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Saint-Siège . Pietro Parolin secrétaire d’État : le changement, c’est maintenant ?

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Un commentaire du « vaticaniste » Vini Ganimara, publié sur le sire « Riposte Catholique » (extraits) :

« Six mois après son élection, le pape François vient de poser le premier acte significatif de son pontificat en faisant de Pietro Parolin, 58 ans, nonce au Venezuela, son secrétaire d’État (…).

Pietro Parolin était  au cœur du système curial lorsque Benoît XVI fut élevé au souverain pontificat en 2005. Il était un des meilleurs éléments du point de vue des compétences de « l’écurie Sodano », qui l’avait placé à ce poste de sous-secrétaire pour les États.

La secrétairerie d’État de Benoît XVI se configura alors comme ceci : le cardinal Bertone devint secrétaire d’État à la place du cardinal Sodano ; le substitut pour les Affaires générales était Mgr Filoni, qui remplaçait Mgr Sandri, aidé d’un assesseur Mgr Caccia ; le substitut pour les Rapports avec les États devint Mgr Mamberti, qui remplaçait Mgr Lajolo, aidé d’un sous-secrétaire, Mgr Parolin. Dans la Curie Bertone, Parolin se plaça, avec beaucoup de doigté, dans la ligne de Mgr Fernando Filoni, avec notamment Mgr Caccia, Mgr Carlo Viganò, Mgr Paolo Sardi, Mgr Polvani, qui tous freinaient des quatre fers tout ce qui semblait aller vers une « restauration » trop prononcée.

Mais en 2009, les amis de Mgr Filoni sont promus… et écartés de la secrétairerie d’État : Mgr Parolin est nommé nonce au Venezuela ; Mgr Carlo Viganò est nommé au secrétariat du Gouvernement de l’État de la Cité du Vatican (il devra ensuite laisser sa place à Mgr Sciacca, de très mauvais gré, comme la première vague de « révélations » de documents personnels de Benoît XVI l’a fait connaître) ; Mgr Paolo Sardi, atteint par l’âge de la retraite (et qui a été souvent entendu par les enquêteurs sur lesdites « révélations »), est devenu patron de l’Ordre Souverain de Malte, poste qui lui fit revêtir la pourpre en 2010. Fernando Filoni lui-même quitta la secrétairerie d’État pour devenir préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples en 2011, et cardinal en 2012. 

2013 : nouveau retour de balancier avec l’élection du pape François. Tous les observateurs pensaient qu’elle amènerait immanquablement la réapparition d’« opposants ». Mais lesquels ?

Les inconnues tenaient au fait que les grands électeurs du pape Bergoglio avaient été des hommes parfois très opposés entre eux, comme les cardinaux Bertone et Sodano, et également au fait que le nouveau pape inaugurait un mode de gouvernement au maximum personnel, sans nécessairement tenir compte de l’avis de ceux qui avaient fait son élection. En tout cas, la nomination de Mgr Parolin, qui devient aujourd’hui en quelque manière le deuxième personnage de l’Église, et pour lequel ses amis n’ont pas à regretter qu’il ait “manqué” le siège de Venise où ils voulaient le propulser en 2012, n’est pas une nomination inattendue. Elle confirme que l’actuel pontificat sera en bien des points sinon en réaction, en tout cas en distinction nette d’avec le précédent. Essentiellement sur un point d’importance majeure.

On ne sait pas encore comment va se déployer institutionnellement la fameuse « réforme de la Curie ». Ce qui n’a, à vrai dire, qu’une faible importance. La secrétairerie d’État pourrait y avoir un rôle théoriquement moindre (actuellement, elle est court-circuitée par le gouvernement informel qui entoure le pape à Santa Marta). Mais un secrétaire d’État qui sera en phase parfaite avec le Pontife, connaissant par ailleurs admirablement bien la machine curiale, pourrait au contraire avoir un rôle de fait bien plus important que celui du cardinal Bertone, voire même que celui du cardinal Sodano. Car il faut se rendre compte en quoi consiste en profondeur la démission de Benoît XVI. Elle a mis fin à une période de près d’un demi-siècle, durant lequel la préoccupation majeure du Saint-Siège de l’après-Concile est restée profondément doctrinale, et ce en deux directions principales : – l’interprétation du Concile, pour laquelle il s’agissait de trouver une troisième voie entre « progressisme » et « intégrisme » (celle, avec des inflexions différentes, de Montini, Wojtyla, Ratzinger) ; – et le magistère moral, en suite d’Humanae vitae, qui était pour le coup franchement anti-progressiste. Au point que, avec la nomination par Jean-Paul II, en 1981, du cardinal Ratzinger à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, celui-ci, incarnant ces deux préoccupations et y ajoutant ses propres visées liturgiques, est devenu le vrai deuxième personnage de l’Église. Avant de devenir le premier et d’être en quelque sorte son propre Préfet de la Foi. Mais dans la Curie Parolin, le Préfet de la Foi, quel qu’il soit, sera un personnage secondaire.

Le vrai tournant de 2013, ne réside pas dans la couleur des chaussures du pape, ni dans son logement au sein d’une pension ecclésiastique, autrement dit il ne réside pas dans un style nouveau, mais comme l’a fait notamment remarquer Sandro Magister dans une série d’articles très percutants, ce changement profond se trouve dans ce qu’il appelle quant à lui de manière polémique des « silences », et que nous qualifierions plutôt pour notre part de désintérêt.

Réf. Pietro Parolin secrétaire d’État : le changement, c’est maintenant ?

Désintérêt, est-ce bien sûr ? Il y a là aussi une affaire de méthode : faut-il éternellement ressasser, coram populo, des positions romaines bien connues sur l’interprétation des actes du concile Vatican II ou l’obsédant « sextuor » formé par les questions lancinantes du célibat des prêtres ; de l’ordination des femmes ; du mariage et du divorce pour tous ; de la pilule contraceptive ; des manipulations génétiques ; de l’avortement et de l’euthanasie ? Des torrents d’argumentaires patentés, de mises en garde et de condamnations se sont déversés sur ces sujets depuis un demi-siècle.  Sans qu’il soit indiqué, loin de là, de remettre en cause le diagnostic, le moment est peut-être venu d’aborder le traitement opérationnel d’une manière propre à guérir les patients.

Ceci dit, il est bien vrai que parmi les «grands problèmes  actuels » que l’ Eglise doit « contribuer » à résoudre, Mgr Parolin, juste avant l’élection du pape François, avait cité la pauvreté, la justice sociale et la coexistence pacifique. Rien d’autre. Retour à la case « Pacem in terris » (1963) ?

JPSC

Commentaires

  • Bonjour,
    Pauvreté, justice sociale, mariage des pretres entrevu: bravo à Mgr Parolin et au pape François. Il faut être prudents mais avancer. Le travail est difficile. Nous avons 1 an d'écart! Avancez nous sommes avec vous par la prière et de tout cœur. M. T

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