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Le combat chrétien selon saint Augustin, père de l'Eglise (28 août)

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003.jpgA consulter : http://peresdeleglise.free.fr/Augustin/augustin.htm

Le combat chrétien

La couronne de la victoire n'est promise qu'à ceux qui combattent. Dans les divines écritures, nous trouvons continuellement que la couronne nous est promise si nous sommes vainqueurs. Mais pour ne pas abuser des citations, on lit en toutes lettres dans l'apôtre Paul : « J'ai parfait mon oeuvre, j'ai achevé ma course, j'ai conservé la foi, je n'ai plus à attendre que la couronne de justice. »

Nous devons donc connaître qui est l'adversaire que nous avons à vaincre pour être couronnés. C'est, en effet, celui que notre Seigneur a vaincu en premier, afin que nous aussi, demeurant dans le Seigneur, nous le vainquions. Car la vertu, et la sagesse de Dieu, et le Verbe par qui tout a été fait, qui est le Fils unique de Dieu, demeure à jamais immuable au-dessus de toute créature. Et puisque la créature qui n'a pas péché est au-dessous de lui, combien plus est au-dessous de lui toute créature pécheresse ? Donc, puisque au-dessous de lui sont tous les saints anges, beaucoup plus au-dessous de lui sont tous les anges prévaricateurs dont le diable est le prince. Mais parce que le diable avait trompé notre nature, le Fils unique de Dieu a daigné revêtir notre propre nature, afin que le diable fût vaincu par elle, et que celui que Dieu a toujours sous son pouvoir, il le mît aussi sous le nôtre. C'est ce qu'il signifie en disant : « Le prince de ce monde a été jeté dehors. » Non qu'il ait été jeté hors du monde, comme le pensent certains hérétiques, mais hors des âmes de ceux qui adhèrent à la parole de Dieu et qui n'aiment pas le monde dont il est le prince. Il en est le prince parce qu'il domine sur ceux qui aiment les biens temporels, lesquels sont contenus dans ce monde visible. Non pas qu'il soit le seigneur même de ce monde mais il est le prince des cupidités par lesquelles on convoite tout ce qui passe, de sorte que lui sont assujettis ceux qui négligent le Dieu éternel et qui aiment les choses instables et changeantes. « En effet, la racine de tous les maux est la cupidité. Pour s'y être livrés, certains ont erré hors de la foi et se sont engagés dans de nombreuses douleurs. » Par cette cupidité, le diable règne dans l'homme et tient son coeur. Tels sont tous ceux qui aiment ce monde. Mais on jette le diable dehors quand on renonce de tout son coeur à ce monde. C'est ainsi qu'on renonce au diable, qui est prince de ce monde, lorsqu'on renonce à ses corruptions, et à ses pompes, et à ses anges. Voilà pourquoi le Seigneur lui-même, portant désormais triomphante la nature de l'homme, dit : « Sachez que j'ai vaincu le monde. »

Beaucoup objectent : « Comment pouvons-nous vaincre le diable que nous ne voyons pas ? » Mais nous avons un Maître qui a daigné nous apprendre comment se vainquent les ennemis invisibles. C'est de lui que l'Apôtre dit : « Vainqueur de la chair, il se proposa en exemple aux principautés et aux puissances, triomphant hardiment d'elles en lui-même. » Là donc sont vaincues les puissances invisibles, nos ennemies, où sont vaincues les cupidités visibles. Et parce que nous vainquons en nous-mêmes les cupidités temporelles, il est nécessaire que soit vaincu aussi en nous-mêmes celui par qui ces cupidités mêmes règnent dans l'homme. En effet, ceux qui nous attaquent extérieurement, nous les vainquons intérieurement en vainquant les concupiscences par lesquelles ils nous dominent. Et ceux qu'ils trouvent semblables à eux, ils les entraînent avec eux aux supplices.

C'est ainsi que même l'Apôtre dit qu'il combat en lui contre les puissances extérieures. Car il déclare : « Ce n'est pas contre des êtres de chair et de sang que nous avons à combattre, mais contre les princes et les puissances de ce monde, qui gouvernent les ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans les espaces célestes. »

Averti de revenir à moi-même, je suis entré au fond de mon cour, sous votre conduite, Seigneur, et j'ai pu le faire, parce que vous êtes venu a mon secours. Je suis entré, et avec le regard de mon âme, quel que fût son état, au-dessus de ce même regard, au-dessus de mon intelligence, j'ai vu la lumière immuable. Ce n'était pas cette lumière ordinaire que tout le monde peut voir ; ce n'était pas non plus une lumière de même nature, mais plus puissante, qui aurait brillé de plus en plus et aurait tout rempli par son éclat. Non, cette lumière n'était pas cela, elle était autre chose, tout autre chose. Elle n'était pas au-dessus de mon esprit comme l'huile flotte à la surface de l'eau, ni comme le ciel s'étend au-dessus de la terre. Elle était au-dessus de moi parce qu'elle m'a créé ; j'étais au-dessous d'elle parce que créé par elle. Celui qui connaît la vérité la connaît, et celui qui la connaît, connaît l'éternité. C'est l'amour qui la connaît !

O éternelle vérité, ô véritable charité, ô chère éternité ! Vous êtes mon Dieu, je soupire après vous jour et nuit. Quand je vous ai connu pour la première fois, vous m'avez soulevé vers vous pour me faire voir l'existence de quelque chose que je devrais voir, mais que je ne pourrais pas encore voir moi-même. Vous avez ébloui la faiblesse de mon regard par la puissance de votre rayonnement, et je frissonnais d'amour et d'effroi. J'ai découvert que j'étais loin de vous, dans le pays de l'exil et de la dissemblance, et il me semblait que j'entendais votre voix, venant du haut du ciel : « je suis la nourriture des forts : grandis et tu me mangeras. Tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ton corps, c'est toi qui seras changé en moi. »

Je cherchais le moyen d'acquérir la force qui me rendrait capable de vivre uni à vous, et je ne la trouvais pas. Enfin, j'ai embrassé le Médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Jésus Christ, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. C'est lui qui nous appelle et nous dit : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Il unit à la chair - puisque le Verbe s'est fait chair - la nourriture que j'étais incapable de prendre, afin que votre sagesse, par laquelle vous avez tout créé, se transforme en lait pour s'adapter à notre condition d'enfants.

Je vous ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je vous ai aimée bien tard ! Mais voilà : vous étiez au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je vous cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de vos créatures. Vous étiez avec moi mais je n'étais pas avec vous. Elles me retenaient loin de vous, ces choses qui n'existeraient pas si elles n'existaient en vous. Vous m'avez appelé, vous avez crié, vous avez vaincu ma surdité vous avez brillé, vous avez resplendi et vous avez dissipé mon aveuglement ; vous avez répandu votre parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour vous ; je vous ai goûtée et j'ai faim et soif de vous ; vous m'avez touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en vous.

Saint Augustin
Des Confessions (VIII 10. 18 & X 27)

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