Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Retour sur le rapprochement entre orthodoxes russes et catholiques polonais

IMPRIMER

Sur Realpolitik.tv, on peut lire, avec intérêt, cette analyse qui aborde des aspects peu explorés par les commentateurs :

L’actualité de la relation russo-polonaise prolonge ce que nous écrivions il y a deux ans, à la fois sur la réconciliation souhaitable entre les deux nations slaves et sur la nécessité pour les Églises orthodoxes et catholique de mettre fin à la division qui déchire l’Europe depuis près de 1000 ans. (...)

Le voyage du patriarche Kirill a été précédé le 18 juin dernier de la bénédiction d’une chapelle orthodoxe à Katyn. Le Patriarche a rappelé que plus de dix mille Russes avaient été exécutés dans ce lieu avant la deuxième guerre mondiale. Une manière pour lui de souligner que la Russie et les Russes furent les premières victimes des bolchéviques, dont peu d’entre eux, d’ailleurs, étaient russes. (...)

La presse polonaise n’a pas manqué de présenter l’événement sous un jour plein de promesses, qui n’est pas sans rappeler ce mouvement de sympathie de la population russe, au moment de l’accident de l’avion du Président polonais à Smolensk. L’accueil de cette visite par les milieux atlantistes polonais a été très négatif comme il fallait s’y attendre, ces derniers considérant le Patriarche Kirill, comme un agent de Vladimir Poutine. (...)

Dans cette visite, ce qui est en cause est bien plus important que la réconciliation russo-polonaise. Il s’agit de mettre fin à la division de l’Europe, dans l’une des zones où le schisme s’est le plus cristallisé. Depuis plus de 500 ans, les Polonais et les Russes se sont tour à tour envahis, donnant un contenu politique à ce qui n’était qu’un conflit doctrinal. Du point de vue purement géopolitique, la fin de la division de la chrétienté enlèverait un levier considérable à la politique américaine et même allemande. Ces deux puissances n’ont jamais hésité à jouer le conflit de civilisation pour déclencher des conflits en Europe afin de parvenir à leurs objectifs géopolitiques.

 

La Pologne est elle aussi un terrain où s’affronte la Russie et les États-Unis. La Russie n’a plus d’ambition territoriale et souhaite pacifier son étranger proche. Les États-Unis, de leur côté, tentent de maintenir une alliance militaire inutile, anachronique et coûteuse.

 

Il y a un autre domaine dans lequel s’affrontent la Russie et les États-Unis, dans les pays d’Europe de l’Est en général et en Pologne en particulier. Il s’agit du modèle de société. Ici s’affrontent le modèle homosexuel américain et le modèle chrétien russe. Les États-Unis se sont efforcés de répandre dans les anciennes républiques soviétiques leur modèle issu des années 60, qui a déjà triomphé en Europe occidentale. En Europe de l’Est, ce modèle s’est trouvé face à de fortes oppositions populaires. Symboliquement, les « gay pride » ne peuvent s’y dérouler que sous la pression de l’ambassade américaine et de l’Union Européenne et sous protection policière. La Russie a pris, en quelque sorte, la tête de file de cette résistance « chrétienne » au modèle occidental. À la mise en place depuis 2005 d’une politique de restauration de la famille, se sont ajoutées différentes lois et déclarations très révélatrices de l’influence retrouvée de l’Église orthodoxe. Chose inimaginable en France, où le débat sur le sujet est interdit, Vitaly Milonov, membre de Russie Unie et auteur de la loi contre le prosélytisme homosexuel, proposera en septembre de conférer les droits de la citoyenneté aux embryons. Plus récemment, l’affaire insignifiante des « Pussy Riot » a surtout confirmé le refus des autorités russes de se soumettre aux « micro-minorités » qui dominent en occident. Le clergé catholique polonais cherche peut-être ainsi l’inspiration chez son homologue russe orthodoxe.

 

Concernant la prochaine étape de la réconciliation entre catholiques et orthodoxes, elle pourrait se dérouler en 2013 en Serbie à Niš, à l’occasion des 1700 ans de l’édit de Milan. Niš s’appelait alors Naissus en Mésie, l’empereur Constantin y était né le 27 février 272. Le pape Benoît XVI pourrait être invité aux commémorations.

 

Lire tout l'article de Jean-Pierre Moreau et Xavier Moreau pour Realpolitik.tv

Les commentaires sont fermés.