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"Je suis le pain vivant descendu du ciel"

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hostie 01.jpgUne belle homélie prononcée par le Cardinal Josef Tomko lors de l’envoi en mission à la réunion de Montée Jeunesse à Québec le 21 mai 2007 (en préparation du Congrès eucharistique), parfaitement adaptée à l'Evangile de ce 19e dimanche:

"Je dois vous parler de l’Eucharistie et je me trouve simplement désarmé devant la tâche. Je ne peux utiliser ni les raisonnements, ni la sagesse humaine, ni l’analyse scientifique, ni même le langage brillant. Parce que je dois m’approcher avec vous de ce que nous acclamons après la consécration: «Il est grand le mystère de la foi». C’est pourquoi je me sens comme Moise sur la montagne de Horeb devant le buisson ardent. Nous devons enlever les sandales, fermer nos yeux et écouter Celui qui a inventé l’Eucharistie. 

Nous pouvons comprendre le grand mystère de la foi seulement par moyen d’une grande foi! Foi qui requiert une libre écoute et un accueil, mais aussi une profonde humilité quand c’est Dieu Lui-même qui nous parle. Il s’agit d’un discours qui peut sembler «dur», difficile, et provoquer l’abandon de quelques-uns, mais nous voulons l’affronter avec la foi de Pierre et des Douze apôtres: «Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68). C’est la foi de la première Église qui reste la même jusqu’à aujourd’hui grâce à la jalouse et fidèle transmission, dont saint Paul est le témoin quand il présente aux Corinthiens l’institution de l’Eucharistie: «Pour moi, en effet, j’ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis»(1 Co 11, 23). Et alors, écoutons le Seigneur qui nous parle dans la synagogue de Capharnaüm.

1. Le discours de Capharnaüm

C’est l’évangéliste Jean qui dans son chapitre 6, nous rapporte en témoin fidèle la rencontre de Jésus avec la foule qui, le jour avant, voulait le faire roi. C’était très utile d’avoir comme roi quelqu’un qui est capable de résoudre le problème de la faim par la multiplication des pains. 

Ils n’ont pas compris que ce miracle était seulement la préparation d’un autre don, beaucoup plus précieux et merveilleux, le pain vivant, personnifié, descendu du ciel qui donne la vie au monde. Mais les paroles de Jésus sont très explicites, univoques et claires: «Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain, vivra à jamais. Et le pain que, moi, je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde» (Jn 6, 51).

Attention, ce n’est pas un discours imaginatif, symbolique, poétique; ce sont des affirmations réalistes, concrètes, exigeantes. Jésus y met toute son autorité quand il confirme avec la force solennelle des grandes occasions: «En vérité, en vérité, je vous le dis, …Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (Jn 6, 53-56).

On peut comprendre la stupeur et la surprise des disciples devant une telle annonce catégorique qui déplace la manière de penser, mais, une fois acceptée, révèle des réalités profondes et consolantes: L’Eucharistie ce n’est pas une chose, c’est une Personne vivante, la Personne même de Jésus-Christ. Dans l’Eucharistie il se fait notre Pain de vie, notre nourriture spirituelle. Il nous transmet ainsi son énergie vitale, la vie qui nous assure la vie à jamais, il promet de nous ressusciter.

C’est beaucoup, il y a presque trop dans cette promesse de l’Eucharistie. Dans cette simplicité de langage, il y a trop de choses à comprendre, à méditer, à introduire dans sa propre vie. Et ce n’est pas tout sur l’Eucharistie. Capharnaüm doit être encore réalisé et complété par le Cénacle.

2. Au Cénacle

 C’est pendant les fêtes de la Pâque hébraïque que Jésus procède à l’institution de l’Eucharistie, parce que – comme le raconte saint Jean – « son heure était venue de passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1), c’est-à-dire jusqu’au fond, sans mesure. Il a fêté la Pâque à la manière de tout le monde en Israël, par un repas rituel en mémoire de la libération de l’esclavage de l’Égypte. Les Israélites se sont sauvés devant la mort grâce au sang de l’agneau avec lequel ils ont marqué leurs propres maisons. C’est pourquoi le repas consistait surtout en de l’agneau mangé avec des légumes et, bien sur, avec du pain non fermenté, les Azymes. 

Jésus a accompli le rituel, mais a surpris tous les apôtres quand: prenant du pain et rendant grâces, il le rompit et le leur donna en disant: «Ceci est mon corps, qui va être livré pour vous…» Il fit de même avec la coupe, après le repas, en disant: «Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, qui va être versé pour vous» (cf. Lc 22, 19-20). Il y a ici une grande nouveauté: Au lieu de l’agneau, Jésus place lui-même son propre corps et son propre sang. Ce corps sera donné pour nous et ce sang sera versé pour nous quelques heures après sur la croix. L’”Agneau de Dieu” – comme l’avait appelé Jean le Baptiste au Jourdain – sera sacrifié le matin au Calvaire, mais ce sacrifice est déjà institué au Cénacle. 

Une autre grande nouveauté est aussi le commandement que Jésus laisse à ses disciples: «Faites cela en mémoire de moi». La première Église restée sans la présence physique de Jésus sur la terre, a immédiatement commencé à suivre cet ordre du Seigneur et saint Paul rappelle aux Corinthiens cette profonde signification du sacrifice eucharistique: «Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur… C’est pourquoi, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur» (1 Co 11, 26-27).

Quelle profondeur et quelle richesse! L’Eucharistie est Jésus-Christ lui-même, l’Agneau de Dieu, sacrifié et mort pour nos péchés, mais ressuscité et source d’une vie qui est éternelle, Pain de vie; c’est la Personne, c’est la Présence, c’est le repas, la cène, le banquet, c’est la nourriture, la source de l’énergie, c’est le centre de la vie de l’Église, c’est le “Don de Dieu pour la vie du monde”, comme l’annonce le programme de votre Congrès.

  C’est Dieu avec nous, c’est l’Homme-Dieu, notre Emmanuel, qui reste avec nous, pour nous et pour le monde entier.

«Il est grand le mystère de la foi». Si on le croit, alors on a beaucoup à faire: à adorer, méditer, fêter, contempler, aimer, louer, chanter, prier en silence et à en témoigner publiquement. (...)

Commentaires

  • Son Eminence parle d'or.
    Ce texte m'inspire deux réflexions.
    La première, c'est le rappel de l'annonce de l'Eucharistie par saint Jean. Les exégètes, disons pas très catholiques, se plaisent à souligner que, dans la relation de la Cène, Jean ne parle pas des paroles christiques relatives à la transsubstantiation. Et il est vrai que l'omission interpelle. Mais il me semble qu'en bonne apologétique, il faudrtait renvoyer les exégètes à saint Jean lui-même (Jn 6, 51 et Jn 53-56).
    La seconde, c'est un autre rappel fait à tant de "fidèles" qui s'approchent de la Sainte Table comme s'il s'agissait d'un geste purement symbolique (par exemple pour "faire comme tout le monde" ou "pour faire plaisir aux jeunes communiants, ou aux jeunes mariés, ou aux familles endeuillées). Les confessionnaux sont obstinément et de plus en plus désertés depuis que sévit une herméneutique de la discontinuité chez certains, pour qui Vatican II est LE Concile inaugurant l'ère chrétienne.
    Mutien-Omer Houziaux.

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