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Un acte d'héroïsme au Pays de Liège

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C'est Lily Portugaels qui, dans la Gazette de Liège, retrace "La belle histoire des Goffin"

"Il y a 200 ans, un mineur ansois et son fils sauvaient 70 de leurs compagnons prisonniers de la mine. Hubert Goffin fut décoré pour cet acte héroïque.

Chronique

A Liège, dans le passé, on était souvent, par tradition, mineur de père en fils. Des familles entières travaillaient parfois dans la même bure (puits). A 41 ans, Hubert Goffin est déjà père de sept enfants. Il est lui-même le troisième enfant d’un père mineur et d’une mère botrèsse (botteresse, hotteuse de charbon). Il ne sait ni lire, ni écrire, s’exprime plus souvent en wallon qu’en français mais sa réputation d’excellent ouvrier l’a fait nommer contremaître.

Le 28 février 1812, Hubert et son fils Mathieu (12 ans), coiffés d’un chapeau en cuir bouilli sur lequel est fixée, à l’aide de terre glaise, une chandelle pour les éclairer, extraient du charbon à 170 mètres de profondeur. Hubert voit tout à coup de l’eau qui dévale d’une hauteur de 70 mètres, et s’engouffre dans les galeries. Immédiatement, il appelle son fils et alerte tous ses compagnons. Le panier ou "cuffat" qui remonte la houille et les mineurs, est justement au fond. Hubert grimpe dedans y entraînant son fils. A ce moment dans la pagaille qui s’installe, Hubert se rend compte qu’il est le seul à pouvoir prendre les mesures qui s’imposent et à organiser les secours. Il décide de rester cède sa place à un compagnon. Mathieu sort aussi du panier. Il veut rester près de son père.

Hubert fait remonter le cuffat et 35 mineurs sont ainsi sauvés. Mais 92 autres sont encerclés par les eaux dans un espace très réduit. Goffin, qui a déjà dû s’interposer dans des bagarres entre ceux qui voulaient monter dans le panier, entraîne ses hommes vers des galeries plus élevées. Ils réussissent à atteindre une montée où ils sont à l’abri des eaux mais pris au piège. Dans l’obscurité, avec l’oxygène qui se raréfie, le désespoir et la folie s’emparent de certains mineurs qui se battent. D’autres s’effondrent. Ils ont soif, refusent de creuser plus avant. Hubert Goffin aidé par son fils, parvient à les calmer et à les convaincre de creuser un boyau de sortie. Ils sont 70 à être ainsi rassemblés.

Les jours et les nuits passent, ils mangent leurs chandelles et boivent leur urine, jusqu’à ce que le 4 mars, ils entendent enfin les sauveteurs. Et à 2h du matin, la communication est établie. Après cinq jours et cinq nuits, les 70 mineurs sont ramenés au jour. Hubert et son fils voulurent être délivrés les derniers. Hubert Goffin est fait chevalier de la légion d’honneur par l’empereur Napoléon. La décoration lui est remise le 22 mars 1814 à l’hôtel de ville de Liège. Il est le premier ouvrier à recevoir cette haute distinction.

Cent ans plus tard, la commune d’Ans a dédié un monument au père et au fils Goffin, inauguré sur la place communale en 1912. Hubert Goffin, qui avait continué à travailler dans la mine, meurt le 5 juillet 1821, le crâne écrasé par une pierre à la suite d’un coup de grisou dans la houillère du Bois de Saint-Gilles à Sclessin. Après deux heures d’agonie, Hubert Goffin rejoignit son fils Mathieu, décédé un an plus tôt. Le petit Mathieu n’était pas retourné à la mine. Napoléon avait ordonné de faire suivre à l’enfant, aux frais de l’État, les cours du Lycée de Liège."

Ce dimanche 4 mars, une messe à l’église Saint-Martin d’Ans, à 9h30, lancera les manifestations du bicentenaire de la catastrophe. Infos : 04/247.72.74 ou www.ans.eu

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