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"Un tombeau changé en berceau" ou quand l'allégorie prend le pas sur la réalité

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Diffusé par Cathobel, un texte du Père Dominique Collin insistant sur le rôle négatif des hommes et sur celui, positif, des femmes dans la passion et la résurrection du Christ, nous rend assez perplexes. Le Père Collin fait partie de la communauté des dominicains de Liège auxquels Mgr Jousten a confié la pastorale de l'enseignement supérieur liégeois. Peut-être sommes-nous bouchés ou bornés mais nous ne sommes guère sensibles à l'"approche parabolique" des Ecritures où nous décelons un nouvel avatar d'une exégèse moderniste qui sacrifie la réalité concrète des faits en y voyant des allégories et des symboles.

Voyons de plus près cette prose qui ne manque pas de style :

"... Alors que la plupart des hommes ont fui, quelques femmes se rendront au tombeau: stupéfaites et craintives d'abord, leur attente silencieuse laissera jaillir une Annonce qui déplacera les pierres et les pétrifiés...

Devant le vide du tombeau, les femmes pressentent la possibilité d'une naissance, le vide ne leur fait pas peur, elles savent qu'il peut être gros (comme on dit d'une femme enceinte) d'un enfantement. Comme des sages-femmes, elles deviennent témoins de l'irruption du Monde nouveau de Dieu dont Jésus a été le prophète. Et il leur reviendra d'annoncer la Bonne Nouvelle à tous ces hommes qui ne comprenaient pas comment la vie peut jaillir d'un sépulcre.

Tout commence... Une espérance invincible est née en cette aube de premier jour. Rien n'est encore fait, car toute naissance reste fragile et demande du temps pour croître, mais l'essentiel est là et change tout: un Nouveau-né nous précède, ouvre nos tombeaux et les change en berceaux !"

Cette approche de la Résurrection ne nous convient pas car elle tend à faire de l'évènement du matin de Pâques une affaire d'intuition subjective, une affaire de "pressentiment" et non la réalité d'un fait historique et objectif s'imposant à des êtres peu disposés à l'accueillir.

"Leur attente silencieuse laissera jaillir une Annonce qui déplacera les pierres et les pétrifiés" ? Or, si on s'en réfère aux Evangiles, ces femmes se rendaient au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. Elles ont été surprises de découvrir le tombeau vide ("On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l'a mis.") D. Collin escamote l'apparition céleste (l'ange annonciateur devenant "une Annonce") qui fait sans doute partie d'une mythologie d'un autre temps.

"Les femmes pressentent la possibilité d'une naissance" ? S'agit-il d'une manifestation de ce qu'on appelle communément "l'intuition féminine"? Soyons sérieux, déroutées, elles vont aller rapporter à Pierre et à Jean ce qu'elles ont découvert; et quand "arrivé le premier au tombeau" et, ayant découvert le tombeau vide et les linges, Jean "vit, et il crut". "Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts." (Jean 20)

"L'irruption d'un monde nouveau dont Jésus a été le prophète" ? Jésus, ressuscité par le Père, n'est-il pas acteur plus que prophète de ce monde qui ne sera nouveau qu'à la condition de confesser le Christ mort et ressuscité?

"Une espérance..."? Plus qu'une espérance, ne s'agit-il pas d'une foi, d'une certitude qui conduira les premiers à l'avoir professée à signer leur témoignage de leur sang et du sacrifice de leur vie?

"Rien n'est encore fait..."? Sur la Croix, le Christ ne disait-il pas que "tout est accompli"? La Résurrection du Christ manifeste cet accomplissement et cette victoire définitive sur le mal et sur la mort. C'est par la force de cet évènement que "baptisés dans le Christ, nous avons revêtu le Christ" qui "par sa mort a vaincu la mort et a donné la vie à ceux qui étaient dans les tombeaux".

Concluons : une approche poétique qui interprète ainsi la réalité évangélique ne nous séduit pas. Nous ne sommes pas étonnés qu'elle rencontre beaucoup de succès en ces temps de scepticisme et d'apostasie car elle permet, en l'allégorisant, de contourner ce qui, dans l'évangile, peut faire difficulté. Cela convient parfaitement à l'homme d'aujourd'hui qui préfère que l'on fasse rentrer le surnaturel dans ses catégories d'"homme moderne" plutôt que de se laisser remettre en question par ce qui le dépasse.

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