Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Monique et Augustin : nous étions seuls, ma mère et moi...

IMPRIMER

saint_22.jpgSainte MONIQUE. – 27 AOUT (source)

Monique (331-387) est la mère de saint Augustin. Lorsque Augustin perdit la foi, les larmes de Monique montèrent vers Dieu comme une prière silencieuse. Sa conversion le remplit de joie. Elle n’avait plus rien désormais à attendre sur terre. Aussi le Seigneur l’appela-t-il à lui alors qu’à Ostie elle se préparait à regagner son Afrique natale.

DES CONFESSIONS DE S. AUGUSTIN :

A l’approche de ce jour où ma mère allait sortir de cette vie et tu connaissait ce jour, mon Dieu; nous, nous l’ignorions -il arrive l’effet de tes arrangements mystérieux, à ce que je crois, qu’elle et moi, nous nous trouvions seuls, appuyés à une fenêtre d’où l’on voyait le jardin, dans la maison que nous habitions. C’était à Ostie, à l’embouchure du Tibre. Loin de la foule, après la fatigue d’un long voyage, nous reprenions nos forces en vue de la traversée. Nous causions donc, seuls, avec une grande douceur. Oubliant le passé et tendus vers l’avenir, nous cherchions ensemble, auprès de la Vérité, c’est-à-dire auprès de toi, ce que serait la vie éternelle des saints, que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n ‘a pas entendue, que le coeur n ‘a pu concevoir.

Nos coeurs s’ouvraient avidement aux flots célestes de ta source: la source de vie, qui est en toi. C’est de cela que nous parlions, quoique d’une manière et en des termes différents de ceux que j’ai rapportés. Mais, Seigneur, tu le sais, ce jour-là, comme nous causions ainsi, et que le monde, parmi ces propos, perdait pour nous toute valeur, ma mère me dit: « Mon fils, pour moi, il n’y a plus rien qui me donne du plaisir en cette vie. Qu’y ferais-je maintenant? Pourquoi y suis-je encore? Je ne le sais pas. Mon espérance en ce monde est maintenant épuisée. Une seule chose me faisait désirer de m’attarder dans cette vie quelque temps encore, c’était de te voir, avant ma mort, chrétien catholique. Dieu m’a plus que comblée sur ce point, puisque je vois que tu es son serviteur au point de mépriser les joies terrestres. Qu’est-ce que je fais ici?» Je ne me rappelle guère ce que j’ai répondu à ces paroles. En tout cas, environ cinq jours après, ou un peu plus, elle se mit au lit avec la fièvre. Pendant sa maladie, il lui arriva un jour de perdre conscience et de ne plus reconnaître ceux qui l’entouraient. Nous sommes accourus, mais elle a vite repris ses sens; elle nous vit debout près d’elle, mon frère et moi, et elle nous dit, avec l’air de chercher quelque chose: « Où étais-je? »

Puis, nous voyant accablés de tristesse, elle dit: «Vous enterrerez ici votre mère.» Je me taisais en retenant mes larmes. Quant à mon frère, il lui dit quelques mots: qu’elle ne devait pas souhaiter mourir à l’étranger mais, comme un sort plus heureux, dans sa patrie. En l’entendant, ma mère eut le visage anxieux et lui jeta un regard de reproche pour avoir eu cette pensée. Puis elle me regarda: «Vois ce qu’il dit.» Et, s’adressant à nous deux: « Enterrez mon corps n’importe où; que cela ne vous donne aucun souci. Je vous demande seulement de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout ou vous serez». Lorsqu’elle eut prononcé cette phrase en cherchant ses mots, elle garda le silence, car la maladie s’aggravait et la faisait souffrir.

Qui nous fera comprendre pourquoi l’homme peine à chercher sans jamais atteindre?

Ce que l’oeil n’a pas vu, ni l’oreille entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme, voilà ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. À nous, Dieu l’a révélé par l’Esprit, car l’Esprit sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu.

Nous étions seuls, ma mère et moi, debout, accoudés à une fenêtre; de là, le jardin intérieur de la maison où nous logions se présentait à nos regards c ‘était à Ostie, près des bouches du Tibre, à l’écart des agitations, après les fatigues d’un long voyage; nous y refaisions nos forces pour la traversée. Nous parlions ensemble dans un tête-à-tête fort doux. Oubliant le passé, tendus vers l’avenir, nous nous demandions en présence de la Vérité que tu es, Seigneur, ce que pourrait être cette vie éternelle des saints, que l’oeil n’a vue, ni l’oreille entendue, ni le coeur de l’homme senti monter en lui. Nous disions donc : Si en quelqu’un faisait silence le tumulte de la chair, silence les images de la terre et des eaux et de l’air, silence même les cieux, et si l’âme aussi en soi faisait silence et se dépassait ne pensant plus à soi, silence les songes et les visions de l’imagination; et toute langue et tout signe et tout ce qui passe laissaient silence en quelqu’un absolument – car, si on peut les entendre, toutes ces choses disent : « Ce n’est pas nous qui nous sommes faites mais celui-là nous a faites qui demeure à jamais;» -cela dit, si désormais elles se taisaient puisqu’elles nous ont dressé l’oreille vers celui qui les a faites, et s’il parlait lui-même, seul, non par elles mais par lui-même, et qu’il nous fît entendre son verbe non par langue de chair, ni par voix d’ange, ni par fracas de nuée, ni par énigme de parabole, mais que lui-même, que nous aimons en elles, lui-même se fit entendre à nous sans elles – comme à l’instant nous avons tendu nos êtres et d’une pensée rapide nous avons atteint l’éternelle sagesse qui demeure au-dessus de tout -si cela se prolongeait et que se fussent retirées les autres visions d’un ordre bien inférieur, et que celle-là seule ravît et absorbât et plongeât dans les joies intérieures celui qui la contemple, et que la vie éternelle fût telle qu’a été cet instant d’intelligence après lequel nous avons soupiré, n’est-ce pas cela que signifie Entre dans la joie de ton Seigneur? Et pour quand, cette joie ? N’est-ce pas le jour où nous ressusciterons tous sans être tous changés ? Ma mère dit alors : « Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas ? Pourquoi y serais-je ? Je ne sais; je n’ai plus rien à espérer de ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici? »

PRIÈRE

Dieu très bon, réconfort de ceux qui pleurent, tu accueillais avec amour les larmes de sainte Monique pour la conversion de son fils Augustin. Accorde-nous, à la prière de la mère et du fils, de savoir pleurer nos péchés pour obtenir de toi le pardon.

Les commentaires sont fermés.