).

    Mais ce n’est pas tout.  Aussi bien Gregory que Grech et Semeraro sont depuis des années partisans d’un changement de la doctrine et de la pratique de l’Église catholique en matière d’homosexualité.  Dans son diocèse d’Albano, Semeraro accueille chaque année le Forum des chrétiens LGBT italiens.  C’est également lui qui a rédigé la préface du récent essai « L’amour possible. Personnes homosexuelles et morale chrétienne » du P. Aristide Fumagalli, professeur à la Faculté théologique de Milan et émule en Italie du jésuite américain James Martin, encore plus célèbre égérie de la nouvelle morale gay, une préface à laquelle le Pape François n’a pas manqué de manifester son appréciation.

    *

    Il faut également rappeler les manœuvres que François a effectuées ces dernières semaines pour favoriser d’autres cardinaux qui sont chers à ses yeux.

    La plus singulière a été la nomination le 5 octobre dernier du cardinal Kevin Farrell comme président d’un nouvel organisme du Vatican compétent pour les « dossiers spéciaux », c’est-à-dire qui sortent des normes ordinaires et qui sont couverts par le secret le plus rigoureux.

    Âgé de 73 ans, le cardinal Farrell est né à Dublin et a ensuite été évêque aux États-Unis, membre des Légionnaires du Christ dans sa jeunesse, il a été nommé en 2016 au Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie et, depuis février 2019, il est également « camerlingue » du collège des cardinaux, c’est-à-dire délégué pour diriger l’Église pendant la période entre la mort d’un Pape et l’élection de son successeur.

    Il est clair qu’avec ces promotions en série, le Pape François a attribué au cardinal Farrell, visiblement son benjamin, une quantité de pouvoirs hors du commun.

    Et tout cela malgré que la biographie de ce cardinal comporte plusieurs parts d’ombres qui ne sont toujours pas éclaircies.

    Ses années les plus sombres ont été celles où, en tant qu’évêque auxiliaire et vicaire général de Washington, il a été le plus proche collaborateur et l’homme de confiance de celui qui était alors titulaire du diocèse, le cardinal Theodore McCarrick, avec lequel il a même partagé son logement entre 2002 et 2006.

    Ces années-là, les deux diocèses de Metuchen et de Newark dans lesquels McCarrick avait été précédemment évêque ont payé des dizaines de milliers de dollars pour mettre fin aux poursuites judiciaires lancées par des anciens prêtres qui l’avaient dénoncé pour avoir sexuellement abusé d’eux.  Et déjà à l’époque, des accusations bien plus large d’abus circulaient à l’encontre de McCarrick, des accusations qui allaient s’intensifier et se vérifier jusqu’à le mener à sa condamnation définitive en 2018 et à sa réduction à l’état laïc.

    Mais malgré sa grande proximité avec McCarrick, Mgr Farrell a toujours prétendu n’avoir jamais eu, à cette époque, « aucune raison de suspecter » quoi que ce soit d’illicite dans le comportement du cardinal qui était son chef, son mentor et son ami.

    En octobre 2018, le Pape François a promis la publication d’un rapport censé mettre en lumière les protections et les complicités dont McCarrick aurait bénéficié dans la hiérarchie jusqu’au plus haut niveau.

    Mais la nomination du cardinal Farrell comme gardien des dossiers les plus confidentiels ne permet pas d’espérer que ce rapport – dont la publication est annoncée pour demain 10 novembre – fera entièrement la clarté.

    En tant que préfet du Dicastère pour la famille, Farrell s’est également distingué pour avoir nommé comme rapporteur de la rencontre mondiale des familles qui s’est tenue à Dublin en 2018 le jésuite James Martin, dont il a rédigé la préface du livre pro-LGBT « Building a bridge ».

    *

    Une autre manœuvre de François concerne la soi-disant « banque » du Vatican, l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR).

    L’IOR est supervisé par une commission de cardinaux à laquelle le Pape a apporté certains changements le 21 septembre dernier.

    Il a parachuté parmi les nouveaux membres deux de ses protégés : le cardinal polonais Konrad Krajewski, son « aumônier » très actif dans les œuvres caritatives, ainsi que le cardinal philippin – un peu chinois du côté de sa mère – Luis Antonio Gokim Tagle, préfet de « Propaganda Fide » et universellement considéré comme l’homme que François verrait bien prendre sa succession.

    Parmi les membres non reconduits, on trouve en revanche un nom bien connu, celui du cardinal Pietro Parolin, ce qui a fait penser à un déclassement personnel aussi bien pour lui que pour la Secrétairerie d’État.

    Mais en réalité, le fait qu’il ait quitté de la commission de l’IOR constitue un avantage pour le cardinal Parolin.  En effet, il fait des pieds et des mains pour se positionner comme n’ayant rien à voir avec les malversations qui font l’objet d’une enquête au sein de la Secrétairerie d’État et il a donc intérêt à se tenir éloigné d’une éventuelle tourmente qui pourrait rapidement impliquer l’IOR, qui est accusée par deux fonds d’investissement maltais de leur avoir causé un préjudice de plusieurs dizaines de millions d’euros à la suite de la rupture d’un accord pour l’achat et la restauration de l’ancien Palais de la Bourse de Budapest.

    Mais entretemps, Parolin a subi un autre revers, bien plus sérieux celui-là : l’injonction du Pape à la Secrétairerie d’État de se dépouiller de tous ses biens mobiliers et immobiliers, qui devront tous être confiés à la banque centrale du Vatican, l’APSA, et soumis au contrôle de la Secrétairerie pour l’économie, c’est-à-dire précisément à cet organisme présidé à l’origine par le cardinal George Pell et auquel Parolin et son substitut Becciu ont toujours refusé de se soumettre.

    Parolin figurait depuis longtemps parmi les « papables » mais il peut désormais se considérer comme rayé de la liste.  Cela fait d’ailleurs au moins deux ans que le consensus autour de sa candidature est en net déclin.  En tant qu’homme de gouvernement, les malversations de ses subalternes à la Secrétairerie d’État jouent lourdement en sa défaveur.  En tant que diplomate, il n’a pas engrangé le moindre succès sur le terrain, ni au Moyen-Orient, ni au Venezuela, et encore moins en Chine.  Et désormais, même ses éventuelles capacités à canaliser et à équilibrer l’état de confusion dans lequel l’Église est plongée par le pontificat de François sont jugées comme étant trop modestes.

    *

    En effet, le Pape Bergoglio semble préférer comme homme au pouvoir un autre cardinal que Parolin, le Hondurien Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, qu’il a reconfirmé mi-octobre dans ses fonctions de coordinateur du « C7 », l’équipe des sept cardinaux chargés de le conseiller.

    Comment François peut encore continuer à faire confiance à Maradiaga, c’est un mystère.  Outre le fait qu’il fasse l’objet de lourdes accusations de malversations financières ayant déjà d’une visite apostolique dans son diocèse pour enquêter, le cardinal Maradiaga a eu pendant des années comme évêque auxiliaire et comme protégé Juan José Pineda Fasquelle, destitué à l’été 2018 en raison de pratiques homosexuelles continues avec ses séminaristes.

    Et ce n’est pas tout.  Ce même été de l’année 2018, François a nommé au rôle-clé de substitut de la Secrétairerie d’État – à la place de Becciu promu cardinal – l’archevêque vénézuélien Edgar Peña Parra, ancien conseiller de nonciature au Honduras entre 2002 et 2005 et très lié à Maradiaga et Pineda, auxquels il doit sa nomination comme évêque auxiliaire et Tegucigalpa, en plus d’avoir lui-même fait l’objet d’accusations pour des écarts de conduite qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune vérification impartiale au Vatican.

    *

    Est-ce donc Tagle qui reste le véritable successeur que François a « in pectore », lui que toutes les manœuvres décrites semblent favoriser le plus ?

    Il ne fait aucun doute que le cardinal sino-philippin soit le « papable » le plus cher aux yeux du Pape Bergoglio.  Mais de là à ce qu’un futur conclave l’élise Pape, rien n’est gagné, au contraire.  Précisément parce qu’il ressemble trop à François, il est facile de prévoir que Tagle sera victime des nombreux ressentiments envers le pontificat actuel qui ne manqueront pas de se manifester.

    Il n’est donc pas exclu que le pape Bergoglio ait en tête un autre successeur qui lui plaise, peut-être davantage en mesure d’être élu.  Et il pourrait s’agir du cardinal passe-partout de Bologne, Matteo Zuppi, qui a déjà plusieurs cordes à son arc – il a même gagné le mois dernier un prix de 

  • Une vaste sapinière homophile dans l’Eglise ?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso traduit par notre confrère du site diakonos.be :

    lobbygay-236x300.jpg« Homosexuels » et « évêques » : voilà les deux mots-clés du scandale qui secoue aujourd’hui l’Église. Mais malgré cela le Pape François n’a pas mentionné une seule fois un seul de ces deux mots dans sa « lettre au Peuple de Dieu » d’il y a quelques jours, à la veille de son voyage en Irlande pour la rencontre mondiale des familles.

    Jorge Mario Bergoglio a préférer s’en prendre au « cléricalisme ». C’est en effet l’une des causes qui ont contribué aux abus sexuels perpétrés par ceux qui se sentent investis d’un pouvoir supérieurs et qui s’en servent pour asservir la volonté de leur victimes, qu’il s’agisse d’enfants ou – bien plus souvent – de jeunes ou bien d’adolescents à peine majeurs.

    À la suite de scandales similaires, Benoît XVI était allé plus loin dans sa recherche des causes de cette maladie de l’Eglise dans sa lettre aux catholiques irlandais de 2010.

    Il avait identifié deux causes en particulier :

    – la « tendance déterminante, également de la part de prêtres et de religieux, à adopter des façons de penser et à considérer les réalités séculières sans référence suffisante à l’Evangile »

    – et la « tendance, dictée par de justes intentions, mais erronée, une tendance à éviter les approches pénales à l’égard de situations canoniques irrégulières ».

    L’une comme l’autre de ces tendances sont visiblement aujourd’hui encore à l’origine de cette nouvelle vague de scandales. Même si l’on continue à les classer – comme par inertie – sous l’étiquette d’abus sexuels sur mineurs alors qu’il est surtout question de la présence répandue dans le clergé et parmi les évêques d’homosexuels qui violent non seulement l’engagement public à la chasteté qu’ils ont pris à leur ordination mais qui, de plus, auto-justifient leurs actions et se soutiennent entre eux, s’entraidant et se promouvant les uns les autres.

    Le cas de l’ex-cardinal Theodore McCarrick est emblématique à ce point de vue.  La violence sur mineurs ne représente qu’une toute petite partie de son activité sexuelle débridée avec des jeunes du même sexe qui étaient le plus souvent des séminaristes de son diocèse.

    Et ce n’est pas tout. McCarrick était l’un des cardinaux américains les plus en vue à promouvoir la « charte de Dallas » de 2002, c’est-à-dire les lignes directrices rédigées après la première vague d’abus sexuels sur mineurs de la part de prêtres qui avaient comme épicentre l’archidiocèse de Boston.  Mais cela n’a en rien modifié son attitude personnelle envers des jeunes du  même sexe, qui étaient d’ailleurs largement connue et dont les autorités vaticanes avaient été informée, sans que sa carrière n’en souffre le moins du monde.

    Comme il avait l’oreille du Pape François, McCarrick a donc continué jusqu’au bout à exercer son influence sur les nominations de ses protégés qui occupent aujourd’hui des fonctions prestigieuses aux États-Unis et au Vatican : des cardinaux Blaise Cupich et Joseph Tobin, respectivement archevêques de Chicago et de Newark, en passant par le cardinal Kevin Farrell, Préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie et aujourd’hui organisateur de la rencontre mondiale des familles à Dublin.

    Cupich, Tobin et Farrel constituent le fer de lance du renversement des positions que le Pape François a voulu imposer au sein de la hiérarchie des États-Unis. Et tous trois sont de fervents partisans du jésuite James Martin qui milite pour une révision de fond en comble de la doctrine de l’Église catholique sur l’homosexualité et qui a d’ailleurs été invité par Farrell pour prendre la parole à la rencontre de Dublin. (voir ICI)

    Parmi les cardinaux de la vielle génération les plus appréciés de Bergoglio, on retrouve notamment Donald Wuerl, le successeur de McCarrick à Washington et auparavant évêque de Pittsburgh, où il est cependant accusé par le Grand Jury de Pennsylvanie – dans un rapport rendu public le 14 juillet dernier – d’avoir couvert ses prêtres coupables d’abus.

    En conséquence, Wuerl a dû renoncer à se rendre à Dublin où il devait lui aussi prendre la parole. Pareil pour l’archevêque de Boston, le cardinal Sean Patrick O’Malley, mis en cause après la découverte au grand jour de pratique homosexuelles dans son propre séminaire – naturellement passé à travers les mailles du filet du nettoyage entrepris par ce même O’Malley après 2002 dans ce diocèse qui est devenu aujourd’hui le symbole des abus sexuels sur mineurs – et pour ne pas avoir pris au sérieux en 2015 une lettre de dénonciation des méfaits du cardinal McCarrick qui lui avait été envoyée par Boniface Ramsey, le même prêtre qui avait déjà informé les autorités vaticanes en 2000.

    La forte présence d’homosexuels dans de nombreux séminaires à travers le monde est un phénomène bien connu. En 2005, alors que Joseph Ratzinger était pape depuis quelques mois, les autorités vaticanes avaient décrété que « l’Eglise, tout en respectant profondément les personnes concernées, ne peut pas admettre au Séminaire et aux Ordres sacrés ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu’on appelle la culture gay ».

    Mais cette directive est restée largement lettre morte. En mai dernier, à l’occasion d’une rencontre à huis clos avec les évêques italiens, le Pape François leur a demandé de l’appliquer parce que – avait-il dit – « nous avons trop d’homosexuels ».

    Il est pourtant de notoriété publique que le phénomène est bien présent jusqu’à Rome, avec ses excès, et qu’il implique des supérieurs de séminaires. L’Almo Collegio Capranica, le prestigieux internat dans lequel les diocèses italiens envoient leurs pupilles est très loin d’être à l’abri. Tout comme l’Athénée pontifical Saint-Anselme, la faculté théologique romaine de l’ordre bénédictin.

    Parmi les diocèses voisins de Rome, celui d’Albano organise aujourd’hui un forum des « chrétiens LGBT italiens » dans lequel interviendra prochainement, du 5 au 7 octobre, le jésuite Martin dont il était question ci-dessus.  L’évêque d’Albano est Marcello Semeraro, très proche de François et secrétaire du « C9 », le conseil des neuf cardinaux appelés par le pape pour l’aider à gouverner l’Église universelle.

    Le coordinateur du « C9 » est le cardinal hondurien Óscar Andrés Rodriguez Maradiaga, lui aussi intervenant à Dublin mais dont l’évêque auxiliaire et dauphin, Juan José Pineda Fasquelle vient d’être limogé le 20 juillet dernier pour des pratiques homosexuelles répétées avec des séminaristes de son diocèse, ce qui a d’ailleurs été confirmé par une visite apostolique.

    Maradiaga reste cependant inexplicablement à son poste. Le 15 août dernier, le Pape François a nommé au poste clé de substitut du secrétariat d’État le vénézuélien Edgar Peña Parra, ex-conseiller de nonciature au Honduras entre 2002 et 2005 qui est très lié à Pineda, dont il a notamment soutenu la nomination comme évêque auxiliaire de Tegucigalpa.

    Des séminaires aux cardinaux en passant par les évêques et le clergé, les homosexuels sont présents par milliers à tous les niveaux. C’est le jésuite Martin, qu’on ne peut soupçonner d’homophobie, qui l’a déclaré il y a quelques jours à « Crux », le premier portail d’information catholique des États-Unis et peut-être du monde entier.

    « L’idée d’une épuration des prêtres gays est aussi ridicule que dangereuse. Une telle épuration viderait les paroisses et les ordres religieux de milliers de prêtres et d’évêques qui mènent une vie saine de service et qui restent fidèles à leur célibat ».

    C’est tout à fait exact. Mais il y a aussi des prêtres et des évêques homosexuels qui ne sont ni « sains » ni « fidèles ».  Beaucoup.  Trop.

    *

    En photo, la couverture de l’Espresso du 19 juillet 2013 avec l’article sur le sujet de Mgr Battista Ricca :

    > Le prélat du lobby gay

    Ref. Prêtre et évêques homosexuels. Ni sains ni fidèles 

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  • La véritable histoire du synode sur « la famille ». Le metteur en scène, les exécutants, les assistants

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    Sur son blog « Chiesa », Sandro Magister retrace l’histoire des grandes manœuvres pour un changement de paradigme : son metteur en scène, ses exécutants, ses assistants. Extrait.

    « Aussi bien lors du concile Vatican II qu’au cours du présent synode, les changements de paradigme sont les fruits d’une mise en scène très soignée. Un protagoniste de Vatican II tel que le père Giuseppe Dossetti – très habile stratège des quatre cardinaux modérateurs qui étaient aux commandes de la machine conciliaire – revendiquait ce fait avec fierté. Il disait qu’il "avait bouleversé le destin du concile" grâce à son aptitude à piloter l'assemblée, aptitude qu’il avait acquise antérieurement grâce à son expérience politique de leader du plus grand parti d’Italie.

    Les choses se sont également passées ainsi au cours du présent synode. Ni les ouvertures en direction d’une autorisation de communier qui serait accordée aux divorcés remariés civilement – et donc l'acceptation de ces remariages par l’Église – ni l'impressionnant changement de paradigme en ce qui concerne l’homosexualité qui a été introduit dans la "Relatio post disceptationem" n’auraient été possibles sans une série de démarches habilement calculées par ceux qui avaient et qui ont le contrôle des procédures.

    Pour le comprendre, il suffit de parcourir de nouveau les étapes qui ont abouti à ce résultat, même si la conclusion provisoire du synode – comme on le verra – n’a pas été conforme aux attentes de ses metteurs en scène.

    Le premier acte a comme acteur principal le pape François en personne. Le 28 juillet 2013, au cours de la conférence de presse qu’il donne à bord de l’avion qui le ramène à Rome après son voyage au Brésil, il lance deux signaux qui ont sur l'opinion publique un impact très fort et très durable.

    Le premier de ces signaux concerne la manière de se comporter vis-à-vis des homosexuels :

    "Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ?".

    Le second concerne l'acceptation des remariages [de divorcés]:

    "Une parenthèse : les orthodoxes suivent la théologie de l’économie, comme ils l’appellent, et ils donnent une seconde possibilité [de mariage], ils le permettent. Mais je crois que ce problème – je ferme la parenthèse – on doit l’étudier dans le cadre de la pastorale du mariage".

    Il y a ensuite, au mois d’octobre 2013, la convocation d’un synode consacré à la famille. Ce sera le premier d’une série de deux synodes répartis sur une année qui travailleront sur cette même question, les décisions ne devant être prises qu’à l’issue du second. Au poste de secrétaire général de cette espèce de synode permanent et prolongé, le pape nomme un tout nouveau cardinal, Lorenzo Baldisseri, qui est dépourvu de toute expérience en la matière, mais qui est très proche de lui. Pour l'occasion, il place aux côtés de Baldisseri, en tant que secrétaire spécial, l’évêque et théologien Bruno Forte. Celui-ci est déjà connu comme l’un des principaux représentants de la ligne théologique et pastorale qui a eu comme figure de proue le cardinal jésuite Carlo Maria Martini et comme grands adversaires Jean-Paul II d’abord et Benoît XVI ensuite : une ligne dont les tenants se déclarent ouverts à un changement de l'enseignement de l’Église dans le domaine sexuel.

    La proclamation du synode est complétée par l’envoi d’un questionnaire partout dans le monde, qui comporte des questions spécifiques à propos des thèmes les plus sujets à controverse, parmi lesquels la distribution de la communion aux [divorcés] remariés et les unions homosexuelles.

    C’est notamment à cause de ce questionnaire – dont les réponses seront ultérieurement publiées de manière intentionnelle par certains épiscopats de langue allemande – qu’est née dans l'opinion publique l'idée qu’il s’agit de questions que l’on peut considérer comme déjà "ouvertes" non seulement en théorie mais également en pratique.

    On peut trouver une manifestation de cette fuite en avant, par exemple, dans le diocèse de Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, dont l’archevêque, Robert Zollitsch, est également le président de la conférence des évêques d’Allemagne. Dans un document qui émane de l’un de ses services pastoraux, celui-ci encourage l'accès des divorcés remariés à la communion, sur la simple base d’"une décision de conscience".

    Depuis Rome, le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard L. Müller, réagit en publiant de nouveau dans "L'Osservatore Romano", le 23 octobre 2013, une note qu’il a rédigée antérieurement et qui a été publiée quatre mois plus tôt en Allemagne, dans laquelle il confirme et explique cette interdiction de communier.

    Mais cet appel qu’il adresse au diocèse de Fribourg pour que celui-ci retire son document ne donne aucun résultat. Bien au contraire, le cardinal allemand Reinhard Marx ou, en recourant à des termes plus grossiers, le cardinal hondurien Óscar Rodríguez Maradiaga, critiquent Müller, à qui ils reprochent sa "prétention" de tronquer la discussion à ce sujet. Marx et Maradiaga font l’un comme l’autre partie du conseil des huit cardinaux à qui le pape François a demandé de l’aider dans le gouvernement de l’Église universelle. Le pape n’intervient pas pour apporter son soutien à Müller.

    Les 20 et 21 février 2013, les cardinaux se réunissent à Rome en consistoire. Le pape François leur demande de débattre de la famille et il charge du discours d’ouverture le cardinal Walter Kasper. Celui-ci a déjà été, au début des années 90, le partisan belliqueux d’un dépassement de l’interdiction de communier qui frappe les [divorcés] remariés, mais il a été battu, à cette époque-là, par Jean-Paul II et par Joseph Ratzinger.

    Pendant le consistoire, qui se déroule à huis clos, Kasper reprend complètement ses prises de position. De nombreux cardinaux s’opposent à lui, mais François le gratifie de très grands éloges. Par la suite, Kasper affirmera que c’est "en accord" avec le pape qu’il avait élaboré ses propositions.

    Par ailleurs, Kasper a reçu du pape le privilège de rompre le silence à propos de ce qu’il a dit pendant le consistoire, contrairement à tous les autres cardinaux. Lorsque, le 1er mars, son discours est publié par surprise dans le quotidien italien "Il Foglio", ce même discours est, en fait, déjà en cours d’impression aux éditions Queriniana. L'écho de la publication est immense.

    Au début du printemps, dans le but de contrebalancer l'impact des propositions de Kasper, la congrégation pour la doctrine de la foi programme la publication, dans "L'Osservatore Romano", d’une intervention d’orientation contraire qui a été rédigée par un cardinal de premier plan. Mais la publication de ce texte se heurte au veto du pape.

    Cependant les propositions de Kasper font l’objet de critiques sévères et argumentées provenant d’un bon nombre de cardinaux qui interviennent à de multiples reprises dans différents organes de presse. À la veille du synode, cinq de ces cardinaux publient de nouveau, dans un livre, leurs interventions précédentes, et ils mentionnent, comme complément d’information, des essais qui ont été rédigés par d’autres chercheurs et par un haut dirigeant de la curie, jésuite, archevêque, fin connaisseur de la pratique des Églises orientales en matière de mariage. Kasper déplore, avec une large approbation des médias, la publication de cet ouvrage qu’il présente comme un affront qui vise à frapper le pape.

    Le 5 octobre, c’est l’ouverture du synode. Contrairement à ce qui se faisait dans le passé, les interventions en salle des séances ne sont pas rendues publiques. Le cardinal Müller proteste contre cette forme de censure. Mais il n’obtient pas gain de cause. Ce qui constitue une démonstration supplémentaire, dira-t-il, du fait que "je ne fais pas partie de l’équipe de mise en scène".

    La direction opérationnelle du synode est composée du secrétaire général, Baldisseri, et du secrétaire spécial, Forte, à qui le pape adjoint ceux, qu’il a choisis personnellement, qui s’occuperont de rédiger le message et la "Relatio" de fin de synode. Ils appartiennent tous au "parti" du changement et à leur tête se trouve le ghostwriter de confiance du pape, Víctor Manuel Fernández, archevêque et recteur de l'Université Catholique de Buenos Aires.

    Le fait que ce soit effectivement cette équipe qui assure la mise en scène du synode est devenu évident d’une manière spectaculaire le lundi 13 octobre. Ce jour-là, devant plus de deux cents journalistes en provenance du monde entier, le cardinal délégué qui était présenté formellement comme étant l'auteur de la "Relatio post disceptationem", c’est-à-dire le Hongrois Péter Erdö, a été interrogé à propos des paragraphes concernant l’homosexualité. Il a refusé de répondre et il a cédé la parole à Forte en déclarant : "Celui qui a rédigé ce passage doit savoir quoi dire, lui".

    Lorsqu’on lui a demandé de préciser si les paragraphes concernant l'homosexualité pouvaient être interprétés comme un changement radical dans l'enseignement de l’Église à ce sujet, le cardinal Erdö a répondu : "Certainement !", marquant son désaccord sur ce point aussi.

    En effet ces paragraphes reflètent non pas une orientation exprimée en salle des séances par un nombre important de pères synodaux – comme on s’attend à ce que soit le cas lorsqu’on lit une "Relatio" – mais ce qui a été dit par deux pères, tout au plus, sur près de deux cents, et en particulier par le jésuite Antonio Spadaro, directeur de "La Civiltà Cattolica", nommé membre du synode personnellement par le pape François.

    Mardi 14 octobre, en conférence de presse, le cardinal sud-africain Wilfrid Napier a dénoncé en termes très sévères l'effet de l’abus de pouvoir qu’a commis Forte en insérant dans la "Relatio" ces paragraphes explosifs. Ceux-ci, a-t-il déclaré, ont placé l’Église dans une position "irredemable" [ néologisme tiré apparemment du verbe « redemere », racheter : impossible à racheter ndB] sans issue. Parce que, désormais, "le message est parti : voici ce que dit le synode, voici ce que dit l’Église. À ce point, il n’y a pas de correction qui tienne, tout ce que nous pouvons faire, c’est d’essayer de limiter les dégâts".

    En réalité, au sein des dix cercles linguistiques dans lesquels les pères synodaux poursuivent la discussion, la "Relatio" fait l’objet d’un véritable massacre. À commencer par son langage "touffu, filandreux, excessivement verbeux et donc ennuyeux", comme le souligne impitoyablement le rapporteur officiel du groupe "Gallicus B" de langue française, dans lequel figurent pourtant deux champions de ce langage – et de ses contenus tout aussi vagues et ambigus – qui sont les cardinaux Christoph Schönborn et Godfried Danneels.

    À la reprise des travaux en salle, le jeudi 16 octobre, le secrétaire général Baldisseri, à côté de qui se tient le pape, annonce que les rapports rédigés par les dix groupes ne seront pas rendus publics. Explosion de protestations. C’est le cardinal australien George Pell, physique et tempérament de rugbyman, qui exige avec le plus d’intransigeance que les textes soient publiés. Baldisseri cède. Le même jour, le pape François se voit contraint de compléter le pool chargé de la rédaction du rapport final, en y faisant entrer l'archevêque de Melbourne Denis J. Hart et surtout le combatif cardinal sud-africain Napier. 

    Cependant ce dernier avait vu juste. Parce que, quel que soit le résultat de ce synode dont le programme ne prévoit pas qu’il comporte une conclusion, l'effet recherché par ses metteurs en scène est en grande partie atteint. 

    En ce qui concerne l'homosexualité comme à propos du divorce et des remariages, en effet, le nouveau verbe réformateur qui est en tout état de cause mis en circulation dans le réseau mondial des médias a plus de valeur que le succès qui a été effectivement obtenu auprès des pères synodaux par les propositions de Kasper ou de Spadaro. La partie pourra durer longtemps. Mais le pape François est patient. Dans "Evangelii gaudium" il a écrit que "le temps est supérieur à l’espace".

    De nouveaux paradigmes en matière de divorce et d’homosexualité ont désormais cours dans les instances dirigeantes de l’Église. Rien n’a été décidé, mais le pape François est patient. Un historien américain réfute les thèses de "La Civiltà Cattolica"  sous le titre "damnatio memoriae" à lire sous le post " La véritable histoire de ce synode. Le metteur en scène, les exécutants, les assistants

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