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Nouveaux cardinaux du pape François : à quoi ressemblerait un prochain conclave ?

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D'Andrea Gagliarducci sur CNA :

Analyse : Ce que les nouveaux cardinaux du pape François révèlent sur le futur conclave

8 décembre 2024

Un nombre record de 140 cardinaux pourraient assister à un éventuel conclave dans la chapelle Sixtine. Il y en aurait eu 141, mais le décès du cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, le 25 novembre, a réduit ce nombre d'un. Au total, le Sacré Collège compte désormais 255 membres.

Le nombre de cardinaux électeurs est le point le plus important qui ressort du consistoire de ce week-end. Sur les 140 cardinaux électeurs, 110 ont été créés par le pape François, 24 par Benoît XVI et six par saint Jean-Paul II. À la fin de l'année, le 24 décembre, le cardinal indien Oswald Gracias, créé cardinal par Benoît XVI en 2007, aura 80 ans et ne pourra donc plus participer à un conclave.

Quatorze autres cardinaux auront 80 ans en 2025. Il s'agit des cardinaux Christoph Schoenborn, Fernando Vergez Alzaga, Celestino Aos Braco, George Alencherry, Carlos Osoro Sierra, Robert Sarah, Stanislaw Rylko, Joseph Coutts, Vinko Pulhić, Antonio Canizares Llovera, Vincent Nichols, Jean. -Pierre Kutwa, Nakellentuba Ouédraogo et Timothy Radcliffe.

Deux d’entre elles ont été créées par saint Jean-Paul II, quatre par Benoît XVI et huit par le pape François.

Il faudra cependant attendre mai 2026 pour revenir au chiffre de 120 cardinaux électeurs établi par saint Paul VI et jamais abrogé.

Les choix du pape François

Pour la première fois, un cardinal est présent en Iran, l'archevêque de Téhéran-Ispahan, Mgr Dominique Matthieu, un missionnaire belge. C'est aussi la première fois qu'un cardinal est présent en Serbie, l'archevêque de Belgrade, Mgr Ladislav Nemet, recevant le chapeau rouge.

Le pape François a créé des cardinaux de 72 nations différentes, et 24 de ces nations n’ont jamais eu de cardinal auparavant.

Le pape François a également montré qu’il ne choisit pas ses successeurs en fonction des sièges traditionnels des cardinaux. Par exemple, il n’y a pas de cardinal pour diriger les deux patriarcats historiques européens de Lisbonne et de Venise, ni ceux de Milan, Florence ou Paris.

Il existe cependant des exceptions. Lors de ce consistoire, le pape François a créé cardinaux les archevêques de Turin, Naples, Lima, Santiago du Chili, Toronto et le vicaire général du diocèse de Rome.

Naples est entré sur la liste de manière quelque peu surprenante, la décision du pape ayant été communiquée dans un communiqué du Bureau de presse du Saint-Siège le 4 novembre. L'archevêque de Naples Battaglia remplace l'évêque de Bogor, en Indonésie, Bruno Syukur, qui avait demandé au pape François de le retirer de la liste des nouveaux cardinaux pour des raisons personnelles non précisées.

L'équilibre géographique du Collège des cardinaux

Le pape n'a pas décidé de remplacer un éventuel cardinal indonésien par un autre cardinal d'Asie.

Le pourcentage de cardinaux italiens au sein du Collège des cardinaux est le plus bas jamais enregistré, du moins à l'époque moderne. Ce n'est que pendant la captivité d'Avignon (1309-1377) que le pourcentage de cardinaux italiens a été aussi bas.

Aux 17 italiens il faut toutefois ajouter le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, qui est inclus dans le quota de l'Asie, et le cardinal Giorgio Marengo, ordinaire de Mongolie, également en Asie.

Le cardinal Angelo Becciu est considéré comme non-électeur, mais ce statut est encore en cours de détermination. Le pape François lui avait demandé de renoncer à ses prérogatives de cardinal mais a continué à l'inviter aux consistoires et aux messes, où il a toujours siégé parmi les cardinaux. Si aucune décision n'est prise d'ici là, le Collège des cardinaux, à la majorité des voix, décidera si le cardinal Becciu sera ou non admis au conclave.

Répartition régionale

L'équilibre reste le même. L'Europe compte désormais trois cardinaux supplémentaires, en plus des quatre Italiens ayant le droit de vote : l'archevêque de Belgrade Ladislav Nemet (58 ans), l'archevêque Rolandas Makrickas (52 ans), archiprêtre coadjuteur de la basilique papale de Santa Maria Maggiore depuis mars, et le père dominicain Timothy Radcliffe (79 ans). L'Europe compte désormais 55 cardinaux.

L'Amérique latine a accueilli cinq nouveaux cardinaux. La pourpre est arrivée dans des diocèses qui l'ont reçue plusieurs fois — avec Mgr Carlos Gustavo Castillo Mattasoglio (74 ans) à Lima et Mgr Fernando N. Chomali Garib (67 ans) à Santiago du Chili — ou une seule fois — avec Mgr Luis Gerardo Cabrera Herrera (69 ans) à Guayaquil, en Équateur, et Mgr Jaime Spengler (64 ans, également président du CELAM) à Porto Alegre, au Brésil.

La birretta rouge de l'archevêque de Santiago del Estero, Mgr Vicente Bokalic Iglic (72 ans), est également une première. Mais dans ce cas, le terrain avait déjà été préparé par la récente décision de transférer le titre de primat d'Argentine de Buenos Aires à ce siège. Au total, l'Amérique latine compte désormais 24 cardinaux (dont le cardinal Celestino Aos Braco, émérite de Santiago du Chili, né en Espagne).

L'Asie a accueilli quatre nouveaux cardinaux. Le pape a remis le chapeau rouge à l'archevêque de Tokyo, Tarcisius Isao Kikuchi, 66 ans, ainsi qu'aux évêques de deux diocèses qui n'ont jamais eu de cardinal à leur tête : l'évêque de Kalookan aux Philippines, Pablo Vigilio Siongo David, 65 ans, et l'archevêque de Téhéran, Dominique Joseph Mathieu, 61 ans.

L'Afrique a accueilli deux nouveaux cardinaux, portant le total du continent à 18. Il s'agit de Mgr Jean-Paul Vesco, 62 ans, archevêque d'Alger, et de Mgr Ignace Bessi Dogbo, 63 ans, archevêque d'Abidjan, en Côte d'Ivoire.

L'Amérique du Nord compte désormais 14 électeurs, avec l'ajout de l'archevêque de Toronto Francis Leo (53). L'Océanie compte quatre électeurs, avec la création de l'évêque Mykola Bychok, de l'éparchie Saints-Pierre-et-Paul de Melbourne des Ukrainiens, comme cardinal. À 44 ans, il devient le plus jeune membre du Collège des cardinaux.

Représentation nationale

L'Italie reste la nation la plus représentée au conclave, avec 17 grands électeurs (plus deux autres en Asie). Les États-Unis comptent 10 cardinaux électeurs et l'Espagne en compte 7 (avec trois autres au Maroc, au Chili et en France).

Le Brésil passe à 7 électeurs, l'Inde à 6 électeurs. La France reste à 5 électeurs, auxquels s'ajoute l'archevêque Vesco en Afrique du Nord. Le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d'Ajaccio, est anagraphiquement espagnol bien que naturalisé français.

L'Argentine et le Canada rejoignent la Pologne et le Portugal avec quatre cardinaux électeurs, tandis que l'Allemagne est à égalité avec les Philippines et la Grande-Bretagne avec trois.

Le poids des cardinaux électeurs engagés dans la Curie, dans d'autres fonctions romaines ou dans les nonciatures, a diminué, comme celui des Italiens. Ils seront 34 sur 140, un minimum historique.

Des 21 nouveaux cardinaux, 10 (tous électeurs) appartiennent à des ordres et congrégations religieuses, un autre record. Le nombre d'électeurs religieux du Sacré Collège passe de 27 à 35. Les Frères Mineurs rejoignent les Salésiens à cinq et dépassent les Jésuites, qui restent à 4. La famille franciscaine s'agrandit à 10 électeurs (5 Mineurs, 3 Conventuels et 2 Capucins). Les Lazaristes et les Rédemptoristes montent à 2.

À quoi ressemblerait un éventuel conclave ?

Le 8 décembre, le pape François a nommé 78% des cardinaux pouvant voter lors d'un conclave. Cela signifie que les cardinaux créés par le pape François dépassent de loin la majorité des deux tiers nécessaire pour élire un pape.

Cela ne signifie pas pour autant que le conclave sera « à la François ». Non seulement les nouveaux cardinaux ont tous des profils très différents, mais ils n’ont pas encore eu beaucoup d’occasions de se connaître. Les papes ont également utilisé les consistoires pour réunir les cardinaux afin de discuter de questions d’intérêt général.

Le pape François ne l’avait fait que trois fois : en 2014, lorsque la famille avait été discutée ; en 2015, lorsque le sujet était la réforme de la Curie ; et en 2022, lorsque la constitution apostolique Praedicate Evangelium , ou la réforme de la Curie désormais définie et promulguée, avait été discutée.

Lors de cette dernière réunion, les cardinaux étaient divisés en groupes linguistiques, avec moins de possibilités de parler ensemble dans l'assemblée. Ce scénario rend le vote très incertain.

Un autre fait à noter est que, jusqu'à l'élection de saint Jean-Paul II, les cardinaux réunis en conclave étaient logés dans des locaux de fortune au Palais apostolique, près de la chapelle Sixtine. Jean-Paul II fit rénover la Domus Sanctae Marthae (Maison Sainte-Marthe) précisément pour garantir aux cardinaux qui éliraient son successeur des locaux plus adéquats.

Aujourd'hui, le pape François habite la Domus Sanctae Marthae. Cela signifie qu'à sa mort, il faudra au moins sceller l'étage où vit le pontife, comme l'est l'appartement pontifical. Sceller un étage de la Domus signifie également perdre un nombre considérable de pièces. Et avec un nombre aussi élevé d'électeurs, cela signifie aussi risquer de ne pas avoir assez de pièces pour accueillir tous les cardinaux.

Les électeurs pourraient être installés dans des appartements vacants de l'Etat de la Cité du Vatican. Cela les rendrait cependant encore plus isolés. En pratique, il existe un risque que, pendant le conclave, les cardinaux ne puissent pas toujours être ensemble pour discuter de l'élection.

Pour ces raisons, bien que le pape François ait créé plus des deux tiers des cardinaux électeurs, il n’est nullement certain que le pape choisi lors d’un futur conclave aura le même profil que le pape François.

Andrea Gagliarducci est journaliste italien pour l'Agence de presse catholique et analyste du Vatican pour ACI Stampa. Il contribue au National Catholic Register.

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