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Du pape et des évêques, nous attendons une parole à la hauteur de la situation

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Nous inviter à suivre la messe sur facebook peut-il suffire ?

De Gianfranco Brunelli sur ce blog :

Préparer Pâques dans le Samedi du tombeau

Cristo crocifisso

Maintenant que tout a été dit, et tout a été dit, par les institutions (du médico-scientifique à la politique), et sur le Net, dans les médias, par beaucoup; maintenant que le coronavirus prend le visage imparable et omniprésent d'une pandémie; à cette heure, il appartiendrait à l'Église de faire entendre sa voix. Parce que nous approchons de Pâques.

Les interventions individuelles des pasteurs n'ont pas manqué, mais une parole unique de la Conférence épiscopale italienne (CEI) (nous pouvons en dire autant pour la conférence des évêques belges, ndb) a fait défaut jusqu'à présent. (...) Jusqu'à présent, il manque une parole forte.

Et comment les évêques peuvent-ils et doivent-ils intervenir face au drame subjectif de milliers de personnes, au drame collectif d'une nation, au drame mondial?

Ici, le problème n'est pas d'apprécier l'autonomie plus ou moins grande de l'Église et de ses décisions en tant qu'institution religieuse distincte de l'État. Nous ne sommes pas confrontés à un problème qui concerne, comme cela s'est produit à d'autres moments de l'histoire, la relation État-Église, pas du moins en termes institutionnels ou idéologiques. Même si les conséquences de ce qui se passe ne feront pas défaut non plus à ce niveau.

Ici, le problème consiste à traiter la question de la fragilité personnelle et collective, sociale et économique, politique et institutionnelle. C'est le thème de la maladie, de la vie et de la mort, qui touche et affecte tout. C'est donc le thème de la proclamation de l'Évangile en ce temps. Le thème du noyau central de notre foi.

Face à un ennemi invisible et présent, impalpable et certain, qui prend le visage possible de chaque personne que nous rencontrons, de toute relation, même la plus intime et familière, nous nous sentons soudain impuissants, exposés, perdus. C'est d'abord une fragilité personnelle, celle de ceux qui savent qu'ils sont exposés à l'incertitude d'une maladie et à leur propre destin d'abord puis, immédiatement lié, à celui de leurs proches et de leurs amis.

C'est une fragilité qui met en jeu de nombreuses relations interpersonnelles et sociales. Une sorte de suspension sine die de sa façon d'être. C'est une fragilité personnelle, même quand elle est cachée et confuse. (...)

Pour nous chrétiens, le thème du temps, et donc le thème de la mort, est lié au thème de la résurrection: "S’il n’y avait eu que de l’humain dans mon combat contre les bêtes à Éphèse, à quoi cela m’aurait-il servi ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons."(1 Co 15, 32).

(...) A présent, nous exerçons notre responsabilité pour la vie de chacun. Notre décision de renoncer est en fait une offrande. Sinon, seul l'égoïsme personnel et social marquera durablement ce passage difficile.

Si les églises sont fermées, c'est en faveur de la vie. Et en faveur de la vie dans son sens évangélique de don. Pour un surplus d'amour. Pas simplement à cause d'une mesure de santé publique qui s'impose. Comme la femme de Béthanie qui verse une pommade parfumée sur la tête de Jésus, nous devons aussi «gaspiller» l'amour. "Amen, je vous le dis : partout où cet Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire." (Mt 26,13).

Dans l'attente d'une parole de l'Église

Sur le plan personnel et ecclésial, nous vivons une forme de solitude de foi sans précédent. Certes, ne pas pouvoir célébrer l'Eucharistie, c'est-à-dire le centre de notre foi, n'est rien qu'on puisse justifier au nom d'une conformité simple et bureaucratique (ce qui irait vraiment dans le sens d'une accélération du processus de déchristianisation).

Tout cela n'est pas sans conséquences, ni au niveau individuel, ni au niveau communautaire, mais ce n'est pas en soi une crise de foi, si cela s'appuie sur une annonce forte et argumentée que l'Église nous partagerait.

On attend l'Église, l'évêque de Rome lui-même, pour une parole qui redise encore l'Évangile en ce temps; pour affronter le mystère de la mort et de la résurrection. Car, aujourd'hui, avec cette crise, chacun, individuellement et collectivement, y est confronté. Telle est l'attente, consciente ou non, d'une multitude.

Nous sommes entrés dans une longue veille, une veillée nocturne sans fin. C'est le samedi saint de la foi, le jour liturgique par excellence, un temps plein de souffrance, d'abandon, d'attente et d'espérance, qui se situe entre la douleur de la croix et la joie de Pâques. Le jour du silence de Dieu L'Eglise doit préparer Pâques, car peut-être  ne pourra-t-on même pas célébrer la liturgie pascale, le centre de notre foi: le corps et le sang du Christ donnés pour nous et pour tous.

Mais que doit faire le chrétien en veille sinon attendre, scruter la nuit, faire attention à son temps; sinon prendre soin de l'autre, regarder chacun avec amour à la maison ou à l'hôpital? En ce temps, nous pouvons trouver la consolation dans la contemplation, la Parole et la prière, pour chaque personne, pour chaque famille. Nous pouvons la faire résonner. À bien des égards.

C'est le tabernacle des cœurs et des maisons qui s'ouvre à cette heure. Le Christ est à notre porte.

Commentaires

  • voilà exactement le texte que j'attendais ,la fin surtout qui me redonne courage ,merci de l'avoir formulé .J'espère que comme au Moyen Age ,au temps des grandes pandémies ,notre église va faire entendre sa voix pour rassembler son troupeau ,le réconforter ,afin que la place ne soit pas libre pour de mauvais bergers . merci a ceux qui savent se lever ,réconforter ,rassembler ......

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