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La crise des vocations

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Un article paru en 2003 dans la revue Kephas, sous la plume de Mgr Martin Viviès, analysait la situation des vocations. Une dizaine d'années plus tard, cette analyse conserve toute sa pertinence. Elle montre notamment que le Concile n'est pas à l'origine de cette crise qui a commencé bien avant. On peut évidemment débattre au sujet du rôle joué par Vatican II et se demander s'il a enrayé cette crise ou, au contraire, contribué à l'aggraver. Extraits :

L’indice des vocations au sacerdoce est révélateur de l’avenir d’un pays. Un pays peut continuer à croître quant à la proportion interne de baptisés, et ne plus susciter de vocations (cas de l’Irlande). C’est une grave hypothèque sur la capacité d’évangéliser ; c’est non seulement un ressort interne de générosité qui est brisé ou qui ne trouve pas de lieu pour être accueilli, mais c’est une transmission de la foi qui ne se fera pas. Qu’on le veuille ou non, il ne peut pas y avoir d’Église sans prêtres. (...)

Une considération vaut pour l’Europe uniquement : après avoir commencé à remonter la pente en 1975, une nouvelle crise des vocations intervient à partir de 1986, qui touche surtout les pays anglophones et germanophones. Il paraît symptomatique que cette nouvelle chute soit concomitante à l’instauration de politiques d’assistants pastoraux laïcs, conçus comme étant un clergé à plein titre puisqu’on prétend les faire agir au nom de l’Église. Les cas de la Belgique et de l’Allemagne sont particulièrement flagrants. (...)

... la crise (des vocations) démarre pendant la guerre, en France et en Belgique ; elle avait donc commencé bien avant le Concile. (...)

... la question des motifs. C’est un terrain beaucoup plus hasardeux, et à propos duquel les sensibilités sont encore très vives, mais on ne peut vivre sans chercher à comprendre.

Le motif de la crise pourrait être principalement intellectuel, comme si le catholicisme occidental avait douté de lui-même, de son patrimoine, et n’avait plus été capable de le présenter de façon renouvelée, notamment aux nouvelles générations d’étudiants. Dans la hantise de se réconcilier avec toute l’humanité, le clergé abandonnait dans l’après-guerre tout ce qui avait saveur de dogmatisme pour se jeter à corps perdu dans la pastorale.

Dans les séminaires des années 50, le contenu enseigné ne donnait pas satisfaction, et de toute manière on n’étudiait plus. On pensait ainsi se rapprocher des gens, au risque de devenir insignifiant et étranger à son propre monde, notamment à ceux qui façonnent la culture ambiante. À travers la crise de la théologie du sacerdoce, l’incompréhension de ce que peut être un changement « ontologique » et donc de la notion de « caractère » et de consécration propre au sacerdoce ministériel, toutes rejetées comme une prétention anti-égalitaire, c’est l’image du prêtre qui s’est dégradée, avec la conséquence qu’elle n’attire plus. (...)

Commentaires

  • Soyons réalistes : A part quelques idéalistes, la plupart des gens suivent des études pour (bien) gagner leur vie ou, au minimum, pour une certaine reconnaissance sociale... Or, tout est mis en oeuvre dans notre société pour dénigrer le sacerdoce, en dépit des grands services que les prêtres continuent à rendre dans l'ombre à la société (même non pratiquante)...

  • Ne nous voilons pas la face. Les statistiques le montrent clairement: c'est au lendemain du concile Vatican II que le clergé s'effondre dans nos pays occidentaux. Certes, on a pu constater, avant même ce concile, des fléchissements mais ceux-ci sont sans commune mesure avec la rupture brutale intervenue à sa suite.

    Que cela plaise ou non, l'image de Vatican II popularisée en Occident est celle d'un événement libérateur des contraintes, d'un effacement de l'identité catholique et, bien sûr, du sacerdoce ministériel. On ne sait plus ce qu'est le prêtre. Et la révélation des pratiques pédophiles durant cette période n'a rien arrangé!

    Les minorités qui, à l'intérieur du catholicisme européen ou sur ses marges, ont gardé une identité forte, ne connaissent pas de crise des vocations.

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