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Le pape fait le ménage...

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Dans la Stampa, Andrea Tornielli commente les dernières décisions prises par le pape, notamment la décision de mettre fin à l'existence de la communauté monastique de Santa Croce in Gerusalemme dont les excentricités avaient dépassé le cap du tolérable :

La décision, sensationnelle, d'éliminer la présence des moines de la basilique de Santa Croce in Gerusalemme, où ils étaient installés depuis cinq siècles, est un autre signe de la façon dont le "gouvernement bienveillant" de Benoît XVI sait être radical quand il s'agit de décisions pour éliminer la «saleté» dans l'Église, que le Cardinal Ratzinger avait dénoncée au cours de la Via Crucis, il y a six ans. Le décret de la Congrégation pour les Religieux a décidé la suppression de l'abbaye deux ans après l'expulsion de l'abbé, discrédité par sa gestion peu limpide de l'abbaye et par ses amitiés.

Face à l'émergence de nouveaux et anciens scandales de toutes sortes, le pape n'a pas hésité. Il a établi, par exemple, des normes plus strictes que celles que lui-même, il ya dix ans, avait suggérées à Jean-Paul II. Il a montré par son attitude personnelle d'abord, et maintenant avec les nouvelles lignes directrices indiquées aux conférences épiscopales relatives aux abus sexuels publiées lundi dernier, qu'il se préoccupait en premier des victimes. Il met les évêques en position d'être «des pères et des frères" pour leurs prêtres. Mais surtout, pendant ces six premières années de son pontificat, il a agi dans l'ombre, avec détermination.

Un mois après son élection en mai 2005, Ratzinger a retiré toutes les charges  sacerdotales au Père Gino Burresi, fondateur des Serviteurs du Cœur Immaculé de Marie, pour abus sexuels sur des jeunes disciples. Le prêtre avait bénéficié pendant des années d'importantes "couvertures" et les délits commis étaient prescrits. Peu de temps après vint la fameuse décision concernant le Père Maciel Maciel, ancien fondateur de la Congrégation des Légionnaires du Christ, reconnu coupable de graves exactions.

En septembre 2008, Benoît XVI a réduit à l'état laïc le Frère Lelio Cantini, prêtre charismatique florentin qui animait une communauté dynamique dont étaient issus un certain nombre de prêtres, dont certains étaient également coupables de maltraitance répétée. En juillet de l'année suivante, un religieux allemand appartenant à des Missionnaires de la Sainte Famille de Mayence a été frappé à son tour, tandis que dans une sentence définitive intervenue en février 2010, Ratzinger, a dépouillé de son statut religieux Don Marco Dessi, un missionnaire au Nicaragua, avant même que l'arrêt définitif ne soit rendu à son encontre par les tribunaux civils pour abus sexuels sur mineurs. Le mois suivant,  Don Andrea Agostini, prêtre du diocèse de Bologne,
a été licencié de l'état clérical, à nouveau pour des actes de pédophilie; il dirigeait une crèche catholique à Ferrare. En octobre 2010, la même sentence a frappé Don Giraudo dans le diocèse de Savone. Au début de cette année, il avait été ordonné à un prêtre chilien puissant et influent, Fernando Karadima, de se retirer alors que les infractions étaient prescrites. On s'attend à ce qu'une décision soit rapidement prise à l'encontre de Don Richard Sépia, un curé gênois accro à la cocaïne et prédateur de jeunes garçons.

Il y a un an, en raison de la gravité des scandales provenant principalement des États-Unis, d'Irlande et d'Allemagne, Benoît XVI avait prononcé des paroles dramatiques, affirmant que «la plus grande persécution de l'Eglise ne vient pas des ennemis du dehors», mais bien du péché interne à l'Eglise, et avait fait le lien entre ces événements et le message des apparitions mariales qui ont eu lieu au Portugal au cours du siècle dernier, en disant: "Nous nous berçons d'illusions en croyant que la mission prophétique de Fatima est close".

Interviewé dans le livre "Lumière du monde», le pape a aussi rompu une lance en faveur des médias et de leur rôle dans ces affaires: "Les médias n'auraient pas pu se faire l'écho de ces faits si ce mal n'avait pas existé dans l'Eglise. De telle façon que lorsqu'il s'agit de faire connaître la vérité, nous ne pouvons qu'être reconnaissants." Une leçon d'humilité, qui vue de l'extérieur, pourrait bénéficier d'une meilleure compréhension au sein de l'Eglise elle-même."

La Stampa, 21/5/2011 (trad. par nos soins)

 

Commentaires

  • Voilà comment l'on devrait traiter les scandales sexuels : dans la discrétion, mais avec la plus farouche et la plus pure détermination. Benoît XVI est un pape selon mon coeur.

  • Tout à fait d'acord avec M. Collignon: avec discrétion et détermination, dans l'Eglise comme dans la société séculière. Dans "Lumière du monde" son dernier livre d'entretiens avec Peter Seewald, Benoît XVI a dit: "Le droit pénal ecclésiastique avait fonctionné jusqu'à la fin des années 1950; il n'était certes pas parfait mais, quoi qu'il en soit, il était appliqué. Mais depuis le milieu des années 1960 il ne l'a tout simplement plus été. La conscience dominante affirmait que l'Eglise ne devait plus être l'Eglise du droit mais l'Eglise de l'amour, elle ne devait pas punir. On a perdu la conscience que la punition pouvait être un acte d'amour. Il s'est produit (..) un étrange obscurcissement de la pensée. Aujourd'hui, nous devons de nouveau apprendre que l'amour pour le pécheur et l'amour pour la victime sont maintenus dans un juste équilibre si je punis le pécheur sous une forme possible et adaptée (...) Que je doive punir celui qui a péché contre le véritable amour fait aussi partie de la vérité.

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