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"Avec la synodalité, nous passons de la tragédie à la farce !"

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De Nicola Bux sur la Nuova Bussola Quotidiana :

Le mythe de la synodalité est un retour à Babel

1-02-2022

Le document préparatoire parle d'un synode visant un nouvel humanisme et la naissance de rêves et de prophéties, sans aucune mention de la conversion et de la mission. L'accent est donc déplacé de la foi (et de la raison) vers les réformes "démocratiques". C'est l'effondrement de la culture catholique.

Le document préparatoire du synode sur la synodalité ne cache pas qu'il s'agit de "concevoir et mettre en œuvre un "nouvel humanisme", en promouvant de manière synodale la contribution de chacun selon ses domaines d'engagement et de compétence". On peut donc se demander si le synode abordera des questions telles que la sécularisation, l'athéisme généralisé, l'effondrement des vocations sacerdotales et religieuses, leur formation, la vie morale et la grâce comme conditions de réception des sacrements, l'ignorance religieuse, les œuvres de miséricorde et de charité, etc.

Il ne semble pas y avoir de trace de tout cela, mais plutôt de politique, d'économie, de justice sociale, de solidarité, de bien commun, d'écologie durable, le tout dans le but de réaliser un "humanisme intégral". Une question se pose : l'humanisme apporté par Jésus-Christ, qui, comme le dit saint Irénée, a apporté toute nouveauté en s'apportant lui-même (omnem novitaten attulit semetipsum afferens) n'est-il plus suffisant ?

En outre, le document propose dix noyaux thématiques : "compagnons de route, écouter, prendre la parole, célébrer, coresponsabilité dans la mission (en tant que baptisés), dialogue dans l'Église et dans la société, avec les autres confessions chrétiennes, autorité et participation, discerner et décider, formation à la synodalité". L'objectif du prochain synode, comme celui de l'Allemagne, semble être la démocratisation interne de l'Église. Il faut noter, en effet, que la conversion et l'évangélisation sont absentes ; or le Concile Vatican II affirme que "l'Église est missionnaire par nature" (Ad gentes 2), et non synodale ; il suffirait donc qu'elle suive la méthode évangélique adoptée par Jésus : la rencontre avec l'homme dans le milieu où il vit, l'appel à le suivre (vocation) dans l'Église qui est précisément la con-vocation, l'envoi en mission, par la parole et l'invitation à la conversion. Au lieu de cela, nous sommes passés du slogan de l'Église "toute ministérielle", inventé à l'époque de Paul VI, à l'Église "toute synodale" de François.

Mais Lumen Gentium 18 affirme que l'Église est hiérarchique, c'est-à-dire qu'elle est régie par un "principe sacré", le Saint Ordre, qui a trois tâches : enseigner, sanctifier et gouverner, sinon l'Église devient autre chose. L'Église n'est pas synodale du fait qu'elle se réunit en synode ; de plus, la définition de l'"Église conciliaire" est déjà impropre, car l'Église n'est pas un concile permanent. Le synode ressemble un peu au concile, mais à la différence de celui-ci, il n'est pas, du moins jusqu'à présent, délibératif, puisqu'il ne représente que le collège des évêques. Seuls le pape et le collège uni des évêques peuvent délibérer, car ils sont d'institution divine. Par ailleurs, la différence entre le synode des évêques et le synode diocésain, qui inclut les laïcs, un peu comme les synodes des Églises orientales, est bien connue.

Il est vrai que l'Église est une réalité sociale, un coetus fidelium selon saint Thomas, et qu'elle ne se résume pas ou ne se réduit pas à la hiérarchie ; en effet, la hiérarchie doit être caractérisée par une authentique humilité et un sens de la justice ; les ordres sacrés sont grands, mais d'une grandeur au service du véritable culte que le Christ rend au Père dans l'Esprit. Cependant, ceci dit, il semble que nous voulions trouver dans la synodalité la solution à la crise actuelle, tombant dans l'autoréférentialité, si nous regardons la rhétorique qui caractérise tant de littérature sur le sujet : il y a ceux qui ont dit que le prochain synode sera l'événement le plus important après Vatican II.  La conclusion de l'Instrumentum laboris, citant le pape François, fait un aveu : " Rappelons-nous que le but du synode, et donc de cette consultation, n'est pas de produire des documents, mais de faire naître des rêves, de susciter des prophéties " (n 32).

Cet appel au rêve et à l'imaginaire manifeste, d'une part, un infantilisme croissant dans l'Église et, d'autre part, une suspicion idéologique à l'égard de la raison et de l'intelligence de la foi. Les textes et les analyses sur le sujet présentent les mêmes caractéristiques : un volontarisme prétendument moteur et une grande faiblesse des racines doctrinales et historiques. Pour les auteurs, le mot "synodalité" exprime le mystère même de l'Église, dans sa réalité fondamentale, alors qu'il ne désigne en fait qu'une petite partie de l'appareil institutionnel de l'Église. On oublie qu'il s'agit du Corps mystique de Jésus-Christ "répandu et communiqué", comme l'a dit Mgr Bossuet, du sacrement universel du salut, qui est à la fois le signe et l'instrument de la rédemption, et non d'un méga-groupe de coresponsabilité et d'écoute. La foi, avant tout, reste une rencontre personnelle et unique avec le Créateur et le Sauveur.

A ce stade, on peut se demander en quoi la synodalité serait le garant, voire l'agent, d'une plus grande efficacité missionnaire. En effet, il faut noter l'absence totale de bilans des différentes expériences synodales réalisées après le Concile, aussi bien les expériences universelles (dont il reste surtout les Exhortations apostoliques qui ont suivi) que les expériences diocésaines (dont les copies des documents sont tombées dans l'oubli) ; Il n'est pas non plus question de leur impact missionnaire réel, comme la fréquence de la messe et du sacrement de pénitence, la demande de baptêmes, de confirmations, d'onctions de malades et de mariages, les vocations sacerdotales et religieuses, le renouveau des mouvements spirituels et de l'éducation et de l'action catholique, le renforcement de la présence chrétienne dans les mondes politique et culturel, dans le tissu social, etc...). ).

Si l'on conclut que les assemblées synodales n'ont pas constitué un progrès missionnaire visible et mesurable, autre que le simple fait de se réunir, on court le risque de les voir réclamer des réformes absolument nécessaires pour revitaliser le tissu chrétien : ordination sacerdotale des hommes mariés, sacerdoce féminin, démocratie dans la décision du dogme et de la morale, transformation des conciles existants en assemblées délibératives, afin de réaliser une autre Église, favorisant un schisme de fait, même non déclaré. Ainsi, derrière la synodalité, on retrouve les mêmes références qui ont servi à justifier la collégialité en son temps, puis la communion (au moins, les études des années 1960 qui ont promu la révolution ou la réforme dans l'Église étaient d'un autre genre !) C'est l'effondrement de la culture catholique et un retour à Babel. Maintenant, avec la synodalité, nous passons de la tragédie à la farce !

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