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Amoris Laetitia : 45 prélats et théologiens prennent leurs distances

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De Sébastien Maillard sur le site du journal La Croix :

Des théologiens catholiques critiquent Amoris laetitia

Dans une lettre au collège des cardinaux, 45 universitaires et prêtres catholiques demandent de faire corriger les « propositions erronées » de l’exhortation du pape François sur la famille. D’autres cardinaux interprètent le texte avec grande prudence.

L’avant-Synode sur la famille avait vu une levée de bouclier de responsables d’Église prévenant du risque de changements doctrinaux sur l’indissolubilité du mariage. L’après-Synode aussi. Le site conservateur américain, National Catholic Register, s’est fait l’écho, lundi 11 juillet, d’une lettre signée par 45 prélats et professeurs catholiques qui recensent 19 passages où Amoris laetitia, l’exhortation post-synodale du pape François, serait, selon eux, « en conflit avec les doctrines catholiques ». Au point de demander que le pape « répudie les erreurs » relevées.

Au risque d’amoindrir la crédibilité de leur document de 13 pages, les signataires gardent l’anonymat. Ils indiquent provenir « de diverses universités pontificales, séminaires, collèges, instituts de théologie, ordres religieux et diocèses à travers le monde », sans autre précision. En guise de lobbying, ils comptent transmettre copie de leur texte, traduit en plusieurs langues, à chacun des 218 cardinaux.

« Hérésie »

Leur lettre est adressée officiellement au doyen du collège cardinalice, le cardinal Angelo Sodano, afin que son instance entreprenne une démarche auprès du pape François pour qu’il dissipe toute « confusion » née, selon eux, de son exhortation.

« Nous n’accusons pas le pape d’hérésie », défend le porte-parole du groupe anonyme, Joseph Shaw, chercheur à Oxford, spécialiste de saint Thomas d’Aquin : « Mais de nombreuses propositions d’Amoris laetitia peuvent être interprétées comme hérétiques ».

La démarche apparaît comme une offensive contre l’interprétation de l’exhortation donnée à la revue jésuite italienne, La Civiltà cattolica, par le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. Ce théologien dominicain, qui a joué un rôle clé pour la conclusion du dernier synode, s’est vu confier par le pape la présentation de son texte.

La question de l’accès aux sacrements des personnes divorcées civilement remariées, dont Amoris laetitia ouvre la possibilité, reste très sensible. Outre la lettre des 45 prélats et experts, le cardinal Charles Chaput, archevêque de Philadelphie, a publié début juillet une interprétation très restrictive du texte. L’archevêque américain précise que, pour recevoir le sacrement de réconciliation, qui ouvre à l’eucharistie, un couple divorcé-remarié doit vivre « en frère et sœur », autrement dit sans rapport sexuel.

« Indications supplémentaires »

Un autre cardinal italien, Carlo Caffarra, prend ses distances avec une exhortation papale, dont il juge le chapitre 8 – celui traitant de la délicate question des couples en situation irrégulière – trop confus. Dans un entretien au site américain catholique OnePeterFive, mis en ligne lundi 11 juillet, il dit souhaiter une clarification du pape à ce sujet. Sur le fond, le théologien considère que des normes morales ne peuvent être dépassées. « Tu ne commettras pas d’adultère est une norme négative absolue, qui n’admet aucune sorte d’exception », plaide-t-il.

Dans un livre à paraître, cité par le vaticaniste Sandro Magister, un autre cardinal, l’Italien Ennio Antonelli, juge qu’avec Amoris laetitia, « le pape dévoile aussi une lueur d’espoir en ce qui concerne l’admission à la réconciliation sacramentelle et à la communion eucharistique » pour les divorcés-remariés. Mais, estime celui qui présida le Conseil pontifical pour la famille de 2008 à 2012, « des indications supplémentaires de la part de l’autorité compétente sont nécessaires pour une mise en œuvre prudente » d’une exhortation. Ce texte, paru il y a trois mois, continue ainsi de susciter les débats qui ont animé les évêques au cours des synodes sur la famille de 2014 et 2015.

Commentaires

  • Des personnes qui n'ont même pas le courage de signer....
    Allez, direct à la poubelle et on n'en parle plus !

  • C'est regrettable en effet car cela donne l'impression qu'on est dans un régime stalinien, ce qui je l'espère n'est pas le cas quand même

  • nous sommes une grande famille dispersée dans le monde . Ni lettres anonymes, ni rencontres secrètes à Sankt Gall ne devraient être tolérées .

  • Ceux qui écrivent doivent toujours se demander avant de publier : "De quel esprit sommes-nous" ? J'ai lu dans un précédent Belgicatho qu'on reconnait un arbre à ses fruits. C''est incontestable puisque c'est une phrase de Jésus... Aussi, si ceux-ci n'ont pas un goût de paix et de véritable amour, il ne sont évidemment pas bons... Un goût d'évangile me semble être autre que celui de toutes ces curieuses réflexions négatives évidemment pauvres de véritable amour et d'ouverture, me semble-t-il...

  • Envoyer des lettres anonymes ou même utiliser un pseudonyme n'est vraiment pas mon style. Ceux qui me connaissent savent bien que jamais, je n'ai avancé masqué. Cela dit, il parait que les auteurs de la lettre ont peur des représailles. Ce n'est pas une excuse pour ne pas signer mais, si c'est vrai, cela démontre aussi l'atmosphère désastreuse, les tensions et les luttes d'influence qui règnent au Vatican. Au diable l'hypocrisie, les courbettes l'ambiguïté et autres comportements mièleux. La clarté, la vérité et le courage doivent retrouver leur place. Jean-Pierre Snyers (Adresse blog: jpsnyers.blogspot.com)

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