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Marie, Mère du peuple fidèle, et non co-rédemptrice

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De Vatican News :

Note doctrinale sur les titres mariaux: Mère du peuple fidèle, et non co-rédemptrice

Le document du dicastère pour la Doctrine de la foi approuvé par Léon XIV clarifie les titres à utiliser pour la Vierge Marie. Une attention particulière est également requise pour le titre «Médiatrice de toutes grâces».

«Mater populi fidelis» est le titre de la note doctrinale publiée ce mardi 4 novembre, par le dicastère pour la Doctrine de la foi. Signée par le préfet, le cardinal Víctor Manuel Fernández, et par le secrétaire de la section doctrinale, Mgr Armando Matteo, la note a été approuvée par le Pape le 23 juin dernier. Elle est le fruit d'un long et minutieux travail collégial. Il s'agit d'un document doctrinal sur la dévotion mariale, centré sur la figure de Marie associée à l'œuvre du Christ en tant que Mère des croyants. La note fournit une base biblique significative pour la dévotion à Marie, en plus de rassembler différentes contributions des Pères, des Docteurs de l'Église, des éléments de la tradition orientale et de la pensée des derniers Papes.

Dans ce cadre, le texte doctrinal analyse un certain nombre de titres mariaux; il en valorise certains et met en garde contre l'utilisation d'autres. Des titres tels que «Mère des croyants»«Mère spirituelle»«Mère du peuple fidèle», sont particulièrement appréciés, lit-on dans la note. En revanche, le titre de «co-rédemptrice» est considéré comme inapproprié et inconvenant. Le titre de «médiatrice» est considéré comme inacceptable lorsqu'il revêt une signification exclusive à Jésus-Christ, mais il est considéré comme précieux s'il exprime une médiation inclusive et participative, qui glorifie la puissance du Christ. Les titres de «Mère de la grâce» et «Médiatrice de toutes grâces» sont considérés comme acceptables dans certains sens très précis, mais une explication particulièrement large des significations qui peuvent présenter des risques est proposée.

En substance, la note réaffirme la doctrine catholique qui a toujours bien mis en évidence que tout en Marie est orienté vers la centralité du Christ et son action salvifique. C'est pourquoi, même si certains titres mariaux peuvent être expliqués par une exégèse correcte, il est préférable de les éviter. Dans sa présentation, le cardinal Fernández valorise la dévotion populaire, mais met en garde contre les groupes et les publications qui proposent un certain développement dogmatique et suscitent des doutes parmi les fidèles, notamment à travers les réseaux sociaux. «Le principal problème dans l’interprétation de ces titres appliqués à la Vierge Marie est de comprendre comment Marie est associée à l’œuvre rédemptrice du Christ» (3).

Co-rédemptrice

En ce qui concerne le titre «co-rédemptrice», la note rappelle que certains Papes «ont utilisé ce titre sans trop s’attarder à l’expliquer. D’une manière générale, ils l’ont présenté de deux manières précises: par rapport à la maternité divine, dans la mesure où Marie, en tant que mère, a rendu possible la Rédemption accomplie dans le Christ, ou en référence à son union avec le Christ près de la Croix rédemptrice. Le Concile Vatican II a évité d’utiliser le titre de co-rédemptrice pour des raisons dogmatiques, pastorales et œcuméniques. Saint Jean-Paul II l’a utilisé à sept reprises au moins, en le rapportant en particulier à la valeur salvifique de nos souffrances offertes avec celles du Christ à qui Marie est unie avant tout sur la Croix» (18).

Le document cite une discussion interne de l'ancienne Congrégation pour la doctrine de la foi qui, en février 1996, avait examiné la demande de proclamer un nouveau dogme sur Marie «co-rédemptrice ou médiatrice de toutes grâces». L'avis du cardinal Ratzinger n’était pas favorable: «La signification précise des titres n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre. […] On ne voit pas clairement comment la doctrine exprimée dans les titres est présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique». Plus tard, en 2002, le futur Benoît XVI s'était également exprimé publiquement dans le même sens: «La formule “co-rédemptrice” est trop éloignée du langage de l’Écriture et de la patristique et provoque ainsi des malentendus... Tout procède de Lui, comme le disent surtout les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui». Le cardinal Ratzinger, précise la note, ne niait pas qu'il y avait de bonnes intentions et des aspects précieux dans la proposition d'utiliser ce titre, mais il soutenait qu'il s'agissait d'un «terme erroné» (19).

Le Pape François a exprimé au moins trois fois une position clairement opposée à l'utilisation du titre de co-rédemptrice. Le document doctrinal conclut à ce sujet: «l’utilisation du titre de co-rédemptrice pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune. Ce titre risque d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne... Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes, afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à la foi du Peuple de Dieu et devient gênante» (22).

Médiatrice

La note souligne que l'expression biblique se référant à la médiation exclusive du Christ «est décisive». Le Christ est l'unique Médiateur (24). D'autre part, elle souligne l'usage très courant du «terme “médiation” dans les domaines les plus variés de la vie sociale, où il s’entend simplement comme coopération, aide, intercession. Par conséquent, il est inévitable qu’il soit appliqué à Marie dans un sens subordonné, et en aucune façon il n’a pour but d’ajouter une efficacité ou une puissance à l’unique médiation de Jésus-Christ» (25). En outre, le document reconnaît qu'«il est évident qu’il y a eu une forme de médiation réelle de Marie pour rendre possible l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre humanité» (26).

Mère des croyants et Médiatrice de toutes grâces

La fonction maternelle de Marie «n’offusque et ne diminue en rien» la médiation unique du Christ, mais «en manifeste au contraire la vertu». Ainsi comprise, «les titres et les expressions qui se réfèrent à Marie et qui la présentent comme une sorte de “paratonnerre” devant la justice du Seigneur, comme si Marie était une alternative nécessaire à l’insuffisante miséricorde de Dieu» (37, b). Le titre de «Mère des croyants» nous permet de parler de «l’action de Marie aussi en relation avec notre vie de grâce» (45).

Il faut cependant faire attention aux expressions qui peuvent transmettre «d’autres contenus moins acceptables» (45). Le cardinal Ratzinger avait expliqué que le titre de «Marie médiatrice de toutes grâces» n'était pas clairement fondé sur la révélation divine, et «en accord avec cette conviction, nous pouvons reconnaître les difficultés qu’il comporte, tant pour la réflexion théologique que pour la spiritualité» (45). En effet, «aucun être humain, pas même les apôtres ou la Très Sainte Vierge, ne peut agir en tant que dispensateur universel de la grâce. Seul Dieu peut donner la grâce et Il le fait à travers l’humanité du Christ» (53). Les titres, tels que celui de «Médiatrice de toutes grâces», ont donc «des limites qui ne facilitent pas une compréhension correcte de la place unique de Marie. En effet, elle, la première rachetée, ne peut pas avoir été médiatrice de la grâce qu’elle a reçue elle-même» (67). Cependant, le document reconnaît enfin que «le mot “grâces”, à propos de l’aide maternelle de Marie à différents moments de la vie, peut avoir un sens acceptable. Le pluriel exprime toutes les aides, même matérielles, que le Seigneur peut nous apporter en écoutant l’intercession de la Mère» (68).

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