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L'Etat Islamique cherche-t-il à déstabiliser l'Europe en y envoyant des "bombes migratoires" ?

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De lalibre.be (Vincent Braun)

Des "bombes migratoires" envoyées par Daech pour déstabiliser l’Europe

Les groupes armés islamistes sont-ils impliqués dans le trafic des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe ? Si une organisation jihadiste comme l’Etat islamique (EI ou Daech) constitue l’un des facteurs déclenchant des déplacements de populations, la gestion de ces flux migratoires est en général loin d’être sa préoccupation principale. Pourtant, Daech serait en train de franchir le pas en Libye, tirant parti du chaos et de l’anarchie ambiants.

Il y a deux mois, des écoutes téléphoniques de la police italienne qui avaient fuité dans la presse avaient révélé que Daech envisageait d’utiliser les migrants comme "armes psychologiques" contre l’Europe, en particulier contre l’Italie qui demandait une intervention militaire en Libye. L’organisation jihadiste évoquait l’envoi de milliers d’embarcations, quelque 500 000 migrants au total, vers les côtes européennes. Des "bombes migratoires" pour tenter de déstabiliser l’Europe.

Inonder l’Europe de migrants

L’intensification du trafic des bateaux de migrants en Méditerranée tend à accréditer cette thèse, mais celle-ci est observable depuis un peu plus longtemps. Pour le chercheur Mathieu Guidère, la branche libyenne de Daech "est très active dans ce domaine". Elle tenterait ni plus ni moins de récupérer cette activité de passeurs. "Un bureau des migrants a été créé à cet effet dans tous les ports que cette branche contrôle", indique ce spécialiste des mouvements jihadistes. L’idée serait d’inonder les villes d’Europe méridionale, et surtout d’Italie, dont les côtes se trouvent à moins de 400 kilomètres de la Libye.

Depuis l’an dernier, les réseaux de passeurs actifs en territoire libyen se sont armés, afin de mieux protéger leurs affaires sur des axes routiers devenus incertains dans cet environnement de violences armées. Cette tendance peut avoir favorisé leur rapprochement avec les milices islamistes - dont certaines ont fait allégeance à Daech - qui contrôlent une partie de l’immense et désertique territoire libyen, surtout à l’ouest. D’après un haut responsable libyen, Daech serait actif dans sept villes de la côte libyenne, de Derna (dans l’est) à Sabratha (ouest).

L’avantage du contrôle direct du flux de migrants par Daech est double. Ce trafic est l’un des plus lucratifs, de quoi constituer une rentrée financière régulière pour l’organisation jihadiste. Ensuite parce que l’envoi de bateaux fantômes débordant de migrants sème la panique de l’autre côté de la Méditerranée - une peur de plus sur laquelle joue l’EI. Elle oblige moralement les Etats européens à les prendre en charge et à gérer l’accueil des migrants.

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