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Sédation palliative : le docteur Wim Distelmans veut les voir enregistrées comme les euthanasies

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Du blog de Jeanne Smits :

Que la « sédation palliative » soit une sorte d’euthanasie déguisée, une pratique de « zone grise » où l’intention de tuer est parfois le moteur des décisions prises alors qu’en d’autres occurrences elle vise à soulager des souffrances quitte à abréger un peu la vie, je l’écris ici depuis 2007 (voir ici par exemple). C’était une époque où l’euthanasie était en baisse aux Pays-Bas – elle a fortement progressé depuis – mais où la sédation palliative était déjà de plus en plus fréquente. L’administration poussée de calmants couplée avec l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation peut clairement avoir un objectif euthanasique – nombre de médecins avouaient déjà alors la choisi pour hâter la mort – alors même qu’elle peut être utilisée de manière parfaitement éthique alors que celle-ci est imminente.

Zone grise, donc, qui a banalisé les gestes médicaux qui provoquent ou qui hâtent la mort : peut-être avons-nous atteint le moment où le lobby de l’euthanasie entend capitaliser sur l’anesthésie des consciences en montrant que la mort est donnée plus souvent qu’on ne le croit.

C’est en tout cas ce que laisse à penser la dernière initiative du Dr Wim Distelmans en Belgique. Ce spécialiste des soins palliatifs, qui a participé à nombre d’euthanasies très controversées dans le pays, vient de suggérer que les sédations palliatives soient déclarées selon le schéma des euthanasies pour éviter les ratés.

« On ne peut pas donner aux médecins un chèque en blanc pour hâter la fin de vie sans que le patient n’ait son mot à dire. Sinon nous régresserons vers l’Allemagne nazie », a-t-il déclaré selon le quotidien belge De Morgen.

Distelmans assure que « une sédation sur dix présente un raté » : oubli de prévenir la famille, administration de sédatifs en quantité insuffisante de telle sorte que le patient se réveilles, « éternisation du processus de mort ».

L’idée serait de laisser le patient choisir lorsque c’est le cas : « Beaucoup de malades seront d’accord pour passer à l’euthanasie. » Ou bien, lorsque le patient ne s’est pas exprimé, que le médecin puisse prendre une décision d’« urgence » afin d’« abréger les souffrances », pourvu que les proches du malade soient d’accord. Une décision dont ils se méfient, « faute de cadre légal » – et Distelmans approuve ce refus d’agir sans l’accord exprès du patient.

En faisant enregistrer toutes les sédations palliatives, estime Distelmans, on forcerait les médecins à penser plus souvent à renseigner leurs patients sur l’option euthanasique.

On comprend que le but est d’utiliser le recours fréquent à la sédation palliative, présentée dans certains cas comme un pis-aller, pour faciliter le recours à l’euthanasie elle-même.

Commentaires

  • L'euthanasie se défini par une intention et un résultat.
    Les voies et les moyens sont multiples, le résultat unique.
    Ce que l'on appelle abusivement « ''eu''thanasie » est donc
    un homicide volontaire
    toujours commis avec préméditation et longue préparation,
    commis en bande organisée, où plusieurs personnes collaborent
    avec faux en écriture (dans la déclaration de décès et/ou dans la tenue du dossier)
    éventuellement dissimulation de preuve (au niveau du dossier, des instruments, du cadavre)
    et subornation de témoins (par pression morale et chantage en cas de divulgation).

  • Comment une société permettant, organisant, imposant, ce genre de comportement peut-elle encore fonder quel que droit que ce soit, si ce n'est celui du plus fort, si ce n'est le « fait du prince » ?
    Comment, si le droit fondamental élémentaire à la vie du plus faible n'est pas respecté, comment d'autres droits le seraient-ils ? A l'évidence et à l'expérience, une fois cette transgression faite, aucune autre « loi » ne tient. Le prétendre est une tromperie. Toute loi ne sert qu'à étendre et renforcer le « permis de tuer »

  • Les voies et moyens.
    Tuer n'est pas sorcier, mais il faut être déterminé. Depuis Caïn et David, les hommes ont rivalisé de raisons et de moyens pour occire un frère gênant, un rival encombrant.
    La décapitation, à la hache ou au cimeterre, au couteau de cuisine ou à la guillotine, l'arrachement du cœur à la mode inca ou sa perforation par un pieux ou douze balles, la pendaison, le bûcher, la chaise électrique, la chambre à gaz ont eu et ont encore leurs promoteurs et défenseurs.

    Mais un des plus anciens mode de faire disparaître un encombrant est l’empoisonnement.
    Socrate a bu de la ciguë, Cléopâtre s'est fait piquer par un aspic, les Borgia ont régné grâce aux poisons, les indiens guarani utilisaient le curare.

    Faisant des morts plus présentables, l'exécution par empoisonnement a été choisie par un certain nombre d'états américains où la peine capitale est toujours de mise.

    L'exécution se fait le plus souvent par injection séquentielle de trois produits :
    >- un barbiturique, en général le pentotal (pentobarbital sodique) choisi pour sa « rapidité » d'action, il provoque l’inconscience et pourrait à lui seul entraîner la mort,
    >- un curare qui paralyse les muscles respiratoires en trois à cinq minutes, entraînant « après un certain temps » la mort par asphyxie,
    >- du chlorure de potassium qui entraîne une crise cardiaque par troubles de la conduction, fibrillation ventriculaire et finalement arrêt cardiaque.
    Cette méthode est jugée inhumaine par certains abolitionnistes. Comme toutes les morts données par empoisonnement, elle n'est jamais instantanée.

    Beaucoup d'euthanasie sont faites en utilisant un barbiturique et un curare en intraveineuse, ou un barbiturique par voie orale, toujours obligatoirement précédé d'un anti-vomitif.

    Mais de la morphine en surdosage, des neuroleptiques, de l'insuline, des tonicardiaques et pratiquement tout médicament en dépassant la dose létale sont porteur de mort voulue et donnée, plus ou moins rapide. C'est donc l'intention, délibérée et prémédité, l'utilisation d'un surdosage, au-delà de toute limite « thérapeutique » et surtout en association toxique, qui constitue l'acte d'euthanasie, accepté ou imposé.

  • C'est une opposition frontale entre une culture de mort et une culture de vie, ou d'une culture du déchet face à une culture du respect. C'est une anthropologie relativiste qui lie la valeur d'une vie à une performance. Un hédonisme face à un devoir moral, une attitude prométhéenne qui rejette violemment l'existence d'une être suprême pour revendiquer une liberté rêvée et finalement illusoire. C'est, in fine, l'amour de soi.

  • Pourquoi.
    Resterait à préciser quelles sont les motivations déclarées prétendues et les motivations cachées réelles inavouables. Quelle est la part du « confort » du tué et du confort des vivants ? Quels intérêts financiers sont en jeu ? (il y en a toujours). Quelle est la part de responsabilité individuelle et personnelle, familiale, sociétale ? Mais est-il vraiment possible de sortir des zones grises, des zones d'ombre, où est-ce une pure illusion ? Le choix n'est-il pas finalement oui ou non, avec une certaine radicalisation ? Faut-il pratiquer la langue de bois ?

  • Racines.
    Sans perspective d'un au-delà, non seulement la mort est absurde, mais la vie est absurde. La souffrance vient de la confrontation à cette absurdité et de la révolte, d'un combat, qui comme Sisyphe remontant son rocher, est perdu d'avance, car tous nous mourrons, fut-ce comme la chèvre de Monsieur Seguin, après une éphémère et illusoire évasion pour se battre contre le loup. C'est l'illusion et l'absurdité de la révolte prométhéenne, qui ne trouve son point d’appui que dans un ego surdimensionné.

    La seule réponse possible à « l'absurde » est « l'amour », l'amour reçu et surtout donné. On ne peut donner sa vie que par amour, et cela est possible jusqu'à son dernier souffle.
    Les suicides et demandes de suicide (ou d'euthanasie) expriment toujours une souffrance liée à une absence de relation, à un abandon, à un sentiment de non valeur, à un « non amour » qui n'arrive pas à reconstruire une relation d'amour, qui seule donne un sens à la vie.

  • C'est le rejet d'un Autre, d'un radicalement Autre transcendant, souvent abusivement vécu comme oppressant, totalitaire, s'opposant à ma liberté plus que la soutenant, qui crée l’absurdité de la révolte et son impossibilité à aboutir.
    C'est le même rejet d'un Autre transcendant qui réduit l'autre (et me réduit) à un objet, dont je puis disposer à ma guise, en fonction d'une utilité, d'un projet fonctionnel. Je perds alors mon statut de personne, d'être relationnel, d'être en relation. Le projet ou l'utilité disparaissant, l'objet peut être mis au rebuts. C'est la « culture du déchet », la « culture de la mort », qui s'oppose à la « culture du respect », à la « culture de la vie ».

  • Je crois que la relation de notre société occidentale avec la mort d'un être humain est devenue complètement irrationnelle et absurde. Cela découle sans doute du fait que cette société paganisée proclame l'absurdité du monde, l'absurdité de la vie, l'absurdité de l'homme et bien sûr l'absurdité de la mort. On dirait qu'elle veut nous le prouver, par son attitude absurde envers la mort des êtres humains et par toutes les lois qu'elle décide.
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    Certains pays ont aboli la peine de mort pour un criminel endurci, jugé et condamné pour ses crimes. Mais dans la foulée et de manière aberrante, ils ont dépénalisé la mise à mort sans jugement de l'être humain le plus faible et le plus innocent qui soit, le bébé encore dans le ventre de sa mère.
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    Or, la peine de mort d'un criminel après jugement était exécutée par un agent de l'État, et motivée par le fait que ce criminel, par ses actes, a démontré qu'il représentait un danger mortel certain pour les citoyens, que l'État s'est engagé à protéger.
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    Cette peine de mort est d'ailleurs toujours d'actualité. L'agent de l'État qu'est le militaire a le droit de tuer un ennemi qui envahirait le pays et représenterait un danger mortel pour ses habitants, même si cet ennemi n'a encore commis le moindre crime. Et ce militaire sera même parfois décoré pour cela.
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    De même, l'agent de l'État qu'est le policier a le droit de tuer un être humain, citoyen ou non, qui représente une menace directe et imminente pour un autre être humain. Ce droit de tuer est même étendu à un citoyen quelconque, s'il peut prouver qu'il était en situation de légitime défense.
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    Mais quand un pays s'est engagé dans l'avortement, dans l'utilisation de la peine de mort sans jugement, appliquée aux êtres les plus innocents que tout pays civilisé se doit de protéger avant tout, comment encore comprendre les fondements même du droit d'un tel pays, qui ne mérite plus d'être qualifié de civilisé ? Tout et n'importe quoi y devient possible concernant la vie et la mort de ses habitants. Une loi n'y doit même plus être justifiée par la simple raison humaine, elle est un diktat qui s'impose à tous et elle contraint tout le monde à financer l'assassinat d'êtres innocents, et donc à se rendre complice de ces assassinats.
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    Presque tous les paganismes de l'Histoire humaine comportaient des sacrifices d'êtres humains innocents, pour plaire à leurs idoles. Le paganisme actuel ne déroge pas à la règle, mais est certainement l'un des plus inhumains et des plus sanguinaires.

  • Pour remettre un suicidaire "en route", le médecin ne doit pas faire de scanner ou d’électro-encéphalogramme, il ne doit pas faire d'électrochocs, il ne doit pas prescrire des antidépresseurs ou des anxiolytiques, il doit oublier sa science longuement acquise, il doit se situer non pas avec sa tête face à un patient, mais avec son cœur au côté d'une personne qui souffre, et prendre le temps de l'écouter. Ce n'est qu'en construisant une relation temporaire avec lui, qu'il pourra permettre une reconstruction de relations durables avec d'autres, et du sens retrouvé, même et surtout, à l'article de la mort.
    A une demande d'euthanasie, la seule réponse respectueuse de tout l'homme, et vraiment constructive, est l'amour.

  • Chère Jeanne Smits,

    soulager n'est pas tuer, tuer n'est pas soulager.

    Tout médecin sait quand il donne un produit pour soulager une souffrance, physique ou psychologique, et quand il donne le même produit pour tuer. Les doses ne sont pas les mêmes, les schéma thérapeutiques non plus, les associations diffèrent. Il n'y a aucune ambiguïté dans la tête du médecin.

    Que des euthanasies ne soient pas déclarées, c'est l'évidence, (qu'elles soient faites avec des barbituriques ou de la morphine). C'est même je crois la majorité. Qu'un certain nombre soient faites à l'insu du patient c'est la réalité dans beaucoup d’hôpitaux ou beaucoup de services.

    Les mises à mort par des médecins existaient avant toute loi de dépénalisation, elles existent toujours en dehors de toute loi. C'est une illusion, ou plutôt un vrai mensonge délibéré, de dire qu'une loi pourrait encadrer ou limiter les euthanasies. En quoi une loi quelle qu'elle soit pourrait-elle éviter de donner un chèque en blanc aux médecin, droit que toute façon ils s’arrogent ?
    Toute commission de contrôle est vouée à l'échec, destinée à servir de façade de « défenseur des droits », et est en fait un anesthésiant des consciences, un frein manipulé à des recours juridiques.

    Merci de votre travail de conscientisation.

  • Je ne sais pas comment « le bon docteur Distelmans » envisage les soins palliatifs dans son unité, mais pour moi des soins « palliatifs » sont là pour trouver une alternative à l'euthanasie, au tuer délibéré. Tout est possible sauf tuer.
    Le mensonge, la manipulation des mots, éviter d'appeler un chat un chat, sont des techniques rhétoriques fréquentes. Mais on fini parfois par se convaincre de la réalité de ses propres mensonges.
    « sédation palliative » sont des termes prêtant à confusion. Ou bien la « sédation » vise à soulager, ou bien elle vise à abréger la vie. Les intentions sont radicalement différentes et chaque médecin sait dans quel but il pose un acte, prescrit des médicaments.
    Abréger délibérément une vie est toujours une euthanasie. Comme telle elle devrait être déclarée, là où la déclaration est obligatoire pour une « dépénalisation » ; mais l'on sait que très peu d'euthanasies le sont, et que l'on se refuse les moyens de poursuivre.
    Si la sédation n'est pas « terminale » ou plutôt « terminante » il n'y a évidemment pas lieu de déclarer quoi que ce soit. Pour l'instant du moins, le médecin est encore libre de choisir "en son âme et conscience" les traitements qu'ils estime les plus adaptés à chacun.
    Le très grand danger des lois « de bioéthique » (avortement, euthansie, ..) est qu'elles deviennent obligatoires ; ce serait de passer d'une tolérance « dépénalisée » à un droit opposable contraignant et ne respectant pas la liberté de conscience des personnes sollicitées. Jusqu'à ce que, comme en Chine ou ailleurs, ce soit une autorité étatique qui planifie et décide qui doit vivre et qui doit mourir.

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