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Un morceau d’anthologie épiscopale pour le 50e anniversaire de Vatican II

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Dom_paulo_sergio_machado.jpg"Je ne réussis pas à comprendre comment, au XXI e siècle, il y a encore des personnes qui veulent le retour de la Messe en latin avec le prêtre célébrant le dos tourné au peuple, utilisant les pesants parements "romains". Nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de l'ouverture du Concile Vatican II, et, alors que nous sentons le besoin de tenir un Concile Vatican III, nous trouvons des personnes qui veulent retourner au passé. Et ce qui préoccupe, c'est que ces personnes sont entrées à l'université, mais l'université n'est pas entrée en elles.

Je pense qu'est arrivé le moment pour nos scientifiques d'inventer un dispositif pour "ouvrir les cerveaux". Ces personnes n'ont pas en effet la moindre impression de se trouver "offline", ou "hors saison". Elles veulent à tout prix revenir au passé. Elles vivent encore de miracles et apparitions, dévotions et "étrangetés" déjà heureusement dépassés.

Imaginez un prêtre célébrant en latin dans une chapelle rurale. "Dominus vobiscum". "Et cum spiritu Tuo". Notre peuple pensera simplement que ce prêtre est fou...Je me souviens quand j'étais enfant, quand la messe était en latin. Les pieuses dames n'y comprenaient rien, elles priaient le rosaire. Je n'ai rien contre le rosaire, en outre je le récite tous les jours, mais le Rosaire est prière, non célébration.

Certains défendent aussi le retour des fameuses mantilles qui couvraient les têtes des femmes. Je me demande: pourquoi pas la tête des hommes ? Il serait beau de voir les hommes avec la voilette. Il serait difficile de trouver des candidats. Sauf quelque original qui "prétend enseigner le Pater Noster au vicaire" .

 Mais la demande persiste, qu'y a-t-il derrière ? Une nostalgie ? Je crois que non.Il s'agit plus d'un désir morbide, une peur de la nouveauté. L'aversion au changement. C'est ce que nous pourrions appeler, pour utiliser une expression française, - un "laissez faire, laissez passer", pour voir si ça marche. Il s'agit d'une tentative pour maintenir le "status quo", même s'il ne concerne qu'une demi-douzaine de fidèles.Et les autres, qu'ils aillent au Diable.

Selon ces puritains, l'enfer serait plein, quand en réalité c'est le paradis qui est rempli car Dieu veut que tous soient sauvés.Une minorité moraliste qui voit le péché partout et pour qui le Diable est plus puissant que Dieu. "Ouvrez les coeurs et non les habits" dit le prophète. Ces gens se préoccupent de laver les verres,et non les esprits et les cœurs. C'est la vieille attitude des pharisiens- qui sont encore nombreux- qui ont critiqué Jésus pour les guérisons le jour du Sabbat.

Je me souviens de l'histoire d'une personne qui, à la nouvelle que Jean avait occis Pierre, le Vendredi Saint, avait dit: "pourquoi n'as tu pas attendu le Samedi pour l'occire ?". Pour cette personne, c'était le jour qui était le plus important dans cette histoire !

Je conclus en citant deux pensées qui font réfléchir: "Le passé est une leçon à méditer, pas à reproduire" (Mário de Andrade - auteur de Macunaíma),et "Prenez à l'autel du passé le feu, non les cendres" (Jean Jaurès - socialiste français)".

+ Dom Paulo Sérgio Machado , Evêque de São Carlos, Brésil (photo)

 Référence: http://www.servosdocristoredentor.com/portal/wp-content/uploads/2012/04/NB_31_03_2012.pdf

Vivement Vatican III ?

Commentaires

  • Je crois vraiment qu'on se dirige vers deux Eglises. Cela ne me dérange pas d'appartenir à l'ancienne et je serai plein de commisération et de pitié pour les partisans de la nouvelle. Et puis, après moi...les mouches.

  • Quel plaidoyer pour une messe sans Dieu, à l'instar des réunions et parlottes protestantes. Mais c'est truffé de contradictions.

    Un prêtre ne tourne pas le dos aux fidèles, il se place face à Dieu, à l'instar des fidèles. Le prêtre doit avant tout rencontrer Dieu et aider à rencontrer Dieu pendant la messe, avant de rencontrer les fidèles. Les fidèles doivent avant tout rencontrer Dieu, avant de rencontrer le prêtre, et avec l'aide du prêtre. Or, pour rencontrer et aimer Dieu, on n'a que le temps de la messe, dans l'église, pour rencontrer et aimer son prochain on a tout le temps en dehors de la messe, en dehors de l'église.

    Se moquer du petit nombre de nostalgiques, c'est faire de l'anticléricalisme et être peu chrétien. Mais c'est surtout refuser de voir que ce petit nombre montre que cette messe de type protestant, d'après Vatican II, n'attire plus personne. Pourquoi y venir, puisque Dieu n'est même plus présent ou plus mis à l'honneur ?

    Et lorsque Dieu est présent et premier à la messe, pourquoi le prêtre ne revêtirait-il plus ses plus beaux atours en son honneur ? Et pourquoi les fidèles ne revêtiraient-ils pas aussi leurs vêtements du dimanche. Et si la femme a le droit de rester tête couverte, pourquoi cet évêque ne se plaint-il pas de l'obligation faite aux hommes de se découvrir ?

    Et puis, le latin, la langue véhiculaire de toute l'Europe pendant plus d'un millénaire. La langue illustrant l'unité de l'Église et l'ancienne unité de l'Europe. La langue adaptée aux domaines de pensée les plus élevés : philosophie, religion, science, juridique, administration, ... Pourquoi donc cet évêque veut-il priver le peuple d'une élévation de sa pensée ? Comment considérer cette volonté de vouloir interdire au peuple d'avoir accès à la connaissance la plus haute ?

    À l'époque de l'unité latine, tout Européen pouvait apprendre seulement deux langues, et se débrouiller partout : sa langue maternelle et le latin. Aujourd'hui, l'Europe est une tour de Babel, où les gens ne se comprennent plus et se battent pour faire admettre leur langue maternelle comme langue la plus importante. C'est l'intérêt d'une langue morte comme le latin de ne pas favoriser les replis sur soi et les antagonismes. La preuve, des hurluberlus ont voulu récréer de toutes pièces un nouveau latin, qu'ils ont appelé Esperanto. Que pense cet évêque de l'Esperanto ? Veut-il que l'Église rédige ses encycliques en Esperanto ?

    Et enfin, sa citation de Jaurès, qui ne veut rien dire. Ou qui explique pourquoi, pour cet évêque, la messe n'est plus reproduction de la dernière Cène et du sacrifice du Christ, mais tout au plus une méditation sur ce passé. Puisqu'il suit cet enseignement de Jaurès, pourquoi suivrait-il l'enseignement du Christ, qui demande au prêtre d'être et agir pour nous à son image, même si historiquement c'est le passé ?

  • Entièrement d'accord avec "Pauvre Job" ! Je respecte + Dom Paulo Sérgio Machado, Evêque de São Carlos, Brésil, parce qu'il faut respecter son prochain et, en l'occurrence,la fonction d'un successeur des Apôtres. En revanche, je n'ai aucun respect pour les âneries que débite quiconque, fût-il évêque. Comme tant de thuriféraires "du" Concile (pour qui Vatican II est l'alpha de l'Eglise, l'oméga étant un Vatican III), ce prélat se sert de sa dignité épiscopale pour mieux détruire la Mère qui l'a nourri et qui lui a conféré cette même dignité. Et dire que ce sont ces apôtres-là qui traitent de "pharisiens" ceux qui, à la suite du Pape, rejettent une herméneutique de la rupture. Où l'évêque a-t-il lu que l'usage du latin ne se justifiait plus dans la liturgie ? Certainement pas pas dans les écrits de Vatican II, qui proclame et rappelle que la langue propre de l'Eglise est le latin et que le chant grégorien est un trésor que nous a transmis la tradition et qu'il convient de transmettre. "Le latin, la langue vivante de l'Eglise, disait Jean XXIII, qui est mort", observait un ecclésiastique peu convaincu par les manifestations de "créativité" post-conciliaires. Non, Monseigneur, nous n'avons pas peur de la nouveauté, nous aspirons au contraire à ce qui serait vraiment une nouveauté : que les églises que vous et vos pareils avez vidées se remplissent à nouveau de fidèles conscients de la richesse de l'héritage reçu des aînés : les Ecritures ET la Tradition. Il est vrai que ce souhait ne pourra se réaliser que si un certain clergé, progressiste autoproclamé, se débarrasse de sa suffisance et accepte humblement de reconnaître qu'il s'est fourvoyé en rejetant toute "verticalité" dans la pratique religieuse. Comme je crois l'avoir montré (avec beaucoup d'autres fidèles) dans mon essai "A contretemps" (Mols - Desclée de Brouwer, 2010), ce n'est pas en désacralisant la liturgie qu'on ramènera au bercail romain tant de brebis égarées dans les terres arides et infertiles du modernisme, du relativisme et de l'hédonisme. Monseigneur, je conclurai en vous demandant de réfléchir à cet avertissement qui, par la voix de Paul VI, rappelle aux chrétiens une parole de l'Evangile : "Certains pensent que le Concile est déjà dépassé. Ne retenant de lui que son impulsion réformatrice [...], ils voudraient aller plus loin. Ce qu’ils ont en vue, ce ne sont déjà plus des réformes, mais des bouleversements, qu’ils croient pouvoir se permettre et qu’ils jugent d’autant plus géniaux qu’ils sont moins fidèles et moins en harmonie avec la tradition [...]. C’est alors que viennent aux lèvres les paroles de Jésus : Inimici hominis domestici ejus. Les ennemis de l’homme seront les gens de sa propre maison (Matth. 10, 36). Allez! Monseigneur, un peu moins d'arrogance, et vous pourrez accueillir, à genoux, le souffle du Saint-Esprit : je ne vois pas qui de plus puissant je pourrais invoquer pour votre salut et celui des âmes dont vous avez la charge. Mutien-Omer Houziaux.

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