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Pourquoi le pape François s’intéresse-t-il au Japon ?

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Sur le blog « Chiesa » de Sandro Magister (extraits) :

japon-martyrs-Nagasaki-mpi.jpg (…) Après la Corée, le Sri Lanka et les Philippines, un autre pays d’Asie est déjà en train de se préparer à recevoir la visite du pape : le Japon (…).

Cette information a été donnée par une personnalité japonaise qui fait certainement autorité : Kagefumi Ueno, ambassadeur près le Saint-Siège de 2006 à 2010 et actuellement professeur de civilisations et de cultures à la Kyorin University de Tokyo. Il a publié en 2011 un ouvrage consacré au Vatican, dans lequel celui-ci est perçu avec le regard d’un observateur culturellement très éloigné, d'orientation bouddhiste-shintoïste, mais vivement intéressé (…).

Le Japon est une destination dont Jorge Mario Bergoglio rêve depuis l’époque où il était un jeune jésuite. Il a raconté lui-même qu’il avait ardemment souhaité, lorsqu’il était novice, se rendre en mission dans ce pays.

Entre la Compagnie de Jésus et le Japon, il existe un lien très fort. Deux de ses trois derniers supérieurs généraux ont vécu au Japon pendant de nombreuses années : Pedro Arrupe et l'actuel préposé général, Adolfo Nicolás. Et ce sont les jésuites qui dirigent la prestigieuse Sophia University de Tokyo. Le Japon a également été une destination longtemps rêvée pour une autre célébrité de la Compagnie, le cardinal Carlo Maria Martini (…).

Mais le fait pour lequel Bergoglio, y compris depuis qu’il est pape, a manifesté le plus d’admiration, et cela à plusieurs reprises, c’est la survivance miraculeuse de la foi catholique au Japon pendant la période de deux cents ans, aux XVIIe et XVIIIe siècles, où la présence de missionnaires et de prêtres avait été totalement anéantie par les persécutions (photo) : (...) il n’y avait pas de prêtres. Et qui avait fait tout cela ? Les simples baptisés !”.

Le pape François est convaincu que "cette histoire peut nous apprendre beaucoup de choses" et que le christianisme peut enfin trouver au Japon un terrain fertile, bien que les grands efforts réalisés au cours des dernières décennies par la Compagnie de Jésus et par d’autres n’aient, jusqu’à présent, produit qu’un très petit nombre de conversions (…).

Dans sa note publiée par "The Japan News", Kagefumi Ueno affirme qu’il existe au moins trois domaines dans lesquels le Japon et le Saint-Siège sont sur la même longueur d’onde.

Le premier est l’action en faveur de la paix, compte tenu, notamment, du fait que le Japon – écrit-il – "est doté de la constitution la plus pacifiste du monde" (bien que celle-ci soit en cours de modification et que l’on annonce qu’elle inclura le concept de "défense collective", autrement dit la possibilité d’intervenir non seulement pour faire face à une offensive directe, mais également pour soutenir des alliés soumis à une attaque).

Il existe également entre eux une communauté de vues "en ce qui concerne des questions globales telles que la pauvreté, les minorités, les droits de l’homme, le désarmement, la dénucléarisation, l'environnement, la corruption, la légalité, le terrorisme, etc.".

Par ailleurs le Saint-Siège et le Japon partagent aussi une même "culture de la diplomatie" qui les conduit à prendre des positions parfois différentes de celles qui prédominent en Occident, par exemple lorsqu’ils établissent des relations cordiales avec l'Iran, pays dont le clergé musulman et l’Église catholique "entretiennent traditionnellement de bonnes relations".

En général – écrit Ueno – le Japon comme le Vatican "adoptent une attitude plutôt prudente et modérée à propos de certaines questions délicates et ils s’abstiennent de prendre des décisions impulsives ou d’utiliser des termes non équivoques. L’un comme l’autre, ils se sentent à l’aise dans la culture des nuances et de l'ambiguïté".

 Ref. Pour son troisième voyage en Asie François ira au Japon.  Que penserait  exactement saint Francois-Xavier du point de vue exprimé par M. Ueno ? JPSC.

Commentaires

  • "La culture des nuances et de l'ambiguïté"... J'espère qu'il n'en est rien, du moins en ce qui concerne l'ambiguïté. En effet, comment la concilier avec les paroles de Jésus: "Que votre oui soit oui et votre non soit non", ou encore avec cette parole terrible de l'Apocalypse: "Les tièdes, je les vomirai de ma bouche"?

  • Une des raisons pour lesquelles le Pape François va au Japon est peut être la volonté de réconcilier en sa personne les Jésuites et les Franciscains qui se sont opposés dans ce pays à la fin du XVIèm siècle. En 1597 l'évêque jésuite du Japon, Pedro Martins, comme beaucoup de portugais accepte difficilement l'intégration du Portugal à l'Espagne et encore moins l'intrusion des missionnaires espagnols dans la zone d'influence du Portugal en Asie. Alors que les missionnaires portugais travaillent en symbiose avec les marchands et tentent de promouvoir la religion catholique en l'inculturant auprès des seigneurs locaux, les Franciscains espagnols ont une conception plus authentique des efforts d'Evangélisation en donnant l'exemple d'une pauvreté volontaire malgré le mépris culturel des japonais pour les indigents. L'historien franciscain Fidel de Lejarza, dans son livre 'Bajo la furia de Taikosama', a écrit que Pedro Martinez a une certaine responsabilité dans la crucifixion de missionnaires et convertis japonais à Nagasaki le 5 février 1597.

  • @ kerkefas ... Je ne savais pas que jésuites et franciscains avaient besoin d'être réconciliés ?
    .
    Par ailleurs, quand les franciscains sont arrivés au Japon, c'est alors que les jésuites avaient déjà été interdits et expulsés, sous la pression principalement des moines bouddhistes, qui ne voulaient pas de concurrence religieuse (le bouddhisme est une théocratie). Et les crucifiés furent aussi bien jésuites que franciscains, et même dominicains.
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    En outre, les protestants hollandais et anglais aidèrent les japonais, dans les plus terribles persécutions contre les catholiques, suite à l'édit de persécution de 1614. Ce qui était aussi un moyen pour eux d'expulser à leur profit les Espagnols et les Portugais du Japon. Et les persécutions des Princes protestants, contre leurs propres moines et populations catholiques, étaient toujours en cours en Europe même. Le protestantisme est aussi une théocratie (pouvoirs spirituel et temporel mêlés).

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