Abbaye Sainte Madeleine du Barroux (près de Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse), juin 2011 : lettre du Père Abbé Dom Louis-Marie (photo) aux Amis du Monastère, sur le mariage et la fidélité. Le mariage c’est, peut-être aujourd’hui encore, l’état de vie le plus commun mais, au fond, la lettre vaut pour la conduite à tenir dans tous les états de vie légitimes :
« Un journaliste demandait un jour à la bienheureuse Mère Teresa : « Qu’est-ce qui ne va pas dans l’Église, aujourd’hui ? – Vous et moi », répondit celle-ci du tac au tac.
Une autre fois, un interlocuteur lui posa la question piège : « Le sida est-il une punition de Dieu ? » Elle le regarda bien droit dans les yeux, puis lui dit simplement : « Moi, Mère Teresa, je suis une pécheresse. Nous sommes tous pécheurs. Et tous, nous avons besoin de la miséricorde de Dieu. »
« Il y a un péché que je n’ai jamais eu à confesser, reconnaissait-elle ailleurs, c’est d’avoir jugé quelqu’un. » Elle avait de qui tenir. Quand sa mère entendait l’un de ses enfants se plaindre d’un professeur, elle éteignait la lumière en disant : « Je ne paie pas l’électricité pour des enfants qui parlent mal des autres. »
Jésus nous a laissé à ce sujet une sévère leçon. Aux pharisiens qui lui avaient amené une femme prise en flagrant délit d’adultère, il répondit : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ! » Tous comprirent et se retirèrent, en commençant par les plus âgés. Et Jésus, lui-même, pur parmi les purs, ne voulut pas condamner la femme, mais la renvoya avec une douce fermeté : « Va, et désormais ne pèche plus ! »
Qu’on y prenne garde cependant ! La bonté sans borne de Jésus pour le pécheur n’inclut aucune indulgence pour le péché. Il en a payé tout le prix dans les souffrances de sa Passion.
Or le risque est grand, dans l’abominable atmosphère de sensualité où nous vivons, que nous en venions à relativiser la gravité de l’adultère. Trahison d’une parole donnée, l’adultère apporte avec lui tout un cortège de malheurs. Souffrances atroces dans le coeur des époux trompés ! Terrible déstabilisation pour les enfants ! On peut voir dans la mort tragique de l’enfant que le roi David et Bethsabée ont conçu dans l’adultère, le symbole des blessures parfois mortelles que subissent les enfants par l’adultère de leurs parents. Nous assistons avec le coeur brisé à tout ce cortège de disputes, de calomnies et de ruines matérielles qu’amènent les divorces, suites naturelles de l’adultère. Sans compter d’effroyables pertes de temps : une entreprise a calculé qu’un employé en instance de divorce perd 50 % de son temps de travail…
Est-ce pourtant le plus grave ? L’adultère n’est pas en effet une simple trahison du conjoint. En raison du caractère sacré du mariage, il trahit le pacte passé avec Jésus. Aussi prive-t-il l’âme de l’amitié avec Dieu et mérite-t-il la damnation éternelle. Trahison de l’amour juré, il met l’âme dans le camp du diable et de Judas, ce disciple choisi entre tous qui « trahit son maître par un baiser ». Tout le récit de la Passion du Seigneur retentit du cri de douleur morale de Jésus devant le crime de son apôtre.
A contrario, la fidélité des époux fut sûrement une grande consolation pour le Christ dans sa Passion. Elle est en tout cas une force pour les enfants, le plus bel héritage que leurs parents puissent leur laisser, bien mieux qu’un patrimoine immobilier ou un beau compte en banque.
Un jour, un père marié depuis plus de 40 ans a dit en confidence à son fils : « Tu sais, ta mère, elle est bien, elle est même très bien. » Ce genre de témoignage est une source de joie, d’énergie et d’espérance dans la vie.
C’est pourquoi le Christ nous supplie de rester fidèles à la parole donnée, sans retourner en arrière. C’est, de nos jours, peut-être plus qu’à d’autres époques, un appel à l’héroïsme avec l’aide de la grâce. C’est un appel à la vigilance sous toutes ses formes.
À long terme par une éducation de la volonté car la fidélité repose en grande partie sur elle ; par des fiançailles et une sérieuse préparation au mariage, où l’on apprend le respect mutuel. À court terme, en évitant de tenter le diable qui « rôde, cherchant qui dévorer », particulièrement sur Internet à travers les images et les possibilités de rencontres.
Puisque Internet est très souvent en cause aujourd’hui, sachons nous protéger de notre faiblesse. Plaçons l’ordinateur dans un lieu de passage afin que l’oeil du conjoint ou des enfants soient un bouclier contre les illusions et les séductions du démon. Un filtre de contrôle parental peut être, lui aussi, efficace.
Mais surtout, vivons pleinement notre foi chrétienne, la vie sacramentelle, la prière et l’aide de la communauté chrétienne. Sachons profiter pour cela d’institutions qui peuvent nous aider à progresser dans la fidélité : Domus christiani, les Équipes Notre-Dame, les Associations familiales catholiques, Mère de miséricorde, le Chapitre Saint-Agricol pour les voisins de l’Abbaye…
Prenons résolument les moyens de rester fidèles. C’est trop important. Le vrai bonheur est au bout de ce chemin, pour les époux et pour les enfants. Il en va aussi de la gloire de Dieu et du rayonnement de son Église. Souvenons-nous toujours que les époux chrétiens portent un mystère immense, celui du Christ et de son Épouse, l’Église. Chacun est pour son conjoint le signe sensible et efficace de l’amour et de la fidélité de Dieu. Mission sacrée ! Bien accomplie, elle méritera aux époux un centuple de joies familiales en cette vie et le bonheur éternel dans l’autre.
Prions, les uns et les autres, Notre-Dame de fidélité pour participer de plus en plus à sa grâce !
† F. Louis-Marie, o.s.b. Abbé
L'abbaye Sainte-Madeleine du Barroux est une abbaye bénédictine, située au Barroux, dans le Vaucluse. Fondée vers la fin du XXe siècle, la communauté des moines fait partie de la confédération bénédictine depuis octobre 2008. En 2002, alors que la communauté compte près de 70 moines, quelques uns d'entre eux sont envoyés fonder un nouveau monastère à Saint-Pierre-de-Clairac dans le Lot-et-Garonne : le monastère Sainte-Marie de La Garde. En novembre 2003, après la résignation de charge du père fondateur, Dom Gérard Calvet, le TRP Louis-Marie de Geyer d'Orth est élu père abbé. Dom Gérard est décédé le 28 février 2008.
Suivant la tradition des abbayes bénédictines, l'abbaye Sainte-Madeleine dispose d'une Hôtellerie ouverte toute l'année (sauf en janvier) aux messieurs et aux jeunes gens pour des séjours à caractère spirituel ou des retraites individuelles ou en groupe.
De plus, à proximité immédiate de l'abbaye, l'Institut Saint-Louis école de niveau secondaire mixte) est un lieu d'enseignement et de vie, propice au travail et à la prière, dont la communauté monastique assure l’aumônerie. L'internat pour garçons est ouvert depuis septembre 2010.
Au Barroux, l’abbaye Sainte-Madeleine a son abbaye sœur : Notre-Dame de l’Annonciation une abbaye de moniales bénédictines érigée en abbaye en 1992. En 2000, Mère Placide est élue abbesse. L'abbatiale Notre-Dame-de-l'Annonciation fut terminée en 2005. Ce monastère compte une quarantaine de moniales.
Dans chacune de ces maisons religieuses, la liturgie (messe et office) est célébrée selon la forme extraordinaire du rite romain. On y cultive aussi avec bonheur le chant grégorien. En juillet 2010, les moniales ont remporté un concours de chant grégorien organisé par le label Decca Records dans plus de 70 couvents à travers le monde.