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Deux millions trois cent mille catholiques vivent dans la péninsule arabique

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Lu sur le site de l’agence kipa/apic ce « post » daté du 28 octobre :

"Suivez nos vicissitudes avec intérêt et générosité…" De façon quelque peu énigmatique, Mgr Camillo Ballin, vicaire apostolique d’Arabie du Nord, a lancé dimanche 28 octobre un appel aux chrétiens d’Occident afin qu’ils se montrent solidaires et généreux avec les quelque 2,3 millions de catholiques immigrés dispersés en Arabie Saoudite, au Koweït, au Qatar et au Bahreïn.

Invité par l’œuvre d’entraide catholique "Aide à l’Eglise en Détresse" (AED) à la paroisse de Ste-Thérèse de Lausanne, l’évêque missionnaire d’origine italienne – qui a exercé auparavant ses activités pastorales depuis 1970 au Liban, en Syrie, au Soudan et en Egypte - a rappelé que les catholiques dont il a la charge depuis 2005 vivent dans une situation "tout à fait particulière". Ce sont essentiellement des travailleurs immigrés ayant la liberté de culte uniquement dans des endroits reconnus officiellement et pas ailleurs.

 S’il n’y a pas de statistiques officielles, le nombre des catholiques est estimé à 1,5 million en Arabie saoudite, à 350’000 au Koweït, au même nombre au Qatar, et à 100’000 au Bahreïn, dispersés sur une superficie bien cinquante fois plus étendue que la Suisse.

 A l’origine de l’invitation de cet hôte venu de la Péninsule arabique, Roberto Simona, responsable de l’AED pour la Suisse romande et italienne, a rappelé aux paroissiens de Ste-Thérèse que les chrétiens de cette région du monde subissent de graves violations de la liberté religieuse. "Certains de ces pays ont une application rigoriste de la charia, la loi islamique. Cette population chrétienne peut en tout temps voir sa situation déjà précaire se détériorer encore".

Des églises trop petites et trop peu nombreuses

Les travailleurs immigrés présents dans la Péninsule arabique proviennent principalement des Philippines, d’Inde, du Bangladesh, du Pakistan et du Sri Lanka, sans compter les chrétiens des pays arabes - Libanais, Palestiniens, Irakiens, Syriens ou Egyptiens. "Nos fidèles ont une vie très difficile et souffrent souvent de la solitude, souligne l’évêque combonien, car ils vivent seuls alors qu’ils sont mariés et ont laissé leurs proches à la maison. Il est très difficile pour eux de faire venir leur famille, faute de logements et de revenus suffisants. Nous essayons de leur aménager une ambiance familiale, pour qu’ils se sentent moins seuls. Ils sont très réceptifs, disponibles à l’appel de Dieu, car ils savent qu’ils ont besoin de Lui. Nos églises sont vivantes, actives, et nos fidèles veulent des endroits pour se réunir, pour prier, mais nos églises sont trop petites et trop peu nombreuses".

   De plus, note Mgr Ballin, ces travailleurs immigrés ne sont protégés par aucune loi sociale; les étrangers peuvent être renvoyés chez eux d’une minute à l’autre. "L’Eglise ne peut intervenir dans le domaine social et politique…c’est interdit! Nous ne pouvons agir que dans le domaine spirituel". L’évêque missionnaire souligne alors à l’adresse des paroissiens lausannois que "ces travailleurs ont besoin d’être aidés, ils ont besoin de votre prière, de votre générosité pour nous aider à poursuivre notre mission auprès d’eux".

Le degré de tolérance et de liberté varie d’un Etat à l’autre

Mgr Camillo Ballin précise à l’Apic que la situation dans son vicariat est légèrement différente selon les régions et que le degré de tolérance envers les non musulmans varie également. Alors que l’Arabie saoudite a fait montre d’ouverture à l’extérieur, notamment en finançant à Vienne le "Centre international du roi Abdallah pour le dialogue interculturel et interreligieux", avec le soutien de l’Autriche et de l’Espagne, la situation à l’intérieur est bien différente: l’Eglise n’y est reconnue en aucune manière et ne dispose dans le Royaume wahhabite d’aucune structure religieuse.

   Mgr Ballin relève toutefois des signes d’ouvertures. Ainsi le chef de la police religieuse saoudienne, la très redoutée "Al Mutawaeen", dont le rôle est de faire respecter strictement les principes religieux islamiques dans le Royaume, a freiné l’ardeur de ses membres, leur rappelant que c’est à la police seule de procéder à des arrestations. Mais il se demande combien de temps cela va prendre pour que surviennent d’autres signes d’ouverture.

Des signes positifs au Bahreïn

Au Bahreïn, où Mgr Ballin a transféré son siège cet été – il était auparavant au Koweït – le vicaire apostolique note des signes positifs. Comme l’église du Sacré-Cœur, à Manama, construite en 1939, est bien trop petite (une centaine de places), les prêtres utilisent une halle polyvalente – qui n’est pas officiellement une église – de 700 places. Mais une partie des fidèles suit la messe à l’extérieur sur des écrans, faute de place.

Mais, salue l’évêque, le roi Hamad ben Issa el-Khalifa a promis un terrain de 9’000 m2 à Awali, au sud du pays, "ce qui est pour nous providentiel!". Certes, des islamistes sont intervenus en septembre pour tenter de faire annuler la concession de ce terrain, mais le ministre du Développement a pris position officiellement. Pour lui, le Bahreïn est ouvert à tous et c’est son devoir de donner des terrains aux Eglises par respect pour toutes les personnes vivant dans le pays.

Au Koweït, personne n’a pris la défense des chrétiens

Au Koweït, plus de 50 messes sont dites chaque semaine, en 12 langues et dans cinq rites différents. Ce pays entretient des relations diplomatiques avec le Vatican depuis 44 ans, "mais pas beaucoup de choses ont changé depuis cette époque". Mgr Ballin avait demandé un terrain au gouvernement pour construire une nouvelle église, étant donné le nombre grandissant de catholiques. "Le Ministre des Affaires islamiques en a approuvé le projet, mais au Parlement, durant l’été, les fondamentalistes ont déclaré qu’aucune église ne peut être édifiée, mais qu’au contraire, les églises existantes doivent être démolies…. Le gouvernement dit ne pas suivre ces positions extrémistes!".

   Mgr Ballin note cependant qu’au Koweït, personne n’a pris la défense des chrétiens après les déclarations des fondamentalistes. L’évêque a par contre déclaré à la presse locale que ce qu’ont exigé les fondamentalistes ne correspondait pas à la mentalité du Koweït, "qui est un pays tolérant".

L’Occident ne pense qu’à ses intérêts économiques

Au Qatar, les autorités ont également donné des terrains pour toutes les Eglises, et un "Complexe d’Eglises" de 56’000 m2 a été mis à disposition des catholiques, des anglicans, des coptes orthodoxes et des grecs orthodoxes. 8 Eglises indiennes ont également des terrains.

   Face aux difficultés que les chrétiens rencontrent dans divers endroits de la Péninsule arabique, Mgr Camillo Ballin déplore que les gouvernements des pays occidentaux ne réagissent pas, alors que sur place, "les immigrés ne peuvent réclamer quoi que ce soit…" "Les puissances étrangères ne se préoccupent pas du sort des chrétiens de cette région, ils ne pensent qu’à leurs intérêts économiques. Les gouvernements occidentaux sont inexistants sur ce point, ils n’ont pas le courage de réclamer la réciprocité!" (apic/be)

Ici : Mgr Camillo Ballin en tournée en Suisse

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