De Pauline Darrieus sur le site de Valeurs Actuelles (accès offert) :
Avortement : One of us demande à l’Union européenne de soutenir les mères
« La maternité n’est pas seulement un choix personnel, c’est un sujet qui concerne toute la société », introduit Ségolène du Closel, déléguée générale de One of us, une fédération d’associations européennes unies pour la vie et la dignité humaine. Des associations telles que l’ECLJ, ou la Marche pour la vie étaient présentes ce jour à Bruxelles, pour soutenir et accompagner les femmes qui venaient témoigner de leur parcours devant les députés européens.
Cette conférence se tenait en réponse à l’initiative citoyenne « My Voice, My Choice », reconnue valide par le Parlement européen le 1er septembre 2025. Cette requête déposée auprès des institutions européennes en avril 2024, après avoir reçu plus d’un million de signatures, explique que le manque d’accès à l’avortement dans de nombreuses parties de l’Europe expose les femmes à un risque de préjudice physique, économique et psychologique. Et demande donc à la Commission européenne de « présenter, dans un esprit de solidarité, une proposition de soutien financier aux États membres qui seraient en mesure de réaliser des interruptions de grossesse pour toute personne en Europe qui n’aurait toujours pas accès à un avortement sans danger et légal ». Concrètement, il s’agirait que l’Union européenne prenne en charge les frais de déplacements et de santé des personnes qui doivent aller dans un autre État membre pour recourir à l’IVG.
Une initiative « contraire au principe de subsidiarité »
Une opération qui vise directement des pays comme Malte et la Pologne, qui ont restreint le droit à l’avortement, ou encore l’Italie, qui, grâce à un amendement adopté en 2024 par Giorgia Meloni, a autorisé l’accès aux centres d’IVG pour les groupes pro-vie. En effet, à écouter des associations telles qu’Oxfam, l’avortement serait « un droit menacé en Europe ». Alors même que le droit à l’avortement est rentré dans la Constitution française en mars 2024 et que la clause de conscience des médecins est encore contestée par certains.
« Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est que vous voulez créer une prise de conscience chez les Européens sur la beauté de la maternité », affirme Tonio Borg, le président de One of us. Cette initiative citoyenne suscite également un questionnement en termes légaux. « C’est contraire au principe de subsidiarité », souligne le président de la fédération pro-vie. Un principe selon lequel une action ne doit être réalisée au niveau de l’Union que si les objectifs de l’action ne peuvent être réalisés de manière suffisante par les États membres, et si l’Union est plus efficace à agir.
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De nombreux politiques européens étaient présents pour défendre le droit des femmes à choisir la vie, et pour demander à l’Union européenne de mieux aider celles qui se retrouvent seules face à ce choix. « Si les associations ‘pro-choix’ sont financées par l’UE, pourquoi ne pas financer aussi celles qui défendent la maternité ? », s’interroge Tonio Borg. Laurence Trochu, du parti Identités-Libertés, Peter Agius, député maltais, ou encore la députée Slovaque Myriam Lexmann, ont pris la parole en faveur de ces femmes souvent esseulées, qui pensent que l’avortement est la seule voie possible.
Nous recevons beaucoup de haine, mais cela importe peu, car nous savons que nous défendons le Bien.
« Je suis très triste de voir les institutions européennes que j’aime, vouloir imposer l’avortement à des pays qui n’en veulent pas », déclare Peter Agius. « La dignité humaine est désormais protégée dans la Constitution slovaque : les lois bioéthiques appartiennent à la souveraineté nationale. Nous recevons beaucoup de haine, mais cela importe peu, car nous savons que nous défendons le Bien », ajoute la députée slovaque Myriam Lexmann. « Nous lançons un appel solennel à l’Union européenne pour défendre la vie, mieux protéger les femmes vulnérables et leur permettre de faire un choix éclairé », affirment-ils.
Permettre un choix éclairé
Parce que les partisans de l’avortement oublient généralement de consulter les premières concernées, One of us a souhaité donner la parole à plusieurs femmes, originaires de pays différents, qui ont subi des IVG, ou bien, ont été confrontées à ce choix. Charlène, 39 ans, française, raconte avoir avorté à 27 ans, alors qu’elle était dans une relation sérieuse, sous la pression de son conjoint. « Le planning familial m’a dit que ce n’était pas un bébé, mais un amas de cellule. Et lorsque j’ai fait part de mes doutes à propos de l’avortement au médecin, il m’a demandé si ça avait un rapport avec mes convictions religieuses », explique la jeune femme. « J’ai mis des années à comprendre ce que j’avais vécu », conclut celle qui souhaiterait que le personnel médical soit mieux former à déceler les pressions de l’entourage.
Des années après, ces femmes demeurent bouleversées par cette étape de leur vie qu’elles qualifient toutes de « traumatisme ». Évoquer cette épreuve est toujours difficile. Nirvana, âgée 34 ans, est aujourd’hui mère de 4 enfants âgés de 15 à 2 ans. Elle tombe enceinte la première fois alors qu’elle n’a que 18 ans. Elle n’en parle pas à ses parents. Elle aussi est abandonnée par le père de l’enfant. Elle avorte, faute d’autres perspectives. Aujourd’hui, elle regrette que les femmes enceintes ne soient pas mieux accompagnées. « J’ai dû travailler pendant mes grossesses, j’ai élevé mes enfants seule. Mais j’aurais aimé être mieux accompagnée », parvient-elle à dire entre deux sanglots.
La personne au téléphone m’a écoutée, sans jugement. Elle m’a redonné confiance en moi. Cet échange a joué un rôle crucial dans ma décision.
Malgré tous les obstacles, Ana Mafalda, une portugaise, mère de triplés âgés de six ans, montre qu’un autre chemin est possible. Livrée à elle-même lorsqu’elle tombe enceinte, elle a la chance de trouver le contact d’une association alors qu’elle se trouve dans la salle d’attente d’un médecin qui la destinait probabelement à l’avortement. « La personne au téléphone m’a écoutée, sans jugement. Elle m’a redonné confiance en moi. Cet échange a joué un rôle crucial dans ma décision », raconte-t-elle. Le jour de l’avortement arrive, et alors qu’on lui tend le médicament : « J’ai réussi à dire ‘non’. Sans cette association, j’aurais surement pris une autre décision. » La jeune mère souhaiterait que de telles associations soient plus nombreuses pour épauler les mères en devenir : « Mes filles sont le plus grand cadeau de ma vie. »