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Divorcés-remariés: après Benoît XVI, François s'exprime à son tour

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Après la récente publication du point de vue de Benoît XVI dans ses « opera omnia » (voir Belgicatho ici :Le pape émérite Benoît XVI prend la parole sur l’interdiction de communier imposée aux divorcés remariés) c’est le pape François qui s’exprime via un journal argentin, à sa manière toujours un peu fluide. Lu sur le site de « La Vie », sous la plume de Marie-Lucile Kubacki :

"Dans une interview récente, le pape affirme que la solution concernant les divorcés-remariés est "l'intégration" dans la vie de l'Eglise et non pas "la communion seule". Comme Benoît XVI, il affirme également l'importance de la foi des époux au moment de l'échange des consentements.

Dans une interview accordée au quotidien La Nacion (en anglais), le pape François, interrogé sur la question des divorcés remariés a confirmé sa volonté d'une ouverture pastorale et d'une meilleure « intégration » dans l'Eglise sans pour autant trancher sur la question de la communion : « Dans mon discours final, j'ai dit une chose intéressante. J'ai dit que nous n'avions touché à aucun élément de la doctrine de l'Eglise concernant le mariage. Dans le cas des divorcés-remariés, nous avons soulevé la question : que faire avec eux ? Quelle porte pouvons-nous leur permettre d'ouvrir ? C'était une préoccupation pastorale : allons-nous leur permettre d'aller communier ? La communion seule n'est pas la solution. La solution c'est l'intégration », a affirmé le pape.

Ainsi, le pape ne ferme pas la porte à la communion mais il ne donne pas non plus son feu vert. Par cette formule ouverte, il montre son souhait d'élargir le débat à une réflexion sur l'intégration dans l'Eglise qui ne se limite pas à l'alternative : « communier ou pas ». Les divorcés remariés « n'ont pas été excommuniés, poursuit le pape. Mais ils ne peuvent pas être parrains ou marraines de baptisés, ils ne peuvent pas faire de lectures à la messe, ils ne peuvent pas distribuer la communion, ils ne peuvent pas enseigner le catéchisme, soient sept choses environ qu'ils ne peuvent faire, j'ai la liste. Alors, voyons ! Si je vous montre cette liste, vous aurez l'impression qu'ils ont été excommuniés ! Alors ouvrons un peu plus les portes. Pourquoi ne peuvent-ils être ni parrain ni marraine ? « Non, non, non, quel témoignage donneraient-ils à leur filleul ? ». Le témoignage d'un homme et d'une femme disant : « mon cher, j'ai fait une erreur, j'ai eu tort, mais je crois que Dieu m'aime, je veux Le suivre, je n'ai pas été vaincu par le péché, je veux avancer ». Y a-t-il quoi que ce soit de plus chrétien que cela ? Et si l'un de ces escrocs politiques, de ces gens corrompus, est choisi pour être parrain, allons-nous l'accepter ? Quelle sorte de témoignage donneront-ils à leur filleul ? Celui de la corruption ? Les choses doivent changer, nos échelles de valeurs doivent être revues. »

Ref. François veut ouvrir une porte pour les divorcés remariés, mais laquelle ?

JPSC

Commentaires

  • Par rapport au même thème (divorcés-remariés), la dernière question de l'entretien mérite qu'on s'y intéresse également:

    “Que pensez-vous de la solution mise en avant par le cardinal allemand Walter Kasper ?

    La communication de Kasper aux cardinaux en février dernier comportait cinq chapitres. Quatre d'entre eux sont un joyau, au sujet de la finalité du mariage, ouvert, en profondeur. Le 5ème est la question : que faisons-nous des divorcés remariés ; ils font partie de notre communauté après tout. L'hypothèse de Kasper n'est pas la sienne. Etudions-là. Que s'est-il passé ? Certains théologiens se sont effrayés de ces hypothèses (de Kasper) et cela c'est faire la politique de l'autruche (se cacher la tête, soit en espagnol: eso es seconder la cabeza). Kasper nous invite à trouver des hypothèses, c'est-à-dire qu'il a fait le premier pas. Et certains ont paniqué et sont allés jusqu'à dire : "la communion ? Jamais. Seulement la communion spirituelle". Mais dites-moi, n'avons-nous pas besoin de la grâce de Dieu pour recevoir la communion spirituelle ? C'est pour cela que la communion spirituelle a obtenu le moins de votes dans la relatio synodi, parce que personne n'était d'accord. Ceux qui étaient favorable, parce qu'il n'y a pas grand chose, ont voté contre ; et ceux qui ne sont pas en faveur de cette solution et qui préfèreraient l'autre, parce que cela ne vaut pas la peine.” (fin de citation)

    Donc: ceux qui ont rejeté les propositions de Kasper se cachent la tête (refusent de voir la réalité en face).

    Pour en revenir à l'extrait repris par Belgicatho:

    "Et si un des politiciens véreux parmi nous qui corrompt le peuple était choisi pour être parrain ? S'ils sont mariés à l'Eglise, on les accepterait ? Quel genre de témoignage donneront-ils à leur filleul ? Un témoignage de corruption ? Les choses doivent changer, nos standards doivent changer".

    C'est tout de même bizarre comme association. Un intervenant du forum catholique pousse la logique jusqu'au bout: "et si c'est Joseph Mengele qu'on choisit pour parrain parce qu'il a une bonne adresse pour les dragées ?" Tout le monde comprendra sans peine les limites de ce genre de proposition... un peu comparable avec l'affirmation (jamais démentie) glissée dans un autre entretien, accordé à la Repubblica:

    "Chacun a sa vision du bien et du mal et doit faire le choix de suivre le bien et de combattre le mal tels qu'il les conçoit. Cela suffirait à embellir le monde".

    Autre aspect, qui concerne cette fois-ci le cardinal Burke (dont il a également été question dans l'entretien, grâce à une question de la journaliste, et conceptualisée par Jeanne Smits). Et en prime une leçon aux étudiants en journalisme: mieux vaut connaître votre sujet.

    D'abord le texte de l'entretien:

    "- Un secteur conservateur aux Etats-Unis pense que vous avez démis le cardinal Raymond Leo Burke du Tribunal suprême de la Signature apostolique parce qu'il était le chef d'un groupe qui a résisté à des changements de tout type au synode des évêques .. Est-ce vrai ?
    - Un jour, le cardinal Burke m'a demandé ce qu'il allait faire, comme il n'avait toujours pas été confirmé dans sa position, dans le secteur juridique, mais plutôt avait été confirmé "donec alitur provideatur". Et je lui ai répondu «Donnez-moi un peu de temps parce que nous pensons à une restructuration juridique du G9». Je lui ai dit que rien n'avait encore été fait à ce sujet et que c'était à l'étude. Après cela, la question de l'Ordre de Malte a surgi et nous avions besoin d'un américain futé ("smart") qui saurait y faire et j'ai pensé à lui pour ce poste. Je lui ai suggéré cela bien avant le synode. Je lui ai dit «Cela aura lieu après le synode parce que je veux que vous participez au synode comme chef de Dicastère». Comme aumônier de Malte, il n'aurait pas pu être présent. Il m'a remercié en très bons termes et accepté mon offre, je pense que même elle lui plaisait. Parce qu'il est un homme qui se déplace beaucoup, il fait beaucoup de voyages et serait certainement très occupé ici. Il n'est donc pas vrai que je l'ai démis à cause de la façon dont il avait agi au synode."

    Commentaire de Jeanne Smits:

    "Les explications n'en sont pas, à mon sens. Le cardinal Burke était déjà connu et répertorié comme s'opposant au principe même de la discussion sur les points soulevés par le cardinal Kasper. Il a été écarté avant le synode même si la mesure a pris effet plus tard. Il a donc pu assister au synode – le contraire eût été trop gros – mais il est écarté du synode de l'année prochaine, écarté également de la Signature apostolique qui est ma dernière instance en matière de nullités de mariage.

    La question de la journaliste était mal posée, laissant le pape la "moucher" sur le fait que la décision n'aurait été prise qu'après le synode.

    La réalité est bien que le cardinal Burke apparaît d'avance comme désavoué lorsque le synode d'octobre commence, et là-dessus le pape ne s'est pas expliqué.

    Quant au fait de s'apercevoir tout d'un coup qu'il faut un "astucieux" cardinal américain, a "smart American" pour… l'Ordre de Malte, vous pouvez interpréter cela comme vous le voudrez. C'est tout sauf plaisant, à mon avis. Litote…"

    Mais à part ça, tout va très bien. C’est tellement vrai que la journaliste lui a fait le compliment qui suit (en début d'entretien, il est vrai):

    “En tant que Pape, vous êtes différent parce que vous parlez avec la plus grande clarté, vous êtes complètement franc, vous n'utilisez pas d'euphémismes et vous ne tournez pas autour du pot, le cours de votre papauté est extrêmement clair.”

    C’est exactement mon avis: François est différent.

  • Rectification.

    Ma première citation, reprenant le texte original, en espagnol, est bien: "eso es esconder la cabeza". Qui veut bien dire en français: "c'est (se) cacher la tête" . Expression qu'on traduit également par: faire l'autruche.

    Ca veut donc dire, si je comprends bien, que l'Eglise se retrouverait face à un choix: respecter les propres paroles du Seigneur ou bien... Regarder la réalité en face, les statistiques, une situation qui prédomine.

  • Pour en revenir à l'extrait repris plus haut, il est important de reprendre la phrase dans son ensemble.

    Qui est:

    "No es una solución si les van a dar la comunión. Eso sólo no es la solución: la solución es la integración."

    Ce qui donne en français:
    "Ce n'est pas une solution de leur donner la communion. Cela [leur donner la communion] SEUL n'est pas la solution ; la solution c'est l'intégration."

    Proposition qu'on peut objectivement interpréter de plusieurs manières, mais qui ne ferme pas la porte à la communion sacramentelle. C'est objectivement très grave.

    Autre commentaire de Jeanne Smith:

    "A la lecture de l'extrait intégral sur les divorcés « remariés » il n'apparaît pas que le pape prône explicitement la communion aux divorcés « remariés », mais la levée de certains interdits connexes de fait parce qu'ils ne sont pas « excommuniés » – en revanche il ne dit pas non plus clairement qu'il est contre la communion pour les divorcés « remariés ».

    Ce qui laisse ouverte hélas les portes à toutes les interprétations, une fois de plus."

    Globalement, il faut savoir que l'entretien a été enregistré. Un autre blogueur du Forum catholique précise ceci, qui a son importance:

    "Le texte de La Nacion est la retranscription d'un entretien enregistré.
    François s'exprime dans un style oral. Il a donné cet entretien à une journaliste argentine qu'il connaît bien et depuis longtemps : Elisabetta Piqué. Nul ne peut sérieusement contester la littéralité de ce qui a été publié par le quotidien argentin".

  • Autre angle de vue, avec une perspective extrêmement préoccupante envisagée par le cardinal De Paolis:

    http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350935?fr=y

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