C’est l’agence Cathobel qui le relate en ces termes : « Pour la troisième fois en deux ans, le métropolite Hilarion, ‘numéro deux’ de l’Église orthodoxe russe, a rencontré Benoît XVI jeudi 29 septembre. Ces contacts sont destinés à lever les obstacles qui empêchent encore la tenue d’un sommet historique entre le pape et le patriarche Kirill.
Le rythme des rencontres s’accélère. Quatre mois après sa dernière visite informelle au Vatican, en mai, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a rencontré le pape jeudi 29 septembre au matin, dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo. Il s’agissait du troisième entretien entre le pape et le ‘numéro deux’ de l’Église orthodoxe russe depuis septembre 2009. » […]
« Le 12 septembre, le président des relations extérieures du Patriarcat de Moscou indiquait à l’agence de presse Reuters que les orthodoxes attendaient de « recevoir des signes positifs quant à la résolution des problèmes existants« , avant d’envisager cette rencontre aussi inédite qu’attendue. Parmi les obstacles, que le métropolite Hilarion tente de lever, figure la question ukrainienne. Les orthodoxes refusent obstinément que l’Ukraine, à la fois berceau de l’orthodoxie et lieu de naissance de la Russie chrétienne, devienne un patriarcat catholique. Même si l’Église gréco-catholique, forte de cinq millions de fidèles, est la communauté catholique de rite oriental la plus importante numériquement au monde.
« Toutefois, de nombreux gestes de rapprochement ont été notés encore récemment. Au cours de son voyage en Allemagne, du 22 au 25 septembre, Benoît XVI s’était montré extrêmement chaleureux à l’égard du monde orthodoxe. Il avait soutenu que l’Église orthodoxe était « théologiquement très proche » de l’Église catholique, manifestant le souhait que catholiques et orthodoxes puissent bientôt "célébrer ensemble l’Eucharistie" .
Ceci, commente l’agence Cathobel, « avait été plutôt mal perçu par les protestants allemands », qui n’ont pas eu droit à une déclaration similaire concernant l’intercommunion.
Rappelons que Benoît XVI avait en effet précisé à Erfurt devant l’aréopage de l’ ‘Eglise évangélique allemande ‘ « qu'une ‘mauvaise compréhension’ de l'œcuménisme consistait précisément à négocier pour parvenir à un ‘compromis’. Or ‘la foi n'est pas quelque chose que nous concoctons ou déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous vivons ».
Les Luthériens auraient tort de s’offusquer. Ils n’ignorent tout de même pas que les conditions théologiques manquant pour une intercommunion avec eux (un véritable sacerdoce ministériel, des ministres validement ordonnés, une célébration eucharistique de même nature) sont, depuis toujours aux yeux des catholiques, remplies par l’Orthodoxie, même si de graves questions dogmatiques (comme l’infaillibilité pontificale) et disciplinaires (ordinations schismatiques) les séparent, rendant la célébration orthodoxe des sacrements canoniquement illégale mais pas invalide. Pour faire des « dialogues » œcuméniques il faut d’abord s’entendre sur le concept même d’œcuménisme…
Tout le communiqué de Cathobel est ici: Nouvelle étape dans le rapprochement entre orthodoxes et catholiques
Sur les aspects relationnels d’un contact plus prometteur avec les Orthodoxes, on peut lire ce « papier » que publie le blog « La Vie » :
« Le pape reçoit l'un des personnages-clés de l'orthodoxie russe, ce qui laisse présager des avancées notables. Comme un voyage à Moscou ?
La rencontre de Benoît XVI avec Mgr Hilarion de Volokolamsk, ce 28 septembre, n'est pas qu'une visite de type protocolaire. Elle fait écho aux propos extrêmement positifs tenus la semaine dernière en Allemagne par le pape rencontrant des dignitaires orthodoxes (voir mon post : Une claque et une fessée) sur l'avancée du dialogue entre orthodoxes et catholiques, ce qui confirme que les choses avancent vite dans ce domaine.
Tout le monde a entendu parler du pape, mais beaucoup moins de gens connaissent Mgr Hilarion. Et pourtant... Ce jeune évêque - 45 ans- est le chef du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou - un poste clé précédemment détenu par Mgr Kirill de Smolensk, élu patriarche de Moscou en 2009 à la mort d'Alexis II. Cet homme est un prodige et de nombreux éléments le rapprochent de Benoit XVI, des éléments essentiels si l'on sait l'importance du facteur humain dans l'oecuménisme […]”.
La suite ici: Benoît XVI et Hilarion, un duo d'avenir