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Espagne : entre anticléricalisme anachronique et sécularisation bourgeoise ?

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Pour le journal « La Croix », Loup Besmond de Senneville a interviewé le P. Ignacio Sesma s.j., prêtre de la paroisse Saint François Borgia à Madrid :

 « LA CROIX  : Comment analysez-vous la persistance, et parfois la violence, des manifestations anti-pape qui ont eu lieu à Madrid tous les soirs, du mercredi 17 au vendredi 19 août ?  

 P.Ignacio Sesma : C’est un phénomène complexe. Le mouvement des Indignés, très populaire, né fin mai, dénonce de vrais problèmes. La plupart d’entre eux sont pacifiques et peuvent discuter tranquillement avec les pèlerins.

Mais les manifestants dont nous parlons ici ne sont pas issus de ce mouvement. Ce sont des ‘anti-système’ qui ont profité des JMJ pour manifester et tirer un bénéfice de cet événement. Ils font montre d’un anti-cléricalisme totalement anachronique, qui relève d’un autre siècle. Ce sont plutôt des marginaux qui sont de toutes les manifestations. C’est pour cela qu’il n’a pu y avoir aucun dialogue entre ces manifestants et les pèlerins présents à Madrid pour les JMJ.

Par ailleurs, il faut aussi avoir en tête que des élections législatives auront lieu en Espagne en novembre, et que le gouvernement (socialiste, NDLR) veut s’attirer les sympathies de la gauche et de l’extrême gauche. C’est pour ces raisons purement politiques qu’il a autorisé ces manifestations.

 Comment se situent les Espagnols, et en particulier les jeunes, par rapport à ces manifestants ?

 La société espagnole est beaucoup plus mûre que ces jeunes-là. Au fond, l’Espagne, reste d’abord un pays catholique. Le pays a connu une forte sécularisation, beaucoup plus rapide qu’en France. Mais cette évolution n’a été ni violente, ni idéologique. Les gens se sont détachés de l’Église pour des raisons pratiques. Alors que le niveau de vie a augmenté fortement en Espagne ces dernières années, les Espagnols ne prennent plus le temps de pratiquer. Les jeunes pensent qu’ils ont des choses plus intéressantes à faire le week-end que de se rendre à l’église.

 De fait, les familles sont au centre de cette crise. Certes, les enfants continuent à aller dans des écoles catholiques, car l’éducation y est très bonne, et l’attachement aux sacrements comme le baptême et la première communion perdure. Mais les parents ont arrêté de transmettre la foi, qui n’est plus, à leurs yeux, quelque chose d’important. Les grands-parents sont souvent les seuls à se rendre encore à la messe. En Espagne, la vraie fracture dans ce domaine est générationnelle. Le taux de pratique des plus de 60 ans est le plus haut d’Europe, alors que celui des moins de 30 ans est parmi les plus bas »

Mais la sociologie religieuse ou politique à ses limites: en définitive, "Spiritus ubi vult spirat", L'Esprit souffle où il veut...

Commentaires

  • L’évêque de Toulon, Mgr Rey, déclarait justement à l’occasion des JMJ « il me semble que l’Eglise espagnole est en train de vivre ce que nous avons nous-mêmes vécu il y a quelques années, c’est-à-dire un changement de paradigme. Les Espagnols passent d’une religion qui structurait les comportements, les mœurs, les habitudes de vie, à une situation où la foi doit se vivre aujourd’hui comme une prise de position personnelle, une expérience de rencontre avec le Christ ».

    On se console comme on peut. Personnellement j’aurais plutôt pensé que l’efflorescence d’une élite qui personnalise sa foi est favorisée par un large terreau sociétal favorable.

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