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Sécularisme : le Luxembourg sur la même voie que la Belgique

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vivianereding2.jpgMgr Fernand Franck, archevêque de Luxembourg depuis 1991, ayant eu 75 ans en mai 2009, a été relevé de ses fonctions pastorales et le pape, comme nous l’avons déjà signalé le 12 juillet, lui a choisi un successeur  en la personne du  Père Jean-Claude Hollerich, jésuite de la province de Tokyo né en 1958 à Differdange, au sud-ouest du Grand-Duché, Le sacre épiscopal du Père Hollerich aura lieu le 16 octobre prochain.

Mgr Jean-Claude Hollerich retrouvera donc un Grand-Duché qu’il connaît comme un enfant du pays, mais dont l’évolution intérieure depuis quelques années laisse place à des revendications laïcisantes de plus en plus fortes, comme le relève le site « Libertés politiques ». S’agissant du statut de la religion,  plus encore qu’avec l’Alsace-Moselle évoquée par notre confrère, c’est avec la Belgique que les analogies sont frappantes.

« Le Luxembourg, petit pays de 500 000 habitants, est un Etat de culture profondément catholique, et connaît une situation juridique analogue à celle de l’Alsace-Moselle : si la liberté des cultes y est reconnue, et si le catholicisme n’y est donc pas à proprement parler « religion d’Etat », il en est le culte principal, ses ministres étant rémunérés tels des fonctionnaires. L’Etat reconnaît « que les communautés religieuses exercent un rôle public. Dans ce contexte, et comme le stipule l'article 22 de la Constitution, les sphères qui requièrent la coopération entre l'Eglise et l'Etat sont réglées par des conventions. »

Il y a bien d’autres signes de la force de cette tradition, avec par exemple le Te Deum célébré chaque année à l’occasion de la fête nationale du 23 juin ; avec la présence des ministres et du Grand Duc à l’occasion du grand pèlerinage marial de l’Oktav, pèlerinage national, célébré chaque année entre le quatrième et sixième dimanche de Pâques, qui voit passer en quinze jours à la cathédrale de Notre Dame de Luxembourg, vénérée sous le vocable de « Consolatrice des affligés »… près de 80 000 personnes, soit un sixième de la population ; avec les cours de religion prévus à l’école, qui bien que n’étant pas obligatoires, s’adressent à des élèves à 95 % de culture chrétienne ; avec encore le principal acteur de presse du pays, le Groupe Saint Paul, qui compte notamment l’archevêché de Luxembourg dans son actionnariat ; avec enfin une population à 43% étrangère, comportant une grande majorité d’immigrés venus d’Italie, de Pologne ou du Portugal, qui ne modifient pas le climat religieux du pays, bien au contraire.

En pratique, il y a donc au Luxembourg des liens forts entre la foi catholique, le pouvoir politique et les traditions populaires. Or depuis plusieurs années un processus de contestation est pourtant à l’œuvre, qui se donne pour objectif de déconfessionnaliser l’Etat. Un tel débat a ainsi été discuté à la Chambre des députés le 7 juin 2011, la Jeunesse Démocrate et Libérale (JDL) ayant à cette occasion exprimé le vœu de voir le Grand-Duché se laïciser, et « toutes les communautés cultuelles » devenir « autonomes par rapport à l’Etat et ainsi libres ».

Concrètement, ce courant réclame la fin de la prise en charge des « traitements et pensions » des ministres du culte par l’Etat (article 106 de la Constitution), la suppression des cours de religion et de morale à l’école, ou encore l’abolition de l’entretien des lieux de culte. Certains députés ont aussi réclamé le mois dernier que désormais, le Te Deum auquel assiste la famille Grand-ducale chaque 23 juin soit retiré des célébrations officielles de la fête nationale. Et si l’idée n’a pas encore été concrétisée en 2011, rien ne dit qu’elle ne puisse pas faire son chemin.

Si la pratique religieuse est en recul dans la population, comme dans la majorité de l’Europe, il est clair que la mutation du Luxembourg se joue particulièrement au niveau politique.

Fonctionnant selon un modèle très comparable à celui de la Belgique, le pays compte traditionnellement trois forces principales, à savoir une droite chrétienne, un courant libéral (le PRV) d’inspiration philosophique proche des Lumières, et un courant socialiste. L’émergence des Verts, plus radicaux, a contribué depuis plusieurs années à accélérer le mouvement de laïcisation. Leur leader Jean Huss, cheville ouvrière de ce combat, avait déjà milité pour la dépénalisation de l’euthanasie, qui a été adoptée en 2009, sans que Jean-Claude Juncker, premier ministre chrétien social de centre-droit qui dirige le gouvernement luxembourgeois depuis 1995, n’y résiste.

Avec un parti démocrate-chrétien luxembourgeois qui peine à promouvoir une doctrine sociétale forte et conforme à ses racines, on assiste à un mouvement une fois de plus comparable au schéma belge, avec une « coalition violette », réunissant les libéraux, les socialistes et les verts, qui en quelques années, a fait de la Belgique l’un des pays les plus progressistes d’Europe, autorisant l’euthanasie mais aussi le mariage homosexuel. C’est, selon toute vraisemblance, le scénario que l’on commence à voir émerger au Luxembourg, où l’Eglise catholique va immanquablement subir dans les mois et années qui viennent de nouveaux assauts idéologiques et médiatiques. Il faudra du courage à Mgr Jean-Claude Hollerich, tout comme à la famille Grand-Ducale, et un renouveau de volonté et de proposition politique à la droite chrétienne, pour chacun à leur place mais ensemble, maintenir vivante une tradition au service de l’homme et du bien commun ».

Qu’il nous soit permis d’ajouter que d’une telle  volonté de renouveau conforme à ses racines, la démocratie chrétienne luxembourgeoise, Jean-Claude Juncker et Viviane Reding en tête, ne donne actuellement aucun signe. A titre d’exemple, signalons que Viviane Reding, vice-présidente de la Commission Européenne et Luxembourgeoise (photo) vient de "condamner" la Hongrie parce que celle-ci propose de diminuer le nombre d'avortements - le plus élevé (sauf erreur) en Europe pour 1000 naissances - en favorisant l'adoption. Cette même femme politique "chrétienne" voulait même imposer de lourdes amendes à la Hongrie.

Commentaires

  • En lisant les positions de Mme Reding, on peut se demander si son parti n'est pas pourri jusqu'à la moëlle... On se demande vers quel parti les Chrétiens luxembourgeois qui veulent militer contre la culture de mort doivent maintenant se tourner. Reconnaissons que les partis qui s'affirment "Chrétiens" ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu'on est en droit d'en attendre, comme le "Zentrum" allemand qui a servi de "marche-pied" pour permettre la prise de pouvoir par les urnes du parti NSDAP (nazis) en 1933.

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