Dépénaliser, c’est créer une liberté, donc un droit positif, alors que la législation pénale comporte tout un arsenal de dispositions circonstancielles, absolutoires et autres, à la disposition prudentielle du juge…
Dans le journal « La Croix », le cardinal Philippe Barbarin, primat des Gaules, revient sur les nouvelles libertés et droits positifs naissant de l’abrogation de certains articles du code pénal touchant à la protection de la vie humaine.
« Lorsque la législation sur l’euthanasie change dans un pays européen, aussitôt la question resurgit en France. Notre loi a été votée en 2005, et réétudiée en 2009. Dès janvier 2011, la question a refait surface au Parlement, qui l’a bloquée. Mais le débat reviendra …
Chaque fois, ce sont des situations extrêmes, évidemment tragiques, sur lesquelles on attire l’attention de l’opinion. On voit bien pourquoi une personne n’a pas eu les ressources pour accompagner la souffrance d’un autre. Mais il faut faire une distinction entre comprendre et approuver. Pardonner un acte de découragement ou de désespoir, oui ! Mais permettre ces gestes qui donnent la mort, et les reconnaître comme un droit deviendrait très dangereux. Je voudrais que la société civile trouve le moyen de dire : « Non, ne faites pas cela ! Vous vous engagez sur une pente trop dangereuse pour vous comme pour toute la société », tout en ne condamnant pas l’auteur du geste. Dès que la loi ne condamne plus, on la voit basculer dans l’approbation. L’exemple de l’avortement est clair. Il y a 35 ans on l’a « dépénalisé », et aujourd’hui, il est considéré comme un droit. La loi et la société civile devraient chercher le moyen de dénoncer le mal sans condamner les personnes. C’est ce que l’Eglise essaie de faire. Elle accueille le pécheur ; au besoin, elle l’aide à voir la gravité et les conséquences de son acte, mais presque toujours il repart pardonné. Ainsi, il comprend que ce qu’il a fait est vraiment un désordre profond et il expérimente en lui-même que la miséricorde est toujours plus forte que le mal ou la mort. On peut espérer que ce sera pour lui une force intérieure, pour ne pas recommencer.
Car là est la grande et l’unique question des hommes : Y-a-t-il vraiment une victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur nos souffrances ? Je me rappelle le cri de ce médecin, lors d’une assemblée paroissiale, devant 400 personnes. Il nous a raconté qu’il avait accompagné la femme d’un de ses confrères dans sa lutte contre le cancer. Et quelques jours plus tôt, alors que la situation était devenue sans espoir, il avait mis fin à ses souffrances. Alors, il s’est mis à hurler : « Est-ce que vous me comprenez ? ». Un grand silence a suivi, et j’ai d’abord invité à prier pour les médecins ; je ne suis pas sûr qu’on le fasse souvent. Puis j’ai répondu : « Bien sûr que je vous comprends ! Mais vous vous êtes adressé à moi en criant ; cela signifie que vous ne vous ne vous approuvez pas vous-même. Vous auriez aimé accompagner votre amie jusqu’au bout… Et cela provoque en vous une révolte, que tout le monde comprend. » Il faut pouvoir dire qu’en ouvrant la voie de l’euthanasie, on fait courir des risques à ceux qui sont dans une situation, ou seulement dans un moment difficile. C’est toute la société qui serait en danger. La vie est notre plus beau trésor, mais il est fragile. Ne nous laissons pas prendre au piège d’une bonté qui serait une fausse compassion, et qui constituerait en fait une grave démission. »
C’est ici : « Une distinction entre comprendre et approuver »