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Vatican II a-t-il escamoté la doctrine catholique du péché originel ?

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Sandro Magister, au vu de déclarations récentes, se penche sur le sujet :

L’imminence du cinquantième anniversaire de l’ouverture du concile Vatican II a relancé le débat sur la bonne interprétation de cette assemblée.

Est-ce celle "de la réforme, du renouveau dans la continuité de l'unique sujet Église", souhaitée par le magistère pontifical et expliquée de manière simple et nette par Benoît XVI dans son discours bien connu de Noël 2005 ?

Ou bien celle "de la discontinuité et de la rupture", soutenue à la fois par les lefebvristes et, pour des raisons opposées, par le progressisme catholique et en particulier par l’histoire du concile en cinq volumes publiée en plusieurs langues par ce que l’on appelle "l’école de Bologne" ?

La doctrine du péché originel constitue un exemple de la manière dont le catholicisme progressiste interprète Vatican II comme un temps de rupture y compris au point de vue dogmatique.

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Commentaires

  • Ceux qui ont du mal avec la doctrine du péché originel ont-ils alors du mal avec le fait de se reconnaître eux-mêmes comme pécheurs ? Et donc de sombrer dans le péché d'orgueil. Orgueil qui est sans doute constitutif du péché originel de l'homme se croyant l'égal de Dieu, jusqu'à pouvoir se passer de Lui. Ils ne croiraient donc pas au "péché originel" mais le transformeraient simplement en "péché continuel". Ont-ils gagné au change ?

  • Pour ma part je suis de plus en plus convaincu qu'au contraire il est très urgent de remettre en valeur cette doctrine, mais d'une manière plus actuelle en utilisant au mieux les acquis dans les domaines de la psychologie, des études sociale et de la neuroscience, afin de montrer que l'abandon de tout élan de transcendance ne peut mener à rien. Ignorer les aspects les plus sombres de notre nature revient à justifier le voyou qui frappe le contrôleur qui exige son titre de transport, et toute réaction violente du même genre.
    Malheureusement la notion du "péché originel" est mal perçue par beaucoup car elle est assimilée à une faute personnelle dont il faudrait être honteux. C'est pourquoi il serait sans doute prudent de la remplacer ou de l'illustrer par un concept proche de celui d'un "atavisme négatif" dont il est extrêmement important de prendre conscience afin de ne pas faire du mal aux autres. Il serait alors plus évident que nous ne sommes pas directement responsable de cet atavisme tant que nous n'en n'avons pas conscience. Cependant cette inconscience est mise en question lors de chaque conflit si nous voulons le résoudre dans la charité. Nous sommes alors entièrement responsables si nous ne voulons pas découvrir la part de péché originel en nous et si nous ne faisons pas tout ce qui est possible pour la corriger.

  • Pour Benoît XVI, ce dogme du péché originel, l’un des plus négligé et nié aujourd’hui, est d’une « évidence écrasante »: sans lui, a-t-il dit, la rédemption chrétienne « perdrait sa base ». Voici un large extrait de sa catéchèse sur ce point :

    1. D’où vient le mal ?

    « Il suffit de regarder autour de nous et surtout en nous. L’expérience du mal est si concrète qu’elle s’impose d’elle-même et nous amène à nous demander: d’où vient le mal? Pour un croyant, en particulier, la question va encore plus loin: si Dieu, qui est la Bonté absolue, a tout créé, d’où vient le mal?
    A cette question fondamentale, qui interpelle chaque génération humaine, les premières pages de la Bible (Genèse 1-3) répondent justement par le récit de la création et de la chute de nos premiers parents. Dieu a tout créé pour l’existence, il a notamment créé l’homme à son image. Il n’a pas créé la mort, elle est entrée dans le monde à cause de la jalousie du diable qui, révolté contre Dieu, a aussi entraîné les hommes dans le piège en les incitant à la révolte (cf. Sagesse 1, 13-14; 2, 23-24).
    C’est le drame de la liberté, que Dieu accepte jusqu’au bout par amour, mais en promettant que le fils d’une femme écrasera la tête à l’antique serpent (Genèse 3, 15). » (…).
    « On ne peut donc pas nier le pouvoir du mal dans le cœur humain et dans l'histoire humaine. La question est: comment ce mal s'explique-t-il ? » . Voici:

    2. Pour les païens antiques et modernes, le bien et le mal sont indissolublement à la racine de l’être.

    « Il y a dans l'histoire de la pensée, en dehors de la foi chrétienne, un modèle principal d'explication avec différentes variations. Selon ce modèle, l'être lui-même est contradictoire, il porte en lui le bien comme le mal.
    Dans l'antiquité, cette idée impliquait l’existence de deux principes également originels: un principe bon et un principe mauvais. Ce dualisme serait insurmontable; les deux principes étant au même niveau, il y aura toujours cette contradiction, dès l'origine de l'être. La contradiction de notre être ne refléterait donc, pour ainsi dire, que l’antagonisme des deux principes divins.
    Cette même vision revient dans la version évolutionniste, athée, du monde. Même si, dans cette conception, la vision de l'être est moniste, on suppose que l'être comme tel porte en lui, dès le début, le mal et le bien. L'être lui-même n'est pas simplement bon, il est ouvert au bien et au mal. Le mal est originel, comme le bien et l'histoire humaine ne développerait que le modèle déjà présent dans toute l'évolution précédente. Ce que les chrétiens appellent le péché originel ne serait en fait que le caractère mixte de l'être, un mélange de bien et de mal qui, selon cette théorie, appartiendrait à l'étoffe même de l'être. Au fond, c'est une vision désespérée: s'il en est ainsi, le mal est invincible. A la fin, seul l’intérêt propre compte.
    Chaque progrès se paierait nécessairement d’un fleuve de mal et celui qui voudrait servir le progrès devrait accepter de payer ce prix. Au fond, la politique est fondée précisément sur ces prémisses et nous en voyons les effets. Cette pensée moderne ne peut créer, en fin de compte, que la tristesse et le cynisme. »

    3. Pour les chrétiens : deux mystères de lumière enveloppent un mystère de nuit

    « Alors nous nous demandons à nouveau: que dit la foi, témoignée par saint Paul? Tout d’abord, elle confirme le fait de la compétition entre les deux natures, le fait de ce mal dont l'ombre pèse sur toute la création. Nous avons entendu le chapitre 7 de la Lettre aux Romains, nous pourrions ajouter le chapitre 8. Le mal existe, simplement. Comme explication, la foi nous dit - en opposition avec les dualismes et les monismes que nous avons examinés rapidement et trouvés désolants - qu’il y a deux mystères de lumière et un mystère de nuit, celui-ci étant toutefois enveloppé par les mystères de lumière:

    3.1.Un seul principe créateur sans l’ombre du mal

    Le premier mystère de lumière est celui-ci: la foi nous dit qu'il n'y a pas deux principes, un bon et un mauvais, mais un seul principe, le Dieu créateur, et ce principe est bon, seulement bon, sans ombre de mal. L'être n'est donc pas non plus un mélange de bien et de mal; l'être comme tel est bon et c'est pourquoi il est bon d'être, il est bon de vivre.
    Voilà la joyeuse annonce de la foi: il n'y a qu'une source bonne, le Créateur. Vivre est donc un bien, il est bon d'être un homme, une femme, la vie est bonne.

    3.2.Le mal vient d’une liberté créée dont on a abusé

    Vient ensuite un mystère d'obscurité, de nuit. Le mal ne vient pas de la source de l'être lui-même, il n'est pas également originel. Le mal vient d'une liberté créée, d'une liberté dont on a abusé.
    « Comment cela a-t-il été possible, comment est-ce arrivé? Ce point reste obscur. Le mal n'est pas logique. Seul Dieu et le bien sont logiques, sont lumière. Le mal reste mystérieux. On l'a représenté en grandes images, comme au chapitre 3 de la Genèse, avec cette vision des deux arbres, du serpent, de l'homme pécheur. Une grande image qui nous fait deviner, mais ne peut expliquer ce qui est en soi illogique. Nous pouvons deviner, pas expliquer; nous ne pouvons pas même le raconter comme un fait à côté de l’autre, parce que c'est une réalité plus profonde. Cela reste un mystère d'obscurité, de nuit.
    Mais tout de suite un mystère de lumière vient s'y ajouter. Le mal vient d'une source subordonnée. Dieu avec sa lumière est plus fort. Le mal peut donc être surmonté. C'est pourquoi la créature, l'homme, peut être guéri. Les visions dualistes et même le monisme de l'évolutionnisme ne peuvent pas dire que l'homme peut être guéri; mais si le mal ne vient que d'une source subordonnée, il reste vrai que l'homme peut être guéri. Et le Livre de la Sagesse dit: "Les créatures du monde sont salutaires" (1, 14 volg).

    3.3. Dieu s’introduit comme un fleuve de guérison dans l’histoire

    Dernier point: non seulement l'homme peut être guéri, mais il est guéri de fait. Dieu a introduit la guérison. Il est entré en personne dans l'histoire. A la source constante du mal il a opposé une source de bien pur. Le Christ crucifié et ressuscité, nouvel Adam, oppose au fleuve sale du mal un fleuve de lumière. Et ce fleuve est présent dans l'histoire: nous voyons les saints, les grands saints mais aussi les saints humbles, les simples fidèles. Nous voyons que le fleuve de lumière qui vient du Christ est présent, qu’il est fort.(…).La nuit obscure du mal est encore forte. C'est pourquoi, nous prions avec insistance: viens Jésus; viens, donne force à la lumière et au bien; viens là où règnent le mensonge, l'ignorance de Dieu, la violence, l'injustice; viens, Seigneur Jésus, donne force au bien dans le monde et aide-nous à être porteurs de ta lumière, artisans de paix, témoins de la vérité. Viens Seigneur Jésus! »

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