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Syrie : ne pas se méprendre ?

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Hier, la Libre Belgique publiait dans sa rubrique "débats et opinions" un tribune de Pierre Piccinin intitulée : Syrie, vicissitudes et réalités du "printemps arabe". L'auteur met en garde contre un amalgame entre les faits qui se sont produits dans d'autres pays arabes avec ceux auxquels on assiste en Syrie :

"Pendant que le Yémen et la Libye s’enfoncent dans la guerre civile, guerre de clans et de tribus, guerre des chefs aussi, avec, dans un cas, l’interventionnisme des monarchies du Golfe et, dans l’autre, l’ingérence de l’Occident, alors que les « révolutions » égyptienne et tunisienne ont la gueule de bois et peinent à se débarrasser des establishments moubarakiste et benaliste qui contrôlent encore tous les rouages de la société et de l’État, tandis que le Bahreïn et, à présent, le Maroc (plus modestement) répriment la contestation dans la violence, la Syrie offre une autre variante encore de ce « Printemps arabe », qui détrompe l’analyste et démontre combien le monde arabe est pluriel et multiple. Bien loin du cliché véhiculé et appliqué partout sans nuance, le cas syrien, pas plus qu’en Libye ou ailleurs, ne saurait être décrit comme la révolution et l’élan démocratique d’un peuple opprimé déterminé à renverser une féroce dictature (celle de Bashar al-Assad et du parti Baath), vision que démentent, entre autres éléments, les gigantesques manifestations de soutien au gouvernement, qui bénéficient d’une réelle adhésion de la part d’une fraction non négligeable de la population et ne sauraient être expliquées simplement par les velléités propagandistes du régime."

Il précise :

"...le régime bénéficie du soutien de plusieurs autres communautés, et notamment des Chrétiens (10% de la population), quasiment inconditionnellement supporters de Bashar al-Assad, surtout dans la région côtière, voisine de Hama, et plus particulièrement encore dans le contexte actuel. Les Chrétiens craignent en effet l’essor du courant islamiste radical, dont les intentions sont très claires : l’instauration d’une république islamique sans concession et l’éradication du christianisme et des courants musulmans considérés comme hérétiques.

Pour les mêmes raisons, le régime bénéficie aussi du soutien des Kurdes (bien que ces derniers soient en partie exclus socialement) et des communautés juive et musulmanes chiite et alaouite, de cette dernière dont est issue la famille du président Bashar al-Assad et qui représente environ 20% de la population syrienne.

 

La Syrie est en effet un État laïc, où Chrétiens, Juifs et Musulmans, de manière générale, cohabitent en franche convivialité.

 

 

A ce bloc, qui représente presque 40% de la population syrienne, il faut encore ajouter une large partie de la bourgeoisie sunnite (courant majoritaire en Syrie), laquelle se félicite des mesures économiques promues par Bashar al-Assad depuis son accession à la présidence, le 10 juillet 2000.

 

Tournant le dos à la dimension éminemment socialiste du baathisme traditionnel, l’actuel président a autorisé la privatisation de plusieurs secteurs économiques et financiers, des banques notamment. Il a aussi favorisé le secteur du tourisme et celui des nouvelles technologies, rattrapant rapidement le lourd retard que la Syrie accusait dans ce domaine, comme, par exemple, celui de la téléphonie mobile et de l’internet. Des facilités douanières furent négociées avec la Turquie et divers partenaires, de telle sorte que, en quelques années seulement, un essor économique palpable a transfiguré les grandes villes, à commencer par la capitale.

 

La bourgeoisie, qui profite à présent du succès de cette politique, n’a certainement pas l’intention de ruiner ces acquis en laissant renverser le régime auquel elle les doit.

 

 

Bashar al-Assad a enfin le soutien de l’armée, dont la majorité des cadres sont des Alaouites, et de l'importante population de Palestiniens réfugiés (presqu'un demi-million, sur une population totale d'environ vingt millions), qui jouissent des mêmes droits que les citoyens syriens et possèdent leur propre milice, « l'Armée de Libération de la Palestine», reconnue par le gouvernement syrien.

 

Concernant la situation intérieure, force est donc de conclure, d’une part, que le régime, pour peu démocratique qu’il soit, fonde sa légitimité sur un consensus nécessaire et dont la majorité des Syriens est bien consciente et, d’autre part, que, s’il existe une aspiration de la classe moyenne à la démocratie, les troubles les plus importants sont le fait de protagonistes dont les objectifs divergent et n’ont que peu à voir avec la démocratisation du régime."

Lire cette étude dans son intégralité sur le site de P. Piccinin : http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com/article-syrie-vicissitudes-et-realites-du-printemps-arabe-79266951.html

 

 

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