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RDC : Le cardinal Ambongo dans le viseur de la justice

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Un article d'Hubert Leclercq dans "La Libre Afrique", le 28 avril 2024: l'éternel retour de la querelle entre l'Eglise et l'Etat:

"Le procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, ordonne au procureur général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete d’ouvrir une information judiciaire à charge du cardinal Fridolin Ambongo.

L’Église catholique a toujours joué un rôle politique central au Zaïre et en République démocratique du Congo.

Le cardinal Malula sous Mobutu, les cardinaux Etsou et Monsengwo de Mobutu à Joseph Kabila en passant par Laurent-Désiré kabila, les chefs de l’Église catholique ont toujours été des aiguillons pour la classe dirigeante qui a dû composer avec la liberté de parole des prélats et leur défense systématique des intérêts de la population congolaise.

Ambongo, l’héritier

ambongo-monsengwo-stade-261118-800px.jpgL’actuel cardinal Ambongo marche dans les traces de ses prédécesseurs avec un discours, pourtant parfois plus polissé que ceux qui l’ont  précédé, mais qui ose mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans l’architecture de l’État congolais version Félix Tshisekedi.

Une attitude inacceptable pour ce régime qui s’est toujours assis sur les normes pour assurer son pouvoir et imposer ses choix, qui a escamoté la vérité, jeté opposants et journalistes derrière les barreaux et qui a érigé la victimisation en premier argument de défense pour tenter de justifier tous ses manquements.

La justice par le biais de son principal zélote, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, personnage central dans l’assassinat converti en suicide de l’opposant Chérubin Okende, a donc adressé une missive au procureur général du tribunal de Grande instance de Kinshasa-Matete, dans laquelle il ordonne l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.

Fuite en avant

Le procueur Mvonde parle de « propos séditieux » tenus par le cardinal lors de ses diverses prises de parole publiques.

Des propos que le magistrat juge de nature « à décourager les militaires des forces armées de la République qui combattent au front, mais aussi incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales déjà meurtries par autant d’années de déstabilisation. »

Le cardinal Ambongo, selon le courrier du procureur Mvonde, ne se serait pas présenté le 25 avril dans son bureau comme il y aurait été invité pour « un échange autour de certains dossiers en instruction ».

Ce qui permet au magistrat d’ajouter « Devant l’évidence de ces comportements qui s’analysent en faits infractionnels envers et contre la patrie, son peuple et ses dirigeants et qui mettent à mal les lois de la République, je vous ordonne d’ouvrir une information judiciaire à charge du prélat qui violente les consciences et semble trouver plaisir à travers ces faux bruits et autres incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines. Agir autrement s’analysera en déni de justice de votre part, poursuit le magistrat, qui ajoute : votre inactivisme sera considéré comme un fait de complicité… »

La notion de « faux bruits » a déjà été utilisée par le pouvoir congolais il y a peu pour justifier l’arrestation et l’incarcération pendant sept mois (le temps des élections) du journaliste Stany Bujakera, aujourd’hui, enfin libre.

Victime de tout, responsable de rien

Une fois de plus, le régime congolais cherche des boucs émissaires pour cacher les vrais problèmes d’un État qui a refusé d’investir dans son armée, préférant payer et armer des rebelles, financer des mercenaires et appeler à la rescousse des voisins ou des organisations régionales qui ne viendront jamais mourir pour le Congo face à des rebelles que Kinshasa s’évertue à ne pas reconnaître.

Après les Rwandais, après les troupes de l’East African Comunity, après la marque Appel, c’est donc le clergé catholique qui est devenu l’adversaire d’un régime corrompu, de moins en moins crédible, qui refuse d’endosser la moindre responsabilité dans la crise que traverse le pays.

Cette lettre du procureur Mvonde suscite un torrent de réactions sur les réseaux sociaux. Pour nombre de Congolais cette tentative de museler le clergé est le geste de trop. Le clergé n’a pas provoqué le pouvoir, il a joué le rôle qui a toujours été le sien."

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