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Etats-Unis : le pape François nomme un archevêque du style libéral 1970

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Selon Sandro Magister sur son blog « Chiesa » (extraits) :

cupich (1).jpgCITÉ DU VATICAN, le 30 septembre 2014 – Alors qu’il était encore sous le choc causé par la nouvelle de l’éviction imminente du cardinal Raymond L. Burke, le catholicisme américain le plus conservateur et le plus traditionaliste – et historiquement le plus “papiste” – a reçu un nouveau coup de massue en apprenant la nomination du nouvel archevêque de Chicago.

La décision prise par François - choisir Blase J. Cupich (photo) comme nouveau pasteur du troisième diocèse le plus important des États-Unis - a jeté cette composante particulièrement dynamique du catholicisme américain dans une profonde dépression, presque au bord de la crise de nerfs. Il suffit de prendre connaissance des réactions des sites web et des blogueurs de cette catégorie de population pour constater à quel point elle est embarrassée et désappointée par cette nomination.

Au contraire, la partie la plus progressiste du catholicisme américain - elle est historiquement hypercritique à l’égard des derniers pontificats - a célébré avec enthousiasme l’arrivée de Cupich, défini par la presse laïque comme un “moderate”, qualificatif fréquemment employé aux États-Unis pour désigner un "liberal" qui, sans être radicalisé, reste néanmoins un "liberal"(…).

Pour le comprendre, il suffit d’examiner, même de manière sommaire, le parcours ecclésiastique du nouvel archevêque de Chicago.

Cupich, aujourd’hui âgé de 65 ans, n’est pas originaire de Chicago, comme George, mais d’Omaha, une ville qui est située dans l’état périphérique et rural qu’est le Nebraska.

Le premier diocèse dont il ait été l’évêque est celui de Rapid City, où il succédait au conservateur Charles J. Chaput. Et c’est dans ce petit diocèse du Dakota du Sud qu’il s’est fait remarquer, en 2002, en interdisant à une communauté catholique traditionaliste de célébrer le triduum pascal selon l’ancien rite romain, dont Benoît XVI allait ultérieurement libéraliser l’usage, en 2007, par son motu proprio "Summorum pontificum".

Les catholiques conservateurs se souviennent également que, pendant le conflit qui a opposé les évêques des États-Unis à la Maison Blanche à propos de la réforme du système de santé, Cupich a été l’un des très rares prélats, moins d’une dizaine, qui n’ont pas dit un seul mot pour marquer leur opposition, alors même que la critique de l’Obamacare était non pas le point de vue de quelques évêques “extrémistes”, ou “cultural warriors”, comme on l’entend dire de manière péjorative, mais la position officielle de l’épiscopat.

Devenu évêque de Spokane en 2010, Cupich a interdit aux prêtres et diacres de son diocèse, l’année suivante, de prendre part à la récitation de prières devant les cliniques où des avortements sont pratiqués. Une interdiction nettement à contre tendance par rapport au “mainstream” de l’Église aux États-Unis. En effet la récitation du chapelet devant ces cliniques est pratiquée dans presque tous les diocèses américains. Et plusieurs dizaines d’évêques y participent, y compris, par exemple, le cardinal archevêque de Washington, Donald Wuerl, qui est pourtant "moderate", et l’actuel président de la conférence des évêques, Joseph Kurtz, archevêque de Louisville.

La voix de Cupich – les catholiques conservateurs le font remarquer avec consternation mais les progressistes avec satisfaction – se fait toujours entendre clairement lorsqu’il est question d’immigration ou de peine de mort, mais il est frappé d’aphonie à chaque fois que l’on discute d’avortement, d’euthanasie et de liberté religieuse, ou que l’on critique l’administration Obama en ce qui concerne la réforme du système de santé.

Un fait qui est significatif à cet égard est la décision qu’avait prise Cupich de doubler l’importance du service “Respect Life” dans le diocèse de Spokane, de manière à donner à la lutte contre la peine de mort autant de poids qu’à la lutte contre l’avortement.

L’arrivée de Cupich à Chicago donne donc l’impression que l’on va revenir à l’époque du prédécesseur de George, le cardinal Joseph Bernardin. Celui-ci était un fervent défenseur du catholicisme “liberal” aux États-Unis et c’est lui qui pourvut d’une éléphantesque machine bureaucratique la conférence des évêques américains dont il fut président entre 1974 et 1977 et "dominus" jusqu’à sa mort, survenue en 1996.

Et l'ère Bernardin paraît donc être de retour grâce à un geste du pape François qui a surpris et pris à contre-pied un épiscopat, celui des États-Unis, qui doit en grande partie sa physionomie actuelle aux nominations qui y ont été faites par Jean-Paul II et par Benoît XVI (…).

En ce qui concerne Chicago, il semble bien que le pape François ait procédé à une consultation toute personnelle, parallèle à celle du dicastère des évêques. La nomination de Cupich aurait été en particulier recommandée au pape par deux cardinaux, Oscar Andrés Rodríguez Maradiaga et surtout Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington, l’un des principaux membres de la vieille garde "liberale" de l’épiscopat américain.

À vrai dire, le fait que des nominations épiscopales, même importantes, ne soient pas discutées collégialement par la congrégation vaticane prévue à cet effet n’est pas une nouveauté apparue sous ce pontificat. Sous celui de Benoît XVI, il n’y a pas eu de discussion pour la nomination au siège de Venise (mais il y en a eu pour ceux de Milan, de Malines-Bruxelles, de Santiago du Chili et de Manille). Sous le présent pontificat, cependant, cette mise de côté des procédures semble être beaucoup plus fréquente.

Ont en effet échappé au crible de la congrégation non seulement les nominations relatives à Chicago, Sydney et Madrid, mais également, en Allemagne, la sélection de trois noms à soumettre, selon la tradition, au chapitre de la cathédrale de Cologne, ainsi que toutes les nominations, soit une vingtaine, qui concernaient l’Argentine.

Il y a actuellement trois diocèses américains traditionnellement cardinalices qui sont dirigés par un archevêque qui n’a pas encore reçu la pourpre : Chicago, Los Angeles et Philadelphie.

On peut facilement imaginer que le pape François va accorder la barrette à celui de Chicago, le seul des trois qu’il ait nommé lui-même.

En revanche il sera intéressant de voir si, par la même occasion, la pourpre sera accordée au diocèse de Los Angeles, dont l’ordinaire fait partie du clergé de l’Opus Dei, ou bien à celui de Philadelphie (pas aux deux ensemble, parce qu’il semble impensable que le pape Bergoglio crée trois nouveaux cardinaux américains d’un seul coup).

Ou si, au contraire, en guise de signal supplémentaire à envoyer outre-Atlantique, la pourpre accordée à Chicago restera la seule. Sans rééquilibrages.

Ref. Journal du Vatican / L’arrière-plan de la nomination à Chicago

JPSC

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