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  • La bioéthique, les chrétiens et la laïcité

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    De Benoît A. Dumas, lu sur le site de « France Catholique » le 30 avril 2018 :

    • "Ne pas se presser d’estimer que l’athéisme déclaré est moralement neutre. Car dans le domaine moral, il faut un référant d’ordre supérieur ou transcendant en fonction duquel orienter l’action humaine. Si ce pôle transcendant est explicitement nié ou rejeté, par quoi est-il remplacé ? Par un consensus historico-social sensiblement variable, plus ou moins universellement admis et reconnu ? Par un choix subjectif en principe libre, mais conditionné en fait par le contexte culturel et social ? Par mes intérêts personnels ou ceux de mon groupe, familial ou de classe ?

    Si je suis plutôt athée, mais d’un athéisme non catégorique, car l’idée et le sens du Bien supérieur habitent ma conscience et la sollicitent au point de qualifier finalement mon action, il convient de faire apparaître ce qu’implique cette idée de Bien, la réalité dont elle est l’indication et le signe, à laquelle elle renvoie et se rapporte. Car le domaine du Bien n’est pas purement idéal, conceptuel, théorique : il est consistant, extra-mental, affectif, attractif.
    Si je me situe ainsi, je suis agnostique et pas véritablement athée. Et je puis être en communion avancée avec ceux qui se réfèrent à Dieu comme Bien suprême et fondement de l’ordre moral - cet ordre moral étant entendu comme inspirateur au moins, et parfois guide précis, de la bonté de nos actions.

    • Le domaine de la bioéthique, comme son nom l’indique, est intrinsèquement pénétré par la moralité, parce qu’il touche profondément à notre humanité. Il est tout sauf moralement neutre ou indifférent (amour humain, respect de la vie humaine, processus de génération, parentalité, fin de vie..., je ne m’étends pas).
    • Les chrétiens (catholiques principalement) ont des positions précises sur la plupart des problèmes de bioéthique, positions qui sont couplées à leur foi chrétienne, mais qui n’en relèvent pas formellement, car elles peuvent être exprimées et explicitées en indépendance à l’égard de cette foi, c’est à dire de façon humaine et rationnelle. Ce sont des positions anthropologiques naturelles. Elles peuvent donc être proposées et défendues dans le champ de la laïcité républicaine (loi de 1905)
    • Cette anthropologie qui éclaire et irrigue les positions des chrétiens sur l’ensemble des questions de la bioéthique - positions opposées à la majorité des avancées sociétales contemporaines permises par les progrès de la techno- science, et qui tendent à déshumaniser la sexualité, la procréation, la filiation - est une anthropologie reliée à une philosophie de la nature. Cette philosophie de la nature est communément partageable, c’est à dire accessible à tous. Mais nous devons reconnaître qu’elle se fonde en définitive, sur la saisie de la nature humaine - et de la nature en général - comme étant créée par Dieu et, par sa volonté, façonnée telle. Le fait que la nature fasse des erreurs et commette parfois des monstruosités, qu’elle soit sujette à anomalies et accidents qui nous contrarient très fort n’est certes pas anodin.

    Mais ces déficiences font ressortir par leur existence même que le plus souvent, dans la plupart des cas, la nature fait le meilleur - on n’y prend pas garde... - et ne le fait donc pas par hasard, mais qu’elle répond à une organisation intelligente qui lui est transmise et imprimée. C’est pourquoi ce concept de « nature » n’est pas désuet ou ringard, il est un des piliers de notre compréhension du monde, et, dans l’ordre pratique, de la régulation du comportement humain.

    • Cela signifie que cette anthropologie dite naturelle se trouve reliée à certaines caractéristiques essentielles, dispositions ou lois, on dirait aujourd’hui « programmations », conduites à tenir... Et qu’il nous revient à nous qui sommes façonnés par cette nature, de la percevoir justement et de l’accueillir, car nous n’en sommes pas les maîtres et seigneurs. Bien au contraire, comme dans tous les autres secteurs de la morale humaine, nous avons à nous faire disciples enseignés et accepter de nous laisser sinon strictement conduire, du moins inspirer. En résumé, la bioéthique est partie constitutive d’une anthropologie elle-même reliée au souverain Bien.
    • Nous restons dans le cadre de la laïcité républicaine à condition de faire reconnaître que l’adhésion à Dieu souverain Bien (ou sa reconnaissance) inspirateur de nos positions sur ces problèmes, est elle-même une attitude qui n’est pas de l’ordre d’une foi particulière subjective, mais de la droite raison et de la sensibilité morale usant de leurs potentialités ou ressources propres. « Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre gâté porter de bons fruits » (Matthieu 7, 17-18) » C’est parce que nous sommes aptes à justifier et fonder en raison notre relation de créatures au Bien transcendant - Bien qui nous appartient et auquel nous appartenons tous - que les requêtes de la bioéthique soutenues par les chrétiens et par d’autres secteurs de population non chrétiens (il y en a...), ne sont pas « confessionnelles » à proprement parler, et donc ne contreviennent pas à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Nos positions dans ce domaine peuvent s’affirmer comme étant citoyennes et laïques, non soumises à une appartenance religieuse positive.
    • Pour que ce courant passe et prenne de la force, qu’il soit accepté par les tenants de la laïcité « à l’ancienne » ou du laïcisme, il faudrait que le peuple chrétien dans son ensemble, à commencer par ses pasteurs (en général assez réservés), acquière et développe une claire vision du droit inaliénable de tout homme et de ses capacités intrinsèques à s’auto-percevoir, se saisir et s’exprimer comme être existant dans le champ d’une moralité qui le précède. Nous sommes mesurés et polarisés par la lumière et l’attrait du souverain Bien créateur. Ce que je dis de la personne individuelle est valable pour le groupe humain et ses manifestations citoyennes.

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  • La science a des limites à respecter et nécessite un sens de responsabilité éthique

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    De Vatican News (Manuella Affejee) :

    Le Pape rappelle la responsabilité éthique de la science

    Le Pape recevait au Vatican, ce samedi 28 avril 2018, les participants à une conférence internationale sur la médecine régénérative. Promue par le Conseil pontifical pour la Culture, en collaboration avec plusieurs autres organismes et associations, «Unite to cure», réunit représentants du monde de la culture, de la société, et de diverses religions.

    Dans son discours, le Pape a choisi de revenir sur le parcours de cette conférence, qui repose sur 4 concepts : prévenir, réparer, soigner et préparer l’avenir.

    François plaide en premier lieu pour une «culture de la prévention». De nombreuses maladies, -liées aux changements radicaux de notre civilisation moderne-, pourraient être évitées. Comment ? En accordant, par exemple, une «attention plus grande à notre style de vie, à la culture que nous souhaitons promouvoir», en adoptant des mesures préventives dès l’enfance. Cette culture de la prévention requiert une «action globale constante», note le Pape, qui doit être l’affaire de tous, pas seulement des institutions sociales ou gouvernementales.

    La science a des limites à respecter

    Le Pape a ensuite évoqué deux concepts centraux de cette conférence : réparer et soigner. Des progrès notables ont été accomplis dans le champ de la médecine régénérative et de la recherche cellulaire, concentrées essentiellement sur la découverte et l’expérimentation de nouvelles thérapies, face aux maladies rares, auto-immunes, neurodégénératives et autres. L’affirmation de la science, le développement de technologies toujours plus élaborées et complexes permettent de mieux comprendre la structure des organismes vivants, et d’intervenir sur eux de manière précise, note le Souverain Pontife. Ces progrès nécessaires doivent aiguiser la conscience de notre responsabilité éthique envers l’humanité. «L’Eglise loue chaque effort de recherche (…) destiné au soin des personnes souffrantes » ; elle rappelle aussi un principe fondamental: «tout ce qui est techniquement possible ou faisable n’est pas forcément éthiquement acceptable». «La science, comme toute autre activité humaine, sait qu’elle a des limites à respecter pour le bien de l’humanité même, et nécessite un sens de responsabilité éthique», rappelle encore le Pape.

    Préparer l'avenir, créer des synergies

    Si nous voulons préparer l’avenir, -4e concept du parcours-, nous devons agir avec une sensibilité accrue, à mesure que les moyens mis à notre disposition deviennent puissants. La réflexion sur la santé, insiste le Saint-Père, doit s’insérer dans un contexte plus large que le seul champ scientifique et qui implique «notre capacité à préserver et sauvegarder l’environnement, l’exigence de penser à tous », surtout aux plus faibles, aux malades, et ceux qui n’ont pas accès aux soins.

    Penser à l’avenir signifie «entreprendre un itinéraire signé par un double mouvement. Le premier, ancré à une réflexion interdisciplinaire ouverte, qui associe de multiples experts et institutions, et permet un échange réciproque de connaissances ; le second, constitué d’actions concrètes en faveur de ceux qui souffrent». Ces deux mouvements préconisés par le Pape exigent «la convergence des efforts et des idées, capables d’impliquer représentants de diverses communautés : scientifiques et médecins, patients, familles, étudiants, leaders religieux, philanthropes», etc. Cette synergie des efforts, avait-il rappelé au début de son intervention, doit se faire «en dépassant les préjudices».