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Pour en finir avec "la pastorale de l’enfouissement"

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697406_ars.jpgLes catholiques sont-ils des chiens muets ? Une certaine «  pastorale » de l’enfouissement répandue dans les milieux cléricaux depuis la fin des années 1960 en donne encore souvent l’image. Dans le cadre d’une enquête sur les catholiques parue dans l’hebdomadaire  français « l’Express » du 20 avril, Claire Chartier a interrogé à ce propos le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules. Ses réponses sans équivoque peuvent aussi intéresser la Gaule Belgique…

« Philippe Barbarin est archevêque de Lyon depuis 2002 et cardinal depuis 2003. Pour lui, l'Eglise catholique doit faire entendre ses opinions sur la société française d'aujourd'hui.

Pourquoi entend-on davantage les catholiques aujourd'hui?

En France, nous avons longtemps été majoritaires, et une assez forte autocensure régnait, parce que nous ne voulions pas donner l'impression, dans un pays laïque, d'incarner une voix prépondérante. Nous avons aussi reconnu le bien-fondé de certaines critiques contre le cléricalisme. Parfois, en vertu de l'autorité de leur ordination qui vient de Dieu, et du "ministère" qui leur est confié dans l'Eglise, les prêtres se sont cru investis d'un pouvoir. C'est une perversion de leur vocation, puisque le terme "ministère" signifie service. Jésus avait averti de ce danger: "Les grands font sentir leur pouvoir, mais, parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui voudra être grand parmi vous, qu'il soit le serviteur de tous." Aujourd'hui, le contexte est tout autre. Nous avons à faire entendre notre voix, d'abord pour le bien de l'homme, et non pas pour défendre l'Eglise. 

 

Certains vous accusent pourtant d'agir comme un lobby.

C'est inévitable dès lors que l'on s'exprime, mais sans importance. Nous ne nous comportons pas comme un groupe de pression; nous donnons seulement notre témoignage, même s'il est mal reçu. Lorsqu'il s'agit de la protection de la vie humaine, du décalage entre les riches et les pauvres sur la planète, des manipulations biologiques qui risquent de faire perdre le sens de la dignité de l'homme, ce serait de la lâcheté de ne rien dire, alors que les autres parlent! Nous avons le droit et le devoir de prendre la parole. J'encourage souvent les jeunes et les adultes à s'engager sur le chemin des responsabilités, à s'investir dans la vie sociale et politique pour témoigner avec courage contre l'argent roi, ou contre la science, lorsqu'elle se croit toute-puissante. J'admire les progrès de la technique et de la médecine, dont je suis comme tout le monde l'heureux bénéficiaire, mais les scientifiques peuvent eux aussi succomber à la tentation de l'orgueil, dont je parlais plus haut pour nous, les clercs. En outre, il n'est, certes, pas simple de maîtriser le progrès. La fission de l'atome, par exemple, est une prouesse intellectuelle et technique, mais nous mesurons chaque jour davantage les risques de ce qu'elle permet de faire. 

 

L'Eglise et ses fidèles sont-ils pour autant davantage écoutés?

Je le pense, oui, parce que nous parlons clairement et que notre message ne varie pas dans le temps. Un élu communiste m'a dit un jour: "Nous, il y a vingt ans, nous parlions de la dictature du prolétariat, aujourd'hui, c'est fini; tandis que vous, il y a mille cinq cents ans, vous disiez non à l'avortement et dans trois cents ans vous le direz encore. Continuez, car vous êtes le seul repère!" Il y a des points dans l'enseignement de l'Eglise qui traversent les siècles. Parfois, cela ne pose pas de problème parce que cet enseignement est en harmonie avec la société, d'autres fois, cela crée des conflits terribles, qui jettent les catholiques en prison.  

 

Et au sommet de l'Etat, avez-vous le sentiment d'un plus grand intérêt?

Je me souviens d'un échange assez rude avec Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était Place Beauvau, en 2006, au sujet de ses mesures contre l’immigration. Il m'avait écrit son désaccord, et je lui avais répondu par une longue lettre. Eh bien, cette confrontation initiale a donné lieu à un échange en profondeur. Nous, chrétiens, tout comme les autres acteurs de la société, devons veiller à prendre la parole pour le bien commun, et non pas pour obtenir une surface médiatique. Dans ce cas, ce ne serait que de la vanité. Donc, parfaitement inutile ».

 

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