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Le Nigeria : "une marmite bouillante" et "une mare de sang" selon l'évêque de Sokoto

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De Lucie Sarr sur  le site de La Croix Africa :

Au Nigeria, l’évêque de Sokoto dresse un dur bilan des 60 ans d’indépendance de son pays

Mgr Mattiew Kukah, évêque de Sokoto au Nigeria/DR

6 octobre 2020

Vendredi 2 octobre, à l’occasion de la fête d’indépendance du Nigeria, Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, dans le nord-est du Nigeria a dressé un bilan sans concession des 60 ans de son pays.

Pour Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, dans le nord-est du Nigeria, les torts sont partagés concernant la situation actuelle de son pays. « Malgré d’énormes ressources après 60 ans, nous ne pouvons pas nourrir notre peuple, nous ne pouvons pas assurer la sécurité de notre peuple, nous sommes toujours dans l’obscurité, nous ne pouvons pas communiquer entre nous par les routes ou les chemins de fer. Ce que nous avons hérité, nous l’avons volé, cassé ou jeté », a-t-il énuméré dans un message diffusé à l’occasion des 60 ans d’indépendance de son pays.

« Nous pouvons blâmer les Britanniques, blâmer les politiciens, blâmer l’armée, mais tout cela ne change rien ». À ses yeux, ce qui manque à son pays, ce sont des hommes et des femmes capables guider la population dans des « voyages vers la grandeur ». Ceux-ci « nécessitent plus que de bonnes personnes, plus que de la bonne volonté, plus qu’un simple espoir. Ces voyages doivent être menés par des hommes et des femmes dotés d’une vision et d’un caractère éprouvé, prêts à mobiliser leur peuple vers la réalisation d’un objectif ».

Réquisitoire contre le président Buhari

Mgr Kukah a, par ailleurs, vivement critiqué l’actuel président du Nigeria, Muhammadu Buhari. « Le nouveau président avait fait campagne sur un riche menu de promesses, mettant fin à la corruption, mettant fin à Boko Haram, mettant fin à la pauvreté, unissant le pays, entre autres, a-t-il rappelé. Il a inauguré son administration en promettant de faire respecter la Constitution et a déclaré qu’il « appartiendrait à tout le monde et à personne ». Nous avons tous regardé avec espoir un homme qui avait fait campagne sur la philosophie clé de l’intégrité et du caractère. »

Pour l’évêque de Sokoto, le président a tourné le dos à toutes ses promesses électorales. « Notre pays ressemble maintenant à une marmite bouillante dont tout le monde veut s’échapper, s’est-il insurgé. Le népotisme est devenu la nouvelle idéologie de ce gouvernement. En suivant cette idéologie, on estime que le président a cédé 85 % des postes clés aux musulmans du nord et a veillé à ce que les hommes qui partagent sa foi tiennent fermement les rênes du pouvoir dans les domaines les plus critiques de notre vie nationale ; l’Assemblée nationale et les agences de sécurité ».

Pour lui, cette attitude de Muhammadu Buhari a des conséquences graves : « Aujourd’hui, notre sentiment d’unité nationale est gravement menacé et mis à l’épreuve. Notre citoyenneté commune a été fracturée et diminuée. Les principes d’équité, de justice et d’égalitarisme sur lesquels repose notre Constitution ont été attaqués et diminués ».

Le Salon Beige précise :

Dans un message du 1er octobre marquant le 60e anniversaire de l’indépendance du Nigeria de la domination britannique, Mgr Matthew Kukah, évêque de Sokoto, a sévèrement critiqué le président du pays Mohammadu Buhari, lui reprochant de ne pas avoir réussi à contenir la violence actuelle, qui vise principalement les chrétiens.

« Où sont les filles de Chibok ? Où est Leah Sharibu ? Qui sont les meurtriers commandités qui ont envahi nos terres ? Notre terre est maintenant une mare de sang. M. le Président, veuillez remettre le compteur à zéro avant qu’il ne soit trop tard. Je prie pour vous que Dieu touche votre cœur afin que vous embrassiez les idéaux de ceux qui vous ont précédé. Ce n’est pas le Nigeria dont ils rêvaient ».

Dans ce contexte de conflit ethnico-religieux et d’assassinats de fermiers chrétiens par des bergers peuls en grande partie musulmans, le prélat a ajouté qu’en violation de la Constitution,

« le népotisme est devenu la nouvelle idéologie de ce gouvernement. En suivant cette idéologie, on estime que le président a cédé 85% des postes clés aux musulmans du Nord et a fait en sorte que des hommes de sa religion tiennent les rênes du pouvoir dans les domaines les plus critiques de notre vie nationale : l’Assemblée nationale et les agences de sécurité ! »

“le président a été très diligent et s’est concentré sur la poursuite d’un programme qui est clairement étranger aux aspirations et aux espoirs de notre peuple au-delà des frontières religieuses. Le Nigeria n’était pas comme ça avant son arrivée. Combien de temps ce mensonge va-t-il encore durer ? Nous vivons dans le mensonge et nous le savons. Au Nigeria, la gouvernance est une entreprise criminelle, pas un appel au service”.

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