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Spotlight, l'Australie et les abus sexuels sur mineurs : la Salle de Presse du Vatican communique

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Précisions du Directeur de la Salle de Presse

Cité du Vatican, 4 mars 2016 (VIS). Ce midi, la Commission pontificale pour la protection des mineurs a confirmé les entretiens, hier près l'Université pontificale Grégorienne, de quatre victimes australiennes avec un de ses membres. Les premiers ont pu exposer leurs propositions, tandis que le P.Hans Zollner, SJ, a illustré les actions du Saint-Siège contre les abus sexuels sur mineurs. A ce propos, le P.Lombardi, Directeur de la Salle de Presse a diffusé une communiqué dont voici le résumé:

Les dépositions par vidéo-conférence du Cardinal George Pell devant la Commission royale australienne d'enquête et l'attribution de l'Oscar du meilleur film à "Spotlight", consacré au rôle du Boston Globe dans la dénonciation des crimes de nombreux prêtres pédophiles du diocèse, ont relancé l'attention sur la question dramatique des abus sexuels sur mineurs commis par des membres du clergé. La présentation appuyée de ces deux événements a pu faire penser à l'opinion publique la moins informée que l'Eglise n'a pas rien fait ou très peu fait pour répondre à ce phénomène, et qu'il faudrait tout recommencer. Une considération objective montre qu'il n'en est rien. L'ancien Archevêque de Boston, le Cardinal Bernard F.Law, a démissionné en 2002 à cause des événements traités par "Spotlight", à la suite d'une réunion des Cardinaux américains convoqués à Rome par Jean-Paul II. Depuis le diocèse est régi par le Cardinal Sean O'Malley, bien connu pour sa rigueur et sa sagesse dans le traitement des questions d'abus sexuels. C'est lui qui a été appelé à présider de la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Par ailleurs, depuis longtemps, les cas d'abus sexuels en Australie font l'objet d'enquêtes judiciaires et de procédures canoniques. Lorsque Benoît XVI s'est rendu à Sydney pour la Journée mondiale de la Jeunesse 2008, il a rencontré un petit groupe de victimes à l'évêché, le Cardinal Pell ayant retenu opportune une telle réunion. Preuve parmi d'autres que ces cas ont été suivis, la section du site vatican dédiée aux abus sur mineurs. La réponse de l'Eglise, lancée il y a une dizaine d'années consiste en plus de 60 documents ou discours.

L'engagement vigoureux des Papes face à cette crise a successivement touché les Etats-Unis, l'Irlande, l'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, ainsi que les Légionnaires du Christ. Les procédures et les normes canoniques universelles ont été modifiées, on a demandé des lignes directrices aux conférences épiscopales, non seulement pour répondre aux abus, mais aussi pour les empêcher de manière adéquate, on a ordonné des visites apostoliques dans les situations les plus graves, on a largement réformé la Légion du Christ. La Lettre de Benoît XVI aux fidèles irlandais de mars 2010 reste sans doute le document de référence le plus éloquent, dont l'effet va bien au-delà la seule Irlande pour comprendre l'attitude et la réponse juridique, pastorale et spirituelle de l'Eglise à ce drame de notre temps: Reconnaissance des erreurs et demande de pardon, attention prioritaire et justice pour les victimes, conversion et purification, efforts de prévention et formation spirituelle renforcée. Les rencontres de Benoît XV et du Pape François avec des groupes de victimes ont accompagné ce long chemin d'écoute et de pardon, de consolation et d'implication personnelle des Papes. Dans de nombreux pays, l'engagement dans le renouveau et les résultats sont encourageants, les cas d'abus sont devenus très rares. Dans certains pays, à cause de situations culturelles caractérisées par le silence, il y a encore beaucoup à faire. S'il y a des résistances et des difficultés, la voie est maintenant plus claire.

 

La constitution de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, annoncée en décembre 2013 et composé de membres de tous les continents, indique la maturation du chemin parcouru par l'Eglise catholique. Il ne s'agit pas seulement de bien répondre au problème partout dans l'Eglise, mais de voir comment mieux aider les sociétés dans lesquelles l'Eglise vit à faire face aux abus sexuels. Sans sous-estimer les violences de tout type commises su mineurs, partout dans le monde. La grande majorité des cas d'abus ne se produit pas dans les milieux ecclésiaux, mais hors d'eux. En Asie, on peut parler de plusieurs dizaines de millions d'enfants victimes de violence, et certainement pas dans les milieux catholiques. En bref, blessée et humiliée par le fléau de la violence, l'Eglise vise à remédier non seulement à son propre rétablissement. Elle veut aussi mettre à disposition son expérience dans ce domaine, pour enrichir grâce à son service éducatif et pastoral l'ensemble de la société, qui a encore un long chemin à parcourir pour résoudre ces graves problèmes. C'est dans cette perspective que les événements romains de ces derniers jours peuvent être lus dans une perspective positive. Il faut reconnaître au Cardinal Pell un témoignage digne et cohérent, fourni pendant une vingtaine d'heures de dialogue avec la Commission royale. Il a fourni un cadre objectif et lucide des erreurs commises dans de nombreux milieux ecclésiaux, en l'occurrence en Australie, au cours des dernières décennies. Cela a été d'un apport utile dans la perspective commune de purification de la mémoire. Quant aux membres du groupe de victimes venu d'Australie, ils ont fait preuve de la volonté d'un dialogue constructif avec le Cardinal et le Représentant de la Commission pour la protection des mineurs, le P.Zollner, qui a approfondi avec eux les perspectives d'efforts efficaces pour prévenir les abus. L'attention créée par "Spotlight" et la mobilisation de victimes à l'occasion des dépositions du Cardinal Pell contribueront à soutenir et à renforcer la lutte contre la maltraitance des enfants dans l'Eglise catholique.

De son côté, le cardinal Muller a également réagi (source) :

Spotlight : une grande majorité de prêtres sont "lésés" par les "généralisations", réagit le cardinal Müller

“La grande majorité des prêtres ont été amèrement lésés par les généralisations concernant les abus“ sexuels sur mineurs. C'est ce qu’a estimé le cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), le 2 mars 2016, en réaction au film oscarisé Spotlight qui relate la révélation de scandales de pédophilie aux Etats-Unis au début des années 2000 par le journal The Boston Globe. Seuls quelques individus “dérangés ou immatures“ ont été reconnus coupables de pédophilie, a-t-il aussi assuré.

Interrogé par le Kölner Stadt Anzeiger, le haut prélat allemand a également rappelé que les statistiques criminelles montraient que la plupart des pédophiles se trouvaient à l’intérieur du cercle familial : “il y a des pères ou d’autres proches des victimes. On ne peut cependant tirer la conclusion inverse que la plupart des pères sont par conséquent de possible prédateurs !“ Le cardinal Müller a cependant reconnu que personne n’avait pu réaliser, à l’époque, les “conséquences à long terme“ des abus sexuels.

“On pensait souvent - naïvement sans doute - que sermonner sérieusement le responsable suffisait“, a-t-il déploré. Selon lui, la CDF a agi avec une “grande responsabilité“ depuis qu’elle est chargée de traiter les cas d’abus sexuels dans le clergé (depuis le Motu proprio Sacramentorum Sanctitatis Tutela de Jean-Paul II, 30 avril 2001, et la lettre De delictis gravioribus du cardinal Joseph Ratzinger, 18 mai 2001).Ainsi, la CDF garantit une procédure qui permet aussi d’écouter “des personnes qui ont été injustement accusées et qui, selon leur propre compte-rendu, ont vécu un enfer“, a ajouté le chef de dicastère.

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