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Un Munich de chaque instant

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De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

5 novembre 2020

La cohésion européenne à l’épreuve de la Turquie

« Nous avons franchi avec la Turquie un palier inadmissible », a affirmé le 4 novembre le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en réponse aux questions des sénateurs sur les tensions diplomatiques avec ce pays. « Nous attendons de la Turquie, qu’elle cesse son comportement belliqueux dans le voisinage européen » (en Syrie, en Méditerranée orientale, en Libye, au Haut-Karabagh) et que son président arrête de menacer la France et d’insulter son président, a précisé Jean-Yves Le Drian. Et le ministre d’évoquer le Conseil européen de décembre pour lequel, a-t-il dit, « toutes les options sont sur la table » s’agissant des relations de l’UE avec la Turquie. Toutes les options, y compris celle du profil bas ?

Le contentieux avec la Turquie est redoutable pour l’unité de l’UE et pour la crédibilité de la France. Celle-ci est devenue la cible principale d’Erdogan, après s’être retrouvée bien seule pour soutenir la Grèce contre les incursions et les activités de forage turques dans ses eaux territoriales, en déployant des navires de guerre et des avions de combat dans la région. Pour avoir défendu le droit de publier des caricatures lors de l'hommage à Samuel Paty, l’enseignant décapité, Emmanuel Macron a été accusé d’« islamophobie » par le président turc qui en a rajouté en estimant qu'Emmanuel Macron devait « faire des examens de santé mentale » et en appelant tous les musulmans à boycotter les produits français. L’annonce par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 2 novembre, de la dissolution du groupe ultranationaliste turc « Les Loups gris » après des attaques de Turcs (ils sont 700 000 en France) contre des Arméniens près de Lyon et de Vienne, a ravivé les tensions. Ankara a crié à la « provocation » et annoncé qu’il répliquerait « de la plus ferme des manières ».

Du côté de l’UE, on se hâte lentement vers la fermeté. Les dirigeants de l'UE ont condamné jeudi 29 octobre les provocations et la rhétorique « totalement inacceptables » d'Ankara à l'encontre de la France, mais ne décideront aucune mesure avant leur sommet en décembre, a annoncé le président du Conseil, Charles Michel. Dans une langue toute diplomatique, il a indiqué que l'UE avait décidé de « travailler sur deux pistes : une piste positive et une piste moins positive... Jusqu'à présent la Turquie n'a pas choisi la voie positive (sic). Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet en décembre », s’est-il hâté de conclure. Pas de quoi faire trembler Erdogan !

« Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition », avait averti Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Mais son pays, l’Allemagne, qui accueille 4 millions de Turcs sur son territoire, est le plus tiède des 27. La chancelière Angela Merkel ne veut pas subir les contre-coups de réactions un peu vigoureuses des Européens. Engagée dans une perpétuelle médiation avec le président turc, elle bloque les demandes de sanction des autres États membres. Parmi ces membres de l’UE, outre l’Allemagne, plusieurs ont des intérêts économiques avec la Turquie : commerce, investissement, services bancaires mais aussi ventes d'armes : la Grèce a demandé à l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie de suspendre les licences accordées à la Turquie. Enfin, à des degrés divers, les pays européens subissent le chantage migratoire pratiqué sans vergogne par le président turc qui menace de dénoncer l’accord sur les réfugiés négocié en 2016 directement par Merkel au nom de l’UE avec Erdogan. Cette menace est assortie d’allusions à de possibles attentats islamiques : le 22 mars 2017, Recep Tayyip Erdogan avait carrément déclaré qu'aucun Européen ne pourrait plus « faire un pas dans la rue en sécurité » si l'Union européenne (UE) maintenait envers la Turquie une attitude hostile.

« Ce n'est pas une question uniquement grecque, chypriote ou française, c'est une question européenne qui est sur la table. C'est pourquoi nous devons, tous ensemble, répondre à ces attaques contre l'Union européenne », insiste le leader du Parti Populaire Européen (PPE), Manfred Weber. Parmi les députés européens qui s’indignent de la passivité de l’UE et osent « mettre les pieds dans le plat », François-Xavier Bellamy (PPE) : « Erdogan frappe toujours l'Arménie, et fait de nombreuses victimes. Il menace encore la Grèce et Chypre. Il reproche maintenant à nos pays de vouloir lutter contre le terrorisme islamiste... Et le Conseil européen n’ose même pas parler de sanctions. C’est un Munich de chaque jour. » (Son intervention 21 octobre au Parlement européen) Munich ? « La politique de l’apaisement revient à nourrir un crocodile en espérant qu’il vous mangera en dernier » avait alors prévenu Churchill.

Commentaires

  • Si le commerce et les finances ont priorité sur l'exercice et la défense des droits de l'homme, c'en est fini de l'Europe dont on sait combien elle est sur la voie de la décadence,...

    Face à ce prétentieux chef d'Etat islamique, comment est-il possible d'attendre et d'espérer un retour aux droits de l'homme ?
    Il y a longtemps que ce Président eut dû être exclus de l'Europe et aussi de l'OTAN.. C'est vrai que l'on a laissé traîner trlop longtemps les problèmes avec cet Etat de plus en plus islamique.... Le comble de la violence morale a été lea reconquête" de la Basilique Sainte Sophie et aussi d'un autre sanctuaire chrétien tout aussi vénérable? Erdogan est devenu l'ennemi public de tout ce qui est chrétien, comme c'est aussi le cas pour la minorité kurde.

    Attendre jusqu'en décembre pour que le Conseil de l'Europe se saisisse du problème, c'est lâcha et irresponsable. L'Allemagne est bien embarassée tant en Turquie qu'en Chine: son commerce extérieur en dépend excessivement....

    Ainsi, l'idolâtrie des finances et de l'Economie est en train d' asservir l'Europe aux pouvoirs étrangers des islamistes tout comme des communistes chinois.

    Remercions les rares députés européens qui alertent leurs congénères et tirent la sonnette d'alarme. Espérons qu'on les entende avant qu'il ne soit trop tard.

    Rappelons que les Accords de MUNICH - un simple chiffon de papier selon Hitler ! n'ont pas procuré la paix mais seulement préparé une guerre d'autant plus atroce qu'elle impliquait des génocides et des dizaines de millions de victimes.

    Si nos responsables politiques ont encore la mémoire de l'Histoire, qu'ils agissent fermement et sans tarder. Le cheval de Troie est entré en Europe par la voie de l'immigration turque et celle des sociétés et centres culturels chinois dénommés Instituts Confucius....

    Espérons que l'Europe se réveille avant qu'il ne soit trop tard !

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