A l’annonce de ce type de nouvelles, par le souvenir je me reporte plus d’un demi-siècle en arrière, au temps de ma jeunesse dans l’est du Congo alors belge.

L’Islam tout proche suscitait une vague méfiance: celle des « arabisés », dont le qualificatif exprimait la suspicion des Noirs comme des Blancs face à cet autre monde.

Des images me reviennent aussi à l'esprit: celles des marchands soudanais en jellabas, déambulant le long des routes de la Province Orientale, ou le sentiment d’étrangeté qu’inspiraient les confins de Fizi. Sur les rives du lac Tanganyika, c'était un des lieux mythique de nos bivouacs de congés scolaires, où se mêlaient confusément la crainte des crocodiles et les réminiscences de l’esclavagisme cruel des arabes au XIXe siècle...

Rêve d'hier, réalité pour aujourd'hui ?

Le seul lien que j’ai avec le Kivu est une petite aide financière aux sœurs belges qui soutiennent les missions dans cette région et qui depuis des années me confient les tragédies qui frappent les habitants. En juin 2015 elles mentionnaient déjà ce témoignage de confrères sur place : « Depuis octobre 2014 jusqu’à ce jour, nous sommes confrontés à des massacres horribles. Des incursions nocturnes d’hommes armés ont eu pour conséquence que des personnes ont été enlevées, d’autres tuées, ainsi que des pillages d’argent, de chèvres et de volaille. Ces meurtres sont odieux : certains ont la gorge tranchée ; les bras de beaucoup d’enfants sont tranchés, certaines femmes sont violées puis éventrées et plusieurs familles entières sont massacrées. Depuis janvier 2015 jusqu’à maintenant plus de 400 personnes ont été massacrées avec la même atrocité.» Et elles ajoutaient : « Plusieurs de nos sœurs (africaines) ont perdu des membres des membres de leur famille au cours de ces assassinats. Courageusement pourtant, elles continuent inlassablement leur travail auprès des plus démunis dans tous les secteurs où les besoins sont les plus importants.»
Sur les quelques sites internet qui évoquent ces drames du Kivu, on peut lire que la responsabilité est attribuée soit aux islamistes, soit à d’autres groupes armés. Il est seulement évident que ces malheurs n’ont guère d’échos dans nos médias si bien qu’elles peuvent entretenir l’intérêt pour les différentes coupes sportives, les nouveaux gadgets technologiques et des tas d’autres idolâtries modernes qui leur permettent d’encaisser les revenus de la publicité.
Heureusement que des sites comme celui-ci parviennent encore à nous tenir au courant des vraies réalités.

Islamistes au Kivu recrutés au Kivu. Mon épouse a effectué plusieurs missions au Kivu, la dernière à Goma et Rutshuru. Elle y a été informée des massacres opérés par des islamistes. D'après ses informations, ces gens sont instrumentalisés pour jouer le jeu des luttes tribales (instrumentalisées para le président Kabila qui veut le désordre au Kivu pour mieux règner). Les djihadistes sont recrutés dans les mosquées du Kivu, en particulier de Goma : ceci est une information sûre, bien vérifiée par mon épouse. La population de Goma même n'en est pas informée, donc rien n'est fait pour combattre cette radicalisation. Facile d'attirer des jeunes avec des promesses de formation et un peu d'argent, et des versets coraniques ou des hadiths bien choisis. Les responsables viennent d'Ouganda probablement, mais là-dessus manque toute clarté. On assiste donc à une radicalisation des jeunes musulmans du Kivu alors que l'islam de cette région d'Afrique était reconnu jusque là par sa ferveur, sa grandeur morale et son aspect pacifique.