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Le point sur les vaccins contre la covid-19 et l'utilisation de cellules provenant de foetus avortés

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De Constance du Bus sur le site de l'Institut Européen de Bioéthique :

Vaccins contre le Coronavirus et utilisation de cellules de fœtus avortés : état des lieux

24/11/2020

A l'heure du développement accéléré de vaccins contre la Covid-19, il est important d'être bien informé sur la façon dont ces vaccins sont conçus puis produits et testés. Le discernement éthique s'impose en particulier quant à l'utilisation potentielle, à l'une ou l'autre étape du processus, de lignées cellulaires issues de foetus avortés. L'Institut Charlotte Lozier aux Etats-Unis propose, sur base d'une analyse rigoureuse de la littérature scientifique et de résultats d'essais cliniques, un relevé précis des sociétés pharmaceutiques qui utilisent ou n'utilisent pas de telles lignées éthiquement controversées. Son but est d'ainsi permettre au lecteur de poser des choix éclairés concernant les vaccins contre le Coronavirus.

Rappelons d'abord en quoi consiste une lignée de cellules foetales. Celle-ci s'obtient en prélevant une cellule sur un foetus (en l'occurrence, avorté) et en multipliant cette cellule en plusieurs cellules identiques. Ces cellules peuvent être cultivées et multipliées pendant plusieurs décennies, créant ainsi des "lignées cellulaires", souvent utilisées dans le cadre d'expériences scientifiques. Certaines lignées de cellules foetales remontent à plusieurs dizaines d'années et sont utilisées dans l'élaboration de nouveaux vaccins. Il s'agit en particulier des lignées HEK293 et PER.C6. L'utilisation de ces cellules ne requiert donc pas de nouveaux avortements. Elle tire son origine de d'avortements qui ont eu lieu dans les années '60, '70 et '80, indépendamment d'un objectif pharmaceutique.

La question se pose de savoir si ces lignées de cellules foetales sont absolument nécessaires à l'élaboration de vaccins, et plus particulièrement du vaccin contre la Covid-19. La réponse est non ; il est possible de développer des vaccins de façon éthique sans cellules ou sur base de cellules d'animaux, d'oeufs de poules ou de levure. C'est d'ailleurs ce que font plusieurs sociétés pharmaceutiques.

Il faut ensuite comprendre les différentes étapes de l'élaboration d'un vaccin dans lesquelles peut intervenir l'utilisation de lignées cellulaires issues de foetus avortés.

1. Phase de conception : il s'agit de la conceptualisation, des expériences préparatoires, des spécifications quant à la façon dont le vaccin va être produit.

Sociétés pharmaceutiques et instituts de recherche ayant utilisé dans cette phase des lignées de cellules issues de foetus avortés :

- Altimmune (Etats-Unis) 

Astra Zeneca & University of Oxford (R-U, Etats-Unis)

CanSino Biologics, Inc. Beijing Institute of Biotechnology, Academy of Military Medical Sciences, PLA of China (Chine)

Gamaleya Research Institute (Russie)

Janssen Research & Development, Inc. Johnson & Johnson (Etats-Unis)

Vaxart (Etats-Unis)

Anhui Zhifei Longcom Biopharmaceutical/Institute of Microbiology, Chinese Academy of Sciences (Chine)

University of Pittsburgh (Etats-Unis)

2. Phase de production: le vaccin final est produit.

Sociétés pharmaceutiques et instituts de recherche utilisant à ce stade des lignées de cellules issues de foetus avortés :

- Altimmune (Etats-Unis)

Astra Zeneca University of Oxford (R-U, Etats-Unis)

CanSino Biologics, Inc. Beijing Institute of Biotechnology, Academy of Military Medical Sciences, PLA of China (Chine)

- Gamaleya Research Institute (Russie)

Janssen Research & Development, Inc. Johnson & Johnson Vaxart (Etats-Unis) 

- Vaxart (USA)

- University of Pittsburgh (Etats-Unis)

3. Phase de test du vaccin en laboratoire, avant qu'il ne soit largement distribué.

Sociétés pharmaceutiques et instituts de recherche utilisant à ce stade des lignées de cellules issues de foetus avortés :

- Sinovac Biotech Co., Ltd. (Chine)

Anhui Zhifei Longcom Biopharmaceutical/Institute of Microbiology, Chinese Academy of Sciences (Chine)

Medicago (Canada)

Novavax (Etats-Unis)

Moderna, Inc. avec le National Institute of Health (Etats-Unis)

Pfizer et BioNTech (Etats-Unis, Allemagne)

Sanofi Pasteur et Translate Bio (Etats-Unis, France)

Inovio Pharmaceuticals (Etats-Unis)

Les sociétés pharmaceutiques ne faisant usage de lignées de cellules foetales dans aucune des trois étapes sont (au jour du 10 novembre 2020, tenant compte du stade de développement des vaccins):

- Beijing Institute of Biological Products/ Sinopharm (Chine)

Wuhan Institute of Biological Products/ Sinopharm (Chine)

John Paul II Medical Research Institute (Etats-Unis)

Institut Pasteur et Themis and Merck (Etats-Unis, France)

Shenzhen Geno-immune Medical Institute (Chine)

Merck et IAVI (Etats-Unis)

Clover Biopharmaceuticals, Inc. (Chine)

Sanofi et GSK Protein Sciences (Etats-Unis, France)

Sorrento (Etats-Unis)

University of Queensland and CSL Ltd. (Australie)

CureVac (Allemagne)

Genexine (Corée)

Symvivo Corporation (Canada)

NB : plusieurs sociétés pharmaceutiques n'ont pas encore franchi toutes les étapes du processus.

Le discernement éthique concernant les vaccins proposés peut s'appuyer sur différents éléments :

- L'existence ou non d'alternatives aux vaccins élaborés sur base de ces lignées cellulaires issues de foetus avortés : si des vaccins élaborés de façon éthique existent et sont accessibles, il faut y donner priorité.

- Le degré d'éloignement, dans le temps mais surtout dans la responsabilité, entre l'avortement en question et le patient qui se fait vacciner. Par exemple, la responsabilité du patient qui se fait vacciner est faible par rapport à celle du chercheur qui utilise ces lignées cellulaires et encourage ainsi la production de lignées similaires.

Les phases du processus d'élaboration du vaccin auxquelles ont été utilisées des lignées de cellules foetales : si le vaccin que reçoit le patient a été produit sur base de ces lignées cellulaires foetales (phase 2), son utilisation alimente la reproduction de cellules foetales. La coopération est cependant plus éloignée lorsque la société pharmaceutique n'a fait que tester certaines copies de ce vaccin sur des cellules foetales (phase 3).

Sur le même sujet, voir "Vaccins et cellules issues de foetus avortés : quel regard éthique?"

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