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Jean-Pierre Delville : le pape Bergoglio, un choix surprenant

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Pour « La Libre », Christian Laporte a interrogé  Jean-Pierre Delville, professeur d’histoire du christianisme à la faculté de théologie de l’Université Catholique de Louvain. L’abbé Delville est proche de la Communauté Sant’Egidio et son nom a été cité (parmi d’autres possibles) pour succéder à l’évêque démissionnaire de Liège, Mgr Aloys Jousten (dont la succession est ouverte depuis novembre 2012 : Rome ayant l’habitude de se hâter lentement,  l’ « habemus episcopum » n’est attendu, dit-on, que pour l’été prochain). Extraits de l’interview :

« L’on pourrait considérer au vu de ses premières prises de position que le nouveau Pape sera le souverain pontife de la rupture avec le passé, à l’image de certains de ses prédécesseurs. Le Pr Jean-Pierre Delville, spécialiste de l’Histoire de l’Eglise catholique ne partage cependant pas cette vision:

"Je n’emploierais pas ce terme de rupture, explique l’historien de l’UCL. L’idée de la rupture renvoie trop aux débats qu’il y a eu à propos de Vatican II ».(…) Comme tous les catholiques du monde, Jean-Pierre Delville a évidemment été surpris par l’issue du conclave : "Beaucoup avaient considéré qu’il n’était plus suffisamment jeune pour occuper la fonction et voilà que l’on s’est inscrit totalement dans la continuité du conclave d’avril 2005."  (…)

Pour l’abbé Delville, il est dès lors très important de bien se concentrer sur tous les changements qu’induit la désignation du cardinal Bergoglio. "C’est un choix surprenant pour trois raisons ! D’abord c’est le premier jésuite à accéder à ce poste. Il a une expérience centrée sur l’accompagnement personnel propre à sa formation. Sur le plan psychologique, c’est aussi un homme qui a le sens d’une certaine qualité relationnelle, cela se voit. C’est aussi un excellent communicant et en outre on a déjà pu découvrir qu’il est très chaleureux "

Mais l’histoire de la papauté a déjà montré que des papes chaleureux ne passaient pas nécessairement comme tels à la postérité. "Oui. Pie IX était très chaleureux. J’oserais dire qu’on fondait devant lui mais il est devenu réactionnaire face aux révolutions de 1848 et à l’opposition intransigeante à l’Eglise de certains milieux libéraux. De même Pie X l’était aussi particulièrement pour ceux qui l’ont fréquenté mais comme il était très traditionnel sur le plan théologique ce n’est pas l’image qu’on a gardée de lui !"  (…)

Quant aux chantiers qu’il voudrait voir entamer rapidement par le nouveau pape, Jean-Pierre Delville tranche quelque peu avec d’autres voix d’Eglise qui se sont exprimées jusqu’ici. "Il siérait sans doute qu’il commence par insister sur ses charismes en revendiquant encore plus de justice dans le monde à l’intention des populations pauvres de l’hémisphère sud qui ont, elles, les pieds bien sur terre. Le christianisme doit continuer à se préoccuper prioritairement d’eux, en refaire une option préférentielle, c’est dans ces actes-là qu’on l’attend." C’est plutôt bien parti par son choix de s’appeler François. Une référence claire à François d’Assise dont Jean-Pierre Delville rappelle qu’il fut le saint le plus populaire de l’Eglise catholique (…).

Le fait que Jorge Mario Bergoglio soit le premier pape jésuite appelle aussi le souvenir d’un autre grand cardinal jésuite, le Milanais Carlo Maria Martini  "Oui, mais avec l’avantage supplémentaire que le nouveau pape a aussi vécu jusqu’ici sur le terrain, alors que le cardinal Martini avait peut-être le défaut d’être un très grand intellectuel..."

L’article ici : François, pape de l’innovation ?

Commentaires

  • « en revendiquant encore plus de justice dans le monde à l’intention des populations pauvres de l’hémisphère sud » ???

    C'est bien beau, mais l'Église catholique se bat depuis toujours et partout aux côtés des plus pauvres, exploités et surexploités par les États et/ou les grosses multinationales, qui sont dirigés par les plus farouches ennemis de l'Église, adeptes du matérialisme et du paganisme. Il y a même encore aujourd'hui des religieux qui se font tuer par leurs milices, et les jésuites sont à la tête de ce combat pour les plus pauvres.

    Et il ne faut pas délaisser les populations de l'hémisphère nord, qui sont tout autant exploitées et surexploitées par ces mêmes adversaires de l'Église. On appelle cela pudiquement la « crise », comme si c'était une fatalité tombée du ciel. Or, cette « crise » est bien due aux appétits matérialistes de gens qui passent leur temps à taper sur l'Église, parce qu'ils n'aiment pas que celle-ci veuille les remettre sur le bon chemin de la solidarité avec les plus pauvres. Ces gens ne connaissent que la solidarité entre les plus riches. Quand ils parlent de fraternité, c'est une fraternité uniquement entre élites.

    Dans toute l'Histoire de l'humanité, l'on na jamais connu une époque où un si petit nombre de gens possédaient en propre des fortunes aussi gigantesques. La mondialisation économique et financière, telle qu'elle est conduite, est un scandale et un vrai fléau pour l'humanité, elle n'a absolument rien à voir avec la mondialisation de l'Amour charité que propose l'Église catholique depuis 2000 ans. L'Église prêche la loi du plus faible, ces gens prêchent la loi du plus fort. Aux béatitudes des pauvres, doux et humbles, ils opposent celles des riches, violents et orgueilleux.

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