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  • Pourra-t-on continuer à ignorer les terribles accusations de Mgr Vigano ?

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    Abus: Les terribles accusations de Mgr Vigano (source : "Benoît et moi")

    Dans l'interviewe publiée le 10 juin dernier, le Washington Post avait censuré l'un des échanges, concernant la gestion des abus sexuels par le Pape François. L'ex-nonce aux Etats-Unis a demandé à <LifeSiteNews> de publier la version non expurgée (7/7/2019). 

    Sur ce sujet :
    Un document exceptionnel: l'interview de Mgr Viganò au Washington Post. (...)

    NOUVEAU TÉMOIGNAGE DE VIGANÒ :

    * * *

    L'interview de l'archevêque Carlo Maria Viganò au Washington Post, publiée le 10 juin, contenait une réponse que le Post a décidé d'expurger de l'interview. Cette réponse contenait des informations importantes concernant des accusations non traitées d'abus sexuels contre un haut fonctionnaire du Saint-Siège, ainsi que la couverture d'un ancien séminariste, aujourd'hui prêtre, accusé d'abus sexuels sur des adolescents pré-séminaristes qui servaient comme enfants de chœur du Pape. Le texte intégral des réponses inédites de Viganò au Washington Post suit. Le nom d'une personne a été retiré par LifeSite parce que LifeSite n'a pas été en mesure de trouver des preuves suffisantes pour étayer l'accusation portée contre lui à ce stade.

    Question: Voyez-vous des signes que le Vatican, sous le pape François, prend des mesures appropriées pour faire face aux graves problèmes d'abus. Dans le cas contraire, que manque-t-il ?

    Mgr Vigano: Les signes que je vois sont vraiment inquiétants. Non seulement le pape François ne fait presque rien pour punir ceux qui ont commis des abus, mais il ne fait absolument rien pour dénoncer et traduire en justice ceux qui, pendant des décennies, ont facilité et couvert les auteurs de ces abus. Pour ne citer qu'un exemple: le cardinal Wuerl, qui pendant des décennies a couvert les abus de McCarrick et d'autres, et dont les mensonges répétés et flagrants ont été révélés à tous ceux qui y ont prêté attention a dû se retirer en raison de l'indignation populaire. Pourtant, en acceptant sa démission, le pape François l'a loué pour sa "noblesse". Quelle crédibilité a laissé le pape après ce genre de déclaration ?

    Mais un tel comportement n'est pas du tout le pire. Pour en revenir au Sommet [du 25 février dernier, sur les abus sexuels] et à l'accent qu'il met sur les abus sur mineurs, je voudrais maintenant attirer votre attention sur deux cas récents et vraiment horribles, incluant des allégations d'agressions contre des mineurs, pendant le mandat du pape François. Le pape et de nombreux prélats de la Curie sont bien au courant de ces allégations, mais dans aucun des cas une enquête ouverte et approfondie n'a été autorisée. Un observateur objectif ne peut s'empêcher de soupçonner que des actes horribles sont dissimulés.

    1. Le premier cas aurait eu lieu à l'intérieur même des murs du Vatican, au Petit Séminaire Pie X, situé à quelques pas de la Domus Sanctae Marthae, où vit le pape François. Ce séminaire forme des mineurs qui servent comme enfants de chœur dans la basilique Saint-Pierre et lors des cérémonies papales.

    Un des séminaristes, Kamil Jarzembowski, compagnon de chambre de l'une des victimes, affirme avoir été témoin de dizaines d'agressions sexuelles. Avec deux autres séminaristes, il a dénoncé l'agresseur, d'abord en personne à ses supérieurs du pré-séminaire, puis par écrit aux cardinaux, et enfin en 2014, toujours par écrit, au Pape François lui-même. L'une des victimes était un garçon qui aurait été abusé pendant cinq années consécutives, à partir de l'âge de 13 ans. L'agresseur présumé était un séminariste de 21 ans, Gabriele Martinelli.

    Ce pré-séminaire est sous la responsabilité du diocèse de Côme et est géré par l'Association Don Folci. Une enquête préliminaire a été confiée au vicaire judiciaire de Côme, don Andrea Stabellini, qui a trouvé des éléments de preuve justifiant une enquête plus approfondie. J'ai reçu des informations de première main indiquant que ses supérieurs lui avaient interdit de poursuivre l'enquête. Il peut témoigner lui-même, et je vous conseille d'aller l'interroger. Je prie pour qu'il trouve le courage de partager avec vous ce qu'il a si courageusement partagé avec moi.

    En plus de ce qui précède, j'ai appris comment les autorités du Saint-Siège ont traité cette affaire. Après que don Stabellini eût recueilli des preuves, l'affaire fut immédiatement couverte par l'évêque de Côme de l'époque, Diego Coletti, et le cardinal Angelo Comastri, vicaire général du pape François pour la Cité du Vatican. De plus, le cardinal Coccopalmerio, alors président du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs, consulté par don Stabellini, l'a fortement exhorté à arrêter l'enquête.

    Vous vous demandez peut-être comment cette horrible affaire a pu être classée. L'évêque de Côme a relevé don Stabellini de ses fonctions de vicaire judiciaire; le dénonciateur, le séminariste Kamil Jarzembowski, a été expulsé du séminaire; les deux autres séminaristes qui l'avaient rejoint dans la dénonciation ont quitté le séminaire ; et l'auteur présumé des abus, Gabriele Martinelli, a été ordonné prêtre en juillet 2017. Tout cela s'est passé entre les murs du Vatican, et pas un mot n'en est sorti pendant le Sommet.

    Le Sommet a donc été terriblement décevant, car il est hypocrite de condamner les abus à l'encontre des mineurs et de prétendre sympathiser avec les victimes tout en refusant de regarder les faits en face avec franchise. Une revitalisation spirituelle du clergé est des plus urgentes, mais elle sera finalement inefficace s'il n'y a pas la volonté de s'attaquer au vrai problème.

    2. Le deuxième cas concerne l'Archevêque Edgar Peña Parra, que le pape François a choisi comme nouveau substitut à la Secrétairerie d'État, faisant de lui la troisième personne la plus puissante de la curie. Ce faisant, le pape a en substance ignoré un dossier terrifiant qui lui avait été envoyé par un groupe de fidèles de Maracaibo, intitulé «¿Quién es verdaderamente Monseñor Edgar Robinson Peña Parra, Nuevo Sustituto de la Secretarîa de Estado del Vaticano» ("Qui est vraiment Mgr. Edgar Robinson Peña Parra, le nouveau substitut au Secrétariat d'Etat du Vatican"). Le dossier est signé par le Dr Enrique W. Lagunillas Machado, au nom du «Grupo de Laicos de la Arquidiócesis de Maracaibo por una Iglesia y un Clero según el Corazón de Cristo» ("Groupe de laïcs de l'archidiocèse de Maracaibo pour une Église et un Clergé selon le Cœur du Christ"). Ces fidèles ont accusé Peña Parra de terrible immoralité, décrivant en détail ses crimes présumés. Il pourrait même s'agir d'un scandale dépassant celui de McCarrick, et il ne faut pas que ce scandale soit couvert par le silence.

    Certains faits ont déjà été publiés dans les médias, notamment dans l'hebdomadaire italien L'Espresso. Je vais maintenant ajouter des faits connus par la Secrétairerie d'État au Vatican depuis 2002, que j'ai appris lorsque j'étais Délégué pour les Représentations pontificales.

    En janvier 2000, Gastón Guisandes López, un journaliste de Maracaibo, a porté de graves accusations contre certains prêtres du diocèse de Maracaibo, dont Mgr Peña Parra, pour abus sexuels sur mineurs et autres activités possiblement criminelles.

    En 2001, Gastón Guisandes López a demandé à deux reprises à être reçu par le nonce apostolique au Venezuela, l'archevêque André Dupuy, pour discuter de ces questions, mais celui-ci a inexplicablement refusé de le recevoir. Il a toutefois signalé à la Secrétairerie d'État que le journaliste avait accusé Mgr Peña Parra de deux crimes très graves, dont il décrivait les circonstances.

    > Primo, Edgar Peña Parra fut accusé d'avoir séduit, le 24 septembre 1990, deux élèves du Petit Séminaire de la paroisse de San Pablo, qui devaient entrer au Grand Séminaire de Maracaibo la même année. L'événement aurait eu lieu dans l'église de Nuestra Señora del Rosario, dont le Révérend José Severeyn était le curé. Le Révérend Severeyn a ensuite été retiré de la paroisse par l'archevêque de l'époque, Mgr Roa Pérez. Le cas a été signalé à la police par les parents des deux jeunes hommes et a été traité par le pasteur Enrique Pérez, alors recteur du grand séminaire, et par le pasteur Emilio Melchor, alors directeur spirituel. Le révérend Pérez, interrogé par la Secrétairerie d'Etat, a confirmé par écrit l'épisode du 24 septembre 1990. J'ai vu ces documents de mes propres yeux.

    > Secundo, Edgar Peña Parra aurait été impliqué, avec [NOM ENLEVÉ], dans la mort de deux personnes, un médecin et un certain Jairo Pérez, qui a eu lieu en août 1992, sur l'île de San Carlos, au lac Maracaibo. Ils ont été tués par une décharge électrique, et il n'est pas clair si les décès étaient accidentels ou non. Cette même accusation est également contenue dans le dossier susmentionné envoyé par un groupe de laïcs de Maracaibo, avec le détail supplémentaire que les deux cadavres ont été retrouvés nus, avec des preuves de rencontres homosexuelles macabres et obscènes. Ces accusations sont pour le moins extrêmement graves. Non seulement Peña Parra n'a pas eu à les affronter, mais il a été autorisé à continuer dans le service diplomatique du Saint-Siège.

    Ces deux accusations ont été rapportées à la Secrétairerie d'Etat en 2002 par le nonce apostolique vénézuélien de l'époque, Mgr André Dupuy. La documentation en rapport, si elle n'a pas été détruite, se trouve dans les archives du personnel diplomatique de la Secrétairerie d'État où j'ai occupé le poste de Délégué pour les Représentations pontificales, et dans les archives de la nonciature apostolique au Venezuela, où les archevêques suivants ont servi comme nonces depuis: Giacinto Berloco, de 2005 à 2009, Pietro Parolin, de 2009 à 2013 et Aldo Giordano, de 2013 à ce jour. Ils ont tous eu accès aux documents faisant état de ces accusations contre le futur sustitut, de même que les cardinaux secrétaires d'État Sodano, Bertone et Parolin et les substituts Sandri, Filoni et Becciu.

    Particulièrement flagrant est le comportement du cardinal Parolinqui, en tant que secrétaire d'État, ne s'est pas opposé à la récente nomination de Peña Parra comme substitut, faisant de lui son plus proche collaborateur. Plus encore: des années auparavant, en janvier 2011, en tant que nonce apostolique à Caracas, Parolin ne s'était pas opposé à la nomination de Peña Parra comme archevêque et nonce apostolique au Pakistan. Avant ces nominations importantes, un processus d'information rigoureux est mis en place pour vérifier l'aptitude du candidat, de sorte que ces accusations ont certainement été portées à l'attention du cardinal Parolin.

    De plus, le Cardinal Parolin connaît les noms de plusieurs prêtres de la Curie qui sont sexuellement inacceptables, violant les lois de Dieu qu'ils se sont solennellement engagés à enseigner et à pratiquer, et il continue à détourner le regard.

    Si les responsabilités du Cardinal Parolin sont graves, celles du Pape François le sont encore plus pour avoir choisi pour un poste extrêmement important dans l'Église un homme accusé de crimes aussi graves, sans insister préalablement pour une enquête ouverte et approfondie. Il y a un autre aspect scandaleux à cette histoire horrible. Peña Parra est étroitement liée au Honduras, et plus précisément au cardinal Maradiaga et à l'évêque Juan José Pineda. Entre 2003 et 2007, Peña Parra a servi à la nonciature de Tegucigalpa, où il a été très proche de Juan José Pineda, qui a été ordonné évêque auxiliaire de Tegucigalpa en 2005, devenant le bras droit du cardinal Maradiaga. Juan José Pineda a démissionné de son poste d'évêque auxiliaire en juillet 2018, sans aucune raison donnée aux fidèles de Tegucicalpa. Le Pape François n'a pas publié les résultats du rapport que le Visiteur apostolique, l'évêque argentin Alcides Casaretto, lui a remis directementil y a plus d'un an. 

    Comment interpréter la ferme décision du pape François de ne pas parler ni répondre à aucune question à ce sujet, si ce n'est couvrir les faits et protéger un réseau homosexuel? De telles décisions révèlent une terrible vérité : plutôt que de permettre des enquêtes ouvertes et sérieuses sur les personnes accusées d'offenses graves contre l'Église, le pape laisse souffrir l'Église elle-même.

    Pour en revenir à votre question. Vous me demandez si je vois des signes que le Vatican, sous le pape François, prend des mesures appropriées pour faire face aux graves problèmes d'abus. Ma réponse est simple : Le pape François lui-même couvre les abus en ce moment même, comme il l'a fait pour McCarrick. Je le dis avec une grande tristesse. Lorsque le roi David déclara dans la parabole de Nathan que l'homme riche et avide méritait la mort, le prophète lui dit sans ambages: «Tu es cet homme» (2 Sam 12:1-7). J'avais espéré que mon témoignage serait reçu comme celui de Nathan, mais il a été reçu comme celui de Michée (1 Rois 22:15-27). Je prie pour que cela change.

  • Le cardinal Müller publie un livre accablant pour le pape François

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    D'Open.online :

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    Le cardinal Müller est impitoyable envers le pape François : "Ses amis sont privilégiés même s'ils sont accusés d'abus : un cercle restreint fait les nominations au Vatican".

    20 janvier 2023

    Le cardinal allemand lance une série d'accusations cinglantes à l'encontre du souverain pontife, dans son dernier livre intitulé "In buona fede", qui sera bientôt disponible en librairie.

    Un cercle restreint graviterait autour du pape François. Les abus dans l'Église seraient traités de manière partiale. Le "non" à la messe en latin aurait chagriné et aliéné les franges traditionalistes. Ce ne sont là que quelques-unes des révélations faites par le cardinal Gerhard Müller dans son livre In buona fede with Franca Giansoldati (Solferino), qui sortira dans quelques jours. L'ancien préfet de la Doctrine de la Foi ne ménage pas ses critiques à l'égard de la ligne adoptée par le Pontife, qui selon lui s'entourerait de personnes "non préparées d'un point de vue théologique". En outre, selon lui, au Vatican, les informations circuleraient désormais "de manière parallèle" : "d'une part, il existe des canaux institutionnels qui sont malheureusement de moins en moins consultés par le pontife, et d'autre part, il existe des canaux personnels utilisés même pour les nominations d'évêques ou de cardinaux".

    La question des abus

    Des mots forts, qui ne font même pas l'économie d'un commentaire sur les scandales qui ont éclaboussé l'Église ces derniers temps. On cite notamment le cas de Monseigneur Gustavo Zanchetta, l'évêque argentin qui a été condamné en mars dernier à quatre ans et demi de prison pour avoir abusé sexuellement de deux séminaristes. Son cas, écrit Müller, "fait débat parce qu'il jouissait d'un statut privilégié en tant qu'ami du pape". En règle générale, les amitiés ne peuvent influencer le cours de la justice, tout le monde doit être traité de manière égale". Don Mauro Inzoli, un prêtre proche de Communion et Libération, est également mis en cause. "Le tribunal du Vatican, lit-on dans le livre, a ouvert un procès à son encontre à l'issue duquel il a été décidé de le réduire à l'état laïc car il a été reconnu coupable de crimes. Mais malheureusement, il y a eu un cardinal de la curie qui est allé frapper à Santa Marta, demandant la "clémence". Müller raconte que "face à cet interventionnisme", le pape s'est laissé convaincre et a choisi de modifier la sentence, en aménageant la peine d'Inzoli, stipulant qu'il devait rester prêtre. Mais avec l'interdiction de porter l'habit sacerdotal ou de clerc en public, et sans se présenter aux communautés comme consacré : "Il restait consacré mais ne pouvait pas se montrer aux étrangers comme tel. Ce n'est qu'un exemple".

    Le "non" à la messe en latin et l'affaire Becciu

    Le travail de Mgr Müller fait écho aux propos de Georg Gänswein, secrétaire de Benoît XVI, selon lesquels le "non" du pape François à la messe en latin a "brisé le cœur" de Joseph Ratzinger. La décision, a ajouté Mgr Müller, est "une gifle" pour les traditionalistes, "elle a creusé des fossés et causé de la douleur". Et cela a donné l'impression, selon lui, que le souverain pontife avait choisi "d'écouter un groupe de conseillers, sans tenir compte du fait que la mesure aurait pris les apparences d'une simple démonstration de pouvoir". Le cardinal est un fleuve en crue, et ne ménage même pas les critiques sur la gestion de l'affaire Becciu, le cardinal accusé de s'être enrichi, lui et sa famille, avec des fonds de la Secrétairerie d'État du Vatican. "Vous ne pouvez pas punir quelqu'un sans avoir la preuve de sa culpabilité en main. Cette façon d'agir s'est produite fréquemment au Vatican et ne concerne pas seulement le cas singulier de Becciu, mais s'est même produite au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi lorsque des prêtres ont été renvoyés sans raison, du jour au lendemain", a condamné Müller. Le reproche du cardinal s'adresse en premier lieu aux médias, coupables selon lui d'avoir amplifié une "question macroscopique".

    Becciu aurait été "humilié et puni devant le monde entier sans avoir eu la possibilité de se défendre". Il attend maintenant la fin du procès en cours au tribunal du Vatican. Pourtant, la présomption d'innocence, droit sacro-saint depuis l'époque romaine, devrait s'appliquer à tout le monde". Mais l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi souligne une part de responsabilité qui, selon lui, doit être attribuée au pape : "François a décidé de le punir sévèrement après que quelqu'un soit allé le voir, à Santa Marta, pour lui montrer un article de L'Espresso, un hebdomadaire italien qui faisait état d'une enquête sur le cardinal. Mais comment peut-on agir sur la base d'un article de presse ?" conclut-il.

    La Nuova Bussola Quotidiana publie des extraits du livre à paraître :

    Müller : "Renvoyé par le pape sans explication".

    21-01-2023

    "François m'a embrassé sur le parvis de la basilique et m'a dit qu'il avait toute confiance en moi. Le lendemain, il m'a dit : "Vous avez terminé votre mandat. Merci pour votre travail" sans me donner de raison". Dans le livre du cardinal Gerhard Ludwig Müller intitulé "In buona fede. La religione nel XXI secolo" (à paraître le 27 janvier) : le récit de la conclusion inattendue et déconcertante de son rôle de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Mgr Müller pointe du doigt le cardinal Maradiaga et l'évêque Fernández, ami théologien de G. Bergoglio. Nous en publions quelques extraits à l'avance, grâce à l'éditeur Solferino.

    Avec l'aimable autorisation de l'éditeur Solferino, nous publions en avant-première quelques extraits du livre du cardinal Gerhard Ludwig Müller, avec la vaticaniste Franca Giansoldati, intitulé "En toute bonne foi". Religion au 21e siècle" (à paraître le 27 janvier). Parmi les nombreux événements personnels et ecclésiaux abordés par le cardinal, nous rapportons un passage dans lequel il décrit la conclusion inattendue de son rôle de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. La veille encore, le pape lui avait assuré qu'il avait toute confiance en lui, et le lendemain, au cours d'une audience de routine, il a annoncé que sa mission était terminée. Un mode opératoire déjà vu ces dernières années, qui a suscité pas mal de ressentiment.
    ***

    Ma sortie a eu lieu en 2017. C'était un coup de foudre. La veille, c'était le 29 juin, la fête solennelle de Pierre et Paul, et je me souviens que le pape François m'a embrassé sur le parvis de la basilique devant tout le monde, à la fin de la messe, en me disant qu'il avait toute confiance en moi. C'est ce qu'il m'a dit. Le lendemain, je me suis rendu au Palais Apostolique à l'heure pour une audience afin de lui présenter une série d'affaires inachevées, c'était un rendez-vous de routine pour le Préfet de la Congrégation de la Foi. À la fin de ce bref entretien, il a déclaré succinctement : "Vous avez terminé votre mandat. Merci pour votre travail" sans me donner de raison, mais il n'en a pas donné non plus par la suite. Il a simplement ajouté qu'après l'été de cette année-là, il trouverait une autre tâche pour moi. Rien ne s'est produit depuis. J'ai encore ce moment dans ma tête parce que c'était inattendu. Bien que surpris, je lui ai répondu que lorsque j'étais venu à Rome en 2012, j'avais quitté une chaire que j'aimais tant et un grand diocèse en Allemagne et je n'aspirais pas à une carrière dans la Curie romaine ; je n'étais venu au Vatican que pour obéir à l'appel de Benoît XVI qui me voulait à ses côtés en raison de mes compétences théologiques, comme il l'a lui-même expliqué à plusieurs reprises. [...]

    Le pape François était-il mal à l'aise en vous communiquant cette mesure inattendue ?

    Je ne dirais pas qu'il y avait de la gêne. J'ai plutôt été frappé par son visage suffisant. Quelque temps plus tard, j'ai appris qu'immédiatement après notre conversation, pratiquement dès que j'ai quitté la pièce, le pape a décroché le téléphone pour appeler à ma place le jésuite Luis Francisco Ladaria, l'actuel cardinal qui a ensuite été nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il lui a dit qu'il était satisfait de la manière dont il avait géré l'affaire et m'avait fait démissionner, et a ajouté que la voie était donc libre pour la nomination de Ladaria. J'étais convaincu qu'il avait pensé à ce coup au moins deux semaines à l'avance alors que je n'en étais pas conscient. Personne ne m'avait jamais parlé d'une telle chose. Pourtant, tout était prêt, même le communiqué de presse diffusé tambour battant. J'ai beaucoup réfléchi à ce style hâtif et je n'ai peut-être même pas été trop surpris, puisqu'il y avait déjà eu des précédents. À la Congrégation pour la doctrine de la foi, par exemple, quelques temps auparavant, un certain nombre de prêtres avaient été renvoyés par le pape d'une manière similaire et soudaine. Licenciés sans justification et du jour au lendemain. Je me souviens que je les ai défendus et que je suis même allé plaider leur cause à Santa Marta pour que François change d'avis, mais en vain. Il est resté inflexible et n'a pas voulu entendre raison. Malheureusement, ce modus operandi a provoqué de nombreux troubles au sein du Vatican ces dernières années. Avec certains de ceux qui ont été démis de leurs fonctions dans ces mêmes termes, il m'est arrivé d'expliquer que personne ne peut remettre en cause le pontificat et je me suis également efforcé de raisonner ceux qui manifestaient une certaine colère et alimentaient les rangs de l'opposition interne. Le bien de l'Église, à mon avis, doit toujours prévaloir, il doit rester un principe absolu. Il faut toujours s'efforcer de défendre l'unité. Dans le cas de mon départ, j'ai appris qu'il y avait eu une série de plaintes concernant ma rigueur en matière de doctrine et ensuite parce que je suis théologien, et allemand de surcroît. [...]

    A l'origine de votre départ soudain et même traumatisant, que pourrait-il y avoir, en dehors des perplexités mises en évidence sur Amoris Laetitia, étant donné que vous n'avez jamais reçu de justification exhaustive ?

    En revenant en arrière, je me rappelle que trois ans avant ma démission, comme Massimo Franco l'a également rappelé dans son livre Le Monastère, le Pape a eu un dialogue éclairant avec son ami théologien argentin Victor Manuel Fernández, de Buenos Aires, qui lui a parlé ouvertement de la nécessité - pour le pontificat - de me renvoyer chez moi parce que (a-t-il expliqué dans l'interview) je corrigeais le Pape en me considérant évidemment supérieur. C'était un jugement clair et net. J'ai été assez étonné par cette phrase et elle se commente d'elle-même, car j'ai servi loyalement le pontificat de Bergoglio. Il est probable que certains théologiens latino-américains n'ont jamais cessé de souffrir d'un complexe d'infériorité mal dissimulé, considérant les théologiens européens comme de vieilles carcasses, quelque peu médiévales, poussiéreuses et même démodées. L'approche de nombreux théologiens latino-américains (évidemment pas tous) se concentre sur la revendication de la primauté de la pastorale dans le monde moderne sur la vision des théologiens européens qui, eux, seraient plus cristallisés sur les règles. Pourtant, au cours de ma vie, j'ai eu la chance de travailler pendant des décennies avec le théologien Gustavo Gutiérrez, l'un des fondateurs de la théologie de la libération. J'ai passé au moins deux ou trois mois par an au Pérou et au Brésil, vivant et travaillant dans des favelas sans fin, enseignant dans des séminaires et dans les paroisses les plus reculées. Mais il y a peut-être plus. Il est difficile d'oublier un autre épisode qui, je crois, peut nous éclairer : après l'élection du pape François, le cardinal hondurien Óscar Maradiaga, l'un des principaux électeurs, a critiqué durement mon approche théologique, expliquant publiquement que le préfet de la Congrégation de la foi était le classique professeur allemand incapable d'interpréter la véritable réalité des gens. Dans ce contexte également, on peut entrevoir le préjugé latino-américain habituel à l'encontre des théologiens européens. En tout cas, ma défense de la rigueur théologique n'a pas été appréciée, du moins dans ces formes.

    [...] Au Vatican, il semble que l'information circule désormais de manière parallèle, d'une part les canaux institutionnels sont actifs, malheureusement de moins en moins consultés par le pontife, et d'autre part les canaux personnels utilisés même pour les nominations d'évêques ou de cardinaux. Il arrive parfois que les enquêtes régulières sur un candidat à l'épiscopat ou au cardinalat soient mises de côté par rapport au processus discrétionnaire de certaines nominations suggérées par l'habituel "cercle magique" qui exerce manifestement une grande influence sur le pape, même si cela risque, comme cela s'est produit dans certaines circonstances, de l'égarer.

  • A quoi sert encore le Conseil des cardinaux ?

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    Le Conseil des cardinaux du pape (à ne pas confondre avec le Collège des Cardinaux), n'est plus ce qu'il était. Mais avec une adhésion vieillissante et un agenda anémique, à quoi cela sert-il ? Une chambre d’entérinement pour la montre sous forme d’avis inutiles pour un pape plutôt (litote) dictateur. Lu sur le Pilar hispanique relayé par Il Sismografo :

    « Lorsque le pape a créé le Conseil des cardinaux conseillers il y a près de dix ans, son objectif principal était de conseiller François sur la réforme de la gouvernance mondiale de l'Église et de produire une nouvelle constitution pour la curie romaine.

    Ce document, Praedicate evangelium , a été publié plus tôt cette année .

    Une fois le travail de définition du conseil accompli, il a été décrit comme quelque chose pour une armoire de cuisine pour le pape.

    Mais l'ordre du jour en cours du groupe ne semble pas inclure la plupart des problèmes réellement importants auxquels l'Église est confrontée au niveau mondial. Et avec plusieurs des membres cardinaux approchant l'âge de 80 ans – et plusieurs traitant de scandales d'un type ou d'un autre – la question semblerait maintenant être : à quoi, le cas échéant, le conseil sert-il encore ?

    La réponse peut venir quand, et si, François choisit de rafraîchir sa gamme. En fait, une réinitialisation en révélerait probablement autant sur la façon dont le pape voit son propre avenir que sur l'avenir de son corps consultatif cardinal.

    Le bureau de presse du Saint-Siège a publié mercredi un bref communiqué sur la dernière réunion du Conseil des cardinaux conseillers du pape. La déclaration était brève.

    Il a expliqué que les cardinaux ont rencontré François pendant deux jours cette semaine pour discuter de plusieurs questions, dont la conférence de l'ONU sur le changement climatique le mois dernier, le synode en cours sur la synodalité, les travaux de la Commission pontificale pour la protection des mineurs et une récente réunion des conférences épiscopales d'Asie.

    Ce sont, bien sûr, des sujets intéressants et importants en eux-mêmes. Mais absents de l'ordre du jour, du moins selon le compte rendu du bureau de presse du Saint-Siège, plusieurs points que de nombreux catholiques se seraient attendus à voir : parmi lesquels l'Ukraine, la Chine et le procès financier du Vatican

    Le pape lui-même a clairement indiqué qu'il considère la guerre en Ukraine comme probablement l'événement mondial le plus important actuellement en cours. Ayant précédemment identifié l'Ukraine comme le centre d'une troisième guerre mondiale au ralenti, François a comparé cette semaine les atrocités russes dans le pays à la campagne nazie de la Seconde Guerre mondiale .

    Dans le même temps, l'invasion russe et la réponse ukrainienne ont radicalement déplacé les plaques tectoniques ecclésiologiques dans les deux pays, avec des effets significatifs sur le mouvement œcuménique mondial.

    Mais ces questions ne méritaient apparemment pas l'avis du conseil consultatif mondial supposé au plus haut niveau du pape. Au lieu de cela, le secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, et le cardinal congolais Fridolin Ambongo Besungu ont été invités à présenter les pourparlers sur le changement climatique de la COP27 en Égypte le mois dernier.

    Parolin n'a pas non plus été appelé à informer le concile des progrès de l'accord Vatican-Chine récemment renouvelé sur la nomination des évêques. Compte tenu de la décision récente du gouvernement chinois de créer un nouveau diocèse en dehors de la juridiction de l'Église et de recruter un évêque catholique en service pour lui servir d'auxiliaire , on aurait pu s'attendre à ce que cela ait été un sujet clé pour le pape.

    Et tandis que le procès financier en cours du Vatican continue de faire la une des journaux – comme un cardinal enregistrant secrètement le pape discutant de secrets d'État – ni Parolin, ni le cardinal Giuseppe Bertello, l'ancien chef de l'État de la Cité du Vatican, n'ont été invités à commenter cela.

    Le chef du Conseil pour l'économie du Vatican, le cardinal Reinhard Marx, n'a pas non plus abordé les rapports récents selon lesquels son propre conseil avait fait circuler des notes avertissant que ses réformes risquaient de devenir une « mascarade ».

    Étant donné que l'objectif initial du Conseil des cardinaux était censé être la réforme de la curie romaine, on aurait pu s'attendre à ce que les affaires financières au sein de la curie méritaient une conversation.

    Mais en vérité, l'ordre du jour relativement anémique de la réunion du conseil semblerait suggérer que les sessions du conseil - ou peut-être le conseil lui-même - sont de moins en moins pertinentes pour la gouvernance de l'Église universelle par le pape.

    Même en mettant en évidence des problèmes purement régionaux, comme le groupe mondial est également censé le faire, l'accent cette semaine semble avoir été mis sur le banal plutôt que sur l'urgent :

    Le pape et d'autres membres du conseil ont probablement apprécié une mise à jour du cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, sur la réunion d'octobre des conférences épiscopales d'Asie.

    Mais beaucoup pourraient se demander si un sujet plus évident à discuter pour le conseil aurait été la crise continue en Inde, où une série d'évêques ont été contraints de démissionner - et un autre a dû demander la protection de la police - à la suite de manifestations de masse contre réformes liturgiques dans l'Église syro-malabare.

    Si François ne donne pas au Conseil des cardinaux de nombreux sujets urgents à discuter, il est tout simplement possible qu'une partie de la raison soit que les membres sont devenus, du moins en partie, quelque peu obsolètes.

    Les membres du conseil, autrefois appelés C9 en raison de leur nombre, brièvement renommés C6, et maintenant vraisemblablement surnommés C7, sont de plus en plus âgés et, bien que géographiquement représentatifs de l'Église, ils ne sont pas la formidable collection de personnages clés qu'ils étaient autrefois.

    Plus de la moitié de ses membres - les cardinaux Gracias, O'Malley, Maradiaga et Bertello - ont dépassé l'âge ordinaire de la retraite épiscopale, soit respectivement 77, 78, 79 et 80 ans.

    Le cardinal Bertello, bien qu'encore membre de la Commission pontificale pour l'État de la Cité du Vatican, est fonctionnellement à la retraite et a été remplacé à la tête du gouvernorat l'année dernière. Et bien qu'il soit encore théoriquement à la tête de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le cardinal O'Malley s'est retiré du rôle qu'il avait autrefois en tant que visage et voix de cet organe, cédant le rôle de porte-parole au père. Hans Zollner, SJ.

    D'autres membres du soi-disant conseil au plus haut niveau du pape ont dû faire face à divers scandales.

    Le cardinal Oscar Maradiaga, coordinateur du groupe, fait face depuis des années à des allégations de faute financière grave dans son archidiocèse d'origine de Tegucigalpa au Honduras, ce qui a conduit à une visite apostolique en 2017 mais à aucune résolution claire .

    Le cardinal Marx, quant à lui, a offert à deux reprises au pape sa démission en tant qu'archevêque de Münich (mais pas de ses nominations au Vatican) en réponse au scandale des abus cléricaux en Allemagne. Il est également l'évêque le plus ancien de ce pays et un ardent défenseur de sa "voie synodale" controversée qui a été vertement dénoncée par les cardinaux du Vatican lors de la visite ad limina des évêques allemands il y a quelques semaines à peine .

    Le cardinal Parolin, secrétaire d'État du Vatican, dirige le dicastère curial le plus important de Rome et est probablement le plus proche que le conseil ait d'un membre de droit .

    Mais pressant les problèmes diplomatiques en Ukraine et en Chine de côté, le département de Parolin a été critiqué, voire ridiculisé, dans la presse alors qu'un tribunal du Vatican poursuit sa vivisection du scandale financier du secrétariat, mettant à nu ce que les procureurs du Vatican considèrent comme une culture de mauvaise gestion, de fraude, de corruption, d'extorsion et de détournement de fonds.

    Si la composition et les délibérations du Conseil des cardinaux semblent de plus en plus marginales par rapport au travail du pape gouvernant l'Église universelle, il vaut la peine de se demander ce qu'il pourrait choisir de faire, le cas échéant, pour rafraîchir le corps.

    Une solution évidente et organique serait que François inaugure un roulement de ses membres, éliminant progressivement les membres retraités du monde entier au profit du sang plus jeune de sa dernière récolte de nominations mondiales. Le pape pourrait en même temps demander au cardinal Besungu de prendre en charge le rôle de coordination, pour apporter une nouvelle perspective du continent sur lequel l'Église se développe le plus rapidement.

    Le pontife pourrait également envisager d'apporter du sang neuf au Vatican. Lorsque le groupe s'est réuni cette semaine, ils ont lu un rapport sur le synode sur la synodalité préparé par le cardinal Mario Grech, qui supervise le processus avant ses dernières sessions à Rome à partir de l'année prochaine.

    Grech n'a, semble-t-il, pas assisté à la réunion, bien qu'il semblerait être un candidat évident à l'adhésion si François veut que le groupe reflète vraiment ce qui est prioritaire sur l'agenda mondial interne de l'Église.

    Une deuxième option pour François serait de repenser complètement la composition du conseil et de l'ouvrir aux non-cardinaux et même aux non-clercs.

    Il est ironique que le groupe ad hoc , créé par François en premier lieu, soit entièrement composé de cardinaux, étant donné que sa principale réalisation a été la promulgation d'une nouvelle constitution du Vatican ouvrant la voie aux laïcs pour servir aux plus hauts niveaux de la curie.

    Et la coutume cardinalice a créé des lacunes notables dans les rangs du conseil.

    Lors de la création de l'organisme, un membre clé était le cardinal George Pell, tsar de la réforme financière de François. Pell a pris un congé autorisé de l'organisme et de son poste de préfet du Secrétariat à l'économie, en 2017, avant que son mandat au sein des deux organes n'expire en 2019.

    Depuis lors, ce serait un euphémisme de dire que la réforme financière est restée fermement à l'ordre du jour du Vatican, mais les successeurs de Pell en tant que préfet du secrétariat financier étaient d'abord un prêtre puis, plus récemment, un laïc - aucun d'entre eux n'a été éligible pour siéger au conseil tel qu'il existe actuellement.

    Bien sûr, François peut choisir de ne rien faire avec le conseil, ce qui pourrait être une décision importante en soi.

    Il est assez clair qu'il ne pense pas que son utilité ait complètement cessé lorsque la nouvelle constitution apostolique a été promulguée, sinon il aurait alors dissous le corps, vraisemblablement en remerciement pour un travail "bien fait".

    Mais si le pape permet aux membres de vieillir et de se réduire davantage, et que ses réunions deviennent obsolètes, cela pourrait être un signe que le pape – qui aura 86 ans dans quelques jours – ne regarde pas assez loin pour justifier relancer le conseil.

    Il se peut qu'avec la nouvelle constitution et le processus synodal verrouillé, François considère les grands travaux de son pontificat accomplis et pense que ce qui vient ensuite est à quelqu'un d'autre de décider….

    Ref. A quoi sert encore le Conseil des cardinaux ?

  • ”Ceux qui préparent le prochain conclave”

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    Le collège des cardinaux comptera dix cardinaux électeurs de moins en 2022 :

    Le Collège des Cardinaux perdra 10 cardinaux électeurs en 2022

    I.Media pour Aleteia - 28/12/21

    Au 31 décembre 2022, le Collège des Cardinaux comptera 110 électeurs et 105 non-électeurs.
    Actuellement composé de 120 cardinaux électeurs qui peuvent élire un futur pape lors d'un conclave, le Collège des cardinaux perdra 10 cardinaux électeurs pour cause d'âge en 2022. Au 31 décembre 2022, le Collège des cardinaux comptera 110 électeurs et 105 non-électeurs, sans compter les décès ou la nomination éventuelle de nouveaux cardinaux par le pape François.

    Les dix cardinaux qui atteindront l'âge canonique de 80 ans et perdront leur droit de vote en cas de conclave sont :

    7 janvier : le cardinal Ricardo Ezzati, archevêque émérite de Santiago (Chili).
    7 avril : le cardinal Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse, président de la Conférence épiscopale italienne (Italie).
    13 avril : le cardinal Ricardo Blazquez Pérez, archevêque de Valladolid (Espagne).
    6 juin : Le cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque émérite de Mexico (Mexique).
    3 septembre : Le cardinal Gregorio Rosa Chávez, évêque auxiliaire de San Salvador (El Salvador).
    22 septembre : Le cardinal Rubén Salazar Gomez, archevêque émérite de Bogota (Colombie).
    1er octobre : Le cardinal Giuseppe Bertello, président émérite du gouvernorat de la Cité du Vatican (Italie).
    18 octobre : Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture (Italie).
    7 novembre : Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque émérite de Paris (France).
    29 décembre : Cardinal Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, Archevêque de Tegucigalpa (Honduras).

    Il est intéressant de noter que cette liste comprend deux cardinaux membres du Conseil des cardinaux (ou C7), l'organe chargé d'accompagner le pape François dans sa réforme de la Curie. Il s'agit des cardinaux Bertello et Maradiaga.

    Le Collège des Cardinaux étant sur le point de passer sous la barre des 120 électeurs - le nombre maximum en théorie mais le minimum en pratique depuis 20 ans - on peut s'attendre à ce que le Pape François crée de nouveaux cardinaux lors d'un consistoire au début de l'année prochaine.

    Sur FSSPX.news, on peut lire cette analyse sur les perspectives qui s'ouvrent pour le prochain conclave :

    Qui sont ceux qui préparent le prochain conclave ?

    28-29 DÉCEMBRE, 2021
    Entrée en conclave, le 12 mars 2013

    Au cours de l’entretien qu’il a eu avec ses confrères jésuites en Slovaquie, le 12 septembre 2021, le pape François avait dénoncé le comportement suspect de certains prélats, pendant et après son opération chirurgicale du 4 juillet. « Ils préparaient le conclave », avait-il déclaré.

    La révélation d’une sorte de conspiration visant à préparer sa succession a suscité l’étonnement de plusieurs commentateurs dont celui de Giovanni Butta, repris sur le site d’Aldo Maria Valli le 28 septembre. La surprise ne venait pas tant du contenu de cette révélation que de celui qui la faisait…

    On se souvient, en effet, que le cardinal Jorge Mario Bergoglio a lui-même bénéficié du soutien efficace et discret de prélats progressistes pour son élection.

    Sur ce point, on peut se reporter à la Confession d’un cardinal [Jean-Claude Lattès, 2007] où, de façon anonyme, le cardinal Achille Silvestrini (1923-2019) avoue que des réunions ont eu lieu en vue de préparer la succession de Benoît XVI, dès le début de son pontificat.

    Egalement, on peut consulter la biographie du cardinal Godfried Danneels (1933-2019), [Karim Schelkens Jurgen Mettepenningen Godfried Danneels, Polis éd., Anvers, 2015] où le prélat belge désigne sous le nom de « mafia de Saint-Gall » le groupe des prélats qui se rencontraient, à l’initiative du cardinal Silvestrini, dans cette ville suisse.

    Un mois après cette révélation du pape sur un hypothétique « complot », le journaliste Francesco Boezi reconnaît sans peine, dans un article d’Il Giornale du 17 octobre, que les factions à l’intérieur du Collège cardinalice s’organisent déjà « afin de n’être pas prises au dépourvu lorsque le sede vacante [la vacance du Siège apostolique] commencera ».

    Le journaliste italien décrit une assemblée d’électeurs actuellement divisée en trois grands courants : les cardinaux « bergogliens », « progressistes » et enclins à poursuivre la réforme de l’Eglise ; les « ratzingeriens », « conservateurs » et désireux de recentrer l’Eglise ; et le « grand centre » qui regroupe les hauts prélats oscillant entre les deux fronts.

    Francesco Boezi note que les « ratzingeriens » se comptent aujourd’hui « sur les doigts d’une main ». Ce qui lui fait dire que l’élection d’un nouveau pape de tendance conservatrice est « totalement improbable ».

    Dans l’hypothèse d’une large prééminence du clan progressiste, le journaliste affirme qu’il y aurait « beaucoup de noms pour la papauté », dont celui du cardinal philippin Antonio Tagle ou encore de l’Allemand Reinhard Marx.

    Mais les « ratzingeriens », se sentant incapables de placer un de leurs favoris sur le siège de Pierre, pourraient opter pour une autre solution, qui se rapprocherait d’un « pis-aller ». Afin d’éviter l’élection d’un pontife trop progressiste, ils pourraient s’allier avec le « grand centre ». Ce qui pourrait déterminer le choix d’un pape « modéré ».

    Mais il faut compter avec le prochain consistoire – dont on ignore encore la date, mais dont la tenue est certaine – dans lequel de nouveaux cardinaux viendront renforcer le collège des électeurs. Quelle sera alors la part du « grand centre » ? « Peut-être moins que ce que les “ratzingeriens” espèrent », conclut Francesco Boezi.

    Andrea Riccardi

    Au cours de l’entretien qu’il a eu avec ses confrères jésuites en Slovaquie, le 12 septembre 2021, le pape François avait dénoncé le comportement suspect de certains prélats, pendant et après son opération chirurgicale du 4 juillet. « Ils préparaient le conclave », avait-il déclaré.

    La première partie a présenté les trois tendances qui se remarquent chez les cardinaux. Cette deuxième partie présente l’un des groupes de pression les plus influents.

    L’opération Sant’Egidio

    Pour sa part, Sandro Magister – sur son blogue Settimo Cielo du 12 octobre – voit l’influence de la Communauté de Sant’Egidio peser lourdement sur l’élection du successeur de François. Le candidat de cette communauté progressiste – organisatrice zélée de la rencontre interreligieuse d’Assise (27 octobre 1986) et de celles qui ont suivi – est le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne.

    Ce prélat se tient, selon Sandro Magister, « dans l’ombre d’Andrea Riccardi, l’un des fondateurs de la Communauté de Sant’Egidio, qui est indiscutablement le groupe de pression catholique le plus puissant de ces dernières décennies au niveau mondial.

    « Il sera d’autant plus influent, dans un futur conclave, que le collège des cardinaux électeurs – après les mauvais traitements subis de la part du pape François, aussi bien dans les nominations que dans l’absence de convocation des consistoires – est en désordre, que les sentiments sont incertains, et qu’il sera donc d’autant plus sensible aux influences des pressions aussi bien internes qu’externes. »

    D’après le vaticaniste romain, « déjà aux conclaves de 1978, de 2005 et de 2013, les hommes de Sant’Egidio avaient tenté de téléguider les résultats. A chaque fois sans succès, mais toujours avec ensuite la capacité caméléonesque de s’adapter parfaitement à chaque nouveau pape, jusqu’à atteindre leur apogée sous le pontificat de François.

    « Ce dernier a non seulement promu Zuppi archevêque de Bologne et cardinal, mais il a placé Vincenzo Paglia à la tête des Instituts pour la vie et la famille, il a parachuté Matteo Bruni à la tête de la salle de presse du Vatican, et il a dernièrement nommé vice-présidents de l’Institut pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, tout juste refondé, Agostino Giovagnoli et Milena Santerini, le premier étant également un défenseur acharné de la désastreuse politique pontificale actuelle envers la Chine. »

    La Communauté de Sant’Egidio n’a pas attendu l’actuelle pandémie pour avancer masquée. Sandro Magister dévoile la tactique de ses dirigeants : « ne pas s’exposer publiquement sur des thèmes réellement controversés dans l’Eglise, surtout s’ils concernent des points fondamentaux de la doctrine, mais naviguer en eaux tranquilles là où le bénéfice médiatique est assuré, comme dans les symposiums pour la paix et la Terre mère, ainsi que les activités caritatives pour les pauvres.

    « Quand en revanche, du fait de leur position, ils ne peuvent pas éviter de prendre parti, ils ont pour règle de s’en tenir au terrain “pastoral” – celui qui est si cher au pape Bergoglio – qui leur permet de prêcher et d’essayer les solutions les plus diverses, surtout si elles se conforment à l’esprit du temps, tout en prétendant dans leurs discours que la doctrine reste toujours inchangée.

    Les déclarations confuses de Mgr Paglia sur l’euthanasie ne sont qu’un exemple parmi bien d’autres, tout comme la préface sibylline du cardinal Zuppi à l’édition italienne du livre Building a bridge [Construire un pont. Edition en anglais HarperCollins, 2018] du jésuite James Martin, très apprécié de François, en soutien à une nouvelle pastorale des homosexuels. »

    Sandro Magister affirme que si le cardinal Zuppi « était élu, ce ne serait pas lui qui gouvernerait l’Eglise mais bien Andrea Riccardi, le tout-puissant fondateur et chef de cette communauté dans laquelle pas même la moindre feuille ne tombe d’un arbre sans qu’il ne l’ait décidé. »

    Habile, « Riccardi sait que pour gagner la course à la succession de François, il doit prendre une certaine distance tactique avec le pape actuel, comme le requiert la physiologie de tout changement de pontificat.

    « Et c’est ce qu’il a déjà fait dans son dernier livre d’analyse sur l’état actuel de l’Eglise, très critique déjà dans son titre, La Chiesa brucia [l’Eglise brûle. Editori Laterza, 2021], comme pour appeler à un changement de trajectoire, tout en restant très vague sur la nouvelle route à suivre, comme pour ne contrarier personne. »

    Et le vaticaniste de conclure prudemment : « Quant à présager du succès de l’opération, tout reste à voir. En fait, il y a peu de chances que cela fonctionne, une fois que les masques tomberont. »

  • Benoît XVI à la Caritas Internationalis : ”Caritas n'est pas une simple ONG”

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    images.jpgRadio Vatican vient de mettre en ligne la communication du Saint-Père aux membres de la Caritas Internationalis :

    Traduction intégrale du discours du Pape à la Caritas Internationalis en français :

    Messieurs les Cardinaux,
    Vénérés Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
    Chers Frères et Sœurs,

    Je suis heureux d’avoir cette opportunité de vous rencontrer, à l’occasion de votre Assemblée Générale. Je remercie le Cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, Président de Caritas Internationalis, pour les courtoises paroles qu’il m’a adressées aussi en votre nom, et j’adresse un cordial salut à vous tous et à toute la famille des Caritas. Je vous assure, en outre, de ma gratitude et je formule dans la prière mes meilleurs souhaits pour les œuvres de charité chrétienne que vous réalisez dans des pays du monde entier.

    Le premier motif de notre rencontre d’aujourd’hui est de remercier Dieu pour les nombreuses grâces qu’il a accordées à l’Église au cours des soixante années passées depuis la fondation de Caritas Internationalis. Après les horreurs et les dévastations de la deuxième guerre mondiale, le vénérable Pie XII voulut montrer la solidarité et la préoccupation de l’Église tout entière face à tant de situations de conflit et d’urgence dans le monde. Et il le fit en créant un organisme qui, au niveau de l’Église universelle, promut une plus grande communication, coordination et collaboration entre les nombreuses organisations caritatives de l’Église dans les divers continents (cf. Chirographe Durante l’Ultima Cena, 16 septembre 2004, 1). Le Bienheureux Jean-Paul II renforça par la suite les liens existant entre chacune des agences nationales de Caritas et entre elles et le Saint-Siège, en conférant à Caritas Internationalis la personnalité juridique canonique publique (ibid., 3). En conséquence de cela, Caritas Internationalis a acquis un rôle particulier au cœur de la communauté ecclésiale, et elle a été appelée à partager, en collaboration avec la Hiérarchie ecclésiastique, la mission de l’Église de manifester, à travers la charité vécue, cet amour qui est Dieu lui-même. De cette façon, dans les limites des finalités propres qui lui sont assignées, Caritas Internationalis accomplit au nom de l’Église une œuvre spécifique en faveur du bien commun (Cf. CIC, can. 116 §1).
    Être dans le cœur de l’Église ; être capable, en quelque sorte, de parler et d’agir en son nom, en faveur du bien commun, comporte des responsabilités particulières en termes de vie chrétienne, aussi bien personnelle que communautaire. C’est seulement sur les bases d’un engagement quotidien à accueillir et à vivre pleinement l’amour de Dieu, qu’on peut promouvoir la dignité de chaque être humain en particulier. Dans ma première encyclique Deus Caritas est, j’ai voulu réaffirmer combien est central le témoignage de la charité pour l’Église de notre temps. À travers ce témoignage, rendu visible dans la vie quotidienne de ses membres, l’Église rejoint des millions d’hommes et de femmes et leur rend possible de reconnaître et de percevoir l’amour de Dieu, qui est toujours proche de toute personne qui se trouve dans le besoin. Pour nous chrétiens, Dieu lui-même est la source de la charité, et la charité est entendue non seulement comme une vague philanthropie, mais comme don de soi, même jusqu’au sacrifice de sa propre vie en faveur des autres, à l’imitation de l’exemple de Jésus Christ. L’Église prolonge dans le temps et dans l’espace la mission salvatrice du Christ : elle veut rejoindre tout être humain, mue par le désir que chaque individu parvienne à connaître que rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ (Cf. Rm 8, 35).
    Caritas Internationalis est différente des autres agences sociales parce qu’elle est un organisme ecclésial, qui partage la mission de l’Église. C’est ce que les Papes ont toujours voulu et c’est ce que votre Assemblée Générale est appelée à réaffirmer avec force. À cet égard, on doit observer que Caritas Internationalis est fondamentalement constituée des diverses Caritas nationales. À la différence de nombreuses institutions et associations ecclésiales dédiées à la charité, les Caritas ont un trait distinctif : dans la variété des formes canoniques prises par les Caritas nationales, toutes constituent une aide privilégiée pour les Évêques dans leur exercice pastoral de la charité. Cela comporte une responsabilité ecclésiale spéciale : celle de se laisser guider par les Pasteurs de l’Église. Donc, du moment que Caritas Internationalis a un profil universel et est dotée de la personnalité juridique canonique publique, le Saint-Siège a la tâche de suivre son activité et de veiller à ce que, tant son action humanitaire et de charité que le contenu des documents diffusés, soient en pleine syntonie avec le Siège Apostolique et avec le Magistère de l’Église, et qu’elle soit administrée avec compétence et de façon transparente. Cette identité distinctive est la force de Caritas Internationalis, et c’est ce qui rend son œuvre particulièrement efficace.
    De plus, je voudrais souligner que votre mission vous porte à jouer un rôle important sur le plan international. L’expérience que vous avez amassée au cours de ces années vous a enseignés à vous faire porte-parole, dans la communauté internationale, d’une saine vision anthropologique, nourrie de la doctrine catholique et engagée à défendre la dignité de toute vie humaine. Sans un fondement transcendant, sans une référence à Dieu Créateur, sans la considération de notre destin éternel, nous risquons de devenir la proie d’idéologies nocives. Tout ce que vous dites et faites, le témoignage de votre vie et de vos activités, sont importants et contribuent à promouvoir le bien intégral de la personne humaine. Caritas Internationalis est une organisation à qui incombe le rôle de favoriser la communion entre l’Église universelle et les Églises particulières, de même que la communion entre tous les fidèles dans l’exercice de la charité. En même temps, elle est appelée à offrir sa propre contribution pour porter le message de l’Église dans la vie politique et sociale sur le plan international. Dans la sphère politique – et sur tous les terrains qui touchent directement la vie des pauvres – les fidèles, et spécialement les laïcs, jouissent d’une ample liberté d’action. Personne ne peut, en des matières ouvertes à la libre discussion, prétendre parler « officiellement » au nom du laïcat tout entier ou de tous les catholiques (cf. Conc. Oecum. Vat. II, Gaudium et Spes, nn. 43.88). D’autre part, chaque catholique, et même, en vérité, tout homme, est appelé à agir avec une conscience purifiée et avec un cœur généreux pour promouvoir de manière résolue ces valeurs que j’ai souvent définies comme « non négociables ». Caritas Internationalis est appelée, par conséquent, à œuvrer pour convertir les cœurs à l’ouverture envers tous nos frères et sœurs, afin que chacun, dans le plein respect de sa propre liberté et dans la pleine acceptation de ses propres responsabilités personnelles, puisse agir toujours et partout en faveur du bien commun, offrant généreusement le meilleur de soi au service de ses frères et de ses sœurs, en particulier des plus nécessiteux.
    C’est dans cette vaste perspective, donc, et en étroite collaboration avec les Pasteurs de l’Église, responsables ultimes du témoignage de la charité (cf. Deus Caritas est, n. 32), que les Caritas nationales sont appelées à continuer à rendre leur témoignage fondamental au mystère de l’amour vivifiant et transformant de Dieu manifesté en Jésus Christ. La même chose vaut aussi pour Caritas Internationalis, qui, dans l’engagement pour accomplir sa propre mission, peut compter sur l’assistance et sur l’appui du Saint-Siège, particulièrement à travers le Dicastère compétent, le Conseil Pontifical Cor Unum.
    Chers amis, confiant ces pensées à votre réflexion, je vous remercie de nouveau pour votre généreux engagement au service de nos frères dans le besoin. À vous, à vos collaborateurs et à tous ceux qui sont engagés dans le vaste monde des œuvres de charité catholiques, j’accorde de grand cœur ma Bénédiction Apostolique, en gage de force et de paix dans le Seigneur.

     

  • Bilan du Synode 2015 sur la famille: le commentaire d’Henri Tincq dans « Le Monde »

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    Extrait :

    pape-francois-synode.jpg"C’est une victoire à l’arrachée pour ce pape jésuite qui, depuis deux ans et demi, bouscule les siens, sous le regard étonné du monde. Jusqu’au bout de ce synode, il aura pris des risques pour exiger du changement sans toucher à la doctrine, pour assouplir la «discipline»catholique dans ce domaine de la morale où le monde séculier guette tous les conservatismes et les progrès de l’Église. Jusqu’au bout, François aura fait souffler l’esprit du concile Vatican II des années 1960, celui qui avait permis à l’Église catholique, après des siècles d’«intransigeance» anti-moderne, de sortir de sa forteresse, de faire son aggiornamento (mise à jour), de s’ouvrir au monde libéral et laïque.

    Courant progressiste

    «Le monde change et nous devons observer les signes du temps», insista François dans son intervention finale, reprenant, mot à mot, le discours des papes du dernier concile (Jean XXIII et Paul VI). Juste avant le vote final, il défia une ultime fois les conservateurs:

    «Les vrais défenseurs de la doctrine ne sont pas ceux qui défendent la lettre, mais l’esprit; non les idées, mais les hommes; non les formules, mais la gratuité de l’amour de Dieu et de son pardon. Le premier devoir de l’Église n’est pas de distribuer des condamnations ou des anathèmes, mais de proclamer la miséricorde.»

    Ce «petit air» de réformes est venu d’un courant progressiste, minoritaire au départ, principalement allemand et germanophone, conduit par trois personnalités d’ouverture: le cardinal Walter Kasper, ancien responsable de la Curie romaine; Reinhard Marx, archevêque de Münich et président des évêques allemands; Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. L’Allemagne, comme la France, fait partie de ces pays occidentaux confrontés aux évolutions brutales de la vie des couples, où les familles catholiques réclamaient le plus de changement dans le discours, devenu inaudible, d’une Église isolée.

    Mais les Européens de l’ouest n’ont pas été seuls à avoir fait la décision. D’autres personnalités, proches du pape, ont fait pencher le plateau de la balance, comme le cardinal Andres Rodriguez Maradiaga, du Honduras, ou le cardinal Donald Wüerl, archevêque de Washington, à la tête d’un épiscopat américain conservateur, qui a osé s’en prendre, dans la presse de son pays, aux évêques africains et polonais, frileux sur les réformes, accusés d’avoir tenté de «manipuler le synode»!

    Ouverture envers les divorcés remariés 

    Le courant réformateur n’a toutefois pas crié victoire. Désigner les vainqueurs et les vaincus n’est pas dans les habitudes d’une Église romaine qui préfère toujours les consensus aux divisions, les compromis boîteux aux avancées hardies. La démonstration a été faite, une fois de plus, que cette institution deux fois millénaire ne redoute rien autant que les à-coups, les changements de cap brutaux, les conflits internes.

    La réforme la plus scrutée et la plus disputée de ce synode portait sur la possibilité, enfin donnée, aux personnes mariées religieusement, divorcées et remariées civilement d’accéder aux sacrements (communion, pénitence). Soit un déverouillage d’une «discipline» très ancienne de l’Église, destinée à lutter contre la banalisation, y compris dans les rangs catholiques, du divorce et du remariage. L’«indissolubilité» du mariage et l’interdit du divorce restent la loi des catholiques. Mais demain, «au cas par cas», les divorcés remariés pourront s’approcher de la table de communion. Il sera fait appel à leur «conscience personnelle» et invité à entreprendre, avec un prêtre, un «parcours de discernement».

    L’accent n’est plus mis sur le rappel des interdits et de la loi morale, mais sur la compassion et la miséricorde

    Cette ouverture faite aux divorcés remariés –qui n’étaient tout de même pas mis au ban, mais marginalisés dans l’Église– n’a été acquise que par une… voix d’avance: 178 voix«pour» et 80 voix «contre». Soit, de justesse, la majorité des deux tiers, fixée à 177 voix pour 265 votants. Lors de la première session de ce même synode, il y a un an, elle avait été repoussée, la majorité des deux tiers n’ayant pas été atteinte. Cette disposition nouvelle est donc symbolique d’un changement capital, non pas dans la «doctrine» catholique, comme ont essayé de le faire croire les clans conservateurs, mais dans la «pastorale» de l’Église, fondée sur l’examen de conscience et les conseils d’un prêtre «accompagnateur».

    Dans la résolution finale, les vœux pieux sur la nécessité de consolider la famille et de réhabiliter le mariage traditionnel ne manquent pas. Pour traiter des situations irrégulières aux yeux de l’Église (concubinages, divorces), l’accent n’est plus mis sur le rappel des interdits et de la loi morale, mais sur la compassion et la miséricorde. «L’Église fait siennes les joies et les espérances, les douleurs et les angoisses de chaque famille», souligne le document, qui aborde aussi la situation des familles de migrants, séparées et éprouvées par les conflits, ou les violences contre les femmes.

    Des rumeurs contre le pape

    Mais si on s’en tient à une vision strictement laïque de la vie de l’Église, le résultat de ce synode reste décevant. Sans doute ne fallait-il pas surestimer la capacité de l’Église à changer son discours. Par exemple, si le respect envers les «personnes» homosexuelles est exigé, le rapport final est muet sur la question, si controversée, de la reconnaissance des couples homosexuels. Les évêques ont jugé qu’il convenait d’y revenir… plus tard! De même, rien de nouveau n’est dit sur les méthodes de contraception, que l’Église réserve toujours aux stricts moyens «naturels», ni sur la situation des unions hors mariage, toujours condamnée.

    Alors, tout ça pour ça? Un pas en avant en direction des divorcés remariés, et rien sur le reste? Les promesses faites par le pape François, notamment en ce qui concerne l’accueil des homosexuels, ne s’y retrouvent pas. Aussi, pour les sceptiques, samedi 24 devant la presse, un évêque belge, Monseigneur Van Looy, voulait faire croire que le ton avait changé: «C’est la fin d’une Église qui juge et le début d’une Église qui écoute, qui parle. Cela pourrait être le début d’une Église nouvelle.»

    Mais, au même moment, circulent à Rome des rumeurs de complot contre le pape, de fatigue et même de maladie. La fragile victoire de François pourrait donc ne rester qu’un feu de paille, à l’issue d’un synode qui aura permis de mieux identifier les fractures idéologiques et les opposants à la ligne réformatrice: notamment dans les épiscopats africains, ceux de l’est de l’Europe qui se rétablissent difficilement de l’épreuve communiste et celui des États-Unis, qui fait face à un environnement familial et sociétal de plus en plus laxiste. Ces opposants ne sauront tolérer demain la moindre remise en cause de la morale catholique et la moindre atteinte à un discours de l’Église sur le mariage et le sexe qui semble pourtant si décalé.

    Henri Tincq " 

    Ref. la victoire à l'arrachée du pape

    JPSC

  • Etats-Unis : le pape François nomme un archevêque du style libéral 1970

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    Selon Sandro Magister sur son blog « Chiesa » (extraits) :

    cupich (1).jpgCITÉ DU VATICAN, le 30 septembre 2014 – Alors qu’il était encore sous le choc causé par la nouvelle de l’éviction imminente du cardinal Raymond L. Burke, le catholicisme américain le plus conservateur et le plus traditionaliste – et historiquement le plus “papiste” – a reçu un nouveau coup de massue en apprenant la nomination du nouvel archevêque de Chicago.

    La décision prise par François - choisir Blase J. Cupich (photo) comme nouveau pasteur du troisième diocèse le plus important des États-Unis - a jeté cette composante particulièrement dynamique du catholicisme américain dans une profonde dépression, presque au bord de la crise de nerfs. Il suffit de prendre connaissance des réactions des sites web et des blogueurs de cette catégorie de population pour constater à quel point elle est embarrassée et désappointée par cette nomination.

    Au contraire, la partie la plus progressiste du catholicisme américain - elle est historiquement hypercritique à l’égard des derniers pontificats - a célébré avec enthousiasme l’arrivée de Cupich, défini par la presse laïque comme un “moderate”, qualificatif fréquemment employé aux États-Unis pour désigner un "liberal" qui, sans être radicalisé, reste néanmoins un "liberal"(…).

    Pour le comprendre, il suffit d’examiner, même de manière sommaire, le parcours ecclésiastique du nouvel archevêque de Chicago.

    Cupich, aujourd’hui âgé de 65 ans, n’est pas originaire de Chicago, comme George, mais d’Omaha, une ville qui est située dans l’état périphérique et rural qu’est le Nebraska.

    Le premier diocèse dont il ait été l’évêque est celui de Rapid City, où il succédait au conservateur Charles J. Chaput. Et c’est dans ce petit diocèse du Dakota du Sud qu’il s’est fait remarquer, en 2002, en interdisant à une communauté catholique traditionaliste de célébrer le triduum pascal selon l’ancien rite romain, dont Benoît XVI allait ultérieurement libéraliser l’usage, en 2007, par son motu proprio "Summorum pontificum".

    Les catholiques conservateurs se souviennent également que, pendant le conflit qui a opposé les évêques des États-Unis à la Maison Blanche à propos de la réforme du système de santé, Cupich a été l’un des très rares prélats, moins d’une dizaine, qui n’ont pas dit un seul mot pour marquer leur opposition, alors même que la critique de l’Obamacare était non pas le point de vue de quelques évêques “extrémistes”, ou “cultural warriors”, comme on l’entend dire de manière péjorative, mais la position officielle de l’épiscopat.

    Devenu évêque de Spokane en 2010, Cupich a interdit aux prêtres et diacres de son diocèse, l’année suivante, de prendre part à la récitation de prières devant les cliniques où des avortements sont pratiqués. Une interdiction nettement à contre tendance par rapport au “mainstream” de l’Église aux États-Unis. En effet la récitation du chapelet devant ces cliniques est pratiquée dans presque tous les diocèses américains. Et plusieurs dizaines d’évêques y participent, y compris, par exemple, le cardinal archevêque de Washington, Donald Wuerl, qui est pourtant "moderate", et l’actuel président de la conférence des évêques, Joseph Kurtz, archevêque de Louisville.

    La voix de Cupich – les catholiques conservateurs le font remarquer avec consternation mais les progressistes avec satisfaction – se fait toujours entendre clairement lorsqu’il est question d’immigration ou de peine de mort, mais il est frappé d’aphonie à chaque fois que l’on discute d’avortement, d’euthanasie et de liberté religieuse, ou que l’on critique l’administration Obama en ce qui concerne la réforme du système de santé.

    Un fait qui est significatif à cet égard est la décision qu’avait prise Cupich de doubler l’importance du service “Respect Life” dans le diocèse de Spokane, de manière à donner à la lutte contre la peine de mort autant de poids qu’à la lutte contre l’avortement.

    L’arrivée de Cupich à Chicago donne donc l’impression que l’on va revenir à l’époque du prédécesseur de George, le cardinal Joseph Bernardin. Celui-ci était un fervent défenseur du catholicisme “liberal” aux États-Unis et c’est lui qui pourvut d’une éléphantesque machine bureaucratique la conférence des évêques américains dont il fut président entre 1974 et 1977 et "dominus" jusqu’à sa mort, survenue en 1996.

    Et l'ère Bernardin paraît donc être de retour grâce à un geste du pape François qui a surpris et pris à contre-pied un épiscopat, celui des États-Unis, qui doit en grande partie sa physionomie actuelle aux nominations qui y ont été faites par Jean-Paul II et par Benoît XVI (…).

    En ce qui concerne Chicago, il semble bien que le pape François ait procédé à une consultation toute personnelle, parallèle à celle du dicastère des évêques. La nomination de Cupich aurait été en particulier recommandée au pape par deux cardinaux, Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga et surtout Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington, l’un des principaux membres de la vieille garde "liberale" de l’épiscopat américain.

    À vrai dire, le fait que des nominations épiscopales, même importantes, ne soient pas discutées collégialement par la congrégation vaticane prévue à cet effet n’est pas une nouveauté apparue sous ce pontificat. Sous celui de Benoît XVI, il n’y a pas eu de discussion pour la nomination au siège de Venise (mais il y en a eu pour ceux de Milan, de Malines-Bruxelles, de Santiago du Chili et de Manille). Sous le présent pontificat, cependant, cette mise de côté des procédures semble être beaucoup plus fréquente.

    Ont en effet échappé au crible de la congrégation non seulement les nominations relatives à Chicago, Sydney et Madrid, mais également, en Allemagne, la sélection de trois noms à soumettre, selon la tradition, au chapitre de la cathédrale de Cologne, ainsi que toutes les nominations, soit une vingtaine, qui concernaient l’Argentine.

    Il y a actuellement trois diocèses américains traditionnellement cardinalices qui sont dirigés par un archevêque qui n’a pas encore reçu la pourpre : Chicago, Los Angeles et Philadelphie.

    On peut facilement imaginer que le pape François va accorder la barrette à celui de Chicago, le seul des trois qu’il ait nommé lui-même.

    En revanche il sera intéressant de voir si, par la même occasion, la pourpre sera accordée au diocèse de Los Angeles, dont l’ordinaire fait partie du clergé de l’Opus Dei, ou bien à celui de Philadelphie (pas aux deux ensemble, parce qu’il semble impensable que le pape Bergoglio crée trois nouveaux cardinaux américains d’un seul coup).

    Ou si, au contraire, en guise de signal supplémentaire à envoyer outre-Atlantique, la pourpre accordée à Chicago restera la seule. Sans rééquilibrages.

    Ref. Journal du Vatican / L’arrière-plan de la nomination à Chicago

    JPSC

  • Ou va la réforme de la Curie ?

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    De Matteo Matzuzzi, dans Il Foglio (13/2/2015), traduit par "Benoît-et-moi" :

    LE GRAND DÉBAT ENTRE CEUX QUI VOUDRAIENT DONNER TOUT LE POUVOIR AUX ÉGLISES LOCALES (COMME LE PAPE, ET BEAUCOUP D’AUTRES L’AIMERAIENT) ET CEUX QUI CRAIGNENT LE GRAND CHAOS.

    Voici pourquoi, après deux ans, il n'existe pas encore un projet de la grande réforme de la Curie.

    Ce qui est sûr est que, avant de voir rédigée noir sur blanc la réforme de la curie romaine, un autre Noël va passer (et même peut-être un autre Carême). C'est ce qu'a laissé entendre le Père Lombardi, directeur de la Salle de presse vaticane, à l'issue d'une matinée de débats consistoriaux dans la Salle nouvelle (Aula nuova) du Synode (160 présents sur 227; 25 ont envoyé une lettre pour justifier l'absence, a précisé le doyen Angelo Sodano): "Ce n'est pas comme si nous étions dans des horizons de finalisations imminentes de ce document. Il doit être mûri, très bien étudié, aussi du point de vue théologique et canonique, bien finalisé dans tous ses détails. Les temps sont donc assez consistants, assez longs". Aussi parce que le document tant attendu, le projet, la proposition finale qui devrait révolutionner la gouvernance vaticane, conformément à la demande formulée haut et fort par les cardinaux lors des congrégations générales du pré-Conclave, n'existe pas. 

    Hier matin, le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, coordinateur du conseil de la couronne qui assiste le Pape dans le gouvernement de l'Eglise universelle et étudie la nouvelle constitution apostolique, s'est limité à illustrer le travail accompli par les neuf cardinaux en presque deux ans de travaux. C'est le secrétaire de cet organisme, Mgr Marcello Semeraro, qui a esquissé les bases théologiques et ecclésiologiques qui sous-tendent le projet auquel ils sont attelés. 

    Au stade actuel, les deux uniques nouveautés sont celles qu'on connaît depuis quelque temps déjà: l'institution d'une congrégation rassemblant charité, justice et paix (mais les eminentissimi ne sont pas d'accord non plus entre eux sur le fait de donner la préséance à la charité plutôt qu'à la justice dans la définition du nouvel organisme) et une deuxième englobant laïques, famille et vie (où par vie il faut entendre l'Académie pour la vie).

    Une place de choix sera réservée à l'écologie, à qui sera très probablement consacré un bureau ad hoc.
    Rien n'a été dit en revanche au sujet de la proposition du cardinal Gianfranco Ravasi de créer un maxi-dicastère rassemblant culture, bibliothèque, archive, éducation catholique, musées, Académie des sciences sociales et même l'Observatoire astronomique.

    Depuis le tout début, l'objet véritable de la discorde est apparu: la possible dévolution de pouvoirs et compétences de la curie romaine aux conférences épiscopales nationales. Voilà le terrain sur quoi se joue le match clé, qui va bien au-delà du simple "restyling" de la structure du gouvernement du Vatican. 

    Il n'y a là rien de nouveau: il s'agit de la re-proposition de la confrontation fraternelle entre les cardinaux Joseph Ratzinger et Walter Kasper concernant le poids et le rôle des églises particulières (nationales), le second réclamant une réforme mettant en place "un gouvernement horizontal de l'Eglise afin de sortir des marais (*) du centralisme romain". 

    Le Cardinal Préfet de la Doctrine de la Foi, Gerhard Ludwig Müller, avait mis cette question au centre de son intervention publiée il y a quelques jours dans l'Osservatore Romano: "Favoriser une juste décentralisation ne signifie pas qu'aux conférences épiscopales soit attribué davantage de pouvoir, mais simplement qu'elles exercent l'authentique responsabilité qui leur est propre, sur la base du pouvoir épiscopal de magistère et de gouvernement qui revient à leurs membres, et en restant évidemment toujours en union avec la primauté du Pape et de l'Eglise romaine". Une réponse indirecte aux secteurs (nombreux) de l'ecclesia universa qui - pour utiliser les mots du cardinal Reinhardt Marx - "sentent souffler "de l'air frais" et sont prêts à faire "un tas (un sacco) (sic!!) de travail théologique", même s'ils jurent ne pas avoir l'intention de "créer une nouvelle église". 

    Pour éviter tout malentendu, le père Lombardi a mis en évidence que même les nuances lexicales ont pris part au débat consistorial, entre ceux qui souhaitent une curie plus "synodale" et ceux qui souhaitent qu'elle soit plutôt plus "collégiale" - Müller réaffirmait que "l'église universelle ne naît pas de la somme des églises particulières, ni les églises particulières ne sont de simples succursales de l'église universelle" et que, quoi qu'il en soit, "la primauté est liée pour toujours à l'église de Rome" et "le Pape n'exerce la primauté qu'en communion avec l'église romaine". Des concepts qui ont tous été réaffirmés dans la Salle par le cardinal préfet de ce qui fut le Saint Office, et qui a été parmi les premiers à prendre la parole (il n'y en a eu que douze dans la matinée), mettant en garde sur le risque de transférer des compétences du domaine doctrinal aux églises particulières. Le risque serait, a-t-il laissé entendre, celui d'un grand chaos.

    Le problème est que l'ouverture à ce transfert avait été faite par le Pape en personne dans l'exhortation apostolique Evangelii Gaudium, promulguée à l'automne 2013. Déjà dans le premier chapitre François écrivait que: 

    "la papauté et les structures centrales de l'église universelle doivent elles aussi écouter l'appel à une conversion pastorale. Le Concile Vatican II a en effet affirmé que, de même que les anciennes églises patriarcales, les conférences épiscopales peuvent apporter une contribution multiple et féconde afin que le sens de la collégialité se réalise concrètement. Mais ce souhait ne s'est pas encore pleinement réalisé, parce qu’un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme des sujets d'attributions concrètes, y intégrant aussi une authentique autorité doctrinaire, n'a pas encore été suffisamment explicité. Au lieux de l'aider, une centralisation excessive complique la vie de l'église et sa dynamique missionnaire". 

    Voilà ce qu'écrivait François en ce qu'il a lui-même qualifié, dans l'introduction, comme le texte fondamental de son pontificat: 

    "Je souligne que ce que j'entends ici exprimer a une signification programmatique et aux conséquences importantes. Je souhaite que toutes les communautés veillent à mettre en acte les moyens nécessaires pour avancer dans le chemin d'une conversion pastorale et missionnaire, qui ne peut pas laisser les choses comme elle le sont".

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    NDT (*) Les "secche" sont les endroits des fleuves ou dans la mer où il n'y a pas assez d'eau pour naviguer proprement ou bien on s'y enlise.

  • La réforme de la Curie ou quand la montagne accouche d'une souris

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    [Avant première] Le contenu du projet de réforme de la Curie 
    Une ecclésiologie revisitée

    Rédigé par la rédaction le  dans Religion

    [Avant première] Le contenu du projet de réforme de la Curie  <br>Une ecclésiologie revisitée

    Nous publions ici les passages les plus significatifs du projet, en son état actuel, de la réforme de la Curie élaborée par le Conseil de cardinaux (composé aujourd’hui de six cardinaux), coordonné par le cardinal Rodriguez Maradiaga, qui avait été créé au début du pontificat du Pape François pour la préparer. Il est probable que les lignes principales n’en seront pas modifiées avant sa parution. Elle pourrait intervenir le 29 juin prochain. Cela contredirait cependant la philosophie du texte, qui prévoit que toutes décisions importantes sont désormais prises après consultation de toutes les Églises particulières. Or, on est actuellement dans la phase de consultation des Conférences des Évêques sur ce projet. On risque donc paradoxalement de voir promulgué un texte magnifiant la synodalité, élaboré et imposé par le centre romain1

    À vrai dire, à la lecture du projet, on est tenté de citer le dicton : parturiunt montes, nascetur ridiculus mus, la montagne d’« annonces » concernant une radicale réforme a accouché d’une souris. Elle se résume à des regroupements d’organismes (Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, qui absorbe les Conseils pour les Laïcs et pour la Famille ; Dicastère pour le Service de Développement humain intégral, qui regroupe les compétences des Conseils « Justice et Paix », « Cor Unum », Pour la Pastorale des Migrants et Pour la Pastorale des Services de Santé ; Dicastère pour l’Éducation et la Culture, qui regroupe une Congrégation et un Conseil), regroupements dont certains étaient déjà réalisés. Elle consacre, ce qui est le plus neuf, la création d’un Dicastère pour la Communication et d’un Secrétariat pour l’Économie. Mais la Secrétairerie d’État, malgré toutes les déclarations affirmant qu’elle deviendrait un simple et modeste secrétariat du Pape, reste l’administration mère et maîtresse de la Curie, dont la première section, des « Affaires générales », est toujours en charge de la « coordonner ».

    Et pourtant, nombreux sont les aménagements symboliques, qui veulent faire entendre qu’on opère (à peu de frais, semble-t-il) une mutation ecclésiologique et une mutation d’esprit par laquelle une Curie, taxée de conservatisme bureaucratique, deviendra un instrument au service de la synodalité. 

    Il est à remarquer que le terme traditionnel de Congrégation, qui rappelait que ces « ministères » du Pape agrégeaient ensemble des cardinaux prenant les grandes décisions en assemblées plénières, a disparu. C’est un autre paradoxe, dans la mesure où l’appellation rappelait que l’antique organisation de la Curie était celle d’un évêque de Rome gouvernant « en ses conseils ». C’était une polysynodie, un gouvernement structurellement synodal, par conséquent. Le terme est remplacé par celui plus générique de Dicastère, avec cette précision que les membres de la plenaria seront désormais, non seulement des cardinaux et des évêques, mais aussi des prêtres, des diacres, et des laïcs, certains Dicastères pouvant même avoir pour Préfets des laïcs. 

    L’affirmation du projet de Constitution, « la Curie agit comme une sorte de plateforme et un forum de communication par rapport aux Églises particulières et aux Conférences des Évêques », résume bien la grande idée que l’on veut faire entendre, de même que les nombreuses mentions des consultations des Conférences des Évêques, voire de participation de ces Conférences aux décisions (« Les Dicastères, les Bureaux et les organismes de la Curie romaine doivent toujours collaborer pour les questions les plus importantes avec les Églises particulières et les Conférences des Évêques »). 

    Les signes donnés aux thèmes dans l’air temps abondent : par exemple, l’existence du Dicastère pour le service du développement humain intégral, qui aura à traiter « d’un développement équitable et intégral de l’atmosphère pour la conservation de la maison commune, la protection des biens communs, que sont l’air, la terre, l’eau et le climat » ; ou encore l’élévation de l’Aumônerie Apostolique, chargé des dons et aumônes du Pape, au rang de Dicastère pour le service de la charité ; et aussi le fait que le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie ait à promouvoir « la participation et l’élaboration de modèles de direction de la femme dans l’Église » ; etc.

    Mais l’élément le plus marquant de ce texte est l’humiliation symbolique de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (anciennement Saint-Office2). Cette Congrégation était chargée d’aider le Pape dans ce qui le spécifie comme successeur de Pierre : il est fait pour confirmer ses frères évêques et toute l’Église dans la foi catholique. Ce rôle était tellement important que cet organisme, qualifié de Suprema (Suprême Congrégation), n’avait, avant le Concile, pas de Préfet, Pierre étant par nature le Préfet de la Foi : il était dirigé, au nom du Souverain Pontife, par un Secrétaire (le dernier fut le cardinal Ottaviani). Mais, même après Vatican II, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi était restée, bien qu’amoindrie, le premier des dicastères. Devenu aujourd’hui Dicastère pour la Doctrine de la Foi, égal aux autres en dignité, il prend rang désormais après le Dicastère pour l’Évangélisation. L’évangélisation l’emporte sur la doctrine, alors qu’on avait toujours considéré que l’évangélisation n’était rien d’autre que la diffusion de la doctrine enseignée par le Christ. On ne saurait mieux marquer qu’on est au terme d’une évolution qui a vu le pastoral remplacer le dogmatique.

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    1. Voir les indications que donne à ce propos, dans la feuille d’information et d’analyse Res Novæ, de mai 2019, l’article de Daniel Hamiche sur « L’hypothèse Parolin ».

    2. C’est le dernier jour de Vatican II, le 7 décembre 1965, que Paul VI avait publié le motu proprio qui transformait la Congrégation du Saint-Office en Congrégation pour la Doctrine de la foi. Le cardinal Ottaviani commenta plus tard avec humour : « Je suis un général qui ne combat plus et qu’on a nommé directeur d’école », et son successeur, le cardinal Seper, avec candeur : « Auparavant le Saint-Office avait le devoir de défendre la foi, mais maintenant cela a changé ».

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    Passages significatifs du projet de Constitution Apostolique Prædicate Evangelium sur la Curie Romaine et son service de l’Église dans le monde d’aujourd’hui, en son état actuel

    à consulter sur le site de l'Homme Nouveau

  • La barque de Pierre prend-elle l'eau ?

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    De Carlos Esteban sur le site hispanophone Infovaticana (traduction par nos soins) :

    Le naufrage

    Non praevalebunt. Les forces de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église. C'est la promesse du Christ à laquelle nous, catholiques, pouvons nous accrocher avec confiance. Et c'est le meilleur moment pour s'en souvenir et s'y fier car, humainement, le gouvernement de l'Eglise ressemble plus que jamais au bunker de Berlin dans le film La Chute.

    L'image est sombre. Les scandales jumelés du Chili et des États-Unis ne sont pas seulement terribles en raison du nombre d'années pendant lesquelles les pasteurs ont couvert et ainsi toléré les abus continuels et scandaleux sur de jeunes hommes - qualifier cela de « pédophile » équivaut simplement à éluder la question - et aussi parce qu'ils ont révélé que de tels comportements, loin d'être des exceptions inhabituelles, ont persisté dans un environnement de «normalité» relative; non, ce qui est particulièrement inquiétant pour les catholiques dans le monde aujourd'hui, c'est la réaction des «bons» évêques, des cardinaux, du pape.

    Dans la délicieuse comédie « 1,2,3 » de Billy Wilder, un dirigeant américain, directeur de Coca-Cola à Berlin dans les années soixante, se trouve confronté à un gars qui claque les talons pour dire bonjour et tend le bras à la moindre provocation, mais prétend ne pas avoir su ce qui s'est passé en Allemagne pendant la guerre parce qu'il travaillait dans le métro. Wilder se moque ici d'un peuple qui prétendait se dissocier collectivement des crimes du nazisme, comme si ils avaient eu lieu dans le secret absolu, ce qui est absurde. Et à présent, ils veulent nous vendre le même âne aveugle.

    Je propose un principe très simple: si, lors d'un scandale massif, impliquant des centaines de victimes sur plusieurs décennies au sein d'une organisation, tous les responsables de la même organisation disent qu'ils ne savaient rien et n'ont rien vu, c'est que cette organisation est pourrie à la racine.

    Le mal ne réside donc pas dans ces «pommes pourries»; personne n'est à l'abri du péché, ni du pire, et il n'y a pas d'institution sans péché dans ce monde pécheur. Le vrai mal dans ce cas est, si vous voyez ce que je veux dire, réside dans la réaction du «camp du bien».

    C'est notamment dans les «mesures» proposées par le cardinal O'Malley que nous avons mentionnées dans un texte précédent. Le chef du dispositif du Vatican fondé précisément pour clarifier ces cas, s'exprime comme si le problème avait une solution bureaucratique : il serait question de renforcer les règles ici et d'affiner les lignes directrices là pour en finir avec cette question embarrassante. Éminence, avec tout le respect que je vous dois : les évêques américains, leurs collègues, savaient; Rome savait; ses collaborateurs et subordonnés savaient.

    Il y a un évêque jouissant d'une réputation orthodoxe et conservatrice, Thomas Tobin (de Providence), qui affirme sur Twitter que la plupart de ses collègues sont saints et immaculés (je paraphrase), que ce scandale est exceptionnel. Le tweet en question a suscité, la dernière fois que je l'ai vu, une centaine de réponses, presque toutes respectueuses mais, dans leur écrasante majorité, extrêmement critiques. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que Monseigneur Tobin ait fermé son compte.

    Il y a une Curie, dominée par une « junte » informelle -le C9- parmi les membres de laquelle abondent ceux qu'éclabousse le scandale, comme le cardinal Maradiaga, en plus de ceux dont l'orthodoxie est douteuse, comme le cardinal Marx.

    Il y a un pontificat qui semble beaucoup plus obsédé par des questions qui ont peu ou rien à voir avec sa mission comme le changement climatique ou les politiques migratoires et qui se prononce sur ces questions avec une assurance déconcertante tandis qu'il laisse dans un douloureux état de confusion de graves questions doctrinales.

    Il y a un monceau de slogans bien sonnants - "Une Eglise pauvre pour les pauvres", "tolérance zéro" - qui restent sans effet et qui se retrouvent constamment en contradiction avec les décisions concrètes qui sont prises. Et cela dans une obsession de l'image et du geste vague au détriment de la clarté.

    Il y a la division de l'Eglise qui s'accentue et favorise jour après jour la marginalisation des chrétiens conservateurs qui, pour le plus grand malheur du progressisme dominant, sont ceux qui remplissent les églises et les séminaires.

    Il y a Sa Sainteté qui s'est démarquée à gauche dès le début de son pontificat et a donné l'idée que l'idéologie aurait un rôle prédominant, quelque chose qui se confirme dans la combinaison entre une inépuisable miséricorde pour les uns et une dureté inexplicable et inexpliquée à l'égard des institutions traditionnelles comme la Fraternité des Saints Apôtres ou les Franciscains de l'Immaculée, véritables pépinières de vocations.

    Il y a une ambiguïté doctrinale délibérément maintenue autour de vérités essentielles sur lesquelles diverses institutions ecclésiales s'interrogent, sur les sacrements ou l'objectivité du bien moral. Il y a le silence obstiné face aux doutes formulés par quatre cardinaux au sujet de l'exhortation Amoris Laetitia, de la part d'un pontife qu'on ne peut précisément accuser de se taire ou d'hésiter, qui reste un mystère douloureux pour beaucoup, tout comme son attitude changeante concernant la communion offerte aux conjoints protestants de fidèles catholiques.

    Il y a, enfin, dans une hiérarchie de plus en plus désolidarisée de sa mission, transformée en une association professionnelle qui s'investit davantage dans les luttes de pouvoir et les ambitions personnelles que dans le zèle pour la Maison du Père. Il ne faut peut-être pas s'attendre à ce que chacun des évêques du monde soit une réplique exacte des apôtres, leurs prédécesseurs; mais il semble qu'ils n'essaient même pas. (...)

    Rien de tout cela ne peut changer et ne changera pas sans un véritable tsunami dans l'Église. (...) Ce que je sais, c'est qu'une poignée de règles bureaucratiques ne fera rien pour arrêter la marée.

  • Le pape François réussira-t-il à redresser la barque de saint Pierre ce week-end en mer d’ Irlande ?

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    Face à une opinion catholique désorientée par les révélations sans fin de scandales sexuels dans le clergé (une première « lettre au peuple de Dieu » n’a pas calmé les esprits), on attend le pasteur suprême (et sa garde cardinalice rapprochée) sur deux points : la sortie, dès ce week-end, d’un document normatif et juridique (un de plus?) pour renforcer la lutte contre les prêtres « pédophiles » et leurs complices épiscopaux mais aussi un discours s’adressant aux autorités irlandaises après la libéralisation de l’avortement dans une atmosphère d’apostasie nationale, sans oublier un moment de populisme bergoglien au Croke Park Stadium de Dublin. Cela suffira-t-il ? De Jean-Marie Guénois dans le « Figaro » :

     « Le voyage du Pape en Irlande, samedi 25 et dimanche 26 août, sera-t-il dominé par le contexte de crise internationale liée aux prêtres pédophiles? La publication par François d'une grave «Lettre au peuple de Dieu» à ce sujet le 20 août, a survolté ce débat. Et la sortie, attendue dans la foulée de ce week-end irlandais, d'un document complémentaire du Vatican - normatif et juridique pour renforcer la lutte contre les prêtres pédophiles et contre certains évêques que le Pape accuse de «complicités» vis-à-vis de ces «atrocités» - renforcera cette thématique.

    D'autant que l'Irlande, 5 millions d'habitants et catholique à 76 %, a perdu la moitié de ses pratiquants en trente ans! À la suite, précisément, des affaires de prêtres pédophiles. Le scandale y a éclaté en même temps qu'aux États-Unis. Le Vatican a d'ailleurs confirmé que le Pape rencontrera des victimes de prêtres pédophiles lors de cette 24e visite hors d'Italie depuis son élection en 2013. Enfin, plusieurs archevêques américains de poids, Wuerl à Washington et O'Malley à Boston, ont décliné l'invitation irlandaise la semaine dernière, sur fond de crise pédophile rouverte aux États-Unis.

    L'objet de ce voyage, dont la décision, tardive, a été mûrement réfléchie par François n'est pourtant pas la pédophilie, mais la famille. La Rencontre mondiale des familles, neuvième édition du genre après son lancement par Jean-Paul II en 1994, en constitue le prétexte. Ce qui explique la brièveté de ce déplacement. Et le fait que François ne se rende pas en Irlande du Nord, sous contrôle britannique.

    Il vient donc essentiellement participer à ce congrès international - 103 pays représentés - qui a lieu tous les trois ans dans une grande ville du monde, la dernière édition s'étant déroulée à Philadelphie. Mais, là aussi, le contexte irlandais est très tendu pour ce pays catholique, s'il en est un en Europe, avec la Pologne et l'Italie. Après une longue résistance catholique, le mariage homosexuel et l'avortement y ont été finalement adoptés par référendum, respectivement en mai 2015 et mai 2018. L'Irlande a même été le premier pays du monde à adopter le mariage homosexuel également par référendum.

    Ouverture vers les divorcés remariés

    Pour les catholiques, observe, dans La Croix, l'archevêque de Dublin, Mgr Diarmuid Martin, il ne s'agit plus de «rêver du passé» ou à «l'âge d'or révolu d'un catholicisme dominant dans le pays». Il faut plutôt réinventer «la manière d'être chrétien dans un environnement plus hétérogène». Ce prélat, qui fut longtemps le collaborateur du cardinal Etchegaray à Rome, compte sur le charisme de François pour faire passer le message: «Il apparaît aux Irlandais comme un pape moderne, capable de toucher leurs cœurs. En présentant l'enseignement catholique d'une manière qui n'impose pas, mais qui invite, il porte le souci de former les consciences et non de les formater.» Ce qui pourrait, espère-t-il, «toucher tous ceux qui ont gardé l'image d'une Église irlandaise très moralisante par le passé…»

    De fait, le programme de cette rencontre internationale des familles - 45.000 personnes inscrites pour des célébrations religieuses, des conférences et des ateliers - est totalement orienté sur l'exhortation apostolique «Amoris Laetitia». Ce document, publié après les deux synodes sur la famille (2014, 2015) et leur ouverture à l'accueil plus large des divorcés remariés, n'a pas toujours été bien accueilli par une bonne partie des catholiques. Le pape François vient encore de le défendre jeudi dans la presse anglaise, en affirmant qu'«Amoris Laetitia» est dans «la continuité» de l'enseignement de l'Église. Ce que contestent certains théologiens et cardinaux. La présence et l'intervention à Dublin de plusieurs cardinaux, importants et proches de François, attestent donc de sa volonté de faire admettre ce texte et de créer une mentalité catholique, moins «moralisante» sur ces sujets.

    » LIRE AUSSI - Pédophilie: la lente prise de conscience de l'Église 

    Ainsi de Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), d'Oscar Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa au Honduras, et membre du C9, le groupe restreint qui conseille le Pape, de Blase Cupich, récemment créé cardinal et nommé à Chicago (États-Unis). Ils seront en Irlande, tout comme le jésuite américain James Martin, directeur de la revue America, qui intervient sur «l'accueil et le respect dans les paroisses des LGBT et leurs familles». Soit la mise en exergue de l'homosexualité dans l'Église, validée par Rome. Ce qui a déjà créé une polémique.

    Le Pape rencontrera les participants de ce congrès lors d'une veillée samedi soir au Croke Park Stadium de Dublin où chantera le ténor Andrea Bocelli, et le dimanche après-midi lors d'une immense messe en plein air. Mais il va aussi s'adresser aux autorités du pays lors d'un discours très attendu, peu après son arrivée, dans le contexte de l'adoption récente de l'avortement. Il y a aura aussi, dimanche matin, au sanctuaire de Knock, un échange, plus intime et désiré par François, avec le cœur catholique de ce pays. Ce lieu d'apparition marial au nord-ouest du pays est le «Lourdes» irlandais. »

    Ref. En Irlande, le pape François très attendu sur la question de la pédophilie

    Un regard silencieux vers Marie immaculée est sans doute ce dont, les uns et les autres, nous avons le plus besoin.

    JPSC

  • Plutôt qu'un Synode des jeunes, un synode des évêques sur les abus du clergé

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    De Mario Tosatti sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana (notre traduction à l'aide de translate.google.be) : 

    "Un synode des évêques dédié aux abus est nécessaire"

    Après Mgr Chaput et d'autres prélats, le front des évêques demandant au pape de reporter le synode des jeunes et d'organiser des assises consacrées aux abus du clergé s'élargit. C’est ainsi que, selon Mgr Strickland : "Il faut s’attaquer à cette crise". La demande d’audience avec le pape du président des évêques américains est toujours sans réponse.

    Le silence du Pontife sur les questions dramatiques posées par le témoignage de Mgr Viganò n'est pas le seul élément extraordinaire et inquiétant de cette affaire. Ce que les sites web et la presse aux ordres du pape voudraient présenter comme un fait local ne concernant que l’Église américaine se révèle plutôt comme un cyclone qui ravage toute l'Église de l'Australie au Chili et au Honduras; sans parler de la Belgique ou de la Grande-Bretagne. En attendant que plus de bubons explosent et que d'autres preuves apparaissent au grand jour.

    La tentation des autorités du Vatican semble de faire comme si rien n'était arrivé, comme s'il y avait des choses plus importantes (le climat, les migrants, déclarait Mgr Cupich il y a quelques jours) que de déterminer si le chef de l'Eglise catholique a volontairement et sciemment réhabilité un cardinal homosexuel prédateur et a fait de lui la principale référence pour les nominations et les promotions dans l'Église américaine. C'est une question dramatique. et en tant que telle, elle se pose surtout aux États-Unis, mais pas seulement. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité personnelle de Jorge Mario Bergoglio, meurtri par les déclarations malheureuses sur les abus au Chili (récupérées à la dernière minute) et par le soutien apporté au cardinal Maradiaga plongé dans des scandales financiers quant à la gestion de son diocèse et dont le bras droit a démissionné pour des questions d'homosexualité dans son séminaire. C'est quelque chose qui concerne la crédibilité de l'Église et de la figure du Vicaire du Christ.

    "Business as usual": le terme a été utilisé par l'évêque américain Joseph Strickland. « Je soutiens l'évêque Mgr Chaput, Edward Burns et d'autres évêques qui ont appelé à supprimer le Synode sur la jeunesse et à le remplacer par un Synode extraordinaire des évêques sur la crise des abus dans l'Eglise. Cette crise doit être traitée !!! Il faut dire non au traitement des affaires comme à l'habitude!".

    Le 28 juillet, le cardinal McCarrick n'était plus cardinal, suite à l'enquête de la justice américaine. Le 26 août, le témoignage de l'archevêque Viganò a explosé sur La Verità, Infovaticana, Lifesitenews, le National Catholic Register et Stilum Curiae. Pendant ce temps, le grand jury de Pennsylvanie avait rendu public un rapport dévastateur, qui appelait directement à la cause l’archevêque de Washington, le cardinal Wuerl, celui qui aurait dû surveiller McCarrick. Wuerl ment, a déclaré le procureur général Shapiro. Une pétition demandant à Wuerl de quitter la fonction qu'il occupe - et qu'il aurait déjà dû quitter depuis deux ans - a reçu des milliers de signatures. Ces jours-ci, huit autres États ont commencé ou ont annoncé que d'autres enquêtes sur les abus dans l'Église catholique commenceraient bientôt. Dans ce contexte, l’idée d’un synode sur la jeunesse comme si de rien n'était - alors que les jeunes ont été les principales victimes de pasteurs pervers - semble surréaliste.

    Face à cette situation dramatique, dont nous ne nous souvenons d'aucun précédent, nous nous trouvons face à un Pontife qui choisit le silence et déclare: «Je ne dirai pas un mot». Et pourtant, il n'y a pas que cela. En l'absence de toute mesure ou initiative de Rome, si ce n'est la campagne de dénigrement menée contre Viganò accréditée par des journalistes liés plus ou moins directement à la Maison Sainte-Marthe, la demande d'audience que le président de la Conférence des évêques américains, Mgr Daniel Di Nardo, a présentée à Rome pour une audience avec le pape reste sans réponse. Audience à laquelle le cardinal de Boston, Sean O'Malley, a proposé de participer. Pourtant, le Pontife a trouvé le temps de voir Wuerl et le cardinal de Chicago Cupich, tous deux liés à McCarrick. Pourquoi ne veut-il pas voir Di Nardo? Nous risquons une supposition : parce que Di Nardo lui demanderait que le Saint-Siège ouvre une enquête sur McCarrick et son réseau d’amitiés. Et peut-être demanderait-il aussi, comme le font déjà des évêques et des laïcs, de rendre public le dossier McCarrick. Et cela, peut-être, le pape n'en veut-il pas ...