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Liturgie : à propos de la mise au point du chanoine de Beukelaer

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medium messe tridentine.jpgUn de nos fidèles lecteurs nous adresse une réflexion sur l’interview du chanoine Éric de Beukelaer que nous avons déjà reproduite et commentée ici : Pour Éric de Beukelaer, la liturgie préconciliaire a sa place dans l’Église actuelle.

Voici le texte de ce correspondant bien documenté :

« Il faut remercier M. le chanoine de Beukelaer pour cette mise au point qui, en ces temps de dialogue parfois ecclésialement trop consensuels, apparaît comme un acte courageux.  Mais pourquoi, comme prévient le journal « L’Avenir », précise-t-il que son avis est « personnel » ? En vérité, il n’y a pas lieu, en l’occurrence, de prendre pareille précaution oratoire, un peu comme si l’on ne voulait pas déranger ceux qui ne partagent pas un simple « avis » émis par quelqu’un qui n’est « plus porte-parole de qui que ce soit ». Sauf erreur, il n’est pas nécessaire d’être porte-parole du Vatican pour répéter ce que dit clairement le Vatican. Ici, en effet, il ne s’agit pas d’une affaire d’opinion, mais seulement du respect dû à un Motu proprio (Summorum Pontificum, 2007) papal. À noter que celui-ci n’est pas une totale innovation : bien avant ces instructions romaines de 2007, la messe selon « l’expression extraordinaire de lalex orandi’ » (Missel dit « de Jean XXIII ») avait déjà fait l’objet de deux autorisations officielles sous Jean-Paul II (indult Quattuor abhinc annos, 1984 ; Motu proprio  Ecclesia Dei, 1988). Par égard pour tous les pratiquants attachés « à la tradition liturgique latine », Jean-Paul II demandait aux évêques de permettre « une application large et généreuse des directives romaines » en la matière. C’est parce que ces appels à la tolérance n’ont pas été entendus (notamment par des évêques !) que le pape actuel a, plus largement que ses deux prédecesseurs, libéralisé le rite de la messe tridentine. Par ailleurs, comme ses prédécesseurs, Benoît XVI a plusieurs fois déploré certaines fantaisies liturgiques « créatives » qui se sont introduites dans la célébration de la messe selon l’expression ordinaire (missel dit « de Paul VI ») de « l’unique rite romain ».

Dans son interview, M. le chanoine de Beukelaer souligne très justement la symbolique de l’orientation du prêtre officiant en « tournant le dos » aux fidèles. « Mais eux vous diront que le prêtre regarde dans la même direction que l’assemblée, vers le Christ », observe le chanoine. Pourquoi ce « eux » non défini  (sans doute s’agit-il des pratiquants attachés à une tradition très ancienne) ? Non, ce n’est pas « eux » mais Benoît XVI lui-même ! (Cf. entre autres, Card. J. Ratzinger, L'esprit de la liturgie, éd. Ad solem, Genève, 2001).

 Quant à la question du latin et de son usage dans la liturgie, il convient de dénoncer un amalgame fort répandu. Dans le but de discréditer une tradition liturgique multiséculaire et universelle, nombre de responsables de la pastorale ont laissé s’installer, à ce propos, une confusion regrettable entre messe « tridentine » (toujours en langue latine, sauf, éventuellement, pour la liturgie de la Parole) et « messe selon l’expression ordinaire», qui peut parfaitement user aussi du latin et du chant grégorien. Loin d’être interdit, l’usage du latin dans la liturgie « postconciliaire » a été recommandé dans la Constitution pour la sacrée liturgie (Vatican II), l’emploi des langues vernaculaires (français, anglais, …) étant autorisé pour des raisons pastorales. En ce qui concerne le chant grégorien (évidemment en latin), il n’a jamais cessé d’être considéré comme le chant propre de l’Église catholique, et le Concile Vatican II, à la suite de Jean XXIII et de Paul VI, a vivement recommandé une promotion du grégorien et de l’enseignement du latin aux prêtres. Dans le décret conciliaire « Optatam Totius » (1965), il est dit, à propos de la « révision des études ecclésiastiques » qu’il importe, au niveau des « études de base », de promouvoir « une connaissance du latin […] permettant de comprendre et d’utiliser tant de sources et de documents de l’Église ». Nombre d’ecclésiastiques, pour qui le catholicisme semble né avec LE Concile, invoquent à bien mauvais escient « leur » Concile pour répandre des thèses et des pratiques qui rompent avec des traditions multiséculaires honorées, notamment, par Vatican II.  On n’en finirait pas de rappeler les recommandations romaines, anciennes et récentes, pour favoriser, chez les ministres du culte, la connaissance (au moins passive) de la langue latine. L’Église maintient le latin comme sa langue officielle parce que l’usage universel d’une langue de référence est un puissant facteur d’unité doctrinale ; de même, respectueuse d’un inestimable héritage spirituel et artistique, elle reconnaît explicitement le chant grégorien comme son chant propre. Il en résulte que les séminaires qui, dans l’Église de rite latin, n’enseignent pas la langue de Cicéron et de saint Augustin, privent leurs étudiants d’une formation pourtant exigée depuis des siècles et des siècles par la Papauté elle-même.  C’est un des points que j’ai développés dans le chapitre « Spiritualité : ombres et lumières » de mon dernier essai (À contretemps, Mols, 2010 ; pp. 157-192).

Mutien-Omer Houziaux.


... ce que confirme Mgr Le Gall dans un entretien mis en ligne par "Paix liturgique"

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