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Le Christ Roi de l'Univers (dimanche 26 novembre)

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C’est à la lumière de la tendresse attentive du pasteur qu’il faut entendre l’exaltation de la royauté guerrière de celui qui triomphe de la mort après avoir détruit toutes les puissances. L’humilité du Roi vainqueur n’est d’ailleurs pas démentie, puisque sa victoire n’est pas au profit de son exaltation personnelle : nous lisons en effet que lorsque « tout sera achevé, il remettra son pouvoir royal à Dieu le Père », afin que « Dieu soit tout en tous ». Lorsque Jésus exerce le ministère de Juge universel, il parle encore au nom de son Père qui à travers lui prononce la sentence. Mais quel n’est pas notre étonnement de n’entendre parmi les critères de discernement pour l’entrée dans le Royaume, aucune allusion à une confession de foi. C’est pourtant bien le même Jésus qui disait à ses disciples : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux » ; et il ajoutait en contrepoint la proposition symétrique - tout comme dans l’Evangile de ce jour : « mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est aux cieux » (Mt 10, 32-33).

Il ne s’agit pas d’opposer ces deux passages, ni de privilégier exclusivement l’un par rapport à l’autre : ils sont bien plutôt complémentaires. Jésus ne peut pas demander aux hommes qui n’ont pas eu la chance d’entendre l’annonce de la Bonne Nouvelle, de proclamer sa Seigneurie ; ceux-là ce sont leurs œuvres de miséricorde en faveur des plus petits qui témoigneront pour eux et leur serviront de confession de foi. Quant aux croyants qui se déclarent pour le Christ devant les hommes, « il ne leur suffit pas de dire “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux : il faut aussi qu’il fasse la volonté du Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21).

Au bout du compte, ce sont donc bien les œuvres de charité qui sont déterminantes, tant il est vrai que « celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte » (Jc 2, 17). Or ce qui frappe de prime abord, c’est le caractère « ordinaire » des actions rapportées : nourrir un affamé, vêtir un démuni, accueillir un étranger, visiter un malade ou un prisonnier, rien de tout cela n’est hors de notre portée. Ce qui situe bien cet Evangile dans le prolongement de ceux que nous avons médités ces dernières semaines. Avec la parabole des vierges sages et des vierges folles, Jésus soulignait l’importance de la vigilance au jour le jour dans l’attente de la venue de l’Epoux ; la semaine passée nous étions invités à mettre en œuvre nos talents au quotidien ; aujourd’hui Notre-Seigneur nous rappelle l’exigence d’incarner notre foi dans un comportement fraternel cohérent, marqué par la gratuité. Si le service des démunis attire la bienveillance divine, c’est précisément parce qu’il est gratuit : ceux qui en bénéficient auraient en effet bien du mal à nous l’offrir en retour. C’est en cela qu’il entre dans la logique du Royaume, qui est celle de l’amour (nécessairement) gratuit. L’accès au Royaume n’est pas une récompense pour bons et loyaux services ; la pleine communion avec Dieu sera l’accomplissement de ce qui est déjà commencé dans le cœur de ceux qui ont écouté la voix de leur conscience et sont entrés en solidarité concrète avec leurs frères dans le besoin. Oui heureux sont-ils, car les œuvres qu’ils accomplissent ainsi dans l’Esprit de charité, purifient leurs cœurs et leur permettront au jour du jugement de voir Dieu ; et de le voir précisément sous les traits de ceux en faveur desquels ils se sont mis en peine.

« Tout ce que vous avez fait - ou omis de faire - à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». L’identification entre le Christ et chacun de « ces petits » qu’il appelle « ses frères » est inouïe. Le Fils de Dieu s’est tellement uni à notre humanité, qu’il est personnellement concerné par le sort de chacun d’entre nous. Nous pourrions intituler cette péricope : le dévoilement du Roi caché. Nous avions souligné que si les bons serviteurs de la parabole de la semaine passée poursuivent généreusement leur travail, c’est tout simplement parce que leur Maître n’a pas quitté la demeure de leur cœur. Cette semaine nous apprenons que non seulement les bons serviteurs que nous devrions être, demeurent en communion d’amour avec leur Seigneur, dans l’Esprit, mais qu’ils peuvent même continuer à le servir physiquement dans chacun de leurs frères, particulièrement les plus démunis.

« Seigneur, je remarque que tous les hommes, les bons comme les mauvais, seront surpris par le jugement. Il ne sert donc à rien d’essayer de nous imaginer ce qu’il en sera : il vaut mieux mettre en œuvre ce qui ressort de la parabole. En commençant par mesurer l’enjeu de notre vie quotidienne : il ne nous sera pas donné d’autre temps ni d’autre lieu pour décider de notre sort éternel. C’est ici et maintenant, Seigneur, que tu te présentes à nous sous les traits des frères et sœurs démunis avec lesquels nous cheminons sans les voir. C’est aujourd’hui que nous décidons de notre éternité, car tu ne demeures qu’en ceux qui aiment, c'est-à-dire ceux qui ne ferment pas leur cœur aux appels de détresse, mais acceptent de perdre joyeusement leur vie au profit de ceux qui la réclament. »

Père Joseph-Marie

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Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (archive homelies.fr)

Au commencement de l’année liturgique, nous étions invités à abaisser notre regard vers un Enfant déposé dans une mangeoire ; au terme du cycle, nous levons les yeux vers celui qui vient avec puissance, le Roi de gloire, le Seigneur des Seigneur, le Juge des vivants et des morts. L’Ange l’avait annoncé à Marie : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il règnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 32-33). En parcourant les Evangiles tout au long de l’année, il nous a cependant fallu nous rendre à l’évidence : Jésus n’entend pas cette royauté à la manière dont nous la concevons : « Vous le savez : les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave. Ainsi le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mt 20, 25-28).

Les lectures de la liturgie de ce jour nous précisent encore les modalités de cette royauté hors de l’ordinaire. Qui donc est ce roi qui va lui-même rechercher la brebis égarée, qui rassemble le troupeau dispersé, qui veille personnellement sur lui, le protège et le délivre ; qui s’occupe de chacune de ses brebis selon son besoin particulier ? (1ère lect.) L’image du roi-pasteur est empreinte d’une sollicitude et d’une tendresse qui tranche avec le mépris hautain affiché par ceux qui habitent des palais somptueux. Voilà un roi proche de son peuple, qui s’implique en sa faveur ; dont il prend lui-même soin, « le menant vers les eaux tranquilles et le faisant reposer sur des près d’herbe fraîche » (Ps 22). Lorsque le loup survient, il ne prend pas la fuite, mais donne sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 15) : le roi-pasteur devient l’Agneau immolé pour que le troupeau ait la vie, et qu’il l’ait en abondance (cf. Jn 10, 10). Car l’amour ne peut mourir, et c’est en aimant jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1), que Jésus manifeste sa royauté suprême, celle qui triomphe de la haine et de la mort (cf. Ep 2, 16).

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