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Révolution sud-américaine au Vatican ?

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De Jean-Marie Guénois, dans le « Figaro » de ce jour (extraits) :

« Officiellement, tout va bien. C'est la continuité. «Il ne faut pas opposer» deux papes que tout, pourtant - sauf l'essentiel, la foi catholique -, sépare: le style, la culture, l'expérience pastorale, la vision de l'Église, la vision du monde. Au Vatican, il n'est donc pas question de parler de «rupture». Ce mot est banni dans l'Église. Pourtant, des yeux commencent à se lever au ciel devant le goût pour «la nouveauté» du pape François. La première semaine, la nouvelle attitude du Pape était «bien compréhensible». Cet archevêque argentin l'était encore, tout en étant à présent le 266e pape de l'histoire.

La deuxième semaine, beaucoup jugeaient qu'il ne pourrait pas continuer ainsi. Qu'il devrait bien commencer à «faire le pape» («fare il Papa») comme l'on dit à Rome. C'est-à-dire son «métier de pape» en laissant de côté «ses goûts et options personnels». Mais cette troisième semaine a encore confirmé l'esprit libre tout autant que le caractère et la détermination de cet homme. Il ne s'en laissera pas conter. Il veut faire évoluer le système. Les choses sérieuses commencent donc aujourd'hui et d'ici à l'été. Si le monde est sous le charme, le Vatican est en état de choc.

 1. Une autre vision de l'autorité papale?

 (…) D'aucuns voient déjà une «désacralisation» de la fonction alors que d'autres, plutôt à l'extérieur de l'Église, se trouvent rassurés par cette évolution. Une inflexion plus lourde qu'elle n'en a l'air, car le système ecclésial est fortement centralisé et hiérarchisé. Tout était d'ailleurs allé dans ce sens au cours de ces dernières années. Sauf que le pape François n'est pas de cet avis. En jésuite intelligent, il va piloter avec tact cette «normalisation» de la fonction papale, mais il n'est pas certain que tous ceux qui l'ont élu avaient prévu une telle inversion de tendances.

 2. Un changement d'attitude extérieure, y compris dans la liturgie?

(…) Benoît XVI a passé son pontificat - tout comme sa vie d'évêque et de cardinal - à corriger certains «excès liturgiques» qu'il considérait comme une «simplification et désacralisation» finissant par atteindre, dans son esprit, la substance même de la foi catholique. Il apparaît toutefois que le pape François, qui a cette même profondeur d'homme de Dieu que son prédécesseur, ne le suivra pas sur la voie liturgique. Là n'est pas vraiment son chemin.

3. Un changement de politique dans l'interprétation du concile Vatican II?

 (…), Benoît XVI prônait un retour à lettre même de ce concile. Et combattait ouvertement ceux dans l'Église - à commencer par le clergé et bon nombre d'évêques - qui n'avaient jamais vraiment considéré cette lettre pour ne s'en tenir qu'à «l'esprit du concile». C'est-à-dire à «l'ouverture de l'Église vers le monde» de cette réforme catholique.

(…) Lors des premiers tours du conclave de 2005, qui avait élu Benoît XVI, il avait été soutenu par le cardinal jésuite Martini et par un groupe, dit «progressiste», comprenant le cardinal belge Danneels. Certains avaient même fait apparaître Bergoglio comme le candidat «anti-Ratzinger». Un état d'esprit que le jésuite, aujourd'hui pape, récusait du reste profondément. Il se situe à un autre niveau. On sait, de plus, pour le conclave de cette année, que cet Argentin n'était pas du tout le candidat de «l'appartement»… C'est-à-dire du pape sortant, qui le connaît à peine.

Mais il est élu pape à son tour, contre toute attente. Il va devoir composer, tout en assumant la grande responsabilité «politique» d'orienter l'Église catholique. Certes, il n'est pas un théologien réputé mais plutôt un pasteur hors pair.(…)

4. Changement dans le gouvernement de l'Église: quand et comment?

Il règne une ambiance particulière au Vatican. Beaucoup sentent bien que l'ère Benoît XVI passe, mais que l'ère de son successeur est pleine d'incertitudes, non sur la qualité de sa personne et encore moins sur son charisme, mais sur les décisions concrètes qu'il va prendre. Beaucoup pensent que ce dossier de la réforme de la curie sera mis en route «avant l'été».

Mais l'audace des propos cinglants du père Cantalamessa, prédicateur officiel de la maison pontificale, vendredi saint, dans la basilique Saint-Pierre, devant le Pape et toute la curie romaine, n'ont pas rassuré. Citant Kafka, il a enjoint à l'Église de ne pas devenir un «château compliqué». Il a affirmé que «l'excès de bureaucratie, les restes d'apparats, lois et controverses passées» - des «empêchements qui peuvent retenir le messager» - sont «désormais de simples détritus» (…) .

Tout l’article ici : Quatre révolutions fondamentales pourraient changer le Vatican

Bref, nous n’aurions encore rien vu. Et on ne perdrait rien pour attendre les orientations « pastorales » (le qualificatif magique de Vatican II) du nouvel évêque de Rome : après les médicaments homéopathiques de Benoît XVI, les remèdes de cheval du Père François ? Espérons alors qu’ils n’achèvent pas le malade…

Passons sur les propos courtisans du bien nommé père Cantalamessa.  Reste à savoir si le diagnostic des vaticanistes est fiable. Ils se trompent si souvent !

JPS

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