"...l’objectif de Benoît XVI – on le sait et le cardinal Kurt Koch, président du conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, l’a réaffirmé le 14 mai à Rome, lors d’un colloque consacré au motu proprio "Summorum Pontificum" – n’est pas de faire coexister indéfiniment les deux formes du rite, la moderne et l’ancienne. À l’avenir, l’Église aura de nouveau un rite romain unique. Mais le chemin que le pape voit devant lui pour intégrer les deux formes actuelles du rite est long et plein de difficultés. Et il rend nécessaire la naissance d’un nouveau mouvement liturgique de grande qualité, comme celui qui a préparé le concile Vatican II et auquel Ratzinger lui-même a puisé, le mouvement liturgique de Guardini et de Jungmann, de Casel et de Vagaggini, de Bouyer et de Daniélou, de ces grands qui – ce n’est pas un hasard – ont aussi été des critiques sévères des développements liturgiques postconciliaires.
De même que la liturgie a été, au cours des dernières décennies, le domaine dans lequel se sont manifestées les ruptures les plus évidentes entre le présent de l’Église et sa tradition, de même, avec Benoît XVI, l'herméneutique de la "réforme dans la continuité" a trouvé dans la liturgie son terrain d’épreuve le plus spectaculaire."
Telle est la conclusion d'un exposé fait par Sandro Magister lors d'un colloque organisé à Pavie, le 21 mai dernier, consacré à Benoît XVI en tant que législateur canonique. On découvrira cet exposé ainsi qu'un bilan des six années de "gouvernement" de Benoît XVI sur le site de S. Magister : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1348526?fr=y
Nous sommes heureux de constater que les remarques que nous avions faites sur l'existence de deux rites dans l'Eglise latine vont dans le sens des perspectives ouvertes ici.
Commentaires
Qu’il y ait deux formes du rite romain, personnellement, ne me gêne pas, ce qui me gêne c’est qu’à les voir fonctionner, elles ne semblent pas procéder d’un même esprit.
Quelles que soient les différences, je trouve plus de proximité entre telle ou telle forme de la divine liturgie orthodoxe et la liturgie catholique traditionnelle qu’entre cette dernière et la (ou les ?)pratiques de la liturgie catholique réformée. C’est vraiment une question d’esprit. Témoin, cette anecdote significative : à son évêque qui croyait qu’il célébrait selon l’ « usus antiquior », un prêtre de mes amis fit observer: « non, Monseigneur, selon le missel de 1970 avec le canon romain, en latin et avec les chants grégoriens ». Réponse de l’évêque : « mais c’est pareil ! » sous-entendu : pas dans l’esprit de la réforme liturgique.
C’est ce qu’il faut éclaircir, car, finalement, c’est vrai : qu’est-ce qui, dans le cadre du missel de 1970, empêche un prêtre diocésain de respecter toutes les rubriques (mêmes facultatives) d’utiliser le canon romain (c’est un des canons prévus) et la langue latine, ne serait-ce que pour le kyriale et le propre grégorien ? Rien. Mais ce n’est pas dans l’esprit qui convient.
Alors, quel est cet esprit ? Et pourquoi la « Présentation générale » du Missel romain réformé demeure-t-elle (y compris dans sa version actuelle, qui sauf erreur date de 2002) si libérale ? En assortissant -entre autres- les règles qu’elle énonce d’incises telles que « soit d’une autre manière appropriée », « selon ce qui convient » ou autres formules « anti-rubricistes » de ce genre, n’ouvre-t-elle pas elle même la porte aux abus que des documents romains déplorent ensuite sans grand effet ?
J'étais à cette conférence. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'expression qui se lisait sur le visage d'un grand nombre d'assistants (environ 500) était un certain scepticisme. Cette opinion est une hypothèse du Cardinal Koch, et non une expression offocielle des souhaits du Saint-Père. Pour ma part, si je crois à la possibilité d'un "mutuel enrichissement", je serais vraiment embarrassé face à la "construction" d'un troisième rite.
Merci à Tchantchès pour son post, que je rejoins tout à fait.