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Et les cours de religion ?

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Après les jours de ferveur passés par de nombreux jeunes à Madrid lors des JMJ, quel sera le menu des élèves au cours de religion? Une tribune parue dans la Libre, il y a deux ans, reste malheureusement tout à fait d'actualité. Charlotte de Saint-Moulin, de retour d'un voyage en Terre Sainte avec les jeunes de sa chorale, dressait alors un état des lieux alarmant. Comment pourrait-il en être autrement quand on examine le manque de clarté des programmes du cours de religion, la faible préparation de nombreux maîtres chargés d'enseigner cette "matière", la précipitation avec laquelle on désigne des enseignants pour enseigner la religion où il reste de nombreuses postes non encore affectés, la pratique courante de compléter les horaires des enseignants en leur donnant des heures de religion... Dans ces conditions, la conviction des professeurs de religion et leur détermination à présenter objectivement le contenu de la religion catholique ne sont pas toujours au rendez-vous, loin de là.

"Nous, au cours de religion, on étudie la couche d’ozone

Article mis en ligne le 08/09/2009 

Pourquoi le écoles chrétiennes donnent-elles des cours de "bricolage religieux" ? Au détriment de repères et de spiritualité. Les musulmans et les juifs n'ont pas honte, eux. Une opinion de Charlotte de SAINT-MOULIN, chef de choeur.

Rodolphe(1), en 2e au collège du Christ-Roi à Ottignies, a découvert cette année au cours de religion les sept sacrements et les cinq grandes religions du monde. Dans le même collège, mais en cinquième, Pauline a étudié cette année le mariage homosexuel, l’adoption et le Pacs. Héloïse, en cinquième au lycée Martin V de Louvain-la-Neuve, a travaillé sur la folie meurtrière racontée par des auteurs arabes Pendant ce temps, la douce Olivia a creusé le sens de la violence au pensionnat du Val près de Huy. Quant à Justine, en cinquième à l’Institut de la Providence à Wavre, elle est devenue incollable sur les sectes et leurs méfaits. En quatrième, dans la même école, Philippine a "fait" Jésus, mais pas longtemps, faute de motivation dans la classe

Et pourtant, ces magnifiques adolescents, intelligents, sensibles, curieux et baptisés, ont bien apprécié lors de leur voyage en Terre sainte de chanter les offices de la Semaine sainte avec leur chorale, l’Ensemble vocal du Brabant wallon. Pour beaucoup, ce fut leur premier triduum pascal. La vigile de Pâques a duré plus de deux heures au monastère de Latroun. Personne ne s’est plaint : "C’était très beau !", ont-ils dit en chœur.

Ce voyage fut l’occasion pour eux de mesurer la profondeur de leur ignorance religieuse. En résumé : "Jésus, c’est qui encore ?" Aucun n’avait ouvert la Bible ou les Evangiles depuis des années. Les étapes principales de la vie du Christ étaient depuis longtemps effacées de leur mémoire.

Mais là, durant dix jours, Bible en main, ils ont parcouru le chemin de croix à Jérusalem et, de Bethléem à Nazareth, ils ont arpenté les voies du Seigneur. A chaque endroit, ils ont lu ou écouté le psaume ou le passage biblique correspondant. Le premier moment d’étonnement passé, et voyant que personne ne se moquait d’eux et qu’il y avait beaucoup de choses à apprendre, ils se sont mis à s’intéresser à la vie des prophètes et à la personne de Jésus. D’autant qu’un des accompagnateurs avait inventé un "Question pour un champion" sur les thèmes bibliques. A la fin du voyage, ils en sont venus à se demander pourquoi l’école les avait si mal instruits.

La démarche suivante eût été l’accompagnement de la prière, mais le chœur étant non confessionnel, il fut entendu que cette étape ne serait pas franchie. Pourtant ils auraient certainement apprécié.

Les écoles chrétiennes auraient-elles désormais honte de notre Seigneur Jésus-Christ ? Nos professeurs de religion auraient-ils perdu la foi ? N’y a-t-il plus d’espoir de mener notre jeunesse catholique vers les champs heureux de la vie spirituelle, de la réflexion intérieure, de la méditation et de la prière ?

Pourquoi les maîtres n’osent-ils plus dire à ces jeunes que Dieu les aime, que le Christ est mort pour eux et que les saints sont leurs guides et leurs amis ? Et qu’il faut aller à la messe pour nourrir sa vie spirituelle

Bien sûr, la responsabilité des parents chrétiens est essentielle. N’ont-ils pas tous promis, le jour de leur mariage, d’élever leurs enfants dans l’amour du Christ ? L’ont-ils oublié ? Dans quelle famille fait-on la prière du soir ou le Benedicite ? Et l’école primaire a un rôle important pour fonder la foi sur la connaissance. C’est là qu’il faut prendre les petits par la main et les amener à Jésus. Mais parfois les instituteurs, eux-mêmes peu formés ou manquant de confiance, zappent la matière ou, comme l’a vécu Héloïse, la transforment en cours de bricolage religieux : "A Noël, on faisait des sapins en carton et à Pâques on peignait des œufs !" A Grez-Doiceau, l’école "Saint-Joseph aux champs" est devenue" L’école des champs". C’est mieux !

Les directeurs d’établissement ont progressivement négligé la dimension chrétienne de leurs écoles et accepté tout le monde. Désormais, ils jouent à Ponce Pilate : sous prétexte que tous les élèves ne sont pas chrétiens, le cours de religion catholique a été dilué. Il tourne autour du Christ en cercles de plus en plus éloignés : d’abord les grandes religions du monde, puis la non-violence, et désormais, la couche d’ozone Et les élèves qui attendent plus de leur cours de religion sont sacrifiés sur l’autel de la neutralité.

Les programmes, évidemment obligatoires, ont été revus en ce sens, l’enseignement catholique semble accepter qu’ils se vident de toute spiritualité et les évêques de Belgique ne montrent pas beaucoup d’ardeur à arrêter l’hémorragie. Autant supprimer les réseaux.

Entretemps, les musulmans et les juifs nous montrent l’exemple d’une pratique religieuse florissante basée sur une connaissance approfondie des textes fondateurs et un grand respect des traditions. Les jeunes musulmans étudient le Coran, les jeunes juifs étudient la Torah.

Pendant ce temps, les jeunes chrétiens lisent le "Da Vinci Code" et tombent dans tous les panneaux.

On n’a pas beaucoup polémiqué sur le port de la croix. Rares sont nos jeunes chrétiens qui en reçoivent une à la confirmation. Rares aussi ceux qui oseraient la porter.

A terme, ce sont les fondements de notre Eglise belge qui sont menacés, mais aussi notre culture et la qualité de notre jeunesse : comment envisager l’avenir avec une société qui a perdu toute vie spirituelle ? La multiplication des divorces, les abandons d’enfants, qu’ils soient matériels ou moraux, la violence, peuvent s’expliquer par cette perte de repères. De même que le désintérêt pour des formes d’art qui requièrent l’intériorité et le sens de la beauté, comme la poésie ou le chant choral. Et cette perte de repères explique l’adhésion immédiate, massive, aveugle et stupide à des "produits culturels" complètement immoraux ou violents comme certains films ou séries télévisées qui banalisent le sexe et le crime.

Pourtant, beaucoup de réponses sont dans les Evangiles : le Christ a tout dit. Le Bon Samaritain, les lys des champs, la femme adultère, les talents, la Tempête apaisée, etc. autant de textes qui peuvent aider nos jeunes à refuser la violence, la consommation, le mensonge, mais surtout qui vont leur permettre de bien grandir, d’être généreux et de se sentir aimés.

Les choristes de Jérusalem s’en sont aperçus à l’occasion de ce voyage, et ils avaient bien l’intention, à leur retour au collège, d’interpeller leur professeur de religion, de lui demander de leur parler de Dieu, du Christ, de la transfiguration, des Béatitudes, de la Vierge Marie ! Plutôt que de la couche d’ozone Seront-ils entendus ?

(*) Clothilde, élève de 4e au Collège Notre-Dame de Basse-Wavre

(1) Tous les prénoms sont d’emprunt."

http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/527250/nous-au-cours-de-religion-on-etudie-la-couche-d-ozone.html

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