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Ce que le pape a dit aux supérieurs des ordres religieux

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De Radio Vatican :

Le dialogue du Pape avec les supérieurs des ordres religieux rendu public

(RV) La Civilta Cattolica, revue culturelle animée par les jésuites fête son 4000 ème numéro. Fondée en 1850, il s’agit de la plus ancienne revue encore en fonction en Italie. Pour ce numéro anniversaire exceptionnel, la revue a publié ce jeudi 9 janvier la transcription d’une rencontre que le Pape François a eu le 25 novembre dernier avec les supérieurs des ordres religieux, à l’occasion de leur assemblée générale à Rome. Cette rencontre de trois heures fut un dialogue à bâton rompu, comme le Pape les affectionne, fait de questions-réponses, et abordant des thématiques très diverses.

La première question a porté sur les jeunes et la manière dont François leur parle, les invite à réfléchir à leur vocation dans l’Eglise et le monde. Le Pape a insisté sur l’importance de la formation et du discernement. «Dans la formation nous sommes habitués aux noirs et aux blanc et non au gris de la vie» a-t-il expliqué. Pour le pape, «la logique du noir et blanc peut conduire à l’abstraction casuistique, tandis que le discernement est d’aller de l’avant dans le gris de la vie, selon la volonté de Dieu». Ce discernement est un point-clé, toujours dynamique, comme l’est la vie, a précisé François, qui a critiqué les choses « statiques ». « Les jeunes trouvent le Seigneur dans l’action » a-t-il dit. Le pape a mis en évidence deux mots importants : « écoute » et « mouvement », soulignant que l’écoute des jeunes était un devoir fondamental pour l’Eglise.

Charisme de l'Esprit Saint contre charisme humain

Interrogé sur ses espérances concernant le prochain synode sur la vocation des jeunes, alors que celles-ci diminuent dans les pays occidentaux, le Pape a fait part de son inquiétude :« la diminution de la vie religieuse en Occident me préoccupe » a-t-il dit. Mais, il n'a pas caché son non plus sa préoccupation face à l’émergence de nouveaux instituts religieux qui posent question. « Certains d’entre eux semblent d’une grande nouveauté, ils semblent exprimer une grande force apostolique en entrainant tant de jeunes, mais finissent par s’effondrer ». Parfois on y découvre derrière une chose scandaleuse, a noté François. Même s’il y a de nouvelles petites fondations qui font un travail bon et sérieux, d’autres ne naissent pas d’un charisme de l’Esprit Saint mais d’un charisme humain, d’une personne qui attire et fascine.

Certaines de ces nouvelles communautés a poursuivi le Saint-Père sont "restaurationistes" et apportent rigidité plutôt que sécurité. L’Esprit Saint ne fonctionne pas avec la logique du succès humain, a-t-il souligné, mettant en garde de ne pas s’aveugler sur le « succès » de ces instituts, mais plutôt de suivre le chemin humble de Jésus. « l’Eglise ne grandit à travers le prosélytisme, mais l’attraction » a –il dit en citant son prédécesseur Benoît XVI.

Le Pape en paix et serein malgré les tensions

Les supérieurs religieux ont ensuite demandé au Pape comment faisait-il pour affronter les défis immenses de l’Eglise tout en gardant sa sérénité et sa confiance.« Je ne prends pas de tranquillisants ! » a répondu en rigolant le Saint-Père, expliquant combien sa charge pontificale était vécue avec paix. Le souverain pontife a même admis qu’il était beaucoup plus anxieux lorsqu’il était à Buenos Aires. «J’ai vécu une expérience très particulière de paix profonde depuis mon élection. Cela ne me lâche plus. Je ne saurais l’expliquer ».

 

 

François est revenu sur les congrégations lors du conclave qui l’a élu. « On parlait des problèmes du Vatican, on parlait de réformes. Tout le monde les voulait. Il y a de la corruption au Vatican, mais je suis en paix. » Il a confié que lorsqu’il devait affronter un problème, il écrivait un mot à Saint Joseph sur un petit papier qu’il déposait aux pieds de la statue dans sa chambre. «Il dort désormais sur un matelas de billets ! » a-t-il dit en rigolant. Mais cette paix grandit lorsqu’il prie, en prenant la Bible et le rosaire. « ma paix est un cadeau du Seigneur ».

François a invité les supérieurs religieux à « apprendre à souffrir, mais à souffrir comme un père », à souffrir avec beaucoup d’humilité. Il a aussi mis en garde contre la tentation de se laver les mains devant les problèmes, comme Ponce Pilate. « Oui, dans l’Eglise il y a des Ponce Pilate qui se lavent les mains pour être tranquilles, mais un supérieur qui se lave les mains n’est pas un père et n’aide pas »  a-t-il dit.

Un appel à la radicalité prophétique

Dans un échange plus spirituel, le Saint-Père a répondu à la question de la « radicalité prophétique » à laquelle sont appelées les différents ordres religieux. Cette radicalité est fondamentale a-t-il expliqué, elle est l’Evangile présenté sans la glose. « Nous devons la trouver dans nos fondateurs » a expliqué le Pape, qui nous appellent à « sortir de nos zones de confort et de sécurité», qui a relevé que « même l’ascèse peut être mondaine ». « la véritable ascèse doit me rendre plus libre » a-t il poursuivi en racontant qu’on lui avait donné un cilice lorsqu’il était rentré au noviciat jésuite.

François a également répondu à une question sur la vie communautaire et le rôle d’un supérieur, soulignant l’importance d’être à l’écoute. «Si le supérieur réprimande en permanence, il n’aide pas à créer la prophétie radicale de la vie religieuse ».

Les tensions entre ordres religieux et diocèses 

Le Pape est ensuite revenu sur la collaboration parfois difficile entre les communautés religieuses et les diocèses et les relations parfois difficiles entre le charisme des vies consacrées et les Eglises particulières. «Il est important que les religieux se sentent pleinement accueillis dans l’Eglise diocésaine, pleinement » a répondu François, plaidant pour que les religieux soient intégrés dans les structures de gouvernement de l’Eglise locale, dans les conseils d’administration, presbytéraux etc… « Rester spirituellement proche entre le clergé diocésain et les religieux peut aider à résoudre les possibles incompréhensions » dans un diocèse a-t-il relevé. François a aussi mis en garde en ce qui concerne l’administration des biens et des ressources économiques, rappelant que « la pauvreté est la moelle de la vie de l’Eglise ».

La maladie de la pédophilie

Interrogé sur la délicate question de la prévention des d’abus sexuels dans les congrégations religieuses. « Il est clair que si des prêtres ou des religieux sont impliqués, c’est la présence du diable qui ruine l’œuvre de Jésus à travers lui » a répondu le Pape, qui a poursuivi : « soyons clairs : il s’agit d’une maladie, et si nous n’en sommes pas convaincus nous ne pourrons bien pas résoudre le problème ». François a donc insisté sur l’importance d’une formation religieuse qui prenne en compte une véritable maturité affective. « Ne jamais recevoir dans un vie religieuse ou diocésaine quelqu’un qui a été rejeté d’un autre séminaire ou institut sans demander des clarifications et motifs de cet éloignement » a-t-il préconisé.

Une Eglise toujours "en sortie"

La dernières question des supérieurs a enfin porté sur l’Eglise “en sortie”, prônée par le Pape. «Les communautés religieuses à travers le monde sont-elles en train d’opérer cette conversion ? » ont-il demandé. François a rappelé que l’Eglise était née pour sortir, née du Cénacle. « Elle doit rester en sortie ». Ce que j’appelle les prériphéries existentielles et sociales. «Pensons à une forme de pauvreté: celle liée au problème des migrants et des réfugiés: plus importante que les accords internationaux est la vie de ces personnes!». Ce sont les pauvres qui unissent les divers chrétiens a-t-il martelé, concluant : « rappelons-le nous toujours : la miséricorde est Dieu en sortie, Dieu est toujours miséricordieux. Vous aussi êtes en sortie!» (OB)

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