Quelles pistes concrètes pour organiser la reprise des messes ?
25/04/2020
Comment permettre à la vie liturgique avec présence des fidèles de reprendre dans les églises ? Le prieur de la Province de Toulouse des Dominicains, Olivier de Saint Martin, avance plusieurs mesures pratiques pour une ré-ouverture des églises avec des rassemblements respectueux des mesures sanitaires.
Depuis le 15 mars dernier, l’État a restreint certaines de nos libertés et c’est ainsi que les célébrations publiques dans les églises ont été suspendues. Il était normal de se soumettre à cette décision prise dans l’urgence face à un risque sanitaire. Saint Paul ordonne d’ailleurs « que chacun se soumette aux autorités en charge » (Rm 13, 1). Le temps du carême se prêtait bien à l’exercice, au sacrifice, et de belles choses en sont nées : liturgies domestiques, redécouverte de la vie familiale, créativité apostolique, sans que tout soit idyllique. On ne peut oublier ceux qui sont restés isolés, angoissés, les morts sans assistance, les violences conjugales, les deuils impossibles : il faut continuer à être attentifs à toutes ces personnes.
Le lundi de Pâques, le président de la République annonçait un déconfinement progressif, et les catholiques attendaient de savoir quand leur serait donnée la faculté de célébrer à nouveau. Pour nous, la célébration communautaire est partie essentielle, intégrante, de ce que nous sommes. Lorsque nous célébrons l’eucharistie, nous nous laissons façonner par la même Parole écoutée, nous entrons dans le mouvement du don que Jésus a fait de sa personne. À la communion, son Corps se mêle aux nôtres, établissant avec Lui et entre nous une parenté incroyablement profonde qu’il nous faut ensuite vivre. L’Eucharistie est le sacrement de l’unité. Elle construit l’Église, Corps du Christ, où nous sommes membres les uns des autres.
Nous pouvons partir de ce que les entreprises appellent le plan de continuité d’activité.
Or, après plusieurs semaines de confinement, après avoir été coupés les uns des autres, nous avons besoin de nous redécouvrir membre d’un même corps (et cela vaut aussi pour la société civile). Nous avons donc besoin de l’eucharistie qui est en est le sacrement. Nous avons besoin de l’eucharistie. Mais est-il prudent de la célébrer ? Si oui, comment ? Nous pouvons partir de ce que les entreprises appellent le plan de continuité d’activité. Il s’agit de garantir à tous les membres la plus grande sécurité sanitaire afin qu’ils puissent accomplir sans risque pour eux-mêmes et les leurs leur travail. Des normes ont été édictées, approuvées. Nous pouvons les faire nôtres en les transposant à nos églises et à nos célébrations. Elles sont exigeantes et réclameront l’engagement de chacun.
Allons, si vous le voulez bien, dans le concret en en donnant les grandes lignes :
1. La distanciation sociale doit être égale à deux mètres, ce qui signifie garder en gros une place sur quatre dans nos églises, en rendant visible ce qui est accessible. On ne séparera ni les couples ni les familles. Cette mesure sera doublée par le port du masque (et si la paroisse en a en stock, c’est encore mieux)
2. Il faudra multiplier les messes, quitte à appeler à la rescousse des religieux ! Entre deux célébrations dans la même journée, on prendra le temps de nettoyer l’église. Pour éviter l’afflux de fidèles sur une même messe, nous pourrions lancer des « inscriptions » à l’occasion d’un de ces messages qui prend des nouvelles de chacun. Comme nous ne connaissons pas tout le monde, on garderait quelques places pour les invités surprises.
3. On veillera à un plan de circulation dans l’église pour éviter que les gens ne se croisent. Il y a trois moments importants : l’arrivée, la communion, le départ. De même, on gardera les portes toujours ouvertes (et cela leur fera du bien !)
4. La célébration se fera selon des normes que nous connaissons : lavage des mains du célébrant avant de donner la communion, protection des hosties par une pâle pendant la prière eucharistique, pas de baiser de paix, communion dans la main. On attendra trois jours avant de compter la quête ou on le fera avec des gants.
5. Des équipes (qui existent souvent déjà) seront constituées et renforcées : accueil, ménage (avec tenue ad-hoc), pilotage (évaluation, …)
6. En fin de célébration, des annonces pourront mettre en valeur les lieux de soutien (de tous ordres) qui permettront au plus grand nombre de trouver réconfort et aide dans ces temps difficiles, sans oublier ceux et celles qui ne seraient pas venus. Nous ressortirons plus unis, nous (re)découvrant membres d’une même société, l’Église et au-delà. Vivant à nouveau de l’eucharistie, nous sortirions à la rencontre de ceux et celles qui en ont le plus besoin parce qu’ils souffrent de la crise engendrée par le Covid-19. Et toutes les mesures sanitaires mises en place trouveraient tout leur sens
Ces mesures peuvent parfaitement être en place pour le dimanche 17 mai. Elles garantissent une sécurité sanitaire bien au-delà de ce que nous trouverons dans la plupart des lieux où nous serons amenés à nous côtoyer dans les prochains mois. Nous sommes prêts, force de proposition. Les entreprises, les transports en commun, les établissements scolaires ainsi que la plupart des commerces seront fonctionnels. Nous sommes prêts à l’être avec les mêmes normes.
Commentaires
Que fait concrètement la Conférence épiscopale de Belgique pour favoriser la reprise rapide de l'ouverture des églises et pour organiser les conditions de cette reprise. Je ne trouve nulle part de renseignements venant de nos évêques à ce sujet ! Il semble que tous les responsables de la société (patrons d’entreprises, chefs d'école, responsables syndicaux etc. etc.) échafaudent des plans, discutent avec le gouvernent, proposent des solutions qui leur conviennent, Mais que font nos évêques ?
Pouvez-vous m'aider : Où trouver ces renseignements ?
Merci
ecrivez à votre évèque. Il répondra et je pense sera sensible à notre soif de rite vécu en communauté.