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Un avenir pour la messe traditionnelle ?

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La lettre 907 de "Paix liturgique" :

QUEL AVENIR POUR LA MESSE TRADITIONNELLE ?

UN ENTRETIEN AVEC JEAN-PIERRE MAUGENDRE

Le 24 septembre dernier s’est déroulé à la Maison de la Chimie un colloque organisé par plusieurs associations (Una Voce, Paix liturgique, Notre-Dame de Chrétienté, Lex orandi, Renaissance catholique) sur le thème de l’avenir de la messe traditionnelle. Nous avons interrogé Jean-Pierre Maugendre, Directeur Général de Renaissance catholique, un des organisateurs de ce colloque.

Paix Liturgique : Pourquoi avoir organisé ce colloque ?

Jean-Pierre Maugendre : Le motu Proprio Traditionis custodes, promulgué par le pape François le 16 juillet 2021, a marqué la volonté pontificale de voir disparaître la célébration de la messe romaine traditionnelle. De dérogations en exceptions, les restrictions à la célébration de cet usus antiquior perdurent néanmoins. Or il apparaît à beaucoup de fidèles et de prêtres qu’il s’agit là, à la fois d’un grave abus de pouvoir et d’une décision méprisant souverainement les difficultés doctrinales, liturgiques et spirituelles que soulève la réforme liturgique. Si, comme l’écrivait récemment un évêque à l’un de nos amis il ne s’agit que de querelles stériles autour de « détails liturgiques » pourquoi une telle hargne contre la messe traditionnelle. Si, en revanche, sont en jeu des questions doctrinales de fond merci de nous expliquer ce qui a, fondamentalement, changé. Les clercs étant tenus à une certaine réserve il nous est apparu important que des laïcs puissent montrer leur détermination à ne pas se laisser déposséder des trésors qui ont sanctifié leurs pères. Cela d’autant plus qu’au vu des résultats catastrophiques de la réforme liturgique (effondrement de la pratique religieuse, chute des vocations, ignorance religieuse généralisée, etc.) cette volonté de rompre avec la Tradition de l’Eglise apparaît pour le moins incongrue, voire purement idéologique.

Paix Liturgique : Comment cela s’est-il passé ? 

Jean-Pierre Maugendre : Notons d’abord que ce colloque devait, à l’origine, se dérouler dans la crypte de l’église sainte Odile à Paris. Sur intervention personnelle de Mgr Ulrich, archevêque de Paris, nous n’avons pu être reçus dans cette paroisse et avons dû nous rabattre sur la Maison de la Chimie. Bienheureuse exclusion qui nous a permis d’accueillir 450 participants dans un cadre prestigieux, ce qui aurait été impossible à sainte Odile. Deo gratias ! Nous avons alterné trois modes de communication :

- des conférences sur la richesse de la messe traditionnelle, une tentative de définition du traditionalisme, des pistes de réflexion, concrètes, sur l’avenir de la messe traditionnelle

- des entretiens sur l’histoire de l’interdiction de la messe traditionnelle, l’obéissance dans l’Eglise 

- des table-rondes sur la situation concrète dans les diocèses et une tentative de bilan d’un demi-siècle de réforme liturgique.

Tous les participants ont apprécié la grande qualité des interventions. Ce fut également, pour beaucoup, l’occasion de rencontrer les auteurs de diverses contributions écrites ou intervenants d’émissions de télévision : Cyril Farret d’Astiés, l’abbé Barthe, l’abbé Celier, Luc Perrin, Jean de Tauriers, le chanoine Denis, Jeanne Smits, etc. Une abondante librairie, prise littéralement d’assaut, venait compléter l’enseignement oral de cette journée. A l’heure des réseaux sociaux et de l’immédiateté ce serait une cruelle illusion que de croire que des convictions solides peuvent se forger et se transmettre sans un effort d’étude dont le livre reste le support privilégié. Un beau succès, dû à la mobilisation de toutes les associations organisatrices.

Paix Liturgique :  Pourquoi publier aujourd’hui les Actes de ce colloque ?

Jean-Pierre Maugendre : « Verba volent. Scripta manent » Les paroles s’envolent les écrits restent. Il nous a semblé que la qualité des interventions de cette journée rendait nécessaire une retranscription écrite. Tout d’abord pour permettre aux participants de revenir sur tel ou tel sujet calmement, un crayon à la main selon la recommandation de… Voltaire : « Celui qui ne lit pas un crayon à la main dort ». Ensuite pour que puissent bénéficier de ces travaux des personnes qui n’étaient pas présentes. Enfin pour fournir un argumentaire peu onéreux, concis et disponible qui puisse être diffusé pour faire comprendre les raisons de notre attachement à la liturgie romaine traditionnelle. Ces Actes sont, à nos yeux, un outil de propagande, aisément accessible et diffusable, au service de la Tradition de l’Eglise.

Paix Liturgique :  Avez-vous des projets ?

Jean-Pierre Maugendre : Bien sûr ! Nous souhaitons, tout d’abord, partir à la rencontre des provinciaux qui n’ont pu être présents à Paris le 24 septembre dernier. Un certain nombre des intervenants de ce colloque sont prêts à se rendre en province, à l’invitation d’une association locale, afin de traiter, a priori en une soirée, le sujet qui fut celui de notre colloque : « Quel avenir pour la messe traditionnelle ? » Ensuite nous mettrons en ligne d’ici quelques semaines les enregistrements vidéos des interventions de ce colloque. Enfin nous avons déjà réservé, à la Maison de la Chimie, la date du samedi 23 septembre 2023 pour la seconde édition de ce colloque dont il y a fort à parier que le sujet sera toujours d’actualité. Il s’agit là d’un lieu de réflexion et de rencontres uniques dans la diversité des histoires et des choix prudentiels de chacun mais aussi dans l’union autour d’un commun attachement à la messe traditionnelle. Confiants dans le développement de cette initiative nous avons loué une salle supplémentaire, qui servira de garderie, afin de permettre aux parents qui ont des enfants en bas âge d’être également présents. Nous souhaitons enfin une plus large mobilisation des mouvements de jeunes, souvent bénéficiaires des combats et des sacrifices de leurs anciens, peut-être, parfois, oublieux des raisons de fond de notre attachement à la liturgie romaine traditionnelle.

Que Dieu nous garde !

Pour acheter les Actes du Colloque 2022  et/ou  s'inscrire pour les prochains colloques www.renaissancecatholique.fr

Commentaires

  • Il n'y a qu'une seule messe dans notre église catholique...

  • Il serait plus juste de dire qu'il n'existe qu'une eucharistie mais qui peut être célébrée selon plusieurs rites reconnus par l'Église pour être l'expression de la "lex credendi". Un seul exemple : il y a des catholiques attachés à l'Église romaine et qui célèbrent l'Eucharistie selon la liturgie de saint Jean Chrysostome.

  • Il serait plus juste de dire qu'il n'existe qu'une eucharistie mais qui peut être célébrée selon plusieurs rites reconnus par l'Église pour être l'expression de la "lex credendi". Un seul exemple : il y a des catholiques attachés à l'Église romaine et qui célèbrent l'Eucharistie selon la liturgie de saint Jean Chrysostome.

  • Je n'arrive toujours pas à savoir à partir de quelle période, de quel siècle, la façon de célébrer la messe a été considérée comme "traditionnelle". Mystère. Si c'est à partir du concile de Trente et de la publication du missel dit "de saint Pie V", alors il faut admettre que durant seize siècles, les fidèles catholiques n'ont pas pu assister à des messes "traditionnelles". De plus, quand a été publié le missel romain à la suite de Trente, le chant grégorien - "chant propre de la liturgie romaine", dit Vatican II - était totalement oublié. Tout permet de penser que saint Pie V et ses successeurs n'en ont jamais entendu la moindre note. Enfin, rappelons que saint Vincent de Paul, au XVIIe siècle, écrit que la façon dont était célébrée la messe, dans différentes paroisses, faisait honte. Finalement, si l'on reprend l'histoire de la liturgie, on voit que la messe qualifiée aujourd'hui de "traditionnelle" n'a existé qu'à partir du XIXe siècle, quand fut mis un terme à la prolifération de liturgies "néo-gallicano-jansénistes".

  • "Au vu des résultats catastrophiques de la réforme liturgique (effondrement de la pratique religieuse, chute des vocations, ignorance religieuse généralisée, etc.) cette volonté de rompre avec la Tradition de l’Eglise apparaît pour le moins incongrue, voire purement idéologique."
    Puisque l'auteur de ces approximations et contre-vérités recommande la méthode le lecture de Voltaire, je lui recommande d'en faire usage pour la lecture des textes de Vatican II, en particulier des grandes Constitutions du Concile. Peut-être devrait-il avec honnêteté intellectuelle reconnaître que jamais le Concile n'a eu la volonté " de rompre avec la Tradition de l’Eglise". Les effets pervers qu'il dénonce ne sont pas ceux d'une réforme liturgique - très mal appliquée, il est vrai - mais ceux d'une multitude de facteurs dont l'Eglise n'avait pas la maîtrise. Je pense notamment à la remise en cause de toute autorité après mai '68.

  • C'est totalement exact. Il faut rappeler que 1) la baisse de la pratique religieuse dans nos pays de vieille chrétienté avait commencé bien avant Vatican II et que 2) les communautés luthériennes et calvinistes connaissent elles aussi une grave crise alors qu'elles n'ont pas eu le concile Vatican II. Donc... le Concile n'est pour rien dans la crise. C'est plutôt la façon avec laquelle il a été reçu et appliqué (ou plus exactement "pas" appliqué) qui a aggravé la crise au lieu de la freiner. Reconnaissons que le clergé est en grande partie responsable de la situation actuelle.

  • A l'attention d'Arnaud et de Denis Crouan

    Certes, la constitution liturgique Sacrosancto concilium, de son côté, a été plus suivie que loyalement servie par un NOM qui, pour sa part, a débouché sur une prise en compte propice à son dévoiement, puis à une mise en oeuvre désastreuse ou destructrice, au moyen de laquelle le sens de la célébration, de la contemplation, du sacerdoce et du sacrifice a été perdu par beaucoup et pour longtemps.

    Mais cela ne signifie nullement qu'à un très bon Concile aurait succédé un mauvais après-Concile, pour des raisons qui auraient été essentiellement extra-ecclésiales ou intra-mondaines, alors que, notamment dans le domaine de la pastorale ad extra, la part de responsabilité des documents du Concile est absolument considérable.

    En réalité, à partir des années 1930, en philosophie et en théologie, il est arrivé au catholicisme, encore plus "inclusif" depuis Francois que depuis le Concile, ce qui est arrivé, auparavant, au protestantisme libéral, avec des conséquences à la fois différentes et convergentes.

    Pour aller vite et pour faire court, disons ici qu'à un catholicisme anti-protestant, anti-libéral et anti-moderniste, dans le cadre duquel la distinction entre les erreurs et la vérité avait encore une certaine place, a succédé un néo-catholicisme, oecuméniste par esprit de système, dans le cadre duquel la distinction entre les divisions, héritées du passé, et l'unité (interconfessionnelle, interreligieuse, voire, au moins depuis Francois, interconvictionnelle), inspirée par et orientée vers l'avenir, occupe désormais une très grande place, dans le regard et le discours des clercs.

  • Ne nous enfonçons pas le doigt dans l'oeil gauche jusqu'à Brest, ni le doigt dans l'oeil droit jusqu'à Strasbourg, car la contestation de l'autorité de Paul VI a commencé dès la troisième session du Concile, à l'automne 1964, et parce que l'après-Concile a commencé à "mal tourner" dès l'année 1965-1966, notamment aux Pays-Bas, puis, à partir de l'automne 1967, dans quelques universités catholiques italiennes.

    Plus globalement, si le Concile Vatican II en tant que tel, de par les textes qu'il comporte, avait été ou était vraiment propice, en plénitude, au respect et au souci, par les catholiques eux-mêmes, de l'identité et de l'intégrité de la foi catholique, dans sa dimension dogmatique et dans sa dimension liturgique, cela s'entendrait, se verrait et, du coup, se saurait, depuis à présent un peu plus de soixante ans...

  • Cher monsieur YZERN, votre argumentaire est pertinemment amené, mais il me semble faire fi du fait que l'Eglise n'échappe pas et n'a jamais échappé aux vicissitudes idéologiques du monde, même si, fort heureusement, elle est est restera intègre sur le plan du magistère. Ainsi, les doctrines aux velléités démiurges (siècle des lumières, "feu d'artifice scélérat" de la Révolution, totalitarimes politiques,
    cerise sur ce gâteau infâme: 1968, et à présent onde de ces chocs, encore et encore, avec la déliquescence gravissime de l'humanité sans Dieu.) . Notre Seigneur Jésus-Christ a promis que "La puissance de la mort ne l'emportera pas sur l'Eglise.". Il n'a cependant jamais affirmé qu' elle ne serait pas attaquée par l' esprit du monde.
    Ainsi, je crois qu'il ne faut pas confondre des biais hypothétiques dans le magistère élaboré au cours du concile Vatican II, avec les influences délétères des idéologies du monde qui concernent la pastorale

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