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  • Marie, Mère du peuple fidèle, et non co-rédemptrice

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    De Vatican News :

    Note doctrinale sur les titres mariaux: Mère du peuple fidèle, et non co-rédemptrice

    Le document du dicastère pour la Doctrine de la foi approuvé par Léon XIV clarifie les titres à utiliser pour la Vierge Marie. Une attention particulière est également requise pour le titre «Médiatrice de toutes grâces».

    «Mater populi fidelis» est le titre de la note doctrinale publiée ce mardi 4 novembre, par le dicastère pour la Doctrine de la foi. Signée par le préfet, le cardinal Víctor Manuel Fernández, et par le secrétaire de la section doctrinale, Mgr Armando Matteo, la note a été approuvée par le Pape le 23 juin dernier. Elle est le fruit d'un long et minutieux travail collégial. Il s'agit d'un document doctrinal sur la dévotion mariale, centré sur la figure de Marie associée à l'œuvre du Christ en tant que Mère des croyants. La note fournit une base biblique significative pour la dévotion à Marie, en plus de rassembler différentes contributions des Pères, des Docteurs de l'Église, des éléments de la tradition orientale et de la pensée des derniers Papes.

    Dans ce cadre, le texte doctrinal analyse un certain nombre de titres mariaux; il en valorise certains et met en garde contre l'utilisation d'autres. Des titres tels que «Mère des croyants»«Mère spirituelle»«Mère du peuple fidèle», sont particulièrement appréciés, lit-on dans la note. En revanche, le titre de «co-rédemptrice» est considéré comme inapproprié et inconvenant. Le titre de «médiatrice» est considéré comme inacceptable lorsqu'il revêt une signification exclusive à Jésus-Christ, mais il est considéré comme précieux s'il exprime une médiation inclusive et participative, qui glorifie la puissance du Christ. Les titres de «Mère de la grâce» et «Médiatrice de toutes grâces» sont considérés comme acceptables dans certains sens très précis, mais une explication particulièrement large des significations qui peuvent présenter des risques est proposée.

    En substance, la note réaffirme la doctrine catholique qui a toujours bien mis en évidence que tout en Marie est orienté vers la centralité du Christ et son action salvifique. C'est pourquoi, même si certains titres mariaux peuvent être expliqués par une exégèse correcte, il est préférable de les éviter. Dans sa présentation, le cardinal Fernández valorise la dévotion populaire, mais met en garde contre les groupes et les publications qui proposent un certain développement dogmatique et suscitent des doutes parmi les fidèles, notamment à travers les réseaux sociaux. «Le principal problème dans l’interprétation de ces titres appliqués à la Vierge Marie est de comprendre comment Marie est associée à l’œuvre rédemptrice du Christ» (3).

    Co-rédemptrice

    En ce qui concerne le titre «co-rédemptrice», la note rappelle que certains Papes «ont utilisé ce titre sans trop s’attarder à l’expliquer. D’une manière générale, ils l’ont présenté de deux manières précises: par rapport à la maternité divine, dans la mesure où Marie, en tant que mère, a rendu possible la Rédemption accomplie dans le Christ, ou en référence à son union avec le Christ près de la Croix rédemptrice. Le Concile Vatican II a évité d’utiliser le titre de co-rédemptrice pour des raisons dogmatiques, pastorales et œcuméniques. Saint Jean-Paul II l’a utilisé à sept reprises au moins, en le rapportant en particulier à la valeur salvifique de nos souffrances offertes avec celles du Christ à qui Marie est unie avant tout sur la Croix» (18).

    Le document cite une discussion interne de l'ancienne Congrégation pour la doctrine de la foi qui, en février 1996, avait examiné la demande de proclamer un nouveau dogme sur Marie «co-rédemptrice ou médiatrice de toutes grâces». L'avis du cardinal Ratzinger n’était pas favorable: «La signification précise des titres n’est pas claire et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas mûre. […] On ne voit pas clairement comment la doctrine exprimée dans les titres est présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique». Plus tard, en 2002, le futur Benoît XVI s'était également exprimé publiquement dans le même sens: «La formule “co-rédemptrice” est trop éloignée du langage de l’Écriture et de la patristique et provoque ainsi des malentendus... Tout procède de Lui, comme le disent surtout les Lettres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui». Le cardinal Ratzinger, précise la note, ne niait pas qu'il y avait de bonnes intentions et des aspects précieux dans la proposition d'utiliser ce titre, mais il soutenait qu'il s'agissait d'un «terme erroné» (19).

    Le Pape François a exprimé au moins trois fois une position clairement opposée à l'utilisation du titre de co-rédemptrice. Le document doctrinal conclut à ce sujet: «l’utilisation du titre de co-rédemptrice pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune. Ce titre risque d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne... Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes, afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à la foi du Peuple de Dieu et devient gênante» (22).

    Médiatrice

    La note souligne que l'expression biblique se référant à la médiation exclusive du Christ «est décisive». Le Christ est l'unique Médiateur (24). D'autre part, elle souligne l'usage très courant du «terme “médiation” dans les domaines les plus variés de la vie sociale, où il s’entend simplement comme coopération, aide, intercession. Par conséquent, il est inévitable qu’il soit appliqué à Marie dans un sens subordonné, et en aucune façon il n’a pour but d’ajouter une efficacité ou une puissance à l’unique médiation de Jésus-Christ» (25). En outre, le document reconnaît qu'«il est évident qu’il y a eu une forme de médiation réelle de Marie pour rendre possible l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre humanité» (26).

    Mère des croyants et Médiatrice de toutes grâces

    La fonction maternelle de Marie «n’offusque et ne diminue en rien» la médiation unique du Christ, mais «en manifeste au contraire la vertu». Ainsi comprise, «les titres et les expressions qui se réfèrent à Marie et qui la présentent comme une sorte de “paratonnerre” devant la justice du Seigneur, comme si Marie était une alternative nécessaire à l’insuffisante miséricorde de Dieu» (37, b). Le titre de «Mère des croyants» nous permet de parler de «l’action de Marie aussi en relation avec notre vie de grâce» (45).

    Il faut cependant faire attention aux expressions qui peuvent transmettre «d’autres contenus moins acceptables» (45). Le cardinal Ratzinger avait expliqué que le titre de «Marie médiatrice de toutes grâces» n'était pas clairement fondé sur la révélation divine, et «en accord avec cette conviction, nous pouvons reconnaître les difficultés qu’il comporte, tant pour la réflexion théologique que pour la spiritualité» (45). En effet, «aucun être humain, pas même les apôtres ou la Très Sainte Vierge, ne peut agir en tant que dispensateur universel de la grâce. Seul Dieu peut donner la grâce et Il le fait à travers l’humanité du Christ» (53). Les titres, tels que celui de «Médiatrice de toutes grâces», ont donc «des limites qui ne facilitent pas une compréhension correcte de la place unique de Marie. En effet, elle, la première rachetée, ne peut pas avoir été médiatrice de la grâce qu’elle a reçue elle-même» (67). Cependant, le document reconnaît enfin que «le mot “grâces”, à propos de l’aide maternelle de Marie à différents moments de la vie, peut avoir un sens acceptable. Le pluriel exprime toutes les aides, même matérielles, que le Seigneur peut nous apporter en écoutant l’intercession de la Mère» (68).

  • Non au titre de corédemptrice pour la Vierge Marie

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    Du blog "Messa in latino" :

    3 novembre 2025

    Vatican : Non au titre de corédemptrice pour Notre-Dame

    Nous avons reçu, d'une de nos sources, un bref mais important extrait du nouveau document du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, « Mater Populi fidelis : Note doctrinale sur certains titres mariaux relatifs à la coopération de Marie dans l'œuvre du salut », que nous publions. Il sera officiellement diffusé le 4 novembre.

    Le passage suivant du n° 22 nous paraît très clair : « Étant donné la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption, il est toujours inapproprié d’utiliser le titre de Corédemptrice pour définir sa coopération. Ce titre risque d’obscurcir la médiation salvifique unique du Christ et, par conséquent, peut engendrer confusion et déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne. […] Lorsqu’une expression requiert des explications nombreuses et continues pour éviter qu’elle ne s’écarte de son sens correct, elle ne sert pas la foi du Peuple de Dieu et devient inappropriée. »

    Voici le billet de MiL sur l'actualité : « Note du Vatican sur la “coopération de Marie à l'œuvre du salut”. Que se passe-t-il ? ». Voici un article de Corrispondenza Romana : « La “Co-Rédemptrice” au temps du pape Jean-Paul II ». 

    Nous nous demandons humblement pourquoi Jean-Paul II a utilisé sept fois le titre de Co-Rédemptrice et pourquoi Pie X s'est permis une prière qui se terminait par ces mots : « Je bénis votre saint Nom, je loue votre sublime privilège d'être véritablement Mère de Dieu, toujours Vierge, conçue sans tache de péché, Co-Rédemptrice du genre humain . »

    Il nous semble qu'il s'agit d'un recul par rapport à Lumen Gentium du Concile Vatican II, car il n'y est même plus fait mention de la coopération « singulière » de Marie  à la Rédemption. Tout cela, apparemment pour des raisons œcuméniques.

    Un « minimalisme », opportuniste à nos yeux, qui remet même en perspective le concile Vatican II.

    Luigi Casalini

    Co-rédemptrice

    1. Le titre de Corédemptrice apparaît au XVe siècle comme une correction de l'invocation de Rédemptrice (abréviation de Mère du Rédempteur) que Marie recevait depuis le Xe siècle. Saint Bernard attribue à Marie un rôle au pied de la Croix, ce qui donne naissance au titre de Corédemptrice, titre que l'on retrouve pour la première fois dans un hymne anonyme du XVe siècle à Salzbourg.[30] Bien que le titre de Rédemptrice se soit maintenu tout au long des XVIe et XVIIe siècles, il disparaît complètement au XVIIIe siècle pour être remplacé par celui de Corédemptrice. Les recherches théologiques sur la coopération de Marie à la Rédemption, menées durant la première moitié du XXe siècle, ont permis une meilleure compréhension du titre de Corédemptrice.[31]
    2. Certains papes ont employé ce titre sans s’attarder à l’expliquer.[32] Généralement, ils l’ont présenté de deux manières distinctes : en relation avec la maternité divine, puisque Marie, en tant que mère, a rendu possible la Rédemption accomplie par le Christ ;[33] en référence à son union avec le Christ au pied de la Croix rédemptrice.[34] Le concile Vatican II a évité d’utiliser le titre de Corédemptrice pour des raisons dogmatiques, pastorales et œcuméniques. Saint Jean-Paul II l’a employé, au moins à sept reprises, en le reliant avant tout à la valeur salvifique de nos souffrances offertes avec celles du Christ, auquel Marie s’unit tout particulièrement sous la Croix.[35]
    3. Lors de la Feria IV du 21 février 1996, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Joseph Ratzinger, interrogé sur l’acceptabilité de la demande du mouvement Vox Populi Mariae Mediatrici concernant la définition du dogme de Marie comme Corédemptrice ou Médiatrice de toutes les grâces, répondit dans son vote particulier comme suit : « Négatif. Le sens précis de ces titres n’est pas clair et la doctrine qu’ils contiennent n’est pas encore mûre. Une doctrine définie de fide divina appartient au depositum fidei, c’est-à-dire à la révélation divine transmise dans l’Écriture et dans la tradition apostolique. On ne sait pas encore comment la doctrine exprimée par ces titres est présente dans l’Écriture et dans la tradition apostolique. »[36] Par la suite, en 2002, il exprima publiquement son opposition à l’emploi de ce titre : « La formule “Co-Rédemptrice” s’éloigne trop du langage de l’Écriture et de la patristique et engendre donc des malentendus… Tout vient de Lui, comme l’affirment avant tout les Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie est ce qu’elle est grâce à Lui. Le terme “Co-Rédemptrice” en obscurcirait l’origine. » Le cardinal Ratzinger ne nia pas les bonnes intentions et les aspects louables de la proposition d’utiliser ce titre, mais maintint qu’il s’agissait d’une « terminologie incorrecte ».[37]
    4. Le cardinal de l’époque a mentionné les Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, où le vocabulaire employé et le dynamisme théologique des hymnes présentent l’unique centralité rédemptrice et la source du Fils incarné, excluant ainsi toute possibilité d’autres médiations, puisque « toute bénédiction spirituelle » nous est donnée « en Christ » (Éph 1, 3), car en lui nous sommes enfants adoptifs (cf. Éph 1, 5) et en lui nous avons reçu la grâce (cf. Éph 1, 6), « par son sang nous avons la rédemption » (Éph 1, 7) et il « a répandu sur nous » (Éph 1, 8) sa grâce. En lui, « nous sommes devenus héritiers » (Éph 1, 11) et nous avons été prédestinés. Dieu a également voulu qu’en lui « toute la plénitude habite » (Col 1,19) et que « par lui et pour lui toutes choses soient réconciliées » (Col 1,20). Cette louange de la place unique du Christ invite à considérer chaque créature comme pleinement réceptive et à faire preuve d’une prudence religieuse et éclairée quant à toute forme de coopération possible à la Rédemption.
    5. Le pape François a exprimé, à au moins trois reprises, son opposition claire à l’usage du titre de corédemptrice, affirmant que Marie « n’a jamais voulu s’approprier quoi que ce soit de son Fils. Elle ne s’est jamais présentée comme corédemptrice. Non, disciple. »[38] L’œuvre de la Rédemption était parfaite et ne requiert aucun ajout. Par conséquent, « Notre-Dame n’a voulu prendre aucun titre à Jésus [...]. Elle n’a pas demandé à être une quasi-rédemptrice ou une corédemptrice : non. Il n’y a qu’un seul Rédempteur et ce titre ne peut être dupliqué. »[39] Le Christ « est le seul Rédempteur : il n’y a pas de corédempteurs avec le Christ. »[40] Car « le sacrifice de la Croix, offert dans un esprit d’amour et d’obéissance, présente une satisfaction surabondante et infinie. »[41] Bien que nous puissions prolonger ses effets dans le monde (cf. Col 1, 24), ni l’Église ni Marie ne peuvent remplacer ou parfaire l’œuvre rédemptrice du Fils de Dieu incarné, qui était parfaite et n’a besoin d’aucun ajout.
    6. Compte tenu de la nécessité d'expliquer le rôle subordonné de Marie à celui du Christ dans l'œuvre de la Rédemption, il est toujours inapproprié d'utiliser le titre de Corédemptrice pour définir sa coopération. Ce titre risque d'occulter la médiation salvifique unique du Christ et, par conséquent, peut engendrer confusion et déséquilibre dans l'harmonie des vérités de la foi chrétienne, car « il n'y a de salut en aucun autre ; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4, 12). Lorsqu'une expression requiert des explications nombreuses et continues pour éviter qu'elle ne s'écarte de son sens exact, elle ne sert pas la foi du Peuple de Dieu et devient inappropriée. En l'occurrence, il n'est pas judicieux d'exalter Marie comme première et plus grande collaboratrice dans l'œuvre de la Rédemption et de la grâce, car le risque d'occulter le rôle exclusif de Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme pour notre salut, le seul capable d'offrir au Père un sacrifice d'une valeur infinie, ne constituerait pas un véritable honneur pour la Mère. En effet, en tant que « servante du Seigneur » (Luc 1:38), elle nous oriente vers le Christ et nous demande de faire « tout ce qu’il nous dira » (Jean 2:5).

    NOTE

    [31] Les théologiens comprennent le titre de corédemptrice de différentes manières : a) La coopération immédiate, christotypique ou maximaliste, qui situe la coopération de Marie comme immédiate et directe avec la Rédemption elle-même (Rédemption objective). En ce sens, les mérites de Marie, s’ils sont dûment subordonnés à ceux du Christ, auraient une valeur rédemptrice pour le salut ; b) La coopération médiatisée ou minimaliste, limitée au « oui » de l’Annonciation. Il s’agit d’une coopération médiatisée, qui rend possible l’Incarnation comme étape préalable à la Rédemption ; c) La coopération immédiate, réceptive ou ecclésiotypique, qui consiste à coopérer à la Rédemption objective en ce sens qu’elle a accepté les fruits du sacrifice rédempteur du Sauveur, représentant ainsi l’Église. Il s’agit d’une coopération immédiate, mais réceptive : Marie a en effet simplement accepté la Rédemption du Christ, devenant ainsi la « première Église ».

    [32] Sous le pontificat de saint Pie X, le titre de Corédemptrice figure dans un document de la Sacrée Congrégation des Rites et du Saint-Office. Cf. Sacrée Congrégation des Rites, Dolores Virginis Deiparae (13 mai 1908) : ASS 41 (1908), 409 ; Sacrée Congrégation du Saint-Office, Décret Sunt Quos Amor (26 juin 1913) : AAS 5 (1913), 364, qui fait l’éloge de la coutume d’ajouter au nom de Jésus le nom « de sa mère, notre corédemptrice, la bienheureuse Marie » ; Ibid., Prière de réparation à la Bienheureuse Vierge Marie (22 janvier 1914) : AAS 6 (1914), 108, où Marie est appelée « corédemptrice du genre humain ». Le premier pape à utiliser le terme Corédemptrice fut Pie XI, dans le bref du 20 juillet 1925, s'adressant à la Reine du Rosaire de Pompéi : « Mais souvenez-vous aussi que sur le Calvaire, vous êtes devenue Corédemptrice, coopérant par la crucifixion de votre cœur au salut du monde, avec votre Fils crucifié » : Pie XI, Ad BVM a sacratissimo Rosario in Valle Pompeiana, in Sacra Penitenzeria Apostolica, Enchiridion Indulgentiarum, Typis Polyglottis Vaticanis, Romae 19522, n° 628 ; cf. Ibid., Discours « Voici encore » à un groupe de pèlerins de Vicence (30 novembre 1933) : L'Osservatore Romano, 1er décembre 1933, 1.

    [33] Cf. Ibid., Message radio à la clôture de l'Année sainte de la Rédemption à Lourdes (28 avril 1935) : L'Osservatore Romano, 20-30 avril 1935, 1.

    [34] Cf. Id., Ad BVM a sacratissimo Rosario in Valle Pompeiana, in Sacra Penitenzeria Apostolica, Enchiridion Indulgentiarum, Romae 1952, n. 628.

    [35] Cf. Saint Jean-Paul II, Audience générale (10 décembre 1980) : Insegnamenti III/2 (1980), 1646 ; Id., Audience générale (8 septembre 1982) : Insegnamenti V/3 (1982), 404 ; Id., Angelus (4 novembre 1984) : Insegnamenti VII/2 (1984), 1151 ; Id., Homélie au Sanctuaire de Notre-Dame d'Alborada à Guayaquil (Équateur) (31 janvier 1985) : Insegnamenti VIII/1 (1985), 319 ; Id., Angélus du dimanche des Rameaux (31 mars 1985) : Insegnamenti VIII/1 (1985), 890 ; Ibid., Discours aux pèlerins de l’Œuvre fédérale pour le transport des malades à Lourdes (OFTAL) (24 mars 1990) : Insegnamenti XIII/1 (1990), 743 ; Ibid., Angélus (6 octobre 1991) : Insegnamenti XIV/2 (1991), 756. Après la Feria IV de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 21 février 1996, saint Jean-Paul II n’utilisa  plus le titre de Corédemptrice. Il est important de noter, cependant, que ce titre n’apparaît pas dans l’encyclique Redemptoris Mater du 25 mars 1987, document de référence dans lequel saint Jean-Paul II explique le rôle de Marie dans l’œuvre de la Rédemption.

    [36] J. Ratzinger, Procès-verbal de la Feria IV du 21 février 1996, dans les Archives du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

    [37] J. Ratzinger – P. Seewald, Dieu et le monde. Être chrétiens dans le nouveau millénaire. En conversation avec Peter Seewald, Milan 2001, 278.

    [38] François, Homélie sur la fête de Notre-Dame de Guadalupe (12 décembre 2019) : AAS 112 (2020), 9.

    [39] Ibid., Méditations quotidiennes : Notre-Dame des Douleurs, Disciple et Mère (3 avril 2020) : L'Osservatore Romano, 4 avril 2020, 8.

    [40] Id., Audience générale (24 mars 2021) : L'Osservatore Romano, 24 mars 2021, 8.

    [41] Pie XII, Lettre encyclique. Haurietis Aquas (15 mai 1956) n. 10 : AAS 48 (1956), 321. 

  • La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre continue de croître : plus de vocations, plus de jeunes et de fidélité en temps de crise

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    D'InfoVaticana :

    La FSSP continue de croître : plus de vocations, plus de jeunes et de fidélité en temps de crise

    La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) a publié ses statistiques annuelles, et les chiffres parlent d'eux-mêmes : 579 membresdont 387 prêtres30 diacres et 162 séminaristes. À l'heure où la pénurie de vocations touche l'Église universelle, la croissance soutenue de cette fraternité traditionnelle témoigne d'une vitalité qui interpelle le reste du monde catholique.

    Une communauté qui s'épanouit dans la fidélité

    Fondée en 1988 par des prêtres restés fidèles au Pape, la FSSP est aujourd’hui une réalité ecclésiale présente sur les cinq continents. Son charisme est simple et profondément catholique : former des prêtres au service de la liturgie traditionnelle et de la doctrine pérenne de l’Église, en pleine communion avec Rome.

    Loin de disparaître, cette communauté a connu une croissance soutenue qui réfute l'idée que le « catholicisme traditionnel » appartienne au passé. Son âge moyen de 39 ans en témoigne : de jeunes prêtres, bien formés et attachés à la liturgie et à la vie sacramentelle.

    Les chiffres d'un phénomène silencieux

    • Nombre total de membres : 579, dont 394 sont incardinés.
    • 387 prêtres exercent un ministère actif dans 151 diocèses, avec 251 centres de messe et 48 paroisses personnelles.
    • 30 diacres et 162 séminaristes, un chiffre qui assure la continuité générationnelle.
    • Âge moyen : 39 ans . Décès : 16.

    Derrière ces chiffres se cache une réalité pastorale dynamique : des séminaires pleins, des fidèles engagés et une demande croissante pour la messe traditionnelle en latin dans le monde entier. La statistique la plus frappante concerne la jeunesse du clergé : alors que dans de nombreux séminaires diocésains européens, les vocations se réduisent à une ou deux par an, les séminaires de la FSSP continuent d’ordonner des groupes importants et réguliers.

    Les vocations nées de l'autel

    La croissance de la FSSP ne saurait être attribuée à des stratégies publicitaires ou à des modes passagères. La réponse est liturgique et spirituelle : les vocations naissent là où la messe est célébrée avec recueillement, là où la foi est enseignée dans son intégralité et là où le prêtre est conscient de son identité sacrée.

    À une époque où certains milieux ecclésiastiques semblent réduire la mission sacerdotale à des tâches sociologiques, la FSSP offre un modèle clair : le prêtre comme médiateur entre Dieu et l’humanité, configuré au Christ, Prêtre et Victime. Et cette clarté – qui est aussi beauté – attire les jeunes en quête d’authenticité et de transcendance.

    La force de la tradition dans la communion

    La FSSP ne vit pas en marge de l'Église ; au contraire, sa fidélité au Pape et aux évêques est manifeste et constante. Son existence prouve que la forme traditionnelle du rite romain n'est pas un obstacle à la communion, mais une voie légitime au sein de la diversité liturgique de l'Église.

    Dans un contexte où certaines voix continuent de considérer avec suspicion les communautés liées à la liturgie traditionnelle, les fruits de la FSSP sont indéniables : davantage de vocations, d’apostolat et de vie spirituelle. Comme l’écrivait Benoît XVI, « ce qui était sacré pour des générations demeure grand et sacré aujourd’hui ».

    Une leçon pour toute l'Église

    Le phénomène de la FSSP n'est pas isolé : d'autres communautés traditionnelles font preuve du même dynamisme. Mais son succès soulève une question fondamentale : pourquoi les vocations s'épanouissent-elles là où la fidélité liturgique et doctrinale est préservée ? La réponse, peut-être, ne réside pas dans des études sociologiques, mais dans une conversion intérieure.

    Là où la vérité est prêchée sans complexes, là où la messe est célébrée comme un sacrifice et non comme une assemblée, et là où la sainteté sacerdotale est présentée comme un but et non comme une exception, Dieu continue d’appeler.

  • Saint Charles Borromée et la crise de l'Église : une leçon pour notre temps

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    D'InfoVaticana :

    Saint Charles Borromée et la crise de l'Église : une leçon pour notre temps

    Aujourd'hui, 4 novembre, l'Église célèbre la mémoire liturgique de saint Charles Borromée, l'un des grands réformateurs du XVIe siècle et un modèle de pasteur catholique.

    À une époque de crise doctrinale, morale et disciplinaire, où le protestantisme fragmentait l'Europe et où la corruption interne minait l'autorité ecclésiastique, ce jeune cardinal milanais sut transformer la réforme en un acte de sainteté et d'héroïque fidélité à l'Évangile.

    Cinq siècles plus tard, au milieu de nouvelles turbulences et d'un climat ecclésial marqué par la confusion, sa figure brille à nouveau d'une force prophétique : l'Église ne se renouvelle pas par des débats ou des structures, mais par la conversion et la croix.

    Un évêque né pour les temps difficiles

    Charles Borromeo naquit en 1538 dans une famille noble d'Arona, en Italie du Nord. Dès son plus jeune âge, il fit preuve d'une profonde piété et d'une intelligence précoce. Il étudia le droit canonique à l'université de Pavie et, à l'âge de 22 ans, fut convoqué à Rome par son oncle, le pape Pie IV (Giovanni Angelo Medici), qui le nomma cardinal et secrétaire d'État.

    C'était une période tumultueuse : Martin Luther avait entamé sa rébellion à peine vingt ans auparavant, et une grande partie de l'Europe était plongée dans le schisme et les guerres de religion. L'Église avait un besoin urgent de réforme, non pas dictée par les princes ou les humanistes, mais venant de l'intérieur, du cœur de ses pasteurs.Borromée participa activement à la phase finale du concile de Trente (1562-1563), où il se distingua par sa clarté doctrinale et son impulsion en faveur de la création de séminaires diocésains. Il ne chercha pas de compromis avec les erreurs du protestantisme, mais œuvra plutôt à purifier l'Église pour la rendre plus fidèle au Christ.

    À la mort de son frère, il hérita du domaine familial et, désormais libéré de ses obligations civiles, fut ordonné prêtre en 1563 et consacré archevêque de Milan l'année suivante. Il n'avait que 25 ans.

    Trente incarné : la réforme venue de l'autel

    À son arrivée à Milan, le diocèse était sans évêque résident depuis plus de quatre-vingts ans. Le clergé était relâché, de nombreuses paroisses manquaient de catéchèse et la vie chrétienne était en déclin.
    Saint Charles entreprit alors un renouveau radical : il visita chaque paroisse, réforma les monastères, imposa la résidence des prêtres et exigea que le culte divin soit célébré avec dignité.

    En 1564, il fonda le Grand Séminaire de Milan , suivant les préceptes du concile de Trente, et peu après, il établit des petits séminaires pour former les jeunes hommes appelés à la prêtrise. Sa conviction était inébranlable :

    « Un prêtre ignorant est le plus grand ennemi de l’Église. »

    Il réorganisa la catéchèse paroissiale, encouragea la création d'écoles de doctrine chrétienne et publia un catéchisme diocésain qui servit de modèle à toute l'Italie.

    Son zèle pour la liturgie le conduisit à restaurer le rite ambrosien, toujours célébré dans son diocèse, et à insister sur le recueillement lors des offices, convaincu que la beauté et l'ordre de l'autel reflètent la foi du cœur.

    Il dut faire face à la résistance d'une partie du clergé laxiste et de familles influentes, et fut même victime d'une tentative d'assassinat en 1569, lorsqu'un membre d'un ordre rebelle lui tira dessus alors qu'il priait. La balle l'effleura, mais il survécut et pardonna à son agresseur.

    Le berger qui n'a pas fui la peste

    En 1576 , une terrible épidémie de peste, la peste de Saint-Charles, ravagea Milan. Le gouverneur espagnol et de nombreux nobles abandonnèrent la ville.
    Borromeo, quant à lui, resta auprès de ses concitoyens. Il vendit tous ses biens pour venir en aide aux malades, organisa les soins médicaux, transforma des églises en hôpitaux de fortune et prit à cœur de nourrir des milliers de familles.Durant les mois les plus sombres, il parcourait les rues pieds nus, une corde autour du cou en signe de pénitence, portant le Saint-Sacrement pour bénir les mourants. Les chroniques rapportent qu'il menait des processions, les pieds ensanglantés, chantant des psaumes et des prières pour la fin de l'épidémie.

    Quand certains lui reprochaient de risquer sa vie, il répondait fermement :

    « Le berger n’abandonne pas son troupeau quand le loup rôde. »

    C’est durant ces années que naquit sa réputation de sainteté. Il n’était pas un réformateur de salon, mais un pasteur prêt à mourir pour son peuple. Son témoignage rappelait celui des grands saints des premiers siècles, lorsque les évêques étaient les premiers à venir en aide, à réconforter et à offrir l’espoir.

    La vraie réforme contre les fausses réformes

    Saint Charles Borromée n’a pas inventé une « nouvelle Église » ; il a réformé celle que le Christ avait fondée .
    Pour lui, la réforme ne consistait pas à « actualiser » la doctrine ni à l’adapter à l’esprit du temps, mais à revenir aux racines de l’Évangile avec pureté et fermeté.
    Il disait souvent :

    « On ne peut réformer l’Église si l’on ne se réforme pas d’abord soi-même. »

    Cette phrase résume l’essence même de tout renouveau authentique.
    Son exemple est aujourd’hui un antidote à la tentation contemporaine de confondre conversion et consensus .

    Tandis que certains ecclésiastiques contemporains promeuvent des « processus synodaux » ou de « nouvelles structures participatives », saint Charles nous rappellerait qu’aucune assemblée ne peut remplacer la sainteté personnelle, ni aucun document la fidélité à la vérité révélée.

    Sa vie démontre que l'Église ne se fortifie pas en dialoguant avec le monde, mais en réformant ses pasteurs et ses fidèles dans la foi, la prière et la pénitence.

    L'héritage d'un saint pour les temps de confusion

    Saint Charles Borromée mourut en 1584 à l'âge de 46 ans, épuisé par le travail, la pénitence et la maladie.
    Sur son lit de mort, il demanda à être appelé non pas « Votre Éminence », mais « pécheur ».

    Il fut canonisé en 1610 par le pape Paul V, et sa figure devint un symbole de l'évêque idéal : savant, austère, pieux et dévoué.

    Aujourd’hui, alors que nombreuses sont les voix qui appellent à la « réforme » de l’Église sans mentionner le péché ni la conversion, son exemple apparaît comme un avertissement lumineux : il n’y a pas de véritable réforme sans sainteté, ni de sainteté sans sacrifice.

    Sa vie rappelle aux pasteurs de tous les temps que la charité sans la vérité devient sentimentalité, et la vérité sans la charité, une dureté stérile.

    Saint Charles a su les unir : il enseignait avec clarté, corrigeait avec fermeté et aimait avec tendresse.

    Son message pour le XXIe siècle est simple et urgent :

    « Nous n’avons pas besoin d’inventer une nouvelle Église, mais d’être des saints dans celle que nous avons toujours eue. »
  • Un livre, une fiche. Dans le dialogue entre l’Église et les juifs, la « terre d’Israël » n’est plus un tabou

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Un livre, une fiche. Dans le dialogue entre l’Église et les juifs, la « terre d’Israël » n’est plus un tabou

    Le soixantième anniversaire de la déclaration conciliaire « Nostra aetate » sur les relations avec les autres religions, et principalement avec le judaïsme, promulguée le 28 octobre 1964, n’est pas resté sans effet. Il a marqué la reprise du dialogue entre l’Église et les juifs, qui à cette époque avait souffert de « malentendus, de difficultés et de conflits », aggravés par « les circonstances politiques et les injustices de certains », comme l’a reconnu le pape Léon XIV lors des célébrations de cet événement.

    Et en effet, la déclaration « Nostra aetate » a constitué un tournant dans l’histoire millénaire des relations entre chrétiens et juifs. L’Église catholique a reconnu que « les Juifs restent encore très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont sans repentance », irrévocables et que, par conséquent, l’Église aussi « se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage », où l’olivier franc représente les juifs et l’olivier sauvage les autres nations qui reconnaissent en Jésus le messie, comme le dit l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains.

    Mais ces dernières années, le dialogue entre les deux « oliviers » s’était quelque peu asséché, et les deux parties l’avaient d’ailleurs admis à plusieurs reprises, et notamment le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, dans un livre récent présenté par Settimo Cielo.

    Pour repartir du bon pied, le pape Léon a voulu au moins nettoyer l’Église de l’aversion majeure dont beaucoup font encore preuve envers les juifs. Il a cité « Nostra aetate » qui dit que l’Église, « ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs. » Et il a ajouté « Depuis lors, tous mes prédécesseurs ont condamné l’antisémitisme en des termes clairs. C’est pourquoi je confirme moi aussi que l’Église ne tolère pas l’antisémitisme et qu’elle le combat, à cause de l’Évangile lui-même ».

    Et on a également constaté des signaux d’une volonté de renouer le dialogue du côté juif. Il suffit de constater la participation de nombreuses personnalités juives aux événements organisés à Rome en mémoire de « Nostra aetate », avec la présence active du pape en personne.

    L’un de ces événements, organisé par la Communauté de Sant’Egidio, s’est tenu le 28 octobre au Colisée, où l’on a pu assister à un chaleureux échange de salutations entre le pape Léon et le rabbin Di Segni, puis le rabbin David Rosen, directeur du département des affaires interreligieuses de l’American Jewish Committee, et avec le rabbin Pinchas Goldschmidt (voir photo), président des rabbins européens et ancien grand rabbin de Moscou, qui avait choisi de s’exiler volontairement de Russie en 2022 en raison de l’agression contre l’Ukraine.

    Certes, l’une des principales difficultés du dialogue entre l’Église et les juifs tient aux divergences sur l’interprétation des Écritures, où pour les chrétiens, c’est le messie Jésus qui est au cœur de tout, alors que pour les juifs le thème central est la promesse de la terre à la descendance des patriarches. À la suite de « Nostra aetate », les choses ont changé mais pendant des siècles, la conviction des chrétiens a été que les juifs ne pourraient retourner sur leur terre qu’après avoir reconnu comme messie Jésus, qu’ils avaient tué.

    D’où réticence dont l’Église a longtemps fait preuve envers le sionisme et la naissance de l’État d’Israël, qu’elle n’a acceptée qu’en 1994 avec l’ouverture de relations diplomatiques avec le Saint-Siège, toujours dans une optique n’ayant rien de religieux et reposant sur les principes communs du droit international.

    Même le grand rabbin de Milan, Alfonso Arbib, s’exprimant le 31 octobre à l’occasion d’une manifestation à Rome contre la haine antisémite, a reconnu que « le nœud le plus complexe » dans le dialogue entre l’Église et le judaïsme restait « le rapport avec Israël et avec la terre d’Israël ». Si « les relations avec le Vatican ont longtemps été à ce point problématiques, ce qu’elles sont encore en partie », c’est justement parce qu’« on ne reconnaît pas pleinement le lien indissoluble entre le peuple juif et sa terre ».

    Aujourd’hui, personne ne s’attend à ce que les deux parties ne tombent d’accord sur l’interprétation des Écritures, mais les juifs s’attendent certainement à ce que l’Église reconnaisse leur lien essentiel, y compris religieux, avec la terre que Dieu a offerte à Israël.

    Et c’est précisément ce lien que décrit le texte que nous reproduisons ci-dessous.
    Il est extrait de l’une des « Seize fiches pour connaître le judaïsme », publiées cette année en italien et en anglais sur initiative conjointe de la Conférence épiscopale italienne et de l’Union des communautés juives italiennes.

    Ce livre qui contient ces seize fiches – et dont le texte intégral est accessible gratuitement sur le web – est principalement destiné aux écoles, dans le but de promouvoir « la culture et la connaissance comme antidote à toute forme d’antisémitisme ». Et il tombe à point nommé l’époque actuelle où la guerre de Gaza à la suite du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 a échauffé les esprits de nombreux jeunes contre les juifs.

    Le 5 novembre, l’ambassade d’Italie près le Saint-Siège accueillera une présentation du libre assortie de discours, tant du président de Conférence épiscopale, le cardinal Matteo Zuppi, que du président de l’Union des communautés juives italiennes, Noemi Di Segni.

    Voici les intitulés de chacune des fiches :

    1. La Bible hébraïque
    2. La Torah écrite et la Torah orale
    3. Le nom de Dieu
    4. L’élection d’Israël
    5. Justice et miséricorde
    6. Préceptes et valeurs
    7. Le calendrier juif et le cycle des fêtes
    8. Le cycle de la vie
    9. Prêtres, rabbins et… prêtres cohanims
    10. Les femmes dans la culture juive
    11. Le peuple d’Israël et la terre d’Israël
    12. Jésus/Yeshua juif
    13. Paul/Shaul juif
    14. Aperçu de l’histoire des Juifs italiens
    15. Le dialogue judéo-chrétien du Concile Vatican II à nos jours
    16. Description de la signification correcte de certains termes

    Et voici donc ce que dit la onzième fiche.

    *

    Peuple d’Israël et Terre d’Israël
    « Eretz Israël », la terre d’Israël, a été le point central des rêves et des aspirations des juifs depuis les temps bibliques. Le Seigneur dit à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté, la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai » (Gn 12, 1) et c’est là qu’Abraham partit, creusa des puits, prit soin de ses troupeaux, se comportant avec droiture envers tous. Et c’est aussi la terre que Dieu a promise aux descendants d’Abraham, qui allaient y retourner après une longue période d’exil et d’esclavage.

    Dans la Torah, la terre d’Israël est appelée terre de Canaan, avec une référence particulière à la terre située à l’Ouest du Jourdain. Le territoire situé à l’Est du Jourdain étant le plus souvent appelé terre de Galaad dans la Torah.

    La terre de Canaan est l’objet de la promesse que le Seigneur a faite aux patriarches : « À toi et à ta descendance après toi je donnerai le pays où tu résides, tout le pays de Canaan en propriété perpétuelle, et je serai leur Dieu. » (Gn 17, 8). Ailleurs dans la Torah, la terre d’Israël est appelée « la terre », sans autre qualification, étant entendu qu’il s’agit d’une terre spéciale.

    Les livres prophétiques utilisent, en plus de la terre de Canaan, le terme « terre d’Israël », qui sera par la suite utilisé de panière prédominante, avec le terme « terre », par les maîtres de la tradition rabbinique, par opposition aux autres terres, appelées « hus la-hares » (hors de la terre ») ou « eretz ha-ammim » (terre des peuples). Parfois, la voix divine l’appelle « ma terre ».

    Un autre nom traditionnellement attribué à Israël est « Eretz ḥemdah » (terre du désir), pour indiquer qu’Abraham, Isaac et Jacob y aspiraient, à un point tel qu’Abraham acheta la grotte de Makpéla pour enterrer sa femme Sarah, que le Seigneur empêcha Isaac de quitter Israël et que Jacob demanda à ne pas être enterré en Égypte, mais bien en terre d’Israël.

    On ne rencontre que très rarement l’expression « terre sainte » dans la Bible, mais néanmoins, la terre est considérée comme un don divin à Israël. Dieu veille de manière spéciale sur cette terre et sur ce qui s’y passe (Dt 11, 12). Elle est, en fait, la propriété exclusive de l’Éternel, et son usage est conditionné au respect de ses lois. Le don fait à Israël n’est pas gratuit. Le Seigneur a fait trois bons dons à Israël : la Torah, la terre d’Israël et le monde à venir, et aucun d’entre eux n’a été donné autrement qu’à travers bien des souffrances (Berakhot 5a).

    Le caractère central d’« Eretz Yisrael » a toujours été au centre du culte et de la conscience juive. Lorsque nous prions, nous nous tournons vers la terre d’Israël, en particulier vers Jérusalem et le lieu où se trouvait le sanctuaire, et la relation avec cette dernière perdure à travers l’observance des fêtes religieuses, qui sont presque toutes liées aux saisons agricoles de la terre d’Israël, et par l’étude des lois concernant l’usage sacré du territoire.

    Ce puissant lien spirituel, mais également physique, est devenu la composante d’une identité collective idéale. L’espérance d’un retour à la terre fait quotidiennement l’objet de nos prières et a suscité le développement d’une immense littérature liturgique et mystique en plus de la prescription de divers préceptes, qui ne sont pas liés exclusivement à la vie agricole. L’application du droit pénal, par exemple, ne peut pas être pratiqué en dehors d’Israël, et même en Israël, certains préceptes requièrent des conditions préalables telles que la souveraineté de l’ensemble du peuple juif sur sa propre terre.

    Au cours de l’histoire, le rapport entre terre, peuple et Torah a exercé une influence décisive dans toutes les communautés juives, et la nostalgie de la patrie perdue a poussé les juifs sur la route du retour. À l’époque où le sionisme politique envoie en Palestine les premières vagues d’immigration, une communauté juive existait déjà dans les antiques villes saintes de Jérusalem, Tibériade, Safed et Chevron, depuis l’Antiquité.

    Le sionisme est le mouvement pour l’autodétermination politique du peuple juif, qui a abouti en 1948 à la naissance de l’État d’Israël. Est-ce que critiquer une décision du gouvernement israélien revient à être sioniste ? Bien sûr que non. En revanche, c’est le cas si on ne reconnaît pas le droit du peuple juif à avoir sa propre existence nationale.

    Avant la naissance de l’État d’Israël, il y avait des juifs sionistes et des juifs antisionistes, il s’agissait d’options légitimes. Être antisioniste aujourd’hui revient à souhaiter la destruction d’un État, certes imparfait, mais démocratique, comptant neuf millions de citoyens.

    Les autorités ecclésiastiques étaient pour la plupart opposées au sionisme et à la naissance de l’État d’Israël, d’abord pour des raisons religieuses liées à la non-reconnaissance de la nature messianique de Jésus, mais depuis 1994, des relations diplomatiques régulières ont été établies entre Israël et le Saint-Siège, avec l’ouverture d’une nonciature en Israël et d’une ambassade israélienne à Rome.

    — — —

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l'hebdomadaire L'Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l'index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Retour sur la messe traditionnelle en latin célébrée dans la basilique Saint-Pierre

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    De zenit.org :

    La messe traditionnelle en latin célébrée dans la basilique Saint-Pierre

    Un nouveau chapitre sous le pontificat du pape Léon XIV

    4 novembre 2025

    Le 25 octobre, le cardinal Raymond Leo Burke – figure à la fois vénérée et décriée dans l’histoire récente du Vatican – s’est présenté une nouvelle fois devant l’autel de la Chaire de Saint-Pierre pour célébrer une messe pontificale solennelle en latin. Mais il ne s’agissait pas d’un simple geste nostalgique envers le passé. Ce fut un moment chargé d’histoire, d’attente et de symbolisme discret, en ces premiers mois du pontificat du pape Léon XIV. 

    La messe ancienne sous la coupole de Saint-Pierre

    Pour la première fois depuis 2019, la messe dite « messe ancienne » – l’usus antiquior du rite romain – a résonné sous la coupole de Michel-Ange. Environ trois mille pèlerins, dont beaucoup de jeunes familles avec enfants et des femmes voilées de dentelle, ont rempli la basilique. D’autres se tenaient au coude-à-coude le long des allées de marbre ou étaient assis en tailleur à même le sol. Les cardinaux Walter Brandmüller et Ernest Simoni, ce dernier rescapé des prisons communistes en Albanie, occupaient les premiers rangs. C’était, à tous égards, un échantillon emblématique de la mémoire catholique : marqué par les cicatrices, porteur d’espoir et profondément humain.

    Un tournant dans les “guerres liturgiques”

    La célébration d’une telle messe au cœur du Vatican, avec l’autorisation explicite du pape, a marqué un tournant dans ce que l’on appelle depuis longtemps les « guerres liturgiques ». Cet événement faisait suite à des années de tensions et de récriminations consécutives au décret Traditionis Custodes du pape François en 2021, qui a considérablement limité l’usage du Missel romain de 1962. Pour beaucoup de personnes attachées à la liturgie en latin, ce fut comme si les portes de l’Église se fermaient.

    Un geste d’écoute du pape Léon XIV

    À présent, l’atmosphère avait changé. L’autorisation venait directement du pape Léon XIV, premier pape américain de l’histoire, connu pour son ton conciliant et son attachement à la réconciliation plutôt qu’à la confrontation. Sa décision d’autoriser Burke à célébrer la messe pontificale, après une audience privée entre les deux hommes en août, a été interprétée par beaucoup comme un geste d’écoute plutôt que de jugement.

    « L’espoir renaît »

    Rubén Peretó Rivas, l’organisateur argentin du pèlerinage, a décrit succinctement l’atmosphère : « L’espoir renaît. Les premiers signes du pape Léon sont le dialogue et l’écoute sincère : une volonté de comprendre plutôt que de condamner. »

    Le retour de la messe tridentine à Saint-Pierre

    La messe, qui fait partie du pèlerinage annuel Summorum Pontificum rassemblant les catholiques traditionalistes ad Petri Sedem (« au Siège de Pierre »), avait été interdite dans la basilique en 2023 et 2024. Cependant, sous le pontificat de Léon XIV, la situation a évolué. L’ouverture du pape, conjuguée à la persévérance de Burke, a permis de rétablir l’ancienne liturgie dans la basilique Saint-Pierre à la veille de la fête du Christ Roi, jour d’une profonde signification dans le calendrier liturgique ancien.

    Une homélie de continuité et de grâce

    Lors de son homélie, prononcée en italien, en anglais, en français et en espagnol, Burke a évité toute politique. Il n’a fait aucune mention du pape François, ni des restrictions ni des autorisations. Il a plutôt parlé de continuité et de grâce, de la liturgie comme « un trésor transmis sans interruption depuis les Apôtres ». Son ton était marial, méditatif et indéniablement ancré dans le langage théologique du pape Benoît XVI, dont le décret Summorum Pontificum de 2007 avait normalisé la célébration de l’ancien rite.

    « Grâce à la vision du pape Benoît », a déclaré Burke, « l’Église a atteint une plus grande maturité dans la compréhension et l’amour de la liturgie sacrée. Elle est le cœur battant de notre communion, et non un symbole de division. »

    Foi, silence et transcendance

    Ses paroles étaient particulièrement émouvantes. Pendant des années, les partisans de la messe traditionnelle en latin ont été dépeints comme réactionnaires ou semeurs de discorde – des accusations qui, bien que parfois partiellement fondées, masquaient une réalité plus subtile : des familles attirées par le silence, la beauté et la transcendance.

    « Ce n’est pas la caricature que l’on imagine », a déclaré l’ambassadeur de Hongrie auprès du Saint-Siège, Edouard Habsburg, qui assistait à la messe avec sa famille. « Ce n’est pas de la rébellion. C’est la foi : la famille, la prière et le recueillement. »

    Une émotion profonde sous la coupole

    L’atmosphère de cet après-midi d’octobre n’était pas triomphaliste. Elle était empreinte de dévotion, parfois même de fragilité. Lorsque le chœur entonna le Sanctus, le sol de marbre sembla trembler, non par défi, mais par soulagement. Après des années de suspicion, les paroles antiques résonnèrent à nouveau dans la basilique la plus célèbre du monde, non comme une protestation, mais comme une prière.

    Un geste à portée politique

    Pour autant, l’événement revêtait une dimension politique indéniable. Les observateurs du Vatican ont rapidement saisi la portée de cette décision : elle intervenait quelques mois seulement après la fuite de documents du Vatican suggérant que les réponses des évêques du monde entier à l’enquête menée par François en 2020 sur la liturgie étaient, en réalité, massivement favorables au rite ancien. Ces documents contredisaient la justification officielle des restrictions, révélant qu’une majorité d’évêques ne considéraient pas la liturgie traditionnelle comme source de division et avertissant que sa suppression pourrait s’avérer plus néfaste que bénéfique.

    Vers un rééquilibrage sous Léon XIV

    Cette révélation, conjuguée à la réputation d’ouverture du pape Léon XIV, a conféré à la messe de Burke l’allure d’un réajustement discret : non pas un changement radical, mais un rééquilibrage. Dans une interview de ses débuts, Léon XIV reconnut que certains avaient instrumentalisé la liturgie à des fins politiques, mais il affirma également que de nombreux fidèles, à travers la messe tridentine, aspiraient à une rencontre plus profonde avec le mystère de la foi.

    Un après-midi historique et fragile

    Ces nuances ont été absentes durant les années de polarisation extrême. Sous François, le débat s’était durci jusqu’à évoluer vers des camps opposés. Sous Léon XIV, il pourrait encore évoluer vers quelque chose de plus humain.

    Après la bénédiction finale, la foule est restée là : des pèlerins venus de 70 associations du monde entier, brandissant des bannières et des chapelets, certains les yeux embués de larmes. Dehors, sous les colonnades du Bernin, ils ont chanté le Salve Regina tandis que le crépuscule tombait sur Rome.

    Ce moment était historique, certes, mais aussi fragile : un début plutôt qu’une conclusion. Reste à savoir s’il marque un dégel durable ou simplement une pause dans une longue lutte ecclésiale.

    Une Église qui respire à nouveau le latin

    Ce qui est clair, c’est que, le temps d’un après-midi, sous l’immense coupole qui a été témoin de siècles de prière, l’Église a de nouveau respiré le latin, non pas comme une langue de nostalgie, mais comme un signe d’unité qui ne demandait qu’à être redécouvert.

    La messe traditionnelle en latin célébrée dans la basilique Saint-Pierre | ZENIT - Français

  • Marcel De Corte à l'honneur aux éditions de l'Homme Nouveau

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    Descartes Philosophe de la modernité

    Marcel De Corte

    Préface d´Arnaud Jaÿr

    Octobre 2022. 226 pages

    Qui n’a pas entendu dire que les Français étaient un peuple cartésien ? Mais qu’est-ce qu’être cartésien exactement ?

    En plongeant au cœur de la philosophie de René Descartes, Marcel De Corte montre qu’il ne s’agit pas tant de donner à la raison toute sa place que d’opérer une rupture radicale avec l’héritage reçu des Anciens, dans une conception prométhéenne de l’homme à l’origine de la modernité et qui postule qu’il peut agir sur l’ordre naturel, la société et l’être humain lui-même.

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    Philosophie de l'économie

    Marcel De Corte

    Introduction d’Adrien Peneranda

    282 pages. Octobre 2024

    Philosophe aristotélicien, Marcel De Corte (1905-1994) s’est confronté toute sa vie aux questions contemporaines et notamment à la place et au rôle de l’économie dans nos sociétés modernes. Les réflexions qu’il propose dans cet essai inédit sont destinées aux (futurs) chefs d’entreprise, aux cadres et plus largement à tous ceux qui transforment la matière en utilités économiques. Il pointe notamment l’influence grandissante des techniques qui, dans le domaine de la production, se libère de plus en plus de la finalité de l’économie.

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    Les mutations de l'Église au XXe siècle

    Marcel De Corte

    Introduction de Mère Marie-Geneviève Rivière

    Novembre 2025, 538 pages

    Les textes et les analyses du célèbre philosophe sur la crise traversée par l’Église après le concile Vatican II, telle qu’il a pu la vivre à son rang de laïc engagé et d’intellectuel catholique intervenant dans les débats de l’époque. Après d’autres, il s’agit là d’un témoignage historique sur une époque difficile pour l’Église.

    Collection Marcel De Corte

  • Saint Charles Borromée, modèle des évêques et restaurateur de la discipline ecclésiastique (4 novembre)

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    Saint Charles Borromée
    Archevêque de Milan (+ 1584) (source)

    Vie et œuvre
    «Cardinal et archevêque, restaurateur de la discipline ecclésiastique, né le 2 oct. 1538 au château d’Arona (Milanais), d’une illustre maison de Lombardie; mort le 3 nov. 1584; canonisé en 1610 par Paul V , fête le 4 novembre. Dès l'âge de douze ans, il était bénéficiaire d'une riche abbaye considérée comme héritage de sa famille; il en reçut une autre et un prieuré résignés en sa faveur par le cardinal de Médicis, son oncle maternel, qui devint le pape Pie IV (1559-1566). Il n'avait guère que vingt-deux. ans, lorsque ce pape le fit cardinal (1560); il fut chargé, en cette qualité, de l’administration des Romagnes et de la marche d'Ancone, de la protection des nations étrangères, Portugal, Suisse et Pays-Bas, et de l'inspection générale des franciscains, des carmélites et des chevaliers de Malte. Son influence sur son oncle fit accélérer les travaux du concile de Trente, retardés par la résistance que la cour de Rome opposait aux mesures destinées à la réformer un peu elle-même. Après le concile, il prit une part importante à la composition du célèbre catéchisme connu sous des noms divers, Catechismus Tridentinus, Catechismus Romanus, Catechisnaus ad parochos. Il institua au Vatican une académie composée d'ecclésiastiques et de laïques; il y faisait le soir des conférences, qui furent publiées sous le titre Noctes Vaticanae. En 1562, pressé par sa famille de se marier, il entra dans les ordres sacrés, reçut la prêtrise et se fit consacrer évêque; mais ce fut seulement en 1565 que le pape lui permit de résider dans son diocèse de Milan. Nommé archevêque de Milan en 1564, il se démit de toutes ses autres charges pour aller résider dans son diocèse ; il y donna l'exemple de toutes les vertus et rétablit partout la discipline. Il s'employa à y appliquer les mesures de réforme prises au concile. Depuis lors, il ne cessa jamais d'y demeurer et ouvrit un séminaire pour améliorer la formation du clergé.

    C'est avec raison que Charles Borromée a été appelé le modèle des évêques et le restaurateur de la discipline ecclésiastique: il a fait constamment preuve en son épiscopat d'une vertu, d'une science, d'un renoncement et d'une persévérance qui justifient complètement ces titres. Pendant la famine de 1570 et la peste de 1576, il déploya une activité, une charité et un dévouement auxquels l'histoire a gardé une place. Le rétablissement de la discipline était une œuvre fort difficile en cette province ecclésiastique de Milan dont les archevêques, depuis près de quatre-vingts ans, ne restaient plus en leur résidence. Non seulement Borromée donna le premier et le plus haut exemple de la réforme, la poussant pour lui-même jusqu'à l'ascétisme le plus rigoureux, non seulement il visitait vigilamment ses paroisses ; mais il tint six conciles provinciaux et onze synodes diocésains et il institua un conseil permanent, pour pourvoir à l'application des règlements du concile de Trente. Les témoignages de ses efforts se trouvent dans le volumineux recueil des actes de ces conciles: Acta Nediolanensis Ecclesiae (Milan, 1582, 1 vol., et 1599, l vol. in-fol. ; Lyon, 1682, 2 vol. in-fol.; Bergame, 1738, tl vol.). Il fonda, en outre, plusieurs séminaires et établit la congrégation des Oblats, voués à s'offrir et à se porter partout où les besoins de l'Église les réclamaient. Ces réformes ne s'accomplirent point sans de vives résistances de la part des évêques suffragants déshabitués de la résidence, de la part du chapitre de la Scala se prévalant de ses privilèges, de la part des prêtres et des moines accoutumés au relâchement. Un religieux de l'ordre des Humiliés tira même sur l'archevêque devant l'autel un coup d'arquebuse, qui ne fit qu'effleurer la peau. Borromée triompha de toutes les oppositions.

    Étendant aussi son activité sur la Suisse, il fonda à Milan un séminaire helvétique destiné à former des prêtres imbus des doctrines romaines, et il travailla à une ligne qui ne se réalisa qu'après sa mort : elle prit le nom de Ligue d'Or ou Ligue de Borromée et fut contractée en oct. 1586, par les cantons catholiques : ils s'engageaient à prendre les armes contre tous ceux qui toléreraient l'hérésie sur leur territoire.

    En une grande partie de son œuvre, Borromée paraît avoir suivi les inspirations des jésuites: il leur avait fait des donations considérables, et fondé pour eux un superbe collège à Milan; il leur avait procuré des maisons à Lucerne, à Fribourg et ailleurs; Ribéra, son confesseur, était un jésuite. Cet homme, en qui il avait la plus grande confiance, fut convaincu de pédérastie, et il fut démontré que d'autres pères du collège de Milan cultivaient le même vice. Borromée n’hésita pas à prendre les mesures nécessitées par ces faits et par les empiétements des jésuites. Ceux-ci résistèrent et se liguèrent avec ses ennemis. Il s'ensuivit des conflits et un procès à Rome, dont l'issue fut favorable à Borromée, qui alla plaider lui-même sa cause. En 1697, une statue colossale lui a été élevée à Arona.»

  • Saint Charles Borromée, un évêque à la mode du concile de Trente (4 novembre)

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    Lors de l'Angelus du 4 novembre 2007, Benoît XVI évoquait... 

    ... Charles Borromée, archevêque de Milan (fêté le 4 novembre). Sa figure se détache au XVI e s. comme modèle de pasteur exemplaire par sa charité, sa doctrine, son zèle apostolique, et surtout, par sa prière : « les âmes, disait-il, se conquièrent à genoux ». Consacré évêque à 25 ans, il mit en pratique la consigne du concile de Trente qui imposait aux pasteurs de résider dans leurs diocèses respectifs, et il se consacra totalement à l’Eglise ambrosienne : il la visita de long en large trois fois ; il convoqua six synodes provinciaux et onze diocésains ; il fonda des séminaires pour la formation d’une nouvelle génération de prêtres ; il construisit des hôpitaux et destina les richesses de sa famille au service des pauvres ; il défendit les droits de l’Eglise contre les puissants, renouvela la vie religieuse et institua une congrégation nouvelle de prêtres séculiers, les Oblats. En 1576, lorsque la peste dévasta Milan, il visita les malades et les réconforta et il dépensa pour eux tous ses biens. Sa devise tenait en un seul mot : « Humilitas ». L’humilité le poussa, comme le Seigneur Jésus, à renoncer à lui-même pour se faire le serviteur de tous.

    Saint Charles Borromée
    Archevêque de Milan (+ 1584) (source)

    Vie et œuvre
    «Cardinal et archevêque, restaurateur de la discipline ecclésiastique, né le 2 oct. 1538 au château d’Arona (Milanais), d’une illustre maison de Lombardie; mort le 3 nov. 1584; canonisé en 1610 par Paul V , fête le 4 novembre. Dès l'âge de douze ans, il était bénéficiaire d'une riche abbaye considérée comme héritage de sa famille; il en reçut une autre et un prieuré résignés en sa faveur par le cardinal de Médicis, son oncle maternel, qui devint le pape Pie IV (1559-1566). Il n'avait guère que vingt-deux. ans, lorsque ce pape le fit cardinal (1560); il fut chargé, en cette qualité, de l’administration des Romagnes et de la marche d'Ancone, de la protection des nations étrangères, Portugal, Suisse et Pays-Bas, et de l'inspection générale des franciscains, des carmélites et des chevaliers de Malte. Son influence sur son oncle fit accélérer les travaux du concile de Trente, retardés par la résistance que la cour de Rome opposait aux mesures destinées à la réformer un peu elle-même. Après le concile, il prit une part importante à la composition du célèbre catéchisme connu sous des noms divers, Catechismus Tridentinus, Catechismus Romanus, Catechisnaus ad parochos. Il institua au Vatican une académie composée d'ecclésiastiques et de laïques; il y faisait le soir des conférences, qui furent publiées sous le titre Noctes Vaticanae. En 1562, pressé par sa famille de se marier, il entra dans les ordres sacrés, reçut la prêtrise et se fit consacrer évêque; mais ce fut seulement en 1565 que le pape lui permit de résider dans son diocèse de Milan. Nommé archevêque de Milan en 1564, il se démit de toutes ses autres charges pour aller résider dans son diocèse ; il y donna l'exemple de toutes les vertus et rétablit partout la discipline. Il s'employa à y appliquer les mesures de réforme prises au concile. Depuis lors, il ne cessa jamais d'y demeurer et ouvrit un séminaire pour améliorer la formation du clergé.

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