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Pierre Stéphany : comment la Libre traite l'un de ses anciens collaborateurs qui vient de mourir

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Un ami nous fait part de ses réflexions :

Trop catho pour "La Libre"...

   Vingt lignes: l'article paru dans La Libre Belgique de ce lundi, à l'occasion du décès de son ancien journaliste Pierre Stéphany, relève du service minimum. Il aurait été difficile d'être plus discret pour évoquer celui qui, pendant de nombreuses années, assura la couverture de l'actualité audiovisuelle, tout en se consacrant avec brio à la vulgarisation historique.

   Il est vrai que Pierre Stéphany savait mordre où il fallait, ne craignant pas notamment de dénoncer les partis pris gauchistes de la radio-télévision dite de service public. Il ne se fit donc pas que des amis, non seulement à la RTBF, mais aussi au sein même de la rédaction de La Libre où, déjà, il ne faisait plus bon d'afficher des convictions opposées à l'idéologie dominante du complexe politico-médiatique. Il y a une vingtaine d'années, la direction du quotidien ex-catholique mit fin, du jour au lendemain, à la collaboration de Pierre Stéphany. Motif (ou prétexte): un article d'humeur où il s'était moqué des chrétiens prétendus progressistes, qualifiant notamment ceux-ci de "parti de la croix gommée". Scandale !

   Pareille sanction ne risquait pas de tomber sur le journaliste de La Libre qui fit cette sublime observation que certains athées "sont si obsédés par la religion qu'ils seront les derniers à constater que l'Eglise s'est totalement effondrée", phrase mise en exergue de l'article (7 févr. 2003). Ni sur celui qui interpréta un document romain sur les sanctions internes de l'Eglise contre les prêtres pédophiles comme une tentative de les soustraire aux juridictions civiles, alors que les autorités vaticanes avaient explicitement exclu cette possibilité (l'article suscita une mise au point du père Charles Delhez, qui fut publiée dans... le courrier des lecteurs, 1 février 2002). Ni sur celui qui relaya sans réserve la vieille antienne anticléricale selon laquelle "la femme a peu à peu gagné la certitude d'avoir une âme au concile de Mâcon (586)" (4 août 2004). Ni sur celui qui a présenté sous le titre "Franquisme béatifié" l'élévation au rang de bienheureux d'une centaine de religieux exterminés par les républicains pendant la guerre civile d'Espagne (27-28 octobre 2007). Ni sur l'auteur de l'éditorial - censé, donc, engager tout le journal - qui déplora, à l'occasion de la Journée de la femme, qu' "aujourd'hui se font entendre des voix inquiétantes qui veulent revenir sur des droits – comme l'avortement – conquis de haute lutte" (8 mars 2006). Ni sur le critique cinéma qui, au détour d'une phrase dans un article portant sur un documentaire consacré à Klaus Barbie, a défini le Vatican comme "cette organisation qui se charge d'évacuer les criminels nazis vers l'Amérique latine" (7 nov. 2007).

    Nous avons cité à dessein des exemples contemporains ou proches de l'évincement de Pierre Stéphany. Cela fait longtemps, très longtemps, qu'on peut déraper dans "La Libre", mais seulement dans un sens.

     PS: A noter que l'entrefilet maigrichon de "La Libre" réussit à contenir deux erreurs:
    1) en faisant de Pierre Stéphany le coauteur avec René Haquin d'un livre sur les grandes affaires criminelles en Belgique, alors qu'il s'agissait d'un ouvrage collectif (en deux volumes) associant treize contributeurs;

     2) en affirmant que Pierre Stéphany a écrit "un livre sur l'histoire de La Libre Belgique entre 1984 et 1996", un cadre chronologique qui n'aurait strictement aucun sens. Le livre en question retrace en réalité l'histoire du journal depuis ses origines et il a été publié en 1996.
   A part ça...

Commentaires

  • Il y a longtemps que la Libre n'est plus catholique, est passée au centre-gauche (plutôt gauche que centre d'ailleurs) et appartient à la presse mainstream. Seule l'inertie lui maintient quelques-uns de ses vieux abonnés, cela ressemble au délitement du PSC/CDH...

  • Je pleure ce journaliste insurpassable, le père de ma meilleure amie…

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